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9 septembre 2022 5 09 /09 /septembre /2022 15:21

 

Nos vies entières. Nos vies entières sont des mensonges et des histoires que personnes ne croient hormis nous. Nos putains de vies entières. J'ai envie de vomir, moi qui n'ait jamais envie de vomir, je me sens mal moi qui ne me sens jamais mal. J'ai la gerbe moi qui n'ait jamais envie de gerber. J'ai une putain de gueule de bois, alors que je suis sur mon putain de bateau. La veille, j'ai donc picolé comme un trou. Seul. Alors que le bateau voguait vers nulle part. Bordel. Mais bordel de bordel de bordel. Prendre une cuite sur un bateau, c'est la certitude d'une gueule de bois carabiné. Il faudrait que je plonge dans l'eau mais elle est glacée. Ma vie est une gueule de bois sur un putain de rafiot. On dirait que le vent de lève, on dirait que le vent gonfle les voiles, on dirait qu'il va pleuvoir. Quelques gouttes de pluie avant la nuit. Une gueule de bois sur les flots. Je vomis dans la mer. La bateau commence un peu a remuer, je vomis encore. Une gueule de bois sur un bateau. La nuit remplace la pluie. Enrobe ma vie. Je vomis encore un peu. J'ai mal partout. Je vais m'allonger sur le bateau. Il faudrait que je trouve un port. Pour une biture plus calme, pour une gueule de bois classique. Allongé dans ma cabine. Mort jusqu'au lendemain. Ma vie est une cuite qui n'a pas de fin. 

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6 septembre 2022 2 06 /09 /septembre /2022 19:25

 

Je me souviens qu'en 1976, l'été, alors que Raymond barre allait devenir premier ministre dans le courant du mois, mon père m'avait donné une gifle. Nous étions à table et je m'étais foutu de sa gueule. Nous étions une vingtaine à table, mes parents louaient toujours un gité en été avec pleins d'amis et leurs enfants, en général dans les alpes de haute Provence, vers le mont Ventoux, parfois un peu plus à l'ouest dans le Vaucluse, vers Gigondas ou Vacqueyras. Je me souviens de cette grande et vieille bâtisse ou l'on jouait au ping-pong à l'intérieur, et j'ai encore le souvenir de cette baffe sur ma joue. Une brulure. Mais surtout j'avais été horriblement vexé. Il y a quelques années, j'étais manager d'un plateau dans un centre d'appels téléphoniques et je ne m'entendais pas avec l'autre manager, qui était d'ailleurs une manageuse. Elle passait son temps à me débiner et j'avais de plus en plus de mal à la supporter. Je lui reprochais de me fracasser devant tout le monde. Le responsable de service m'avait convoqué, m'avait détruit, me reprochant cette mésentente. Elle dit du mal de moi et c'est de ma faute, je m'entends encore lui répliquer, ahuri. J'avais trouvé cela dingue. Ce sentiment m'est revenu. Ce sentiment d'injustice. Je vogue vers le néant avec légèreté, une espèce d'euphorie. Je voulais couler le bateau au milieu de la mer, mais il va sans doute voguer jusqu'à la prochaine terre. Je ris face au vent de la rapidité de ma disgrâce. Je n'essaie plus de comprendre. Je ne me suis jamais pris au sérieux, je n'ai jamais pris rien au sérieux. Je laisse aux autres le tout à l'égo de leur vie. J'ai quitté le port, quelques heures auparavant. Je ris de l'égo des autres, de cette connerie subtile qui les habitent. J'ai quitté le port et je ne sais pas ou je vais. Plus ou je vais. 

 

 

 

 

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4 septembre 2022 7 04 /09 /septembre /2022 15:08

