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26 juillet 2015 7 26 /07 /juillet /2015 08:14
Vision du vide

Une femme au politburo qui se dit dépressive m'explique que c'est chouette que je m'occupe d'elle, moi qui est toujours de bonne humeur et optimiste. J'ai dépassé la dépression je lui explique, je me repais de peu. Se souvenir du néant. Se repaître du néant. Je n'ai aucune envie ni ambition, c'est tellement léger. Je slalome entre des émotions rancies, entre des vies mécaniques, entre des douleurs qui n'en sont pas. Ma vie est un pavé de paris immobile. Qui ne bougera plus. Qui ne bougera pas. Céline expliquait qu'au commencement était l'émotion. Mais si tu n'as plus l'émotion, quand tu n'a plus rien, tu reviens ou, avant le commencement ? La vie est une émotion qui ne se renouvelle pas. Ce qui est un peu terrible quand ta vie est terminée, quand tout est fini, c'est que tu te rends compte a quel point tu n'as pas apprécié ce qui te rendait vivant. J'en suis la, avec mes ridicules questions adolescentes, quand on découvre avec la puberté que l'on va être mortel, j'en suis encore la. Je regarde la dérive de mon âme, spectateur de ma vacuité. Je termine des bouteilles d'alcool pour retrouver un semblant de dignité dans la déroute. J’étreins les mots pour ne pas qu'ils me quittent. Eux, peut-être ne me quitteront jamais, eux peut-être. Je ne suis ni triste ni gai. Je ne suis plus tout simplement. Je suis bartleby. I want prefer not to. Épitaphe de ma propre vie. Retourner dans le pays qui n'existent pas, celui de mes nouvelles soeurs et de mes nouveaux frères, devenir un des leurs, devenir un fantôme. Errer sur ces larges routes ou il n'y a pas de voiture. Rouquin errant, ne comprenant pas la langue, ne comprenant pas l'alphabet sur les panneaux. Certains meurent d'avoir trop vécu, je mourrais de n'avoir pas vécu. En attendant je brise mon coeur sur des murs de métal, je jette mes larmes sur des mots que je ne lis pas, je ferme mes yeux pour sentir contre moi un corps qui n'est plus là, je lèche une sueur qui n'existe plus, j'entends parfois la nuit des orgasmes dépassés. J'entends parfois la nuit des cris qui datent un peu. Une seconde vie qui n'est plus dans les murs. Qui n'est plus tout court. Qui n'est plus.

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8 juin 2015 1 08 /06 /juin /2015 20:34
Agent trouble

Il se met a pleuvoir des draches incroyables sur la petite ville de province du pays imaginaire. Je reste a l'abri sous la devanture du supermarché. Un type me parle dans la langue que je ne comprends pas, je lui réponds que je suis français et il me jette un oeil totalement ahuri. Français il répète dans leur langue imaginaire. Il se met a me chanter cette chanson qui parle de paris. Le garçon qui semble a peine sorti du ventre de sa mère m'explique qu'il a 3 enfants. Mais tu as quel âge je demande ? La fille qui écrasera une larme la veille de mon départ, me laissant interdit et idiot, dans mon état normal quoi, la jeune fille donc qui écrasera une larme m'explique qu'a 23 ans ici on est considéré comme une vieille fille. Je demande au nigérian s'il peut venir avec moi pour commander la bière que je vais lui offrir. Ici les filles veulent toutes sortir avec un américain il m'explique au comptoir. Tu es drôle dira la fille qui me semble immense et a déjà été a bordeaux pour je ne sais plus quelle raison cosmique. C'est un voyage de songe dans un pays de songe. Tu es alcoolique me demande la fille qui parle pas si mal anglais car elle travaille avec des chinois. Une fille m'invite pour une sorte de slow, elle sent la sueur il me semble. Je suis vautré dans l'immense baignoire de l'appartement qu'on m'a prêté, cette drôle de baignoire pour deux personnes. Je dors pendant le trajet de ce mini bus ou s'empile une bonne quinzaine de personnes par je ne sais quel miracle. Je m'ennuie tellement partout, tellement de tout, et là dans ces villes dans ce pays de songes, tout à coup je ne m'ennuie de rien. La femme qui doit tamponner mon visa itinérant qui me permet de changer de ville me laisse debout devant son bureau, et met de l'eau a chauffer. Elle tourne mécaniquement les pages de mon passeport. L'enfant me saute au cou alors que je lui offre les cadeaux de paris. Tu es déjà monté sur la tour eiffel me demande toute la soirée le garçon bourré. Il te faut au moins un million sur toi m'explique la copine de mon copain, sinon tu ne pourras pas aller jusqu’à l'aéroport. La professeur d'anglais dans le métro qui parle avec cette accent si précieux qu'on entend qu'a boston. Je m'ennuie tellement que je pourrai vivre ici, j'ai tellement pas de vie que je pourrais vivre ici. je n'ai tellement plus de vie que je pourrai vivre ici. Une vie de songe et de non-sens, une vie qui n'a pas de sens. Ma vie en somme. J'erre dans la cité imaginaire au milieu de ces dizaines d'immeuble ou même le taxi se perd, je croise des gens qui ne sourient plus, j'entends une langue que je ne connais pas. Je suis revenu il y a presque un mois du pays imaginaire, j'y pense de temps en temps, j'y pense régulièrement. J'y pense de temps en temps. Ou alors j'y suis encore. Ou alors j'y suis toujours. J'y suis peut-être encore.

