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28 décembre 2014 7 28 /12 /décembre /2014 10:51
Le sol en béton

Tu poses un genou a terre. Le terrain est si dur que ton genou ne s'enfonce pas d'un millimètre. Ce genou qui dans quelques semaines, quelques mois, te lâchera, ce genou qui dans quelques mois t'abandonnera, ce genou qui ne voudra plus continuer, plus de souffrances, plus d'efforts. Un lit d'hôpital comme sanctuaire. Tu poses un genou a terre et tu regarde la terre pelée et givre. Le terrain est si dur dans cette banlieue balayé par un vent glacial que même les crampons ne s'enfoncent pas dans le sol. Momo me tend la main pour m'aider a me relever, et on se dirige la tête basse vers le cercle des joueurs. A cette époque on ne rentre pas au vestiaire a la mi-temps, on fait un petit cercle pour bouffer un quartier d'orange et on reprend le match. Je vois l'entraîneur qui est déjà au milieu du cercle avec un air pas commode, et je sais que je vais me faire fracasser. Dis rien je murmure a Momo, car je sais qu'il peut ramener sa fraise et qu'il sera purement et simplement remplacé. Dans le rugby, on peut rien dire, vous haussez le sourcil vous reculez de dix mètres, vous regardez mal l'arbitre, vous reculez de dix mètres, vous dites un mot vous reculez de dix mètres, vous vous plaignez, la pénalité qui était pour vous est contre vous. Le rugby c'est pire que l'armée. Un joueur dit dans le vestiaire avant le match, je veux pas jouer neuf je veux jouer quinze, l'entraîneur lui dit de se rhabiller et de rentrer chez lui. Le rugby c'est la corée du nord niveau démocratie. Je m'assois dans le cercle avec momo et l'entraîneur me pilonne avant même que mon cul de rouquemoutte touche la terre en béton armée. Merci de nous rejoindre drink, merci vraiment, tu es capitaine c'est bien de montrer l'exemple et d'arriver une plombe après tout le monde. Tu es capitaine ? il demande. J'aspire mon quartier d'orange. Oh drink je te pose une putain de simple question, tu es capitaine ? Au moment ou je vais répondre, après avoir pesé le pour et le contre, il sort tous ses missiles sol air pour ma pomme. Mais non drink tu n'es pas capitaine puisqu'il n'y a pas d'équipe. Tu n'es pas capitaine, puisque je n'ai vu aucune combinaison en touche, je n'ai vu aucune combinaison en mêlée, je n'ai pas vu que vous étiez sur le terrain. Il y aurait quinze remplaçants, je vous renverrais tous au vestiaire et vous rentreriez tous a pied chez vous. J'évite de le regarder, mes yeux fixent mes chaussures, j'évite de le regarder je ne veux pas hausser les sourcils ou un truc de ce genre. Drink tu es capitaine ? Mais tu es capitaine de quoi ? Du titanic ? Le treize qui est un connard fini s'esclaffe. Lejeune au vestiaire dit l'entraîneur en le fixant furibard, besnier tu le remplaces. Les remplaçants sont tellement gelés sur le bord du terrain qu'ils sont content de rentrer. Drink tu donnes le brassard a momo. Je ne comprends pas s'il me remplace ou si je perds juste le capitanat. Je sais même pas si c'est possible de ne plus être capitaine et de rester sur le terrain. Non lâche momo. Tout les visages se crispent sur Momo, alors que j'enlève le brassard et que je lui tends, il reste immobile. Quoi ? demande l'entraîneur. Non, dit momo, c'est drink le capitaine, c'est drink mon capitaine, je joue avec lui depuis cinq ans et c'est mon capitaine. Je refuse le brassard. Mais je sors j'interviens, tu me remplace comme capitaine. Non je te remplace pas comme joueur, je te remplace comme capitaine drink hurle l'entraîneur alors que je regarde l'entraîneur des avants qui semble au bord de l'explosion de rire et des sanglots dans le même mouvement. Momo, dit l'entraîneur, tu es demi de mêlée, tu as le poste rêvé pour être capitaine, drink est à coté de ses pompes aujourd'hui, pas comme joueur mais comme capitaine. Il ne vous dirige pas, il ne vous secoue pas, il ne vous engueule pas. Il regarde votre médiocrité et s'aligne. C'est un capitaine d'une équipe de majorettes pas d'une équipe de rugby. Je connais momo il ne va pas lâcher l'affaire. Je connais l'entraîneur il ne va pas lâcher l'affaire non plus. Je ne remplace pas drink comme capitaine dit momo, je ne peux pas accepter. Putain c'est beau je vais chialer dit l'entraîneur d'un ton mielleux. Et puis son visage devient tout route. Et il hurle. Drink, momo, vous pouvez aller vous rhabiller et rentrer chez vous, allez donc vous bécotez dans les vestiaires puisque vous êtes si unis, j'en ai par dessus la tête de vos états d'âme, si c'est pour vous comporter de la sorte vous pouvez rester chez vous pour le prochain entraînement. Il faut que vous arrêtiez de vous croire indispensable. On se lève comme un seul homme avec momo. Alors qu'on retourne vers les vestiaires, il s'excuse car a cause de lui je ne jouerais pas la seconde mi-temps. Je hausse les épaules. Tu aurais du accepter je dis, il a raison. C'est pas un problème de raison, dit momo, tu es le capitaine, tu restes le capitaine. Je ne prendrais pas ta place. La semaine suivante, on sera convoqué et on sera banni de l'entraînement pendant une semaine. On nous donnera des balais et des serpillières pour nettoyer les vestiaires. Momo abandonnera le rugby peu après ma blessure, sans que je comprenne trop pourquoi. Il était bien plus doué que moi mais il abandonnera. Trop sentimental sans doute. Je me souviens que j'ai appris sa mort un matin d'hiver, le même genre de jour qu’aujourd’hui, le même froid et le même soleil, sa soeur m'a dit au téléphone que son casque n'avait pas suffit a le sauver de sa chute de moto.Je me souviens qu'il faisait froid et soleil comme aujourd'hui. Et sa soeur m'a dit au téléphone que momo était mort. Elle a sangloté et m'a dit que momo était mort.