Vous savez ce que disait Céline (Louis-Ferdinand hein pas Dion), les hommes sont lourds. Les gens se prennent tellement au sérieux, les gens manquent tellement de légèreté, et c’était qui était chouette avec le fantôme, cette légèreté, c’était vraiment super, mais ça voulait dire effectivement que nous avions créé une intimité, une complicité et ce n’est  pas supportable pour quelqu’un de jaloux et de possessif. C’est un peu triste mais c’est ainsi. Ce qui me rends triste ce n’est pas que le type soit comme ça, c’est que le fantôme lui donnera toujours raison, elle reprend contact avec moi, de son plein gré comme dirait richard, sans que j’ai rien demandé, et c’est moi qui veut coucher avec elle. Qu’est-ce que vous voulez répondre a des arguments pareils ? C’est minority report leur truc, vous avez accepté de discuter avec ma femme, donc vous avez voulu la baiser, donc vous êtes condamné. La magicien rigole je crois qu’il n’a jamais vraiment osé se lâcher et du coup la transgression lui fait du bien. C’est plus le mâle dominant, c’est le mâle ruminant, il lâche un peu énigmatique alors que j’essaie de comprendre le sens de sa phrase. La vieille folle parle. Vous êtes tous les deux des cons, vous ne pouvez pas comprendre, vous ne connaissez rien à l’amour, elle dirait. C’est sur je réponds, moi je suis dur au mal.  J’ai pas de problèmes de correspondances d’avion, de fuite de piscine ou de locations de vacances. Les bourges ne savent pas souffrir, je sentence, tout en légèreté. S’ils savent aimer, quelle importance, dit la vieille. Vous savez dit la veille, il y a encore quelques jours le fantôme chantait vos louanges. Votre élégance, essayer de rester à la hauteur de cela.  C’est trop douloureux pour son mec, je réponds, elle ne le ferait plus aujourd’hui. Pourtant ça ne change rien aux sentiments qu’elle a pour lui mais le bonhomme est trop sensible. Vous savez, certains sont tellement raides dingues de leur femme, ils considèrent que c’est un tel miracle, qu’ils pensent qu’on veut forcément baiser icelle. Par contre le mec est trop intelligent pour penser que l’un de nous deux voulait baiser l’autre, enfin, je crois qu’il est jaloux qu’elle ait reprit contact avec moi, qu’il est jaloux de notre intimité, qu’il est jaloux que des événements lui échappent. Il est jaloux que je la fasse rire. Mais qu’il pense que l’on veuille baiser ensemble je n’y crois absolument pas. Oui mais reprends le magicien, elle se doutait que vous n’étiez pas intéressé tout de même. Je descends une caisse dans la cale et je me souviens tout à coup qu’un soir, bourré, j’ai raconté ma vie aux débiles du rade. Elle sait ou pas ? me redemande le magicien. Je lève les yeux en l’air. En fait ça ne s’est pas présenté, j’explique. Quoi ? demande l’autre con. Vous savez comment elle est. Un peu moralisatrice. Non c’est pas le mot, peut-être que j’ai eu peur qu’elle me juge, enfin bref, une fois j’ai semé un indice et peut être qu’elle s’est douté de quelque chose, mais non je ne lui ai pas dit. Et si vous me demandez pourquoi et bien je n’en sais rien. Ça ne s’est pas présenté c’est tout. Une fois ou deux j’étais bourré et je me demandais si je lui avais it mais non. J’ai jamais compris ce qu’elle trouvait d’élégant chez vous, le fantôme, elle me le disait encore récemment, il n’y a vraiment que le capitaine pour ne pas croire a son élégance. Tout ça pour dire ensuite que je voulais la baiser, je hausse les épaules. Vous ne comprenez rien a l’amour dit la vieille, non c’est vrai je réponds, je ne comprendrais jamais qu’une personne ait toujours tort, et l’autre toujours raison. Mais c’est sans doute ça l’amour, j’ajoute en me disant que le concept m’échappe complétement. C’est pas si simple, dit la veille, cette phrase que l’on dit quand justement tout est très simple. Avant vous aviez toujours raison, et ce n’est plus le cas maintenant, elle me dit fataliste. Ca je peux l’entendre, je me demande juste pour quelles raisons, désormais j’ai toujours tort. Elle n’a pas le choix, elle me réponds, elle ne va pas entrer en conflit avec son grand amour a cause de vous. Il sera encore là dans 20 ans alors que vous aurez disparu depuis longtemps. Ah oui je réponds, c’est un bon argument. En fait je n’en pense rien mais cette conversation me déprime un peu. Depuis ma disgrâce, j’ai été banni d’un peu partout, mais ce n’est pas plus mal, je ne perds plus des heures a contrarier des gens qui ne sont pas d’accord avec moi, où a le foutre de leur gueule, je ne fais que lire et écrire, c’est le mieux finalement. Je regarde l’horizon, j’ai une bonne vingtaine de livres près de ma couchette, des vivres et de l’eau pour tenir quelques jours, et je sais que je serais remplis de cette solitude toute ma vie. C’est sans doute mieux ainsi. Je ne suis pas fréquentable. Je vais accoster dans un pays en guerre, mais je me sens comme allégé, comme si je ne risquais plus rien. Quand j’ai largué les amarres, ce taré de magicien m’a hurlé, si vous la revoyez dites-lui que je l’attends pour un karaoké. Il agite sa baguette, de loin, j’aurais cru qu’il faisait l’hélicobite.  Je ne suis pas triste, la seule question qui reste en suspens, c’est qu’est ce qui a pris au fantôme de reprendre contact avec moi alors qu’elle se doutait qu’elle provoquerait un choc thermonucléaire ? Comprendrais jamais. 

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2 septembre 2022 5 02 /09 /septembre /2022 12:53

 

J’ai commencé a préparer le bateau pour son dernier voyage, ou son avant-dernier, ou son antépénultième...avec ce vieux rafiot on ne sait jamais. Je ressentais une forme de soulagement, je n’avais plus a me justifier pour chacune de mes paroles ou chacun de mes actes. Je n’ai jamais aimé les concours de celui qui pissera le plus loin a l’école, je n’avais pas la plus grosse et j’en ai pris mon parti il y a longtemps déjà. Evidemment, même si j’ai déjà fait de nombreux adieux enivrés et pas du tout émouvant, il a bien fallu que le roi du karaoké vienne me gonfler une dernière fois. Je lui fais signe de monter quand je vois qu’il fait le pied de grue devant mon bateau. Vous ne savez vraiment pas ou est partie le fantôme ? me demande ce couillon. A Kaboul, j’imagine, je réponds en rangeant quelques caisses dans la cale. A Kaboul, en Afghanistan ? me rétorque cette andouille. J’explose de rire. Tu verrais ta tronche mon bonhomme, ce n’est juste pas humain. Je voulais te faire marcher plus longtemps mais ce n’est pas possible, tu surréagis trop. Pourquoi le fantôme est parti sans me dire au revoir ? il demande. Je craque un peu car j’ai entendu cette phrase un bon millier de fois de tous les débiles du port.  Elle en avait réellement trop marre de voir ta gueule, je lui réponds. Il en perd sa baguette, on dirait qu’il va chialer. Même si j’aime bien me foutre de sa gueule, il me tape un peu sur les nerfs. Je ne comprends pas que vous n’ayez pas pu la retenir, il me dit. Ce type est demeuré. Vous le faites exprès, non, je demande au magicien. Je vais vous dire un truc mon bonhomme, quand son gars a découvert mes lettres et a mal réagi, elle le trouvait un peu ridicule, me disait qu’elle ne s’excuserait pas, et m’expliquait que je n’avais rien a me reprocher. Le lendemain après l’avoir vu, elle expliquait que sa réaction a lui était normale, qu’elle avait tort et moi j’étais accusé de vouloir la forniquer dans ma cabine. A partir de là, qu’est-ce que vous voulez que je dise. C’est curieux, dit le magicien, non c’est l’amour j’enchaîne, vous ne pouvez rien contre ça, et d’ailleurs il ne faut rien dire, il faut s’écraser.  Juste s'écraser.