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19 mai 2015 2 19 /05 /mai /2015 21:12
Vies diverses

Le taxi assez âgé, un truc comme 70 ans, commence a me chanter cette rengaine qui parle de paris. Je regarde la forêt défiler, des kilomètres, des centaines de kilomètres de forêt, tu m'étonnes que le pays soit un des moins dense du monde en population. Partout des forêts. La jeune fille qui fait sud américaine me traduit les questions de son copain, qu'est ce que je fais dans la vie, ce genre de truc. C'est marrant je me dis comme les gens n'ont pas une vie marrante par ici. Je rentre dans quelques heures prêt a écouter les jérémiades que je ne supporte plus. Une fille m'explique qu'elle travaille pour éviter de payer une amende, ici le chômage est interdit, ou alors tu paies, même les étudiants font quelques heures pour éviter de se prendre une prune. Des vies me parlent, ça me rappelle la première fois a prague, la première a liège, la première a sibiu, la première a bruxelles. Je me rends compte que je pourrais vivre ici, tellement c'est un dégradé de gris qui me conviendrait. A ma grande surprise, il est presque aussi compliqué de sortir du pays, une fille ausculte mon passeport et mon visa et finit par le tamponner presque a contre-coeur. Je me lève a trois heures du matin le jour de mon départ pour prendre une mini-camionnette ou nous nous entassons a onze. La veille j'ai visité cette église a moitié effondré, qui a fini dans le fleuve. Je me sens vide, tellement vide alors que l'avion se pose sur paris. Je sais bien que je ne pourrais plus écrire désormais, je sais bien que tout cela n'a plus de sens, que les mots vont me lâcher, comme le début d'une fin, comme un sentiment d'agonie, je me rends compte a quel point je suis hors du monde, à l'abri de tout, a l'amorce de rien. L'homme me dépose à l'aéroport, il me parle de jean paul belmondo sans que je comprenne trop ce qu'il veut dire. Je lui laisse vingt mille de pourboire. Je suis comme une ombre qui ne se voit pas, je suis une sorte de silhouette qui ne se dessine plus. Ma vie n'est qu'une suite de défaite que je ne décompte plus, des personnes qui s'effacent, des gens qui ne se retournent plus, de mots qu'on ne lit plus sur un écran lumineux. J'aimerais bien revoir son sourire. J'aimerais bien revoir ton sourire. Et je sais que ça n'arrivera pas. Je sais bien que tu n'arriveras pas.