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31 janvier 2014 5 31 /01 /janvier /2014 21:38
De la neige en hiver

L'arbitre me dit c'est quoi le problème de votre équipe monsieur ? le rire cristallin du beau momo résonnera longtemps dans les vestiaires quand j'imiterais l'arbitre qui me dit monsieur, votre neuf (le numéro de momo), il faut lui parler, vous prenez une minute et vous parlez a vos joueurs et surtout au neuf. Momo est mort quelques années plus tard dans un accident de moto, il n'y a pas eu d'enterrement, sa mère m'a serré dans ses bras et j'ai mangé un couscous funèbre dans cette tour de vitry sur seine, alors que le corps de mon ami attendait de partir pour l'autre côté de la méditerranée. La sœur de momo m'a dit qu'il me vénérait car j'étais le seul dans le milieu complétement crétin du rugby qui ne lui avait pas fait sentir qu'il était arabe. J'ai pleuré avec son père. Je me suis souvenu de momo aujourd'hui, en regardant un match de jeunes, un type lui ressemblait étrangement, c'était presque émouvant. J'ai compris que je vieillissais, que mes souvenirs devenaient de plus en plus prégnant tel un souvenir qui ne voulait plus s'effacer. Toujours. Et j'ai compris aussi, alors que je marchais dans paris, alors que je gravissais la rue de la roquette, que je longeais le père lachaise, j'ai compris que ma vie n'était pas qu'un souvenir. J'ai vu le visage de la plus belle femme du monde, j'ai vu la clarté de ses yeux, le sombre de sa peau, ou peut-être bien l'inverse. J'ai compris que ma vie c'était elle. J'ai compris que ma vie c'était toi.