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19 septembre 2015 6 19 /09 /septembre /2015 07:44
La contusion des sentiments

Je jette quelques branches supplémentaires avant d'allumer le feu que j'ai décidé de faire sur le port, devant le bateau, j'ai déjà préparé quelques affaires pour alimenter les larmes crépitantes de mon passé et me donner l'illusion que j'ai encore un avenir. Le soir vient doucement sur le port, le dernier que je verrais avant longtemps sans doute, le dernier avant très longtemps. Je suis encore fatigué de la journée de la veille, une journée si intense en émotions que le soir je me suis couché à peine il faisait nuit, je crois bien qu'il n'était pas neuf heures du soir. La nuit blanche après que j'ai reçu la lettre du fantôme la première depuis des mois ou elle m'expliquait qu'elle était passé a autre chose mais qu'elle voulait me parler une dernière fois. Le midi elle m'avait engueulé de manière hystérique et puis cette dernière rencontre un peu plus tard dans un apaisement qui ressemblait presque a un enterrement et ou ele était partie en m'embrassant comme on embrasse un cadavre avant de refermer le cercueil. Cette journée de la veille donc, une des plus intenses que j'ai vécu depuis longtemps, une des plus intenses que j'ai vécu, m'avait laissé totalement épuisé, à la frontière de l'euphorie la plus pure, et d'une tristesse absolue. J'avais vu le fantôme mais je ne la verrai plus jamais. J'ai dormi donc cette nuit là, comme ça ne m'était pas arrivé depuis très longtemps, juste réveillé au petit matin par la voix au téléphone de la jeune fille qui m'inonde de son amour. Nous avons échangé quelques mots dans son langage et je lui ai promis que j'allais venir. Même une dernière fois. Je lui devais bien cela. Le gamin est venu m'apporter mon café au matin, un peu inquiet des hurlements qu'il avait entendu la veille, et alors qu'il me demandait si le fantôme était revenu je lui ai dis qu'elle était partie de manière définitive, que plus jamais nous ne la reverrions. Surtout moi. Je lui ai donc annoncé ma décision, il m'a paru triste tout à coup mais il m'a dit qu'il sentait les choses depuis quelques temps. Dans la journée en préparant mes affaires, j'ai pensé qu'il y avait 10 ans maintenant, 10 ans que j'écrivais pour une femme, 10 ans pendant lesquels je l'avais connu, respiré, 10 ans pendant lesquels j'avais pensé a elle chaque jour, 10 ans d'absence, 10 ans d'amour, 10 ans d'une présence prégnante, absolue, dévastatrice. Ces dix années représentaient le passage entre l'innocence et le pragmatisme. Il y a 10 ans j'étais encore un adolescent, avec la maturité d'un caniche, et dix ans plus tard je me retrouvais à la frontière de la vieillesse. Ma vie portait l'empreinte indélébile d'un amour d'une femme, d'un amour hors norme, et maintenant il me fallait vivre avec ça, en sachant que désormais je n'occupais plus ses pensées, ses rêves, et que le matin elle ne se réveillait plus en pensant a moi. Cette idée m'était intolérable mais il allait bien falloir que la dizaine ou la vingtaine d'années qu'il me reste a vivre, je trouve ma respiration pour ne pas me fracasser a chaque secondes contre des murs de métal. Je n'ai pas d’appétence pour le malheur. L'après-midi de ce dernier jour, j'ai transporté peu à peu les affaires que je ne pouvais pas jeter ni emporter dans la cave du rade, le gamin m'avait préparé un coin, et le vieux a son comptoir m'a regardé d'un air un peu ahuri descendre a la cave du café des cartons de livres et quelques babioles. Alors ça y est il a dit, le fantôme est venu vous chercher, ça y est enfin, après dix ans d'attente vous méritiez bien ça, c'était écrit non que ça finirait ainsi, hormis ce con de magicien personne n'a jamais douté que ça finirait comme ça. J'ai rigolé devant lui et puis j'ai pleuré un peu plus tard alors que sur le bateau je réunissais les quelques affaires que j’emmenais avec moi. J'ai réfléchi a votre question m'a dit le petit jeune en se pointant dans le soir descendant après m'avoir expliqué que tout les cons du bar allait nous regarder a travers la vitre, j'ai trouvé une épitaphe. Le magicien était passé quelques heures auparavant, pour me dire qu'il l'avait toujours dit non, qu'elle me laisserait tomber, que je me brûlerais. Tout le monde croit que vous la rejoignez mais ce n'est pas le cas je le sais et vous ne la rejoignez pas, elle vous a laissé tomber et vous n'avez même pas été capable de la récupérer. Je la connais moi, c'est pas comme vous qui croyez la connaître, moi je la connais la plus belle femme du monde, Vous vous êtes cru plus fort et plus beau mais ce n'était pas le cas hein capitaine, ce n'était pas le cas. Si un jour je reviens je lui ai dis, je t'enfoncerais la baguette magique bien profondément dans le cul pour voir si elle te ressort par la bouche mais la je n'ai pas le temps et l'énergie. Alors je dis au jeune serveur tu as trouvé quoi ? Le jeune me regarde avec son air un peu niais qu'il prend quand il est un peu angoissé. Il se croyait toujours employé du mois, il déclame, mais il ne faisait plus parti de la société dont il pensait être le roi. Je le regarde stupéfait. C'est quoi cette connerie ? je lui demande. Je jette quelques vieux textes dans le feu, des trucs d'adolescents, des trucs sans intérêts. Ensuite je rigole, c'est totalement con je lui dis, c'est vraiment le truc le plus con qu'il m'ait été donné d'entendre, c'est tellement con que c'en est presque drôle. C'est dur capitaine de penser a votre épitaphe, il geint pour se justifier, j'aime pas penser a ces choses là. J'ai jamais su si tu était totalement débile ou extrêmement intelligent, je lui dis, ça me conforte dans mon idée. Je veux une épitaphe pour mon départ, j'ai pas dis que j'allais mourir demain et qu'il fallait m'enterrer. Les gars sortent du bar, comme s'ils allaient venir chanter du hugues auffray autour du feu ou qu'on allait jouer a colin-maillard autour du port. Je leur jette un air