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15 mai 2015 5 15 /05 /mai /2015 07:14
Vapeur prégnante

Des femmes pleurent. Deux femmes pleurent dans les bras d'une autre. Alcool. Partout. Ici les pères des jeunes filles sont tous morts. Alcool. Un peu tchernobyl peut-être. Mais surtout alcool. Les femmes sont veuves. Alcool. Un odeur prégnante dans le trolley bus. Je serais presque sur le point de me sentir mal. Je me retourne l'air de rien avec cette souplesse tant travaillé pour affronter d'autres brutes en mêlée. Deux hommes, chemise ouvertes, voix pâteuse. Alcool. Odeur d'alcool. J'en suis presque a ne plus boire, tellement j'ai peur qu'on me considère comme alcoolique. La jeune fille me dit mon père était alcoolique, mon oncle et mon grand-père aussi, ils sont tous morts, tu crois que je vais devenir alkagolique ? Le mot ici pour dire alcoolique est assez proche du français, mais c'est comme s'il lui donnait une dimension supplémentaire. Alkagolique. Du moins c'est ce que je comprends en phonétique. Je fais un petit repas pour quelques personnes, les filles me regardent comme si je venais de la planète mars. C'est la même chose qu'a prague. Il faudrait parler de la condition des femmes sous le communisme. En vingt ans, ça n'a pas vraiment changé. Surtout ici. Je m'en suis encore rendu compte en fin de matinée alors que je traînais au supermarché, seul homme parmi toutes les ménagères. La ville ou je termine mon périple a beaucoup plus de cachet que la capitale. C'est une vieille ville, sans doute pas détruite pendant la guerre et pas reconstruite a la hussarde par les communistes. Peut-être l'influence de la pologne toute proche. Je ressens une forme de nostalgie a l'idée de mon retour en france, comme si la bulle ou je m'étais réfugié pendant quelques jours venaient a exploser, comme si je retournais au brouillard de mon esprit. Je me retrouve dans une sorte de fast food avec des gens originaires d'équateur, je mange la crêpe avec du jambon et du fromage, c'est pas mal même si la crêpe ici se mange pas cuite et s'appelle d'ailleurs blin. C'est assez proche en effet d'un blini mou. Je visite une des nombreuses églises orthodoxe de la ville, marche au bord du fleuve. La vie est un souvenir qui jamais ne s'anime. Je plisse les yeux alors que le soleil assèche la pluie, j'étreins mon âme pour ne pas la perdre. Mon esprit est sans doute ailleurs. Je préfère ne pas trop savoir où. Je préfère ne pas trop savoir.

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14 mai 2015 4 14 /05 /mai /2015 15:30
Le gris du jour

La copine de copain hilare m'emmène jusqu’à la gare routière ou on déniche une de ces petites camionnettes qui sillonnent le pays. Le gars indique que c'est 120 000 pour les trois heures de route. Je monte dans cette sorte de rascal aménagé en bus avec deux bidasses, un étudiant et quelques autres personnes. J'arrive enfin au bout du livre, je suis tellement épuisé par ces plus de 800 pages que je ressens une douce euphorie quand je finis le bouquin. Chaque rebondissement est préparé deux cent pages en amont ce qui fait que tu les connais bien longtemps a l'avance. C'est le problème des écrivains de blanche qui veulent faire du polar. Ils n'assument pas totalement, enrobe le bouquin dans un peu de verbiage littéraire. Grand prix de l'académie française, tu m'étonne. Je change de ville, c'est tout de suite un peu compliqué ici. Je passe deux heures a la police a attendre pour faire tamponner mon visa. Je vais dans un premier bureau ou l'on me dit d'attendre et puis une femme se pointe et nous indique de venir dans un second bureau. Mon assurance n'a pas trop l'air de lui plaire mais c'est un peu comme partout dans ce pays, on a l'impression que les flics et les militaires sont là pour le décor. J'arrive pas a les prendre tout a fait au sérieux. J'ai sans doute tort. J'erre dans cette ville de province tranquille, assez agréable un peu hors du monde. C'est l'endroit parfait qu'il me faut. Je suis hors du monde depuis quelques temps, j'ai pensé que j'allais resté sur le port, au fond du bateau mais venir ici était une bonne idée. Je suis tellement loin de tout, loin de rien, c'est comme si aujourd'hui il fallait commencer une nouvelle vie. Je rencontre des gens assez souriants, je fais des photos, je pose assis a des tables avec des gens qui comme moi regardent l'objectif. Je me perds un peu dans la cité ou je réside, il faut juste comprendre que les 23 n'est pas tout a fait entre le 21 et le 25. Ensuite je me trompe d'appartement avec mon oubli que le deuxième étage est en fait le premier puisque ici le premier est au rez de chaussée. La fille chargé de tamponner les visas des étrangers finit par me déposer un joli tampon, après avoir perdu une bonne demi-heure pour préparer un café a son voisin de bureau et passer quelques heures au téléphone pour visiblement raconter sa vie. C'est curieux, alors que je comprends 5 mots de la langue j'ai l'impression de savoir de quoi les gens parlent. Je regarde la vie des gens d'ici et j'entends les nouvelles de france, le décalage me fait sourire. J'erre dans un autre monde, j'erre dans une autre vie. J'erre, un peu ailleurs, sur le côté. Je resterais bien ainsi, dans une hibernation léthargique, je resterais bien encore un siècle ou deux. Encore un peu à l'écart pour une siècle ou deux.

