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12 février 2023 7 12 /02 /février /2023 21:50

J'ai toujours pensé que je finirais ma vie ici sans trop savoir pourquoi. Mais je crois bien que ce sera ainsi. Il va falloir quitter belleville, il faudra bien. Ce qui n'était qu'une impression au début, un sentiment diffus de tristesse, d'éloignement, comme l'impression de déposer mes pas dans ceux d'une autre qui n'est plus la, cette vision a prit forme. La veille pourtant dans le centre de la ville, alors que je mangeais attablé au dehors, écoutant la cérémonie des vivants pour joe leaphorn a travers des mots édités sur une feuille, alors attablé, mangeant des aliments de peu d'intérêt, j'ai compris ce que je n'aimais pas dans la vie de province. La promiscuité avec les bourgeois. Ce que ne veulent ou ne peuvent pas comprendre les personnes de province c'est que paris n'est pas une ville. C'est une agrégat de village, de bourg, un ensemble de quartier. Mais paris n'est pas une ville. Belleville n'est rattaché a paris que depuis un gros siècle, un siècle et demi pour être plus précis, et c'est sans doute pour cette raison que l'on a pas l'impression d'être a paris quand on est a belleville. Il n'y pas de touristes, il n'y a pas de bourgeois. Il y a des gens qui ont de l'argent, mais pas réellement de bourgeois. Les villes de province ont encore cette sociologie de l'habitat qui fait que le centre est bourgeois, surtout quand le centre est historique, composé de vieilles bâtisses. Le centre est bourgeois. J'ai marché sur la plage, le sable était un peu chaud, c'est curieux je me suis dis cette fascination pour la mer, comme si les vagues qui venaient crever sur la plage ramenait à la vie. Je n'aime pas saint malo l'été, c'est vraiment ce genre de ville qui n'a de la gueule qu'en hiver. J'avais envie de vent et de pluie et je crois que c'est pour cette raison que j'aimais aussi par ici. Le vent et la pluie ce qui me nourrit. Les trois filles a la table d'a côté réfléchissent a ce qu'elles veulent manger, ce qui s'avère vaguement compliqué, on sent déjà une sorte de vague concurrence sociale quand elles commandent, un peu comme avant quand une des trois  a expliqué qu'elle n'avait pas fait toutes ses études brillantes pour prendre un boulot sous payé. Ce qui m'a au passage conforté dans l'idée que je n'avais jamais été au chômage car je n'avais jamais fais d'étude. Le vrai moment drôle est arrivé pour les boissons. Quand la fille a demandé a la serveuse quelles marques d'eau elle avait en stock. C'est bien les bourgeois j'ai pensé. Carafe d'eau du robinet c'est tout ce que je peux vous proposer a souligné la jeune fille, j'ai eu un petit sourire sadique quand j'ai entendu les organes bourgeois d'une des trois fifilles a son papa descendre d'un coup d'un seul. Plus tard, je dis au serveur qui me regarde en souriant après m'avoir redit le nom du rade, le troquet je vais continuer a l'appeler la mer à boire, parce que le O paris c'était déjà pas fameux mais alors votre nouveau nom c'est tellement con que je vais jamais m'en souvenir. Il y a belleville dedans tu t'en souviendras il me dit. Tu sais a force de l’appeler la mer a boire, un jour dans un siècle ou deux, un type le rachètera et l'appellera la mer à boire. Mon coeur belleville, je répète d'une voix ahurie, quel est le con qui a trouvé un nom de rade aussi débile ? Une des trois jeunes filles bourgeoises se lève, elle dira plus tard qu'avec adrien ils cherchent un appartement avec terrasse, elle a bien une gueule a sortir avec un mec qui s'appelle adrien. Elle dit je reviens je vais chercher une bouteille d'eau chez moi. Je la regarde partir en comprenant la folie du monde et effectivement elle reviendra quelques minutes plus tard avec sa bouteille d'eau de je ne sais quelle marque qu'elle déposera sur la table,  fière comme le jour de sa première communion. Je traîne encore un peu dans saint malo comme ensuite je traîne dans la ville, je suis assis sur la terrasse et je regarde le jour qui ne veut pas lâcher l'affaire, et puis j'entame un nouveau livre, et puis je regarde encore la nuit qui tombe sur ma propre vie, et le jour qui dit adieu, je sais que je finirais ainsi, loin de tout, ce sera sans doute mieux ainsi. Ce sera sans doute mieux comme ça. Loin de tout ce sera sans doute mieux pour moi.