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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 08:10
Les crissements de l'âme

Cet entraîneur que je déteste et que je détesterais toute ma vie me dit tu sais drink tu es capitaine car tu as une sorte de charisme de tapette qui m'échappe. Alors que je le regarde ahuri, il me dit les quatorze autres connards qui sont sur le terrain t'écoutent, alors je voudrais que tu remplisses ton rôle de capitaine et que les 15 piquets raides comme des morts que j'ai vu en première mi-temps se réveillent. Bordel ma grand-mère qui a deux siècles et qui est en maison de retraite à plus d'énergie que vous. Je lis le message de collègue du politburo, qui parle d'aliens, de crabe, de corps étranger, et je me rends compte qu'elle ne prononce jamais le mot cancer. Mon père faisait pareil je me dis. Ma mère je ne sais plus trop. Je me dis que lorsque j'aurais mon cancer je prononcerais son nom. Même si c'est vain. Je décide d'aller a pied à la piscine, je descends le pavé des rigoles, traverse la rue de belleville, rejoint la place des fêtes et entame la descente de la rue de crimée. Je repense à ce documentaire inspiré de pérec qui s'appelle rue de crimée et je pense au garçon sauvage qui a réalisé le film. J'ai un peu d'entrain vu que l'automne recouvre enfin la ville. Les odeurs de zizkov s'estompent peu à peu, je me dis que le prochain week-end a saint malo sera peut-être le dernier et j'ai comme l'impression qu'on ne vit les choses parfois, que pour les enrober d'une nostalgie un peu mièvre. Je lis enfin le livre dont est tiré le meilleur film de l'année. Je me souviens encore de ma fureur à l'écoute du masque et la plume ou ils descendaient le film pour ensuite expliquer que le ozon était formidable. Je suis comme un boulet mort à la piscine, j'ai l'impression que j'ai des fers au pied, j'ai l'énergie d'un poulpe mort, je suis essoufflé. La veille j'ai eu des crampes déjà, assis dans mon canapé en train de regarder un match de rugby sans intérêt à la télé, la douleur m'a cisaillé le mollet droit. Je fais une vingtaine de longueurs péniblement. J'aime bien quand je sors de la piscine, je me retrouve dans un endroit reculé de paris, au bord du canal, il y a du vent, on se croirait au bout du monde. Je ressens une sorte d'euphorie ainsi au bord de l'eau, regardant les pêcheurs alors qu'au loin se dessine la rotonde de stalingrad. Je pense au fantôme, qui doit s’inquiéter de son silence, alors que curieusement je l'ai intégré. Elle ne me manque pas puisque je lui tiens la main. Nos vies sont des souffles qui se retiennent jusqu’à la prochaine fois. Ma vie est ton souffle que je garde en moi jusqu'à la prochaine fois.

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7 septembre 2013 6 07 /09 /septembre /2013 17:03
Ovale

1 – J'ai toujours pensé que le meilleur moment à la piscine, c'est quand on prend la douche, après avoir nagé. Parfois je me demande si le meilleur moment dans un match, ce n'est pas, quand on rentre sur le terrain et que tout s'annonce possible. J'aime bien la communion d'avant-match, l'odeur des vestiaires, la causerie du capitaine, les derniers conseils de l'entraîneur. J'aime bien l'attente dans le couloir, les crampons qui résonnent sur le béton, les bruits de la foule au dehors. J'aime ce sentiment, attendre derrière le capitaine, pour entrer sur le terrain, tout ce pour quoi on s’entraîne toute la semaine. Les deux rangées de joueurs, les regards perdus au loin. Je regarde celui que je vais affronter durant tout le match et puis je pose mes yeux sur l'horizon et j'essaie de faire le vide, de me concentrer sur le match. Je me prépare a la souffrance, aux efforts a venir. J'entends le bruit de la foule, nous serons encouragés ou hués suivant que nous jouons chez nous ou à l'extérieur, ce jour là, nous sommes en terrain adverse. Le talon qui se trouve derrière moi me met une claque au fesse et c'est le moment précis ou le capitaine démarre. Je le suis de mon trot lourd, alors que la gazelle de devant virevolte déjà sur la pelouse. Les spectateurs nous sifflent copieusement sans que cela me perturbe le moins du monde. Je n'entends rien, je suis concentré sur le match, je cours jusqu'au milieu du terrain et je me poste déjà près de ligne médiane ou je devrais me tenir pour le coup d'envoi. Si on doit changer de coté, je n'aurais que quelques mètres a faire pour me poster dans le sens opposé. La foule hurle son contentement alors que nos adversaires entrent à leur tour sur le terrain. Le temps est agréable, le terrain me semble en bon état. C'est important pour les appuis, pour bien pousser. Je fais le vide dans ma tête, j'attends que les capitaines se décident sur l'engagement et le côté de chaque équipe. J'attends que le combat commence. J'attends que ça commence.