mauvais que dans la nuit naissante ils ne peuvent pas voir mais qui suffit pour les faire reculer, pour ne pas qu'ils viennent. Tout ce qui les intéresse c'est de savoir si vous rejoignez le fantôme ou si vous rejoignez la jeune fille dit le serveur dans un haussement d'épaules. Bordel il reprend alors que je regarde la nuit pour la dernière fois, elle était hystéro la fantomette hier midi, tout à coup j'ai entendu hurler, les murs du café se sont mis a vibrer. Je rigole. Ça m'a fait marrer, je lui dis, et encore je me retenais pour ne pas rire encore plus, tu sais je ne l'avais jamais vu dans cet état là. Si on met bout à bout tout les instants que j'ai passé avec elle, on arrive a quoi, dix, quinze jours ? Je parle physiquement parce qu'en pensée c'est des siècles, au téléphone c'est des jours et des mois, et ne parlons pas des écrits. Mais réellement, on s'est vu 10 ou 15 jours, et sur ce temps déjà très court, la moitié était du temps que l'on utilisait pas vraiment a parler enfin si, le fantôme chantait la traviata parfois. Il rougit et regarde ailleurs le petit jeune. Enfin bref, je reprends, on a jamais eu vraiment l'occasion de s'engueuler. Ou pas le temps sans doute, on était dans une telle urgence d'amour, de sexe, de paroles, on avait pas le temps pour ça. Les larmes me viennent aux yeux alors je retourne au bateau et je vais chercher quelques manuscrits pour alimenter le feu. Vous allez brûler tout vos écrits me demande le jeune trop heureux de changer de sujet alors que je reviens avec mes paquets d'écrits sous le bras. Je commence a en jeter quelques uns. Oui je vais tout brûler je lui explique. J'écris depuis dix ans pour elle et maintenant qu'elle ne me lit plus j'ai décidé d'arrêter d'écrire. J'ai écrit une histoire comme ça qui se passait a saint malo, un homme n'écrivait plus car sa femme était morte et c'est toujours elle qui lisait ses manuscrits en premier. Moi tu vois c'est pareil. Depuis dix ans j'écris pour elle. J'ai voulu finir même après qu'elle soit parti, j'ai voulu terminé ce que nous avions commencé. J'ai écrit la dixième et dernière nouvelle d'un recueil et elle ne l'a pas lue. Elle ne l'a même pas lue je répète en jetant avec fureur les feuilles dans le feu qui illumine le port d'une couleur ocre et d'une odeur funèbre. Elle est revenue hier il dit le petit jeune. Elle est revenue pour me dire adieu, je lui dis. Et pourquoi elle a hurlé alors il demande. Je hausse les épaules. Elle a hurlé parce que j'étais triste furieux et con. Elle a hurlé parce que j'ai été dégueulasse. Vous lui avez dis ce que vous aviez fait, il me demande, pour... Je le fusille du regard. Tu sais quelque chose que tu n'aurais pas du savoir je lui réponds, mais tu n'en parleras jamais. Elle m'a hurlé dessus je dis parce que je n'ai pas été un gentleman et c'est tout ce qu'elle pensait que j'étais qui s'est écroulé. Les gens me croient bien élevés parce que je subis les évènements et que je ferme ma gueule. Quand j'ai compris hier que d'avoir été gentleman m'avait fait la perdre, je suis devenu dingue. J'avais dis cette phrase d'un air détaché au fantôme. Elle était monté sur le bateau et m'avait dit qu'elle savait que j'allais bien. La jeune fille qui s'était amouraché de moi pour une raison que j'ignore, se répandait partout de son amour pour moi et de mon amour pour elle, j'imagine que la nouvelle n'avait pas mis longtemps a arriver jusqu'aux oreilles du fantôme. Un petit coup de baguette magique. Je lui en voulais toujours d'être parti et après qu'elle m'eut sorti sa guimauve sur l'espoir et les sentiments et qu'on rebondissait blah blah blah, quand j'avais compris qu'en fait elle parlait d'elle et son expérience et son avenir et qu'elle m'avait déjà rangé dans le grenier avec les vieilles affaires qu'on ne viendra jamais rechercher, quand j'avais compris ou cru comprendre cela, j'avais dis cette phrase épouvantable d'un air totalement détaché : Tu m'avais dis que tu avais toujours un coup d'avance, je ne pensais pas que tu étais si près de la vérité. Cette phrase assez vacharde l'avait totalement saisi de surprise venant de moi, et j'avais subi un déluge hystérique d'une quinzaine de minutes qui m'avait rendu heureux. Le fantôme me parlait j'étais heureux. Je ne racontais pas tout cela au jeune serveur, il pensait que le fantôme était givré et moi aussi sans doute, et le fait qu'elle hurle pendant quelques dizaines de minutes ne l'avait pas plus surpris que cela. Vous savez capitaine, vous ne devriez pas vous plaindre. La jeune fille qui parle une drôle de langue, elle est quand même bien mignonne, et puis enfin elle est jeune, par rapport a votre âge, c'est quand même pas mal. Je le regarde interdit. Je trouve ça pathétique je lui dis, cette fille a la moitié de mon âge, elle est amoureuse de moi car son père est mort quand elle était jeune et elle fait un transfert. Mais c'est absolument pathétique. Mais capitaine, vous partez bien pour la rejoindre. Je pars car je ne peux plus rester ici je lui dis, je ne veux plus, et je ne veux plus écrire, je veux fuir, je vais m'enterrer loin d'ici. Je ne sais pas combien il y a de fausses morts avant la vraie mort, mais je peux te dire que je viens de mourir. Je jette les derniers manuscrits dans les flammes et je me rends compte a quel point j'en veux au fantôme de n'avoir pas lu la dernière que j'ai écrite, sans que je sache trop pourquoi, sans doute parce que je me suis escrimé a la terminer et qu'elle était déjà ailleurs, partie loin, sans que je m'en rende compte. Je réalisé a ce moment précis a quel point je l'aime et a quel point je l'aimerais toujours, et comme l'idée de ne jamais la revoir m'est intolérable. J'avais pensé a conrad je lance au jeune pour notre petite affaire : "il était écrit qu'il me faudrait rester fidèle au cauchemar de mon choix." Tu vois je lui dis c'est autre chose que ton histoire d'employé du moi. C'est toujours pareil avec vous capitaine il dit en haussant les épaules, vous demandez mon