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24 août 2015 1 24 /08 /août /2015 16:49

http://laregledujeu.org/files/2012/05/Moonrise-kingdom_Wes-Anderson.jpg

 

Je tiens ta main dans le vide. Dévide les douleurs de mon âme sur le sable. Le sable que j'inspecte pour chercher les traces de tes pas. Je marche sur les pavés de la ville aux remparts ou j'erre parfois la nuit pendant que les gens dorment. Je tiens la main du fantôme qui vogue sur les flots. Le soleil joue avec les nuages, parfois le vent balaie le sable en un léger tourbillon. Je n'ai pas bu depuis des jours quand je rencontre l'alcoolique sur la jetée. Je n'ai pas vu ma fille depuis des jours quand je la rencontre au coeur de la cité intra-muros. Le tout petit enfant frisé parle dans un téléphone portable. Les nuages passent et repassent dans le ciel. La mer vient mourir au pied des rochers puis repart au loin. Le vent fouette le lieu ou le curé sourd et hémiplégique a taillé des visages pendant des dizaines d'années.Des enfants hurlent dans le petit parc. Le jour se lève. Et puis un autre. Le jour se couche. Et puis un autre. J'attends que le fantôme vienne déposer sa main dans la mienne. Des nuits se couchent sur des vies en sursis. Nous sommes loin l'un de l'autre, si prêt l'un de l'autre. Des cerfs-volants tournoient dans le ciel. Des surfeurs caressent les vagues. Le tout petit enfant court sur le sable. L'alcoolique vacille sur les remparts. L'eau coule entre les pavés. Les bateaux s'effleurent  dans le port. Ma fille me dit on ne te voit plus. Je cherche les voitures qui parlent dans le noir. J'attends le fantôme pour me tenir la main. Nos pieds nus crissent le sable. La marée descendante. Des vies monotones qui attendent un éclair. Nous sommes des conquérants de l'impossible. On s'enfonce dans la mer. Je crois que je n'aurais bientôt pu pied me souffle le fantôme à l'oreille. Je hausse les épaules en regardant la lune pleine. Et puis je tiens sa main plus vigoureusement et on continue d'avancer. Je crois que plus rien ne peut nous arrêter. Plus rien ne peut nous arrêter. Je vais devenir fantôme pour te retrouver. Devenir fantôm et te retrouver.

 

 
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5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 11:12
Les valises

Je n'aime pas l'été en fin de compte, j'en ai jamais vraiment douté mais je n'ai pas vraiment pas du tout ça. Parfois je me demande si ma seule motivation pour ne pas avoir d'enfants est de ne surtout pas partir en vacances en été. Je déteste l'ambiance, la chaleur; toute ces conneries. Alors que je rentre dans mon appartement suffoquant, je me rends compte comme c'était une bonne idée d'aller en bretagne pour respirer. Je me rends compte qu'il va falloir revenir a la vie sociale, parler et encore parler. Ils font voeux de silence les gars qui vivent dans certains monastères. Je me demande comment ça peut-être. Ma vie est une valise que je passe mon temps a remplir et vider pour la trimballer un peu partout. Sans trop savoir. La vie est une élègance qui s'ignore. Voeux de silence c'est bien ce dont j'aurais besoin, fermer ma gueule et ne plus y revenir. Des types manifestent en solidarité avec le peuple grecque au bout de la rue, moi je mange des yaourts. C'est marrant je me dis ce sont les mêmes qui nous expliquent qu'il faut être solidaire avec les grecques qui veulent que ce soit poutine qui décide de l'avenir des ukrainiens. Mais bon je suis un peu con faut dire. Je suis toujours heureux de revenir a belleville, je me demande si vraiment je pourrais partir d'ici. J'ai toujours pensé que si j'avais de l'argent, j'aurai des appartements un peu partout, et j'entretiendrais ma solitude en essaimant les villes pour ne pas mourir. La vie est une fuite qui ne mérite pas de retour. Une impression que le jour ne veut jamais finir. J'erre parmi ma vie, dans les effluves de la ville, je retourne vers cette solitude que je n'aurais jamais du quitter. Une solitude que je ne devrais plus quitter.