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30 août 2013 5 30 /08 /août /2013 19:49
Mêlé(e)s

Les deux capitaines vous venez me voir hurle l'arbitre alors que la mêlée vient encore de s'écrouler. Bordel drink s'énerve momo, vous foutez quoi en première ligne. Je lui jette un regard noir je vais déjà me faire allumer par l'arbitre, je n'ai pas en plus envie d'avoir un cours de morale du demi de mêlée. Vous monsieur, me dit l'arbitre et vous monsieur il dit au capitaine de l'autre équipe, vous allez me remettre les pendules a l'heure. C'est quoi vos mêlées, on se croirait chez les benjamins, j'ai jamais vu ça chez des cadets. je regarde le capitaine adverse du coin de l’œil et il me regarde aussi. Il est talon comme moi. Nous sommes aussi épuisé l'un que l'autre, le match est incertain. Il fait froid et il pleut, c'est un combat fermé qui ne se passe qu'au niveau des avants. Les arrières se gèlent les miches en attendant de toucher un hypothétique ballon. Je reviens vers les gros, tout le monde est sur les rotules, j'ignore momo, qui, les mains sur les hanches m'attends d'un air incertain. Je ne sais pas quoi vous dire les gars, il veut qu'on fasse des mêlées propres, je dis aux 7 autres gros réunis autour de moi. Je hausse les épaules. Momo me regarde ahuri. Vous allez pousser les gars, vous allez vous lier, bordel, c'est pas parce que drink rends les armes que vous allez tous couler avec lui. J'ai regardé momo a cet instant précis et je me suis dit que j'allais lui mettre mon poing dans la gueule et puis j'ai pensé qu'il avait raison. Allez les gars, on va faire une mêlée propre, on va se lier et pousser. J'ai pensé a cette scène l'autre jour, alors qu'elle me disait que j'étais libre. J'ai pensé qu'on était liés pour toujours et que je ne la lâcherais pas. Je ne te lâcherais jamais j'ai pensé. Près de toi je resterais. Je resterais.

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30 décembre 2012 7 30 /12 /décembre /2012 00:00

http://4.bp.blogspot.com/-j2UTXGEjx38/UCsrdTPGkRI/AAAAAAAABIM/J5oYyIC22ww/s1600/la-nuit-americaine.jpg

 

Je me souviens de la femme de l'entraîneur. Je me souviens, elle est venue s'asseoir au bord du lit, j'avais la patte en l'air, j'avais la vie en l'air, j'avais la carrière en l'air, j'avais la morphine dans le sang, c'est le jour ou je suis devenu alcoolique. Je me souviens, elle m'a dit, tu sais ta convocation est arrivé hier, pour l'équipe régionale d'île de France. Il ne voulait pas te le dire, il ne voulait pas que tu le saches, que n'aies pas de regrets, mais moi je sais que ça t'aidera à guérir, alors fais moi ton beau sourire, ton sourire d'enfant me dit la femme de l'entraîneur dont les cheveux blonds et soyeux virevoltent derrière les épaules. J'ai 16 ans, elle est en train de me dire que je suis sélectionner en équipe d'ile de france le jour de la blessure fatale, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Elle s'est penchée vers moi, elle sentait bon le parfum, elle était jolie je crois, elle m'a embrassé sur la joue et sur le front dans un moment d'érotisme torride. Dans mon souvenir. Je me dis je vais revenir, je vais revenir plus fort tu sais comme ils disent dans les films, je ne sais pas a l'époque même si je m'en doute, que je vais passer des mois la patte en l'air, des mois a marcher avec des béquilles, des mois avec le genou comme un obus de canon, des mois à me rééduquer, des mois avant de sortir au-dehors et de revenir moins fort, beaucoup moins fort, déjà mort pour le sport. Elle étreint ma main, comme toi mon âme avec ta voix, la femme étreint ma main, alors je souris dans mes larmes, et je vois qu'elle aussi pleure, et je regarde la lettre. La lettre qui dit que je suis retenu pour jouer en équipe d'ile de france, la femme m'a dit fais moi ton sourire, ton beau sourire. HIer je pense à toi, et je me souviens de cette scène. Je dépose mon sourire dans la cheminée en attendant qu'il revienne. En attendant que tu reviennes. 

 

 

 

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22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 18:47

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Nous sommes en novembre mille neuf cent quatre vingt quatre comme le livre d'orwell. On court comme des cons avec samir, alignant les tours de terrain, suant vaguement comme pour nous donner une contenance. Il fait gris et toussaint sur villiers le bel. J'ai seize ans presque dix sept. C'est la mi-temps, les trois types qui sont au bord du terrain raillent vous êtes vraiment des chêvres les parisiens. Samir est le seul ami que j'ai jamais eu dans ce milieu, samir est le seul ami que j'ai jamais eu. Il fait assez froid mais pas trop, un peu humide mais pas tant que ça. On fait des tours de terrains avec nos beaux maillots violets. Bordel nous faire rentrer pour ce match de merde, j'y crois pas, s'emporte samir, on doit jamais jouer pour rien on doit se reposer pour les grandes occasions, et résultat les deux cons de service doivent jouer aux pompiers à la mi-temps. Le score est sans appel à la mi-temps de ce match, c'est pas très important mais nous avons un rang à tenir comme dirait le président. Vous êtes champions de france les gars. L'entraîneur est venu nous voir juste avant que l'arbitre siffle la mi-temps. Vous rentrez tous les deux, je vais les secouer, le rouyer  tu prends le brassard et tu me remets la mêlée dans le bon sens. Le kabyle tu me prends en main le jeu et les lignes arrières. Vous voulez qui il demande. Je désigne le silencieux et le rosbeef. Samir dit il nous faut speedy gonzales. Et nous  voilà tout les cinq comme des cons à faire des tours de terrains pendant la mi-temps. A cette époque, la mi-temps c'est être assis au milieu du terrain. On entend ce crétin d'entraîneur qui hurle des insanités, et désigne à la vindicte populaire les pauvres types qui se font sortir. Samir court et râle, le silencieux, le rosbeef et moi on est comme des cons a cracher nos poumons. Evidemment speedy gonzales sautille comme une gazelle dans un  champ de colchique. On se pointe  juste avant que le match reprenne devand nos dix coéquipiers ahuris. Bon les gars je dis, j'ai eu honte de voir ce que j'ai vu en première mi-temps. Samir a la tête dans les mains, je sais qu'il se retient de rire. Il est mort deux ans plus tard dans un accident de moto. Oui honte, bordel, vous dormez encore ou quoi, les mecs en face ils rigolent tellement vous êtes à la ramasse, vous savez quoi, je m'en fous qu'on perde c'est un match de merde dans une ville de merde contre une équipe de merde. Bordel le samir n'en peut plus ça lui fait comme des sanglots. Alors comme vous êtes aussi des joueurs de merde, ça devrait être votre élèment. Le silencieux me regarde d'un air ahuri. Le seul type qui m'aime est hilare, les trois autres cons qui me respectent me regardent un peu interdits et les dix connards restant me matent comme si j'étais un nazi en short. On s'avance au milieu du terrain. L'arbitre me regarde d'un air entendu. Le beau et élègant samir s'avance pour taper l'engagement. Il fait un temps de toussaint. On dirait qu'il va neiger. On dirait que la vie va passer. On dirait que la vie va se briser. On dirait.

 

 

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