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7 mai 2015 4 07 /05 /mai /2015 04:50
Une aube a eclore

Je regarde la nuit alors que j'attends que le matin se lève. Même si pas tout a fait encore. Les hommes tombent je crois dans ces moments ou la vie semble un peu statique. Et les femmes se réveillent. Ou peut-être est-ce l'inverse. Je me demande si la plus belle femme du monde a déjà ouvert les yeux. Je me demande si elle dort encore. Je regarde ma valise remplie alors que j'entends que le matin se lève, les oiseaux semblant se répondre, comme mue par une même vision des choses. Il faut refermer la valise. Je ne pars que le lendemain mais je ne vais pas revenir dans l'appartement un peu nu. Je passe mes mains sur le bar qui aura disparu quand je reviendrais, une partie du moins. L'appartement semble résonner un peu vide mais c'est peut-être que ce n'est même pas l'aube. Même si ce n'est pas tout a fait le jour, c'est ce moment précis ou le temps comme suspendu entre l'aube et le matin. J'ouvre des tiroirs dans mon esprit, je traîne un peu dans l'appartement comme pour ne pas le quitter, j'ai hâte d'être déjà au lendemain, comme si la fuite semblait résoudre les choses, comme si le temps pouvais revenir. On dirait que le jour va se lever, je devrais encore dormir; on croirait que la nuit a disparu, je me demande si le fantôme est déjà débout. Il faut ouvrir et refermer la porte. Il faudra bien refermer la porte.

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22 mars 2015 7 22 /03 /mars /2015 11:26
Parmi les errants