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1 juillet 2015 3 01 /07 /juillet /2015 10:05
Tirer des bords

Je me suis réveillé en sueur, trempé de la chaleur de la nuit, malgré la fenêtre ouverte il n'y avait que de peu de vent. Je me suis réveillé alors que les gens tentaient de prendre la scène d'assaut pour me pêter la gueule. Je rêvais que j'étais caroline fourest. J'avais nettoyé les fenêtres de la salle a manger dans la journée quand j'avais constaté a quel point dehors était gris malgré le soleil prégnant. L'appartement était vide depuis maintenant 5 ans et c'est a ce genre de détails qu'on le devinait. Crasse des vitres. Aux quelques araignées aussi. La mer me manquait mais il était agréable d'avoir encore un endroit ou se réfugier pour s'échapper. Je souffrais toujours de la bouche, et je ne mangeais que peu, mes gencives étaient toujours écarlates, je les regardais chaque matin en espèrant qu'elles tombent comme des fruits trop mûrs. Et puis je me souvenais que les gencives ne tombent pas. Sans qu'on sache trop pourquoi. Je n'ai pas pensé a la mort cette nuit la en me réveillant, l'insomnie passé 40 ans, voulait dire penser à la mort presque a coup sur, je crois que j'y avais tellement pensé avant 40 ans que ce genre de soucis m'étaient désormais étranger. Pour éviter de trop cogiter j'ai pris le livre de hillermann. C'était assez fascinant de continuer de lire les aventures des navajos maintenant que hillermann était mort mais je dois avouer que je ne pouvais occulter une certaine admiration pour le travail de sa fille. C'était la même chose avec sans doute une plus grande acuité pour le personnage féminin. Je me demandais depuis quelques semaines si j'allais continuer a écrire en imaginant que sans doute pas, ce qui prouve bien que je n'étais pas fais pour écrire puisque l'idée de la lecture des autres me tenaient plus que l'écriture elle même. J'hésitais a louer une voiture pour aller voir la mer, maintenant saint malo me paraissait très loin, comme une île qu'on ne pouvait rattraper. J'avais un peu envie de traîner aux alentours et la voiture semblait une meilleure idée que le train. Je me sentais a nouveau serein depuis quelques jours, dorénavant que tout mes espoirs d'une quelconque vie sociale ou sentimentale étaient enterrés, je n'avais plus aucune empathie pour l'avenir ou pour ma propre existence. C'est hun zé qui disait que la vraie vie c'était de détacher son âme de son corps et de flotter quelque part au-dessus des montagnes. Il y a peu de montagne en bretagne mais mon âme flottait en dehors de moi, c'est une certitude. La veille j'avais été voir la vieille femme dans la maison des vieilles femmes et elle m'avait dit qu'elle se sentait inutile. Je pensais un peu comme elle, ou plutôt j'aurais pensé comme elle à sa place. Dans mon rêve, j'étais caroline fourest et je montais sur scène et je disais au micro comme j'étais fière d'avoir un ya bon machin truc quand je voyais le jury et les membres de l'association qui remettaient ce prix. Etre reconnu comme raciste par un ami de dieudonné, par un type qui fait parti d'un journal qui explique de clément méric est coupable et que son assassin nazi est une victime, par une femme qui toute les semaines discutent le bout de gras sur une station périphérique avec des fachos notoire, être reconnu comme raciste par des personnes aussi parfaites c'est un honneur j'ajoutais sous les quolibets de la salle. Il était bizarre ce rêve je me suis dit le lendemain. Il faudrait peut-être que j'aille voir la mer je me suis dit le lendemain. Voir la mer si j'y suis pas. Le ciel se chargeait de nuages. On aurait dit qu'il allait pleuvoir. Je me suis dis que c'était une bon jour pour marcher dans le sable. Pour marcher dans les sables. Je me suis dis que c'était un bon jour tout court.