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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 21:06
Crue

Tu as déjà vu la tour eiffel en vrai alors me demande le type qui a 26 ans mais qui en parait 15 quand il apprends que je suis parisien. Ben oué je lui dis je vais pas la voir tout les matins mais on peut dire que j'ai déjà vu la tour eiffel. Et tu es monté dessus, il me demande. Je comprends juste a ce moment qu'il est totalement bourré, ce qui ne m'avait pas sauté aux yeux jusque là, moi qui suit resté devant mes pintes toute la soirée je suis absolument par murgé et ce type que je n'ai vu que danser, semble ivre mort. Je continue le pèlerinage du bouquin de 800 pages. Bordel il n'a pas un éditeur le gars ? Je t'en sabre 300 facile moi des pages. Le truc c'est que tout le monde n'est pas ellroy, malgré ce que l'on croit les bouquins de ellroy sont écrit à l'os, pas une virgule de trop, sinon ils devraient faire 1500 pages. Il y a un problème de tempo dans ce livre, un vrai problème de tempo. J'offre a la femme qui s'avère être la mère de la copine de mon pote hilare, la bouteille de cointreau qu'on m'a dit de ramener de paris. Elle va nous servir mon plat préféré m'annonce la copine de mon copain, j'adore ce plat, c'est tellement bon. Je vois bien que mon copain rigole un peu, je me dis que ça va pas être terrible mais je sais aussi ce que peut représenter en sacrifice un plat de bonne qualité et je me dis que je vais y faire honneur.Je tire un peu sur une clope que l'on me tends et je réponds au garçon que oui j'ai été sur la tour eiffel. J'en reviens pas de la fascination que la tour eiffel exerce sur les étrangers. Sans elle, je me demande si des touristes viendraient encore a paris. La copine rigolote de mon copain hilare m'a montré quelques pas de danse le matin après m'avoir dit que le soir on allait à une soirée salsa. Et voila comment je me retrouve devant une bière pas très forte assis à une table en train de discuter avec un nigérian au fin fond de la biéorussie. Le niveau des danseurs est balèze et en plus dans ce genre de danse c'est le gars qui doit assurer le tempo, aussi je reste peinard, une fille viendra m'inviter pour une sorte de salsa ou je réussirais a faire trois pas, et puis une autre pour un vague slow latino. Je rigole en lisant dans le monde la réponse de ellroy a la question sur le chef d'oeuvre officiel qui lui tombe des mains. Tous les livres de philip roth il explique. Ça me rappelle le tweet de jauffret, Philip roth arrête d'écrire. Il avait donc commencé ? La copine rigolote de mon copain hilare apporte une assiette de lard fumé coupé en tranches. C'est comme au restaurant je dis, il montre ce qu'on va manger avant. Et puis une boule de pain noir, comme on en mange dans tout les pays de l'est. Et enfin une assiette, avec des tiges vertes,en gros on dirait de l'herbe. Tu vas voir c'est succulent elle me dit. Oui c'est appétissant en tout cas je réponds, l'avantage étant qu'en anglais mon ironie ne doit pas s'entendre. Je regarde mon copain qui me sourit bêtement en m'expliquant que c'est succulent. Je regarde la mère de fille rigolote, elle me sourit aussi, je crois qu'il va falloir manger je me dis. Il paraît que tu parles russe me demande une fille en anglais alors que je sirote une bière pas très forte comme souvent dans les pays de l'est. Je ne comprends rien au russe je dis. Le nigérian me demande si je connais vitry. Le jeune gars bourré demande quel salaire est acceptable a paris. Je donne un billet de 200 000 a la fille du bar quand je paie la tournée pour ne pas avoir a sortir ma liasse de biftons et essayer de trouver la somme qu'elle me réclame et que m'a traduit la fille qui parle un anglais avec un super accent mais très peu de mots. Je crois qu'elle commerce avec les chinois. C'est plus de 800 pages le bouquin je ne vais jamais le finir je me dis. Je me demande si c'est très malin ou pas du tout. Je vais passer a autre chose je me dis, je regrette de ne pas avoir acheté le ellroy à l'aéroport, acheter un livre neuf c'est toujours un peu sacrilège pour moi. Je mange donc du lard fumé cru très gras qui porte un nom que j'oublie aussi vite, de temps en temps je m'enfile une tige d'herbe qui a un vague goût de rien du tout. Le réconfort c'est le pain noir, que j'aime bien. J'apprécie ce pays, je m'y sens bien, comme je suis toujours senti bien a liège, comme je me suis toujours senti bien a prague. Je me rends compte du vide de mon existence depuis que le fantôme est parti, comme si ma vie n'avait plus tellement d'importance. Comme si cette comédie n'avait plus aucune importance. Plus vraiment d'importance.