Une fille qui ne me dit absolument rien se plante devant moi et me dit bonjour et du coup je lui fais la bise pour ne pas paraître goujat. Il va bien le beau drink ? elle demande alors que je pense qu'elle m'a confondu avec quelqu'un d'autre. Pas comme le type du début de soirée qui m'a parlé et qui je pense m'a confondu avec quelqu'un, un type ivre mort qui m'a dit qu'avant de s’inquiéter pour moi il s'inquièterait pour lui. La fille se barre et je me demande vraiment qui c'est, une fille qui me trouve beau ne doit pas tout a fait être en pleine possession de ses capacités, j'arrive a sortir avec des filles parce que je suis drôle et que j'ai un charisme houblonné, mais je suis pas vraiment beau. Mais qui est cette fille je demande a la mère de mon filleul. Je ne sais pas elle m'a pas dit bonjour donc elle ne doit pas me connaître elle rigole, c'était peut-être une première approche. Le garçon a casquette nous ramène une bière. Je vais a beaubourg en sortant du politburo, je slalome parmi les touristes sur le pont aux cadenas, je sens le souffle du vent sur le pont qui mène vers hôtel de ville. Le matin j'ai entendu une femme politique qui disait qu'on étouffait a paris, mes collègues me font la même on a du mal a respirer. Faut arrêter de regarder la télé mes couillons je leur dis pas. Et le poids de votre connerie il vous empêche de respirer je rajoute pas. Je vais au guichet a beaubourg pour demander le programme du cinéma du réel et puis ensuite je vais a la librairie du centre que j'adore ou l'on vend que des journaux et des catalogues que l'on ne trouve nulle part ailleurs. Je ne retrouve pas la gomme de la plus belle femme du monde. J'achète france culture papier et un trimestriel qui s'appelle schnock, deux revues pour 30 euros. Faut ce qu'il faut. Le garçon tout maigre m'appelle du trou du cul du monde ou il a visité un appartement, on parle de knausgaard que je lui ai prêté avant qu'il ne parte. J'irais peut-être le voir en mai je lui dis, tout ça me parait loin même si c'est demain. Depuis que la plus belle femme du monde m'a quittée, je vis toujours un peu en arrière. Après qu'elle ait présenté le film au public, on dine avec l'actrice au restaurant du sud américain, elle est tellement chouette je me dis, c'est juste une bouffée d'air frais, elle me tutoie alors que je la vouvoie et du coup je la tutoie, je découvre qui est le père de ses filles et ce couple me paraît totalement incongru. Elle nous parle de ses lectures en prison. Après le film, elle reste plus d'une heure a discuter avec les gens. Il y a bien entendu toujours l'étudiante de mes deux qui demande pourquoi on passe le film en version française, la fois précédente une intermittente du spectacle qui se prenait pour la pompadour et qui n'avait du jouer sur scène depuis les années 70 m'a déclaré que c'était la première fois depuis plus de 40 ans qu'elle voyait un film en version française et qu'elle ne serait pas venu si elle avait su. Garçon tout maigre m'a dit que vieillir c'était supporter de moins en moins les autres. Les gens qui nous accueillent j'explique a l'étudiante comme j'avais expliqué à la duchesse de mes deux, ne savent pas lire pour la plupart, donc nous diffusons les films en version française. J'envoie un message pour son anniversaire a la fille qui attend d'accoucher et je me souviens que c'était sa soirée d'anniversaire le jour ou la plus belle femme du monde est descendue du train. Je lui avait proposé d'y aller. Je me demande si réécouter diabologum et écouter fauve est bon pour mon moral, je me souviens d'une expo a berlin ou une femme se glissait dans une poubelle pour disparaître, c'est exactement mon état d'esprit. Il faudrait que j'envoie la dixième au fantôme je me dis, et j'ai comme l'impression que ce serait la fin de quelque chose. La fin de toi, la fin de tout. J'adore le type tout seul sur scène avec son violon, le prof de math de mon filleul, il fait des boucles et il donne une énergie incroyable. Quand il chante c'est moins bien. Je croise un type que je n'ai pas vu depuis des siècles avant le second groupe, alors que dehors tout le monde fume sa clope, et puis le frère jumeau du chanteur qui est mort depuis des siècles vient claquer la bise à la mère de mon filleul et demande des nouvelles de celui-ci. Il explique qu'il a mis une baffe a son fils qu'il a du aller chercher au commissariat à l'autre bout de paris. Il a énormément vieilli en peu de temps, comme s'il était malade. Il s'est un peu rabougri, un peu asséché. Garçon barbu me raconte ses malheurs avec sa copine qui s'est remise a picoler. J'envoie un message à la fille qui vient d'apprendre que sa mère avait un cancer de la langue pour lui souhaiter bon courage parce que je ne sais pas quoi dire d'autre. Et comment va le fantôme me demande la mère de mon filleul. Oui c'est vrai ça comment va le fantôme je me répète. Faudrait que je lui dise, faudrait que je le dise a l'autre fille qui aime tellement le fantôme, faudrait que je leur dise a toutes les deux, ses copines d'enterrement, que le fantôme m'a plaquée. Je souris a la nuit et je dis que ça va bien. J'en sais rien mais je dis que ça va bien, je l'espère bien alors je dis que ça va bien. Je dis que ça va bien. Je dis que tout va bien.

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27 février 2015 5 27 /02 /février /2015 21:25
Le niveau de la seine