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8 février 2015 7 08 /02 /février /2015 10:26
Quitter la mer

Je regarde les vagues et l'écume, je regarde ce mail que j'ai si souvent longé, cette mer que j'ai si souvent entendu grondé. Et puis continue de jeter, d'empiler, de regarder des photos qui montrent des gens presque tous morts. C'est le troisième appartement que je vide en deux ans, ma vie s'est de vider des appartements. Une histoire de pyramide des âges sans doute. Il y a presque un mois que le fantôme a disparu mais je crois que c'était ce matin. Je crois que c'était il y a juste une heure peut-être deux. On continue de jeter des affaires. La personne qui vivait ici n'est pas morte. Mais presque. Plus tard en regardant la mer, je sais que je dis adieu a saint Malo, bien sur je reviendrais mais ce ne sera pas tout a fait pareil. Je ne pourrais pas décider la veille de venir pour le lendemain. Il n'y aura plus un appartement qui m'attends. Ce ne sera plus tout a fait chez moi. Plus tout a fait. Je ne sais pas si je suis triste, je crois que c'est juste le vide qui continue de gagner, je crois que c'est encore la fin d'une histoire, c'est comme la butte aux cailles, c'est comme d'autre lieux, d'autres saveurs, je crois que c'est la vie qui s'en va un peu. J'entends les mouettes et je me demande si le fantôme a toujours avec elle cette boîte qui quand on l'ouvre imite le bruit des mouettes. Je suis un peu triste de dire au revoir a saint Malo, j'aurais tellement voulu le garder cet appartement, j'aurais aimé avoir l'argent qu'il fallait. Je regarde la mer qui s'en va et qui revient, je crois que je devine le visage du fantôme au loin, par delà la mer. Au loin par delà les flots.

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4 décembre 2014 4 04 /12 /décembre /2014 09:52
La poussière sur les murs

Le voyage en train se déroule très vite. Je me plonge dans le livre de mille deux cent vingt deux pages écrit par le père de ce type qui a obtenu le prix goncourt et dont on a plus jamais entendu parler. Je me rends compte que le polar de dan fante que j'ai acheté quelques jours auparavant ne me servira a rien. J'aurais un peu le temps de lire mais pas tant que ça. Et le livre de mille deux cent pages vingt deux pages suffira largement pour mes trois jours de présence. J'emporte toujours trop de livres quand je pars, comme j'ai toujours pleins de choses a lire dans mon sac en cas de transports trop long ou d'inactivité soudaine. Je ne sais jamais quelle sortie prendre quand je descends sur le quai, je ne sais jamais , si c'est la sortie nord ou la sortie sud. Je sais juste qu'il faut remonter pour arriver a la gare. J'ai habité dans cette ville quand j'étais en seconde après la fugue de chez mes parents. La gare n'avait pas encore été reconstruite. Je prends le métro pour deux stations que je pourrais faire a pied mais je porte un sac un peu lourd sans doute a cause des journaux et des livres que j'ai pris pour le train. La ville semble vide quand je sors au métro république. Le centre du jour n'est pas le centre de la nuit dans cette ville. Le centre commerçant n'est pas le centre de la nuit. A quelques rues de la, les bars doivent être remplis d'étudiants ivres morts. Je me dis que je dois être vieux pour ne plus avoir d’appétence pour l'ivresse brute, qui cartonne, pour un souffle collé au mur. Je me dis que je dois être vieux pour avoir juste envie de cette légère ivresse, juste un peu au-delà de la limite. Comme un fantôme qui aurait bu deux verres de champagne. Je n'ai pas envie d'attendre un hypothétique bus, a dix heures du soir, j'imagine qu'il en passe un de temps en temps mais je ne suis même pas sur qu'il me rapproche, alors je prends le chemin de l'appartement ou j'ai vécu un an quand j'étais en seconde. J'étais quand même sacrément en retard vu que j'ai eu dix huit ans dans cette ville. Après j'ai arrêté l'école pour rompre cet ennui absolu. Je pense devant le nouvel immeuble de luxe estampillé jean nouvel et je vais au bout du mail pour prendre la rue qui monte vers l'appartement. Les murs n'ont pas bougé, les livres n'ont pas bougé, les photos n'ont pas bougé. L'appartement est vide depuis quatre ans. Il n'y a que moi qui vient parfois dormir. Dans ce qui était ma chambre, des gens ont déposés des cartons qui devaient se trouver dans un garage ou une cave quelconque. Il y a des photos sur les murs de gens qui sont morts, il y a des photos sur les murs de gens qui sont vivants. Il y a de très vieilles photos dans des cadres de gens que je ne connais pas. Morts bien avant ma naissance. Je souris en me demandant combien de milliards de questions poseraient le fantôme en regardant les photos. Et je souris en imaginant le peu de réponses que j'aurais a lui donner. Je la prendrais par la main et je me coucherais contre elle. Dans l'appartement ou plus rien ne bouge, ou le temps s'est arrêté, dans cet appartement je dormirais contre elle. Je dormirais contre toi.