avis et c'est pour mieux vous mettre en valeur. Mais excusez moi vous me citez Conrad mais ça ne vient pas de vous et puis le fantôme n'est pas un cauchemar. Je remonte sur le bateau et je prends deux chaises et une bouteille de vodka. On s’assied et je lui verse un verre. On trinque. Je repense a la jeune fille, vous seriez riche, je comprendrais capitaine, on pourrait dire qu'elle est avec vous pour l'argent, mais bordel, vous êtes totalement fauché et ruiné, c'est pas un compte en banque que vous avez ce sont les gorges du verdon, vous mangez pas a votre faim et d'ailleurs vous avez maigri. Non ça c'est l'angoisse. Elle risque presque la prison pour venir vous voir, vous avez vu comment elle tremble avant de passer la frontière. Exagère pas je lui dis. Enfin vous avez pas un flèche capitaine, si vous vendez le bateau c'est bien pour éponger vos dettes. Si ça les éponge je soupire. Et c'est pas pour les papiers non plus, elle n'a aucune envie de vivre ici. Elle me croit jeune et riche et équilibré et raisonnable je dis. Elle croit que je suis tout l'inverse de ce que je suis. Les derniers manuscrits crépitent dans les flammes, je n'ai pas vu passer ces dix ans auprès du fantôme, je n'ai pas réalisé tout ce qu'ils représentaient. C'est toujours pareil je crois, c'est quand on a tout perdu qu'on se rencontre a quel point on était heureux et chanceux. J'ai compris une chose sur moi je dis au gamin, je suis mon père, je suis mon grand-père, je viens enfin de comprendre comment ils étaient. Je suis pareil a eux. Je comprends maintenant leur mélancolie je dis, ou ce que j'ai toujours interprété comme de la mélancolie. Au fond mon père n'était pas si heureux en famille, il s'échappait dès qu'il pouvait. Il était passé devant tout le monde pour conquérir ma mère, tous les jeunes hommes qui arrivaient de province venaient dès qu'il pouvait faire assaut du bureau de ma mère. Ma mère vénérait mon père. Toute sa vie. Comme ma grand-père vénérait mon grand-père. Toute sa vie. Comme mon arrière grand-mère l'aurait sans doute fait. Elle avait porté le noir pendant plus de 60 ans, veuve d'un homme qui s'était suicidé en se jetant d'un toit. Peut-être que mon arrière grand-père aussi s'emmerdait. Lui aussi a fui. Mon père subissait la vie de famille car il fallait bien au fond, avoir une famille a cette époque, je me suis toujours demandé s'il n'avait pas une maîtresse cachée, lors de ses escapades du dimanche matin et du mercredi après-midi, même s'il parlait toujours du film ou de l'exposition qu'il avait été voir. Mon père aussi était un séducteur, il s'amusait a draguer les mères d'élèves, faisait la roue, comme moi aujourd'hui. Mais au fond comme mon grand-père il s'emmerdait. J'ai toujours pensé que nous avions une sorte de malédiction. Sauf que moi je n'avais pas rencontré une femme comme ma mère et ma grand-mère, en totale admiration, ou bien que je n'avais pas su la voir. Je n'avais pas non plus les mêmes précautions sociales. J'ai toujours pensé que j'étais ce type au bord de la route qu'on prenait en stop mais qu'on ne gardait pas chez soi à la fin du voyage. Jusqu'à aujourd'hui la vie m'avait donné raison, sans doute par ma faute, sans doute parce que je n'ai jamais montré mon amour ou ma passion pour une femme. Et aujourd'hui encore la vie me donne raison, je suis un auto-stoppeur de la passion, on m'embarque pour un voyage, mais ce n'est jamais moi qu'on ramène a la maison. Je me suis tu un peu étonné de ce que je venais de lui dire. Je devenais aigri et revanchard je me suis dis, ca y est je deviens un vieux con, il est vraiment temps que je disparaisse et que je m'enfouisse loin du monde. Il a hoché la tête. Une fois vous l'avez fait il m'a dit, une fois vous avez voulu...je t'ai dis de fermer ta gueule là-dessus je lui ai dis durement. Et puis je n'ai pas été au bout, le sujet est clos. La dernière nuit a envahie le port désormais, je regarde le bar ou les types ont reprit leurs activités quotidiennes, picoler, jouer aux cartes. Je prends la direction du rade et quand on entre je dis au gamin de payer une tournée générale et qu'il se remboursera sur la vente du bateau. Je trinque avec le vieux au comptoir, je lui dis que je ne reviendrais pas. Elle vous a mis le grappin dessus alors, je savais que le fantôme reviendrait vous chercher il dit, je le savais, c'était écrit, je n'ai jamais vu une femme aimer autant un homme, je n'ai jamais vu un homme fondre autant devant une femme. Je sens le givre m'envahir le coeur, comme un froid permanent qui l'empêchera désormais de battre et je me dis que je ne laisserais plus personne m'approcher. Quoi qu'il arrive désormais il sera bien à l'abri mon coeur. Gelé jusqu’à ma mort. Faudra que j'en fasse don a la médecine il pourra servir de générateur pour des frigos et des congélos. Je jette un oeil au magicien, après notre petite friction du midi je lui dis adieu. Je vous l'ai dis il murmure d'un air un peu lugubre. Vous passez les uns après les autres et moi je reste, alors évidemment elle ne m'appartient jamais, mais moi je suis toujours auprès d'elle. Il n'a pas tort même si je me demande si au fond ce n'est pas lui qui souffre le plus, attendant une chose qui n'arrivera jamais. Je parle a quelques uns des joueurs de carte, ils semblent heureux pour moi, s'ils savaient que je pars vers le brouillard et les ténèbres je me demande ce qu'ils penseraient. Plus tard je dirais cela au gamin alors que nous serons revenu près de feu et je m'excuserais pour cet accès de sensiblerie crétin qui m'a fait aller dire au revoir aux autres du port. Tiens une idée je dis. C'est pas de moi, c'est d'arnaud michniak je lui dis mais vous pensez quoi de "personne ne m'arrêtera puisque je vais nulle part". Encore et toujours une citation il dit. Au fond elle a beau dire que je suis un gentleman le fantôme c'est la raison qui l'a fait me quitter, elles sont toutes pareilles en fin de compte, elles aiment bien les types qui ressemblent a des