Bordel t'en as pas marre je me dis tout les matins regarder la seine sur le pont, jeter un œil sur l'hôtel-dieu, regarder jussieu au loin, bordel t'en as pas marre chaque matin. Traverser la place de l’hôtel de ville en descendant du 96 ou de la ligne 11, traverser cette place toujours occupé, pour l'instant et depuis un sacré bout de temps c'est par la patinoire. Le jour se détache maintenant dans le ciel, il est un truc comme 7 heures du matin. Un jour sans elle, je me dis, une journée sans sa voix, une journée sans toi. Je ne pense pas a la journée qui m'attends, je ne sais pas que je vais recevoir encore une bouteille de vodka des sœurs polonaises et leur dire qu'il faut arrêter, recevoir ces bougies qui sentent bons et me dire oh ça plaira au fantôme. Je me dis que je vais continuer la fuite en avant, j'ai postulé a tout ce qui était possible au boulot, je bosse un samedi sur deux pour avoir des semaines de six jours et ne plus penser a rien, et puis je dis bien sur oui a porto après amsterdam et cologne. La semaine dernière quand je suis allé a amsterdam, j'aime pas amsterdam comme j'aime pas la flandres, je suis descendu du train et j'ai rejoint l'hôtel il était tard et mon collègue n'arrivait que le lendemain matin et je me suis un peu perdu dans la ville, il faisait nuit, les flamands étaient comme des playmobils dans leur ville propre et chiante. Avec leur canaux fades et déprimants. Le lendemain j'ai rencontré des français qui vivaient là et j'ai repris le train sans avoir le temps d'envoyer une carte postale au fantôme et je me suis détesté. Le matin quand je passe sur le pont de l'archevêché c'est tout vide, parfois je crois une ou un dingue qui fait son jogging mais sinon c'est vide, ou alors un touriste qui s'est levé pour faire des photos avec un pied, des photos de tout ces cadenas a la con et de notre dame en arrière-plan. J'aime bien le matin, ne voir personne dans la rue, personne dans le bus et arriver au politburo ou tout est calme. Souvent mon collègue qui prépare le café du matin est déjà là car il vient de super loin et je crois qu'il a un train toutes les heures, du coup il vient super tôt pour ne pas arriver en retard. Je bois mon café pendant qu'il me parle de fleurs et de voitures, qui sont juste les deux sujets qui m’intéressent le moins au monde. Les deux heures pour rejoindre cologne, je termine le knausgard funèbre et un peu épique malgré tout. Rejoindre l'hôtel et regarder la cathédrale dans un froid sibérien. Parler français avec le chauffeur de taxi qui a vécu a saint étienne. Rencontrer des français un peu raides qui vivent là. Et rentrer le soir en train. Regarder le quai a liège en ayant envie de descendre. Ma vie est devenu cette fuite qui ne veut pas dire son nom, cette vie qui ne veut plus dire son nom, ma vie n'est remplie que de mots que j'écris sur un écran, de souvenirs si prégnants, ma vie est une suite de scène que je ne joue pas, ma vie est une plainte mélodieuse qui ne veut pas dire son nom. Ma vie est un chant d'amour dont je ne veux pas lâcher la dernière note. Je regarde le niveau de la seine, je regarde l'île saint louis ou mon grand père est né au début du siècle, je regarde au loin, la ville qui se réveille. Je regarde un peu partout comme si j'allais voir quelque chose. Je regarde et j'essaie de deviner ton visage qui se dessine dans le jour naissant. Et puis j'entends ta voix et je construis ton corps. Et je me plonge dans tes cheveux et je me noie dans ta chatte, dans tes seins, et je me perds dans ton coeur. On dirait bien que la seine remonte un peu. On dirait bien que tes lèvres s'animent quand je te pénetre. On dirait bien que tes yeux deviennent comme des boules de billard. Ma vie est remplie de tes souvenirs. Ma vie est remplie de toi. Juste de toi. Ce sera parfait comme ça. Juste parfait comme ça.

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25 février 2015 3 25 /02 /février /2015 14:21
Le jour des morts