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12 octobre 2014 7 12 /10 /octobre /2014 09:28
Le retour aux affaires

Alors petit frère me dit le type près du bar. Toi tu es mon petit frère tu es de quelle année 77 ou 78 ? Ah non je rigole je suis de mille neuf cent soixante sept. Le second groupe s'échine a jouer un ska punk très daté, j'ai l'impression d'être au siècle dernier chez les bouducons. Il me fait répéter deux ou trois fois et quand il comprend ce que je dis il n'en peut plus de rire. J'ai quitté la mer, je suis allé le soir une dernière fois alors que c'était marée montante, je me suis assis sur un banc pour retourner en suède avec knausgaard alors que le soleil malouin me caressait une dernière fois le visage comme pour ne pas que je l'oublie. Et puis j'ai longé le sillon pour finir a rochebonne ou j'ai dis adieu aux mouettes et a la mer électrique qui tentait de se défaire des surfers. Le type me dit qu'il est né en 72 et que je suis forcément plus jeune que lui. Il dit je le vois a tes cheveux a tes yeux a ton visage, tu n'es pas né en 67. On a pas cette peau là quand on est né en 67 il dit. Et il repart à rire alors que je commande une bière a un euro cinquante au bar du lieu. Quelques minutes auparavant un autre type est venu me dire bonjour en me claquant la bise et en m'appelant par mon prénom. Bordel céki je me suis demandé, mais bordel céki. Il m'a parlé très naturellement et quand enfin j'ai compris que c'est un gars que je n'avais pas vu depuis vingt ans j'ai été soulagé de ne pas l'avoir reconnu. La tragédie rouquemoutte je me suis dis, tout le monde te reconnait tout le temps, même si parfois on te prends pour un autre rouquemoutte. Dès que je quitte saint malo le soleil disparaît et j'arrive a rennes dans un dégradé de gris et un ciel plus vieux d'un siècle ou deux. Je débarque en plein psychodrame chez les vieilles dames, une histoire de lancer de verre rempli d'eau et de vin qui a mal tourné, je régale tout le monde de chouquettes, j'ai ce charisme curieux qui attire les enfants, les animaux et les petites vieilles. Sans doute que je suis un enfant et un animal. J'ai 12 ans. Je bois le café qui a goût d'eau chaude et je regarde par la fenêtre le soleil de saint malo tenter de vaincre le ciel de rennes. Je cherche le regard de la plus belle femme du monde en me demandant ce qu'elle fait à ce moment précis, ce que disent ses yeux, ce que traduisent ses lèvres, je me demande un peu et puis je la vois, dans la prégnance de mon regard, je me dis qu'elle veille sur moi. Allez me dit le type tu es en 77 ou 78, dis le moi. Bordel je te dis que je suis né en 67. Et me voilà a sortir mon portefeuille, je trouve pas de pièce d'identité et tout à coup je vois ma carte vitale. Pendant que j'essaie de l'extraire vu que j'ai jamais du m'en servir, elle est comme collée, le type me dit ah oui ça la carte vitale ça ne ment jamais. Et enfin quand je la sors si je puis dire, je lui montre les chiffres, 1 67 12 75...Ah oui il dit tu es né en 67. Je t'offre une bière il dit pour fêter ça. Mais j'en reviens pas quand même. Moi non plus je dis vu que j'ai l'impression d'être un ado. Le soir a rennes, je n'appelle personne pour sortir, les bars regorgent de monde comme presque tout les soirs dans le quartier sainte anne rue de la soif, je vais voir le film du petit génie québecois. Presque tout le film je pense au fantôme, a chaque image je devine presque son émotion et ce qu'elle ressentira, je devine comme elle sera bouleversé. Je regarde le film en regardant la plus belle femme du monde le regarder. Je trouve ça bien mais je ne suis pas retourné par le film, j'ai ce problème avec la musique avec le coté clip je crois. Au fond je préférerais toujours comment j'ai tué ma mère je me dis. A peine posé le pied a paris, je dois un peu courir pour aller manger chez le type qui m'attends pour picoler. Je me sens un peu épuisé et j'ai pas le courage d'aller à la manif pour le jeune fille violée par un faf. Je me sens un peu coupable quand garçon tout maigre me dit qu'il n'y avait pas deux cent personnes. Au concert du soir à la parole errante, je retrouve tous ces frères de concerts, j'ai à peine le temps de commander, on m'offre des bières. Je souhaite un bon anniversaire au garçon tout maigre. Je cherche le fantôme des yeux et je sais qu'elle veille sur moi. Tu veilles sur moi.