sparring-partner et qui servent de faire-valoirl mais elles partent toujours avec le boxeur vedette. C'est une idée il dit le gamin pour détendre l'atmosphère, l'amour c'est un sport qui se pratique a deux personnes, mais a la fin c'est toujours le capitaine qui se retrouve tout seul. J'aime bien je dis, c'est autre chose que ton histoire d'employé du mois. J'apprécie qu'il se moque de moi, je deviens pénible a me plaindre tout le temps. De ce que je suis et ce que je ne suis pas. Je me complais dans ce rôle trop facile. Après sa crise d'hystérie que j'avais bien mérité sans doute, le fantôme est revenu en fin de soirée. J'étais sur le pont, je me disais que c'était ma dernière vraie nuit sur le bateau, je savais que j'allais partir. J'étais surpris de la voir je ne pensais pas qu'elle reviendrait. Elle s'est excusée tout d'abord sans que je comprenne trop pourquoi, parce qu'entre nous c'est moi qui avait été dégueulasse. Elle m'a dit que je ne méritais pas cela, de me faire engueuler de la sorte et j'ai haussé les épaules en disant que de toutes façons on me disait toujours que je ne méritais que ça tombe sur moi mais que comme ça tombait sur moi et que donc je devais le mériter. Il faut bien des punchings ball pour que les boxeurs se défoulent. Je me suis dis que c'était la plus belle femme du monde et qu'il fallait vraiment être un putain d'attardé mental pour l'avoir laissé partir. Je t'ai écris tout les jours pendant des jours et des semaines et des mois et la première fois que tu me réponds c'est pour me parler d'un autre je lui explique. C'est pas une excuse pour ce midi mais c'est pour cela que j'étais totalement ravagé et que je t'ai dis des horreurs. On s'est parlé longtemps je dis au petit jeune, mais elle n'était déjà plus là, c'était la conversation la plus heureuse et la plus triste que j'ai jamais eu. Elle écluse le titanic avec une cuillère a café j'explique au serveur alors elle fonce sans se retourner. Je crois qu'elle ne se rend pas compte. Et tant mieux, elle vit tellement dans la fièvre et l'urgence qu'elle ne reste jamais plus de quelques secondes sur un évènement. C'est pas de sa faute. En tout cas je ne pourrais jamais la voir comme un souvenir. Faudrait être dingue pour ça. Pourquoi vous partez capitaine, si vous savez qu'elle ne reviendra pas, il me demande le jeune assez logique. Parce que je l'attendrai toute ma vie mon garçon parce que je l'attendrai toute ma vie, et que préfère ne pas etre la pour ne pas la voir revenir. C'est une épitaphe ça il dit. Je ne serais pas la quand tu ne reviendras pas. L'aube allait pointer et je me suis dis qu'il était temps de lever le camp. Je suis retourné au bateau pour prendre mon baluchon. J'ai jeté au feu les dernières feuilles que j'écrirai jamais. Le gamin semblait ému. Te mets pas a geindre comme une loutre anémiée, je lui ai lancé. Vends le bateau dès que tu peux, j'ai des dettes. Je me débrouillerai avec ce qui reste. Je vais te confier deux choses je lui ai dis. D'abord cette enveloppe. Quand le cœur de la plus belle femme du monde battait pour moi, quand son coeur battait donc par amour et non pour la représentation que l'autre se faisait d'elle, car au fond c'est ma fierté je pense que le fantôme m'aimait pour moi, les autres l'aiment pour être fier de sortir dans la rue a son bras, alors que moi je m'en foutais, je ne l'ai jamais vu comme un trophée, je ne me suis jamais vantée, et aujourd’hui je peux dire que c'est moi qu'elle aimait et non l'amour que j'avais pour elle, ce n'est pas cela qui la nourrissait. Je sais c'est totalement immodeste mais j'ai bien le droit aussi de me brosser un peu les chevilles. Enfin bref, quand son coeur battait pour moi, elle avait écrit une lettre. Au cas ou elle mourrait. Idée totalement saugrenue mais ça devait la rassurer. J'imagine que cette lettre est déchirée en mille morceaux et jeté depuis longtemps aux ordures. Sachant que je suis un homme, que je suis plus vieux qu'elle et que j'ai un mode de vie un peu particulier, il n'y a aucune chance que le fantôme meurt avant moi. Bref, j'ai copié son idée et j'ai écrit une lettre pour elle. Tu ne la liras pas, tu ne la confieras a personne, si tu ne peux pas lui remettre le jour ou tu apprends ma mort, tu la jetterais a la poubelle. Je sais que je peux compter sur toi. La seconde chose que je vais te confier c'est une boîte, tu peux la regarder après que je sois parti. Ce sont quelques souvenirs, je n'ai pas envie de les mettre a la cave et je ne veux pas les prendre avec moi, ce serait trop douloureux. Tu les gardes dans un endroit sûr et j'aimerais que personne ne puisse regarder cette boîte, toi je m'en fous tu connais toute l'histoire. Je ne la brûle pas parce que l'être humain est ce qu'il est et il vit d'espoir. Je ne pourrais jamais détruire ce qui se trouve dans cette boîte, mets la dans un coffre. Si tu as l'occasion, dépose la dans mon cercueil avant qu'on m'incinère. Sinon, si tu apprends que je suis mort et enterré depuis longtemps, enterre cette boîte ou tu veux, par exemple a saint malo ou dans un bout de gazon de la rue de lyon a paris. Ou au parc de belleville. On s'étreint quelques secondes. Tu sais je reprends je n'ai jamais trop aimé les dépressifs, si tu ne supportes pas de vivre tu te flingue, sinon tu continue de vivre même si c'est de plus en plus douloureux. Alors t'inquiète pas trop pour moi, je ferais mon malin et je donnerais le change, et je t'enverrais une carte postale de temps en temps. Je garde la lettre et la boîte il murmure le gamin, et je vends le bateau, et je mets l'argent sur votre compte. Moins ton pourcentage je rigole. Moins mon pourcentage. On a plus grand-chose a se dire, on s'étreint encore quelques secondes. Et je pars vers mon destin ou vers le rien ou vers le paradis. Je pars vers l'aube ou vers nulle part. Au fait je hurle au gamin en me retournant une dernière fois vers lui, je l'ai trouvé mon épitaphe : "Si je ne m'étais pas rencontré, j'aurais pu réussir ma vie" !