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10 mai 2015 7 10 /05 /mai /2015 06:12
Franchir le rideau

Il m'attends et je le vois hilare dès que je franchis les portes coulissantes du grand aéroport vide. Ils t'ont pas trop fait chier il me demande en me serrant dans ses bras. Je crois plutôt que la nana qui vérifiait mon passeport m'a vaguement dragué je veux lui répondre mais je me dis que je vais pas la ramener et me faire passer encore pour un tombeur que je ne suis pas. J'ai commencé le livre qui fait dans les 800 pages, je suis toujours un peu optimiste sur les voyages. J'ai tellement peur de n'avoir rien a lire et de m'emmerder que je prends du stock. Je commence le livre dans le RER qui mène à l'aéroport. C'est malin, très malin même, trop malin sans doute, ça me rappelle un peu bello, d'ailleurs ça se passe aussi aux états-unis. Ca se prends un peu trop au sérieux. Le bouquin a eu le goncourt des lycéens ceci explique cela. Il me donne une sorte de petit jeton, le genre qu'on trouvait dans les boîtes de jeux quand on était petit pour jouer a je ne sais plus quoi. C'est un ticket de métro ça je lui demande en regardant le petit jeton bleu de rien du tout dans la paume de ma main. On met donc le jeton dans une fente, un petit feu rouge devient vert et on peut passer. Mais attends je lui demande, et si on est contrôlé, on fait comment ? Il est hilare, il me dit que je suis toujours aussi cartésien. Tu n'es plus a paris mon pote, tu n'es plus tout a fait dans le même monde. Alors qu'on se retrouve au milieu d'une foule ahurissante, il me dit que je ne change pas, et il continue de rigoler. Il y a une femme assise a ma place, elle s'est carrément installé. Elle veut être près du hublot. Ce qui m'énerve c'est qu'elle décide de prendre ma place manu-militari, comme on ne parle pas les mêmes langues, elle me fait la grand scène d'un drame shakespearien revisité par louis de funès, elle roule des yeux, me supplie.Je laisse tomber vu que je me fous complétement de la place, comme je me fous de l'avion. Moi qui ai peur de tout, j'ai pas peur de l'avion. La ville est massive, comme toutes ses villes reconstruite par les communistes après guerre, les avenues sont sans fin, hyper larges. La bagnole est un signe de réussite sociale, et elles sont toutes neuves et rutilantes. Le lendemain de mon arrivée, ce sont les festivités pour la fin de la seconde guerre mondiale. Les rues sont noires de monde, la moitié des gens ont un noeud a la boutonnière avec pas mal de rouge. Je change 100 euros et je me retrouve avec un million cinq cent mille dans les mains. Faut enlever tellement de zéros que je trouve un vague moyen mnémotechnique pour comprendre les prix. Ma voisine qui m'a piqué ma place se met a prier, embrasser sa croix et finit par se signer plusieurs fois alors que l'avion va se positionner pour décoller. On se paluche pas les sempiternelles exercices d'agent de la circulation des hôtesses, elle a juste une sorte de carte qu'on a tous dans nos sièges et elle nous montre avec son doigt ce qu'une autre explique dans le micro. C'est bien le bouquin, c'est ce qu'il faut pour un voyage, j'en serais a la moitié en arrivant. Evidemment comme on ne se refait, je verrais dans cet amour fièvreux et cette admiration d'une jeune fille pour un écrivain, une allégorie de ma propre histoire. Saut que dans ces romans les types se retrouvent seuls mais vendent des cargaisons de bouquins. Mézigue reçoit juste des lettres de refus. Le soir on mange avec une copine du garçon toujours hilare, la bouffe n'est pas très bonne, mais je m'attendais pas a plus, c'est con mais quand tu vas dans d'autres pays tu te rends compte que la nourriture n'est pas très bonne et qu'on mange toujours la même chose. La fille parle un bon anglais et son copain très souriant au demeurant ne touche pas une bille en rosbeef même si elle explique que lui parle très bien et elle pas du tout. L'avion n'est même pas plein, il y a un seul vol direct par jour de paris et l'avion qui n'est pourtant pas énorme n'est pas plein, autant dire que pour les non locaux la queue est rapide. Il n'y a plus que moi pour le passage, la fille en uniforme ausculte mon passeport pendant que sa copine hilare se fout de sa gueule. Elle prend un espèce de loupe et pendant deux plombes cherche si mon passeport n'est pas un faux. J'ai l'impression d'être près de tout, ce qui est bien ici c'est qu'il n'y pas les sempiternelles boutiques qu'on trouve dans toutes les villes. Ce qui est bien ici c'est que je suis loin de tout, loin de rien. Je vis encore et toujours une vie de songe, je vis encore et toujours. Du moins j'en ai l'illusion. J'en ai comme l'illusion.