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8 octobre 2014 3 08 /10 /octobre /2014 19:44
Frotter le sable

J'enlève mes docks et mes chaussettes pour aller tremper mes pieds dans la mer que je ne trouve pas si froide. C'est peut-être le soleil qui se reflète sur l'eau qui donne cette impression de température tiède. Une heure avant il pleuvait des trombes d'eau et le ciel était si bas qu'il faisait nuit dans l'appartement. Le climat de saint malo m'étonnera toujours. En une heure le ciel bleu s'est installé et le soleil s'écrase sur mon front pour le faire rougir. Plus tard, alors que je suis presque a intra muros il me semble voir la plus belle femme du monde qui lit un livre un peu plus loin, assise sur le sable, sereine. Elle me fait un signe de la main et me dit d'approcher en me faisant un sourire qui ferait quitter les ordres à n'importe quel religieux . Mais qu'est ce que tu fais là je lui demande alors que le soleil se reflète sur mes lunettes. Elle continue de me sourire et au moment ou je m'agenouille sur le sable pour l'embrasser elle disparaît. Ça fait beaucoup rire les mouettes qui se gondolent, elles volent au-dessus de moi et n'en peuvent plus de se marrer alors que la mer continue de se retirer. Je reste a traîner sur la plage, sur le mail, je continue de chercher la plus belle femme du monde, je la cherche dans intra muros. Et puis je comprends que je me suis sans doute trompé et je m'assois sur un des nombreux bancs du mail. Je lis les aventures suédoises de cette écrivain norvégien. La mer est remonté. Les vagues viennent mourir presque à mes pieds. Les surfeurs ont pris possession de la mer. Le bruit des vague envahit tout l'espace. L'écrivain norvégien me fait rire avec ses histoires de parents. La plus belle femme du monde me murmure a l'oreille. Curieux contraste entre le bruit des vagues et le souffle du fantôme. Ton souffle sur ma peau.