Le jeune serveur attendra quelques jours avant d'ouvrir la boîte en fer que le capitaine lui avait confié. La première photo montrait trois jeunes enfants de dos regardant une église. La photo l'ému beaucoup sans qu'il sache trop pourquoi. La seconde photo montrait le capitaine et le fantôme dans ce qui semblait un café ou un restaurant. Le reste de la boîte semblait contenir des lettres, et des centaines d'impression de mail, peut-être même des milliers, et aussi des enveloppes, des post-it, des bouts de carton, mais le serveur n'osa pas les lire. Il pense qu'il en avait assez vu. Il referma la boîte sur un amour qui ne le regardait pas.

(*1585 notes publiés depuis le 23 mai 2009, il était temps que ça se termine ! Voilà qui est fait )

(d'autres aventures : macrofictions.over-blog.com ruedespyrenees.over-blog.com poesiedubrouillard.over-blog.com ) (et même la suite http://maviesansbiture.over-blog.com )

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13 septembre 2015 7 13 /09 /septembre /2015 08:14
La crémation des sentiments

Une personne qui ne te comprends pas c'est sans doute ce que cherche chaque être humain en ce bas monde. C'est tellement plus simple. Au fond on ne veut vivre que de sa solitude. Allez tous vous faire enfiler avec vos sentiments, ne revenez plus avec vos petits discours acariâtre. Une femme en robe de mariée se fait maquiller devant le pont au cadenas. On dirait que la vie s'amoncelle en petits détritus sans importance, en des pensées fétides aux frontières de l'absence. Nos vies sont des présences qui n'occupent plus personne. Il n'est plus d'illusions, plus de suffisance, plus même de relations entre les mots que j'écris. Le tourment est un sentiment que je n'ai jamais mérité. Des gens continuent de courir le long de la seine dans une aube qui se fait de plus en plus tardive. La vie n'est qu'illusions factices, sentimentalité de gerbe, alcool mal ingurgité, drogue non maîtrisé. Des gens crient pour qu'on ne les entende plus, des murmures se pâment pour qu'on les branle. Arrêter c'est aussi ne plus rien comprendre, se retrouver face a la vie, se dédouaner a nouveau de la mort. Des femmes habillées en robe de mariée se font maquillées a 7 heures du matin sur le pont aux cadenas pour prendre des photos ridicules devant notre dame, des crétins en baskets courent le long de la seine pour se croire en bonne santé. Je dévie ma douleur pour ne pas qu'elle prenne une route qui ne ne te concerne plus, je me noie au fur et a mesure que les autres pensent que je m'enfonce dans le bonheur, même si comme tout le monde, je comprends que ce n'est pas possible d'oublier. En fin de compte, on ne peut que remémorer les événements dans la vie puisqu'on ne sait pas les vivre et pus les revivre. Dans un grand feu de joie, je dépose mon âme, mon cœur et tout mon être. Je ne vais même pas fuir en allant au cinéma ou en voyageant vers je ne sais quelle destination idiote. Je vais désormais vivre auprès de gens qui ne me comprennent pas et que je ne comprends pas. Je vais essaimer mes souvenirs pour me rappeler la vie d'avant. J'irais peut-être fréquenter le peuple fantôme mais je sais bien qu'en fin de compte je retournerais dans le pays ou les gens n'existent pas. Je resterais auprès d'eux, dans le silence et le vide, tournant les pages des livres de ceux qui sont édités, feuilletant la rage et la fièvre alors que dehors le froid, le silence envahira l'espace et que la dictature vérifiera que les gens continuent de ne pas vivre. J'ai envie de vous dire adieu mais je sais bien que j'y reviendrai. J'ai envie de vous dire adieu pour que vous viviez a votre tour mais je sais bien que j'y reviendrai. Je sais bien que je reviendrai. Même si je ne suis plus la. Je sais que je reviendrai.

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8 septembre 2015 2 08 /09 /septembre /2015 06:19
La maldonne des sleepings

Ils s'enlacèrent, apaisés, dans le silence d'une harmonie pure. Jusqu'à ce qu'il ajoute avant de sombrer dans le sommeil :"Le pire c'est que je vais reprocher à toutes celles qui vont vous succéder de n'être pas vous."