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8 mai 2015 5 08 /05 /mai /2015 07:12
Corps instable

La fille du politburo me fait répéter dans quel pays je pars. Le pays le moins touristique d'europe je lui explique, cherche pas, même en albanie il y a plus de gens qui vont visiter. Elle me regarde comme si j'étais totalement dingue et me demande ce que je vais faire là-bas. Ce n'est pas que je sois de mauvaise humeur actuellement, mais je n'ai plus rien a faire de ce que je dis, de ce que les gens pensent. Voir le monde je dis, voir ailleurs, et puis ça m'évitera de comparer mes souvenirs avec d'autres crétins qui ont fait la même chose, puisque personne de ma connaissance n'a jamais été là-bas. Tu vas faire quoi là-bas elle répète. Tu sais je dis le rêve de vacances de certaines personnes ce n'est pas de se retrouver sur une plage en provenance de l'aéroport pour retrouver les mêmes cons qu'au boulot, des gens comme toi, le rêve ce n'est pas de se réfugier dans un camps de vacances sans jamais sortir dans le pays réel. Vos vacances en thaIlande ou en république dominicaine ce sont pour moi les vacances les plus connes qu'on puisse passer. Je sais vous avez des enfants et le all inclusive c'est plus pratique pour les enfants, vous ne faites jamais rien mais c'est a cause des enfants. Elle rigole parce qu'elle sait que je suis totalement dingue, et aussi qu'elle n'a pas d'enfants. Je continue cette fuite, partir c'est fuir, je n'ai rien a fuir et je n'ai rien a retrouver. Ma vie c'est l'écume de la mer, la mousse qui se forme sur l'expresso. Ma vie est un mystère que je n'ai pas envie de résoudre. Je parle au téléphone avec le garçon qui me dit je ne peux pas croire que tu vas venir. Je fais ma valise. Je regarde le ciel bleu gris au dehors. J'ai l'impression que le temps ne bouge pas. Que la vie s'arrête. J'essaie de ne pas trop penser a toi. J'essaie de ne pas trop penser a moi. J'essaie de ne pas trop penser.

