Le blog de ma vie en biture

Je prends mon courage a trois mains et je vais me poster devant la plus jolie fille de sixième. On approche de la fin de l'année et il va falloir qu'on fasse connaissance avant que l'été passe et qu'elle devienne la plus jolie fille de cinquième. Dans mes rêves, je lui parle, je l'emmène avec moi, dans mes rêves je fais tout et n'importe quoi. Mais dans la réalité c'est un peu plus compliqué. Je ne lui ai toujours pas parlé. Je la regarde, les yeux perdus dans le vide, alors qu'elle joue et parle avec les filles de sa classe. J'ai observé et fait une analyse très détaillé de ses fréquentations. Dans ma tête, j'ai établi la galaxie de la plus jolie fille de sixième. Qui elle fréquente, qui elle n'aime pas. Je sais a peu près ou elle habite, et parfois le week-end je me promène vers chez elle mais je ne l'ai jamais croisé. Ensuite j'ai appris que ses parents étaient divorcés et qu'elle n'était pas dans le secteur quand elle passait le week-end chez son père car il habitait en banlieue. Les types de ma classe ne s’intéressent plus a mes amours transis et imaginaires, ils se sont lassés. Au début je les faisais rire, et ils attendaient que je me prenne un bon râteau pour bien se foutre de ma gueule mais quand ils ont compris que je n'avais aucun courage et que je resterais ainsi à la regarder pendant des siècles, l'histoire ne les a plus intéressé. Et puis comme dit toujours samy, tu connais une fille au monde qui voudrait sortir avec un écureuil de laboratoire. C'est décidé, aujourd'hui je vais lui dire que je pars pour la Californie cet été et que mon père est d'accord pour que je l'emmène avec moi. Ce n'est pas tout à fait vrai mais depuis que ma mère m'a surpris dans la salle de bains en train de me gommer le bras, elle croit que je souffre d'être roux et de toutes ces taches de rousseur. En fait j'essayais de faire partir du stylo mais les parents sont des êtres bizarres dans la principale activité dans la vie semble être de s’inquiéter pour leurs enfants et d’interpréter des évènements d'une banalité confondante. Ils peuvent ensuite ainsi vous emmener voir un pédopsychiatre puis expliquer que seuls eux savent ce qui est bon pour leur enfant. Viens avec moi en californie je dis à la plus belle fille de sixième, on ira à la plage et puis a disneyland et a universal studios et a marineland et a six flags et ou tu veux d'ailleurs. Viens avec moi, si tu veux on ira a las vegas pour se marier et ensuite on reviendra a paris et on vivra ensemble pour toujours. La cloche sonne alors que je répète ce que je dois dire à la plus jolie fille de sixième. On s'aimera pour toujours je répète. Mais elle disparaît pour remonter en classe. Je t'aimerais toujours. Moi aussi drink, me dit en se gondolant ce crétin de stéphane en passant à ma hauteur, mais en attendant on a deux heures de maths. Je t'aimerais. Toujours. Moi aussi elle réponds. Moi aussi.

Mon cœur palpite quand j'aperçois la plus jolie fille de sixième dans la cour. J'ai envie de hurler a tue-tête elle est revenue, elle est revenue. J'ai envie de chanter et de faire des claquettes. L'autre crétin avec ses lunettes énormes vient me dire tu as vu junior, la plus belle fille de sixième est revenue, tu devrais aller lui parler. M'appelle pas junior je lui dis pas c'est pas bon pour mon image. Elle n'a pas grossi remarque marc qui dès qu'il l'a aperçu a foncé sur moi comme l'analphabète sur les mots. Évidemment je lui réponds, comment veux-tu qu'elle ait grossi, elle était malade. Hey drinkounet, me hèle en arrivant le pénible de la classe, tu sais ce genre de vague cousin qui fait toujours l'intéressant aux repas de famille et que du coup il faut rigoler bêtement pour évacuer la lourdeur. Quoi je lui demande en pensant m'appelle pas drinkounet je crois que c'est encore pire que junior. Mais bordel va lui parler, me dit le pénible. Et puis voila Victor, qui me dit oh j'ai vu tes putains de taches de rousseur clignoter comme un sapin de noël et j'ai su qu'elle était revenue. Et puis voila Max qui arrive avec un air de présentateur télé et qui nous dit oh drink junior tu vas frétillé des poils de rousseur, je dois t'annoncer une nouvelle. Et là tous en chœur, on s'écrie, la plus belle fille de sixième est de retour ! Et on se bidonne devant son air stupéfait. Et je lui montre qu'elle est revenue la dans la cour. C'est pas discret ce petit attroupement d'une dizaine de gugusses. Je réussis a capter les yeux de la plus belle fille de sixième et je la regarde et je me dis je vais t'aimer pour toujours et je vais t'épouser et tu seras la femme la plus heureuse du monde et je serais l'homme le plus heureux du monde et on sera si bien crois moi. La plus jolie fille de sixième me regarde. Ses copines rigolent et mes pseudos potes n'en peuvent plus de s'esclaffer sauf Victor qui dit mais bordel elle aime bien les rouquemouttes ? Un futur magicien le victor. Je regarde la plus belle fille de sixième, enfin, je regarde ma future femme, mon futur amour, je regarde celle que j'aime, celle que j'ai aimé depuis toujours, celle qui...Je la regarde. Je te regarde. Je te regarde et je sais que c'est elle. Je sais que c'est toi.