Tonino BENACQUISTA

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6 septembre 2015 7 06 /09 /septembre /2015 18:29

 

 

 

Je me souviens de comment c'était parfois, comme des illusions de vie encore un peu prégnante. Plus personne ne fait attention a moi je crois ou alors c'est moi qui ne fait plus attention aux autres, ou alors c'est un peu des deux. Je pose ma gueule de bois sur le bar, je dépose les images de toi, les photos de nous, les murmures et les pensées. Nos vies en suspend.  Le petit vieux ricane, il dit vous, j'aurais jamais pensé ça de vous, de tout les autres hommes du monde, mais pas de vous. Je t'entends dire "c'est dingue" en riant. Le serveur pose son petit sourire, et il me demande ce que je veux boire, une verveine, un whisky, une bière ? Je suis un peu ivre déjà, tu sais je lui dis, je suis solaire, je suis comme touché par la grâce. Alors tu peux te foutre de moi. Une mousse pour mon ami et moi. L'autre crétin avec son chapeau fait rire tout le café en disant, moi captaine je crois que vous êtes plus touché par la graisse en ce moment. C'est ça renchéri la fracassée alcoolique, quand on ne court plus après les filles mais qu'on passe son temps a en attendre une. On fait du gras. Bordel vous, dit le petit vieux après qu'on ait trinqué, vous, je ne peux pas y croire. Vous ne croyez pas que vous êtes trop vieux pour ce genre de conneries ? Et si c'était le reste les conneries, je lui réponds, si j'étais trop vieux pour les conneries justement, si je devais réaliser que j'ai le double de la vie que je mène. Mon corps me le rappelle tout les jours je lui dis. Ma vie est un film de depardon dans le désert j'ajoute. Ah oui dit le petit malin, j'ai toujours trouvé que vous ressembliez étrangement a sandrine bonnaire dans la captive du désert. Je vide ma bière, je me tâte pour un picon. Il pleut dehors. Dire que certains dorent au bord d'une piscine me dit l'autre jaloux avec un clin d'oeil bien appuyé. J'ai connu quelqu'un comme toi, je dis, qui dépensait tout son énergie pour faire du mal. Tu dois être triste quand tu rentres tout seul le soir chez toi. Le vieux se marre. Bordel le capitaine est devenu curé rigole le serveur pour faire tomber la pression. Non je réplique je vacille vers le temporel. Je laisse un billet, je dis au serveur de repayer un coup au vieux. Chaque seconde je vis en dedans je me dis. Peut-être que je m'éloigne du monde. Sans doute que je me rapproche de toi. Tu souris au bout de la jetée, même si tu n'es pas la, je sais que tu souris. Ca ira bien comme ça. Ca suffira pour moi. Ca  m'aura suffit tout ce temps là. Même si aujourd'hui tu n'es plus la. Si aujourd'hui tu n'es pas la.

 

 

 
Souvenir de la vie du port
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5 septembre 2015 6 05 /09 /septembre /2015 09:26
Un temps qui passe

Je souffle une bougie qui n'est plus allumé. J'avale un peu de vent pour ne pas perdre mon souffle. Une femme tchétchène m'offre un paquet de chewing-gum alors qu'elle n'a quasiment rien pour vivre. Je souffle une bougie qui n'est même pas allumé. Qui n'est même pas posé. Sur un gâteau imaginaire. J'envoie une toute petite bouteille à la mer qui ne contient même pas de message. Il faudrait que je lui parle un jour. Des femmes en robe de mariée pose sur le pont aux cadenas derrière notre dame. Des gens courent dans la fraîcheur d'un matin de plus. Je m'ennuie je me dis, j'ai comme l'impression que je suis au bout d'une route. J'aimerais partir vers la mer, vers le vent, vers la pluie, je laisse le sud aux autres. Canicule en été, inondation en hiver et maire front national ça ne m'excite pas particulièrement. Une femme m'offre un parfum hors de prix et me remercie de tout ce que j'ai fais pour elle. Ma soeur me demande si je vais a la messe pour l'anniversaire de la mort ma mère. Il y a encore des messes pour notre mère je lui demande surpris. J'héberge un garçon nigérian qui est de passage et que j'ai connu dans le pays ou les gens n'existent pas. Il veut manger un kebab. Ma collègue du politburo gueule parce que je renifle et me demande pourquoi je ne me mouche pas. J'ai jamais su je lui réponds. Ma vie est une image qui ne vieillit pas mais qui ne change pas, je constate la répétition des événements qui se succèdent et ça me déprime. Curieux ce sentiment que plus on vieillit, moins on accorde d'importance à la valeur des choses. Curieux ce sentiment que plus on vieillit plus on accorde d'importance à la valeur des choses. Je dois souffler les bougies, je dois éteindre la bougie. Je ne dois plus écrire mes états d'âme ridicules sur des bouts de papier que je lance aux mouettes face a la mer. La douleur n'existe pas, la vie n'existe sans doute plus. Les jours sont des esquisses qui ne sont jamais tout a fait terminés. Je ne rumine plus le désarroi des jours. La vie reste cette sensation qui ne veut jamais vraiment se révéler. Nos âmes sont des fantômes qui ne veulent plus vraiment apparaître. Plus réellement apparaître.

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27 août 2015 4 27 /08 /août /2015 21:53
La vie viendra, petite...

Nos vies sont des cascades qu'on ne peut plus arrêter mais parfois je sais bien que je ne suis plus en état de dévaler les pentes, que je dois m'arrêter, réfléchir, accepter un peu plus les tourments, alors je prends un verre de vin et je le vide et je me dis je vais me rapprocher de toi mais ça ne sert qu'a me regarder le foie qui ne va pas et a pleurer un peu sur moi, espèce d'escroc que je suis, et puis je reprends la route, je reprends le bateau qui me fait dévaler les pentes et je me reprends un peu moi-même, et je devine que nos vies ne seront jamais balisés parce que nous ne sommes pas faits pour le mièvre, nous ne pouvons espérer la tranquillité, on sait bien qu'on devra toujours affronter des tempêtes, alors parfois si je m'assois sur le bas-côté et que je me laisse aller, c'est juste parce que je suis renversé par cet amour et je devine un courage chez elle que je n'ai pas et je devine chez elle une force que je n'aurais jamais. Alors je me gifle et je fracasse ma gueule sur des murs de béton, parce que je ne mérite pas toute cette attention, je ne mérite pas l'étreinte et la passion de la plus belle femme du monde. Mais je lui tends mes lèvres et je la regarde en moi. Je me regarde en elle. Même si ce n'est plus elle. Même si tu n'es plus là.

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