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9 février 2015 1 09 /02 /février /2015 22:30

Un jour il faudra dire : l'abattement. Je suis comme un con sur mon rafiot pourri, car il n'y a que moi qui n'a pas compris. Le choc glacial. La fin de tout. Il faudra le répéter. Y revenir. Ivre. Janvier 2015. La fin de tout. La fin. De. Tout. La fin de moi. De tout ce qui ne sera jamais plus. La fin de toi. Un jour il faudra expliquer. Oublier tout les verres, ingurgiter les souvenirs, fracasser les espoirs. Oublier ce squelette qui n'a fait que ramper, encore et encore, oublier cette douleur qui n'a fait que grandir, encore et encore. Je ne suis pas resté longtemps comme un con sur ce bateau a errer tout seul dans l'abîme et le néant. J'ai tout vendu, j'ai retiré tout l'argent. Je l'ai bu. Et puis même ensuite j'ai continué de le boire, même après que je n'ai plus eu d'argent. Ce n'était pas grave, c'est sans importance. Il n'est plus question de vivre, il n'est plus question d'expliquer, il n'est plus question d'exister, il n'est plus question de briser. Nous sommes des impasses. Je resterais une impasse. Nous étions des boulevards, des avenues, nous étions des fêtes. Je suis devenu défaite. Je m'enfonce, je n'ai jamais pu quitter le port, au fond, j'ai toujours cru mais je n'ai jamais pu. Je ne sais pas naviguer. Je ne sais pas. J'ai le mal de mer. Il reste quelques photos, il reste des souvenirs, il reste le poids des jours, il reste les ricanements du petit vieux, il reste les hochements de tête frénétiques et dépités du serveur, il reste ces gens avec un petit sourire quand ils me voient. Je bois encore, je bois toujours, parfois, plus que d'autre, je bois encore et toujours. C'est tout ce qu'il me reste pour meubler le temps. Pour meubler le temps sans toi.

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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 16:42
Volets ouverts

Pas la peine d'ouvrir les volets de ma chambre le matin vu que je ne les ferme pas le soir. Ici la vie ne ressemble à rien. C'est ce que j'apprécie je crois. Ou alors c'est le rien que j'apprécie. J'erre un peu dans le village pendant que la vie des autres se déroule et continue imperturbable. Je bois des verres de blanc pendant que le fantôme dort si loin si proche. Je dors pendant que le fantôme si proche si loin trempe des prince dans son chocolat enfin un truc comme ça. J'ai 12 ans, j'ai 6 ans, j'ai 30 ans, j'ai l'âge que tu veux, tu as l'âge que tu veux, ton visage ne change plus, les rides ne se posent pas, tu peux dire le contraire je m'en fous, pour te juger toi-même tu es proche du n'importe quoi. L'andouille qui est en toi. Le temps s’essouffle, il pleut, je joue au ping-pong, je m'essouffle, il fait un peu soleil, on mange, on boit, on transpire. Les autres boivent du lait chaud pendant que je classe mes souvenirs comme pour ne pas qu'ils s'éloignent. Ne pas oublier jamais, je ne veux pas t'oublier. Jamais. Tu peux aller n'importe ou, je peux faire n'importe quoi, ou bien l'inverse, je m'en fous je suis avec toi. Je prends une douche le matin, je prends une douche le soir, trempé par la pluie ou par la sueur, peut-être que tu es la en train de me savonner le corps. Je regarde le vieil homme dans la glace de la salle de bains et je me rends compte que c'est moi. Les jours peuvent passer, les jours peuvent dépasser nos rêves, ne pas combler nos vides, les nuits peuvent approfondir nos cauchemars, je m'en fous. Je n'ai pas mes volets à ouvrir puisque je les ferme pas. Je n'ai pas ta main a tenir puisque je ne la lâche pas. Puisque je te lâche plus. Jamais. Je ne te lâche pas.

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