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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 18:49
Marée haute

Je m'assieds sur le banc en plein soleil. Le mail se remplit de gens qui font leur jogging, du vélo, des vieux qui se promènent avant de rentrer chez eux, et puis les surfeurs qui profitent de la mer haute et des vagues assez formés. Il y a de plus en plus de ces types qui font du surf old school avec une pagaie. Des vieilles se prennent en photo au bord du mail et je me dis qu'une vague pourrait vite les tremper. Une fille vient se poster juste devant mon champs de vision et je me dis que si le fantôme voyait cela, la pauvre femme serait balancée a la mer sans ménagement. Elle prend ses photos et me fait un sourire avant de partir comme si elle m'entendait penser. Je profites des rayons du soleil pour rester sur mon banc et continuer le david peace. Je reste fasciné par son style. L'histoire me laisse totalement froid, surtout la manière mécanique et répétitive du récit, ces matchs et puis ces autres matchs de football du club de liverpool, ces matchs et puis ces autres matchs sous la férule du même entraîneur. Ce livre n'a aucun intérêt, et pourtant c'est un grand roman, sept cent pages sur des résultats de football. 14 longues saisons du club de football de liverpool. Le type qui disait qu'un grand écrivain pouvait écrire le bottin. On y est. Sept cent putains de pages de résultats de football. David peace, david peace, david peace. Le fantôme me dit que l'escroc qui se fait passer pour un médecin lui dit que tout va bien. Il est aussi médecin que celui de lucky luke je ne dis pas au fantôme. J'entends sa voix et je sens qu'elle est heureuse. Je crois qu'elle est près de moi, et que depuis ce banc elle aussi elle regarde la mer. Toi aussi tu regardes la mer.

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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 09:08

 

 

Le matin, la mer est loin. Je pourrais venir sur le sable et ramasser les coquillages comme quand j'étais enfant. J'en faisais quoi d'ailleurs, je les nettoyais, je les peignais peut-être, tout ça me semble si loin, tout va vite. Les souvenirs s'effacent, comme les traces sur le sable quand vient la marée. Beaucoup trop vite. Il fait beau et froid auprès de la mer, j'hésite à enlever mes docks et a tremper mes taches de rousseur qui ornent le dessus de mes pieds et puis je renonce. Je longe la mer sur la plage presque vide ou le seul bruit - hormis celui des vagues - est celui des voiles de chars qui foncent sur le sable. Je pense à la fille qui était venu avec moi les deux dernières fois et a laquelle la directrice générale de la mairie ou elle travaille lui a dit qu'elle était responsable de ce qui lui arrivait vu que ce n'était pas possible de faire une dépression en travaillant pour une mairie communiste. Je regarde les traces des bâtons dans le sable, des milliers de trous depuis que les plus vieux du coin font de la marche comme s'il faisait du ski de fond. Je me demande si c'est mer montante ou descendante mais je sais que dans quelques heures on ne pourra plus marcher sur la plage vu qu'il n'y en aura plus, ça me fascine toujours de penser que dans quelques heures,je n'aurais même pas pied à l'endroit ou je suis. Je regarde les mouettes qui narguent les chiens à moins que ce ne soit les chiens qui courent après les mouettes pour les faire chier. Je regarde les coquillages sur le sable en me demandant s'il y a une vie sous le sable. Je pense a la fille qui vient avec moi parfois et je me dis que je vais foutre une bombe dans cette mairie stalinienne ou l'on pratique le harcèlement moral dans la plus pure tradition patronale. Je laisse le soleil me caresser le visage en me demandant si la plus belle femme du monde va mieux mais je pense que oui. Le vent souffle tellement fort au bord de la mer que mes deux camionneurs ne sont pas de trop, je suis toujours fasciné par la force du vent alors que dès qu'on s'enfonce dans la ville il ne souffle plus du tout. Mes docks sont pleines de sable alors que je remonte vers le mail. C'est peut-être la dernière fois que je reviens à l'appartement, mais j'espère qu'un jour je reviendrais avec la plus belle femme du monde. Appartement ou pas. Avec la plus belle des femmes du monde sur le sable de saint malo.

Marée basse
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