C'est le midi a la cantine et je voudrais aller aborder la plus belle fille de sixième avec ses beaux cheveux et ses yeux formidables. Je voudrais lui dire les mots que j'ai été arracher à mon ami marc, comme un dentiste qu'il n'est pas. Après le petit déjeuner j'ai renoncé a demander à ma mère des conseils et j'ai été voir mon père mais aucun son n'est sorti de ma bouche. Je la regarde et les autres se foutent de moi parce que ma fourchette pend au dessus de mon assiette et je crois que la plus belle fille de sixième rigole aussi avec ses copines mais pas à cause de moi. J'essaie de me graver dans le cerveau son si beau visage que je ne vais plus voir pendant 15 jours. J'ai une idée dit victor, et si tu lui offrais un cadeau de noël mais sans lui dire que c'est toi, tu vois un cadeau que tu déposes dans son casier. Mais quel intérêt si je ne dis pas que c'est moi. Tu laisses des indices pour quelle découvre que c'est toi et elle te tombe dans les bras. Pas très logique je dis. Mais enfin reprend max pourquoi la plus jolie fille de sixième tomberait dans les bras d'un rouquemoutte ? Je la regarde qui se lève de la table et qui agite ses cheveux soyeux et je la regarde marcher avec ses converse aux pieds. Je me demande ce que je vais bien pouvoir faire. Les copains se barrent pendant que je mange un peu vu que je n'ai rien avaler. 15 jours sans la voir je me dis et ça me recoupe l'appétit. 15 jours sans elle.

Alors que les filets de rougets baignent dans la crème fleurette, je me demande a quel moment je vais les sortir du four pour les saupoudrer de curry et de poivre du Cambodge. Tu crois qu'un jour on sera tous les trois me demande l'enfant. On est toujours tous les trois je lui dis en jetant mon riz dans l'huile d'olive frémissante. Mais bordel papa, me dit l'enfant, elle ne te manque jamais maman ? Je remue énergiquement le riz pour ne pas qu'il colle et puis je verse un demi verre d'eau dans la casserole frémissante. Elle ne peut pas me manquer puisqu'elle est toujours avec moi. L'enfant hausse les épaules et prends une moue boudeuse qu'elle dépose sur son visage. Je voudrais la prendre dans mes bras mais je dois reverser un verre d''eau dans la casserole pour ne pas que le riz brûle. Je me concentre et je remue le riz. Je suis soucieux de l'enfant. Je reverse encore plus d'eau et j'abandonne ma casserole. Je regarde l'enfant, je regarde son visage si doux et gracieux, je regarde les joues qu'elle gonfle pour montrer qu'elle n'est pas contente. Je vois sa mère qui comme le bon whisky a douze ans d'âge et je l'imagine courir après les pigeons. J'appuie sur le nez de l'enfant, et elle sourit. Ta mère t'aime plus qu'elle-même, ta mère t'aime, comme elle n'aimera jamais personne. L'enfant rigole, papa je ne doute pas une seconde que maman m'aime, mais tu sais comme moi, elle n'aimera jamais personne comme elle t'aime toi, jamais. Je sors le plat du four, je saupoudre d'un peu de curry, de gros sel de Guérande et de poivre du Cambodge. L'enfant parle de la même voix qui ne souffre aucune contestation qu'elle tient de sa mère. J’éteins le four, j'éteins le feu sous le riz. Je regarde l'enfant. Maman est toujours avec nous, je lui dis, toujours avec nous deux. Je crois que tu as raison elle dit d'un sourire triste pour ne pas me contrarier, nous sommes tous les trois. Nous sommes tous les trois.