Le 24 février 2005, je regarde le corps de mon père allongé sur le lit. Il fait nuit, paris est sous la neige comme j'ai rarement vu dans ma vie, a tel point qu'on attendra plus d'une semaine pour l'enterrer car les cimetières et les jardins sont fermés. J'ai cette culpabilité que l'on ressent quand on ressent une forme de soulagement pour la fin d'un calvaire. Un coeur en trop bon état pour son âge me dira le cancérologue, un corps en bien trop bonne santé qui lui permettra de rester en vie beaucoup trop longtemps dans son état. Je me rappelle des paroles de ma mère, hormis son cancer tu sais, il est dans un état de santé incroyable. Mon père est mort le jour de son anniversaire, ma mère mourra quasiment au même âge a quelques jours près, sept ans plus tard. Ensemble jusqu'au bout. Il fait de moins en moins nuit je me dis 10 ans plus tard, le 24 février 2015, bientôt quand je partirais au petit matin il fera jour. J'ai appris la veille la mort de benotman. Ca fait bizarre me dit la fille enceinte, on a échangé avec lui par mail, il a failli venir et maintenant il est mort. Je regrette aussi qu'il ne soit pas venu pour parler du film dont il avait co-écrit le scénario. Je donne un peu d'argent a la collecte sur internet pour payer ses funérailles. J'ai appris la veille la mort du bateau d'inner terrestrial et de conflict. Je me souviens que la dernière fois que j'ai vu inner terrestrial au cicp, ce n'était déjà plus sa silhouette imposante derrière la batterie. Un gars tout fluet l'avait remplacé. J'avais entendu dire qu'il était malade. Ben maintenant il est mort je me dis alors que le jour se lève sur le pont de l'archevêché. J'aime bien la solitude dans paris au petit matin, il y a quelques voitures, quelques dingues qui font leur jogging mais il n'y a pas foule. Je regarde un bateau sur la seine, la pluie qui tombe un peu, le jour qui s'arrache a la nuit, je devine des souffles et des murmures, je jette mes yeux sur les façades du cinquième arrondissement. Je retiens mon souffle en attendant ta voix. Je retiens mon souffle en attendant.

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20 février 2015 5 20 /02 /février /2015 18:46
Tout le reste

Une échographie je m'entends dire. Je croyais que c'était que pour les femmes enceintes. Et sinon quoi d'autre, elle demande, tout va bien. Oui je m'entends répondre, mon éducation fait que je pourrais être en train de souffrir comme un chien je répondrais que tout va bien. Vous avez meilleure mine, elle me dit. Mais du tout je pense, j'ai pas meilleure mine, d'ailleurs elle m'a pas vu depuis combien de siècles. Vous semblez en forme, elle répète, mais non je pense je suis pas du tout en forme, mais pas du tout du tout du tout, mais non la plus belle femme du monde m'a quittée, je ne peux pas être en forme. Vous avez maigri, elle dit, vous semblez plus musclé. Ah oui je m'entends lui dire, la piscine tout ça tout ça, la marche tout ça tout ça, une alimentation équilibré tout ça tout ça, pas trop d'alcools tout ça tout ça. C'est quoi ces conneries que je raconte je me dis. Je suis un peu penaud quelques minutes avant quand je lui dis que je suis venu pour la boule que j'ai au pouce. Tout le monde m'en parle, chaque jour vous comprenez alors sous le pression je suis venu vous voir, vous comprenez je suis gaucher et je reçois des gens qui me regardent écrire et qui regardent ma boule, et mes collègues regardent ma boule, et ma famille enfin ce qu'il en reste me parle de ma boule. Et le fantôme elle demande, elle disait quoi pour la boule. Je veux pas parler du fantôme je lui réponds pas vu qu'elle ne m'a rien demandé. Elle tâte ma boule. Elle dit c'est mou, je pense pas que ce soit très grave. Je me bidonne quand je l'entends me dire ça, ah ça non j'ai pas pensé que ce pouvait être grave. Elle me dit c'est mou, ça doit pas être un je sais plus ce qu'elle dit, un truc en ome, mais pas un mélanome, peut -être un fibrome mais je suis pas vraiment sur, elle dit c'est mou je pense pas que ce soit un fibrome. Je suis pas très sur. Une échographie je lui dis, après qu'elle m'indique ce que je devais faire, on fait ça au même endroit que les prises de sang j'y demande. Elle se bidonne. Vous pouvez faire une prise de sang mais une échographie c'est chez un radiologue elle explique. Je me demande ce que le fantôme me dirait si je lui annonçais que je passe une échographie. Elle dirait c'est rien ta boule, ce serait la seule qui me dirait que c'est rien je le sais. Elle me manque aussi pour ça je me dis en sortant dans la rue ou il pleut drue. Elle me manque aussi pour ça je me dis alors que je traverse la rue sedaine pour rejoindre la rue de la roquette. Et aussi pour tout le reste. Pour ça et pour tout le reste. Pour tout le reste.

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16 février 2015 1 16 /02 /février /2015 22:52
Avant le jour

Alors que je passe devant ce rade qui ne ferme jamais a l'angle du boulevard saint michel et du quai je ne sais quoi un jeune type en cravates dis a deux autres types en cravates et une nana en robe du soir, on est bourrés et il est 7 heures du matin et les gens partent travailler. Le type semble ne pas en revenir, c'est peut-être la première cuite de sa vie, c'est peut-être la première nuit blanche de sa vie, c'est peut-être le début de sa vie. Cassavetes disait un truc comme ça sur le fait de vieillir, et que ce qui lui manquait en vieillissant c'était surtout l'inconnu. C'est marrant je me dis, je m'enfonce de plus en plus vers l'inconnu en vieillissant. Je prends le quai qui s'appelle je sais pas comment et qui va vers notre dame, enfin plus ou moins, je sais qu'un moment ça devient le quai de montebello mais avant je sais pas trop. Je croise une nana avec des lunettes de soleil et je me demande ce qu'elle voit concrètement vu que c'est encore une nuit bien noire a sept heures du matin. Je traverse une rue, ça doit être la rue saint jacques mais je suis pas sur, un type ne semble pas décidé a freiner alors que le bonhomme est vert et je lui demande s'il pense que ça va lui faire pousser une troisième couille de m'écraser. Je longe le quai des orfèvres mais je suis de l'autre coté ça doit pas s'appeler comme ça. Je tourne en direction de maubert mutualité pour aller au polituburo. J'aimerais que le jour se lève, mais il ne se lève pas, j'aimerais vieillir un peu je crois, ne plus vivre dans l'inconnu, j'aimerais un peu que tu me tiennes par la main. J'essaie d'arrêter de me morfondre et de m'apitoyer, j'essaie de rassembler un peu de courage, pour avoir ne serait ce que le dixième de celui que tu as. Je me demande si tu es réveillé, si tu mange tes princes. Je me demande. Je passe devant la piscine de la rue de pontoise, la nuit est toujours noire, j'ai l'impression que j'ai eu de la chance je me dis en montant les escaliers du politburo. J'ai l'impression que j'ai bien de la chance de t'avoir connue. Une sacrée chance de t'avoir connue.

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3 février 2015 2 03 /02 /février /2015 06:50
Le temps qui dépasse

On fait quoi maintenant je me demande alors que je traverse la tempête de neige dans la nuit, sur le pont balayé par un vent glacé. On fait rien je me dis, on reste a bord du titanic et on le regarde couler en souriant. Et puis sincérement, je n'ai aucune appétence pour la noyade, le type qui survivra, le seul qui pourra nager dans une eau gelée pendant des kilomètres, cherchez pas, c'est moi. Je ne sais pas ce qui me manque le plus depuis que le fantôme a disparu, mais je crois que c'est : tout la bonne réponse. Et même le reste. Même l'indicible. La neige assez épaisse me rentre dans la gueule et me fouette le visage, je suis fasciné que d'aussi gros flocons ne tiennent pas sur le sol. D'immenses flaques d'eau se créent le long de la patinoire de l'hôtel de ville sur la place du même nom dans ce matin de tempête qui ressemble a de la nuit. J'aimerais entendre la voix de la plus belle femme du monde, plaisir egoïste d'enfant gâté je m'engueule, oublie toi un peu, pauvre petit occidental, oublie toi un peu, ce sera pas plus mal. La neige est comme absorbé par l'eau de la seine, un peu comme les hommes dans under the skin, un peu comme mon âme dans le coeur du fantôme, je ne vis plus que pour les images que je dessine dans mon esprit perturbé. Je ne vis plus que pour jouer une comédie ou j'aurais le premier rôle. On fait quoi maintenant je me demande alors que la neige frappe mes joues et mes yeux, alors que les cadenas du pont de l'archevêché disparaissent sous une petite couche blanche. Continue cette fuite qui n'a pas de sens, continue de construire un autel a la gloire de la plus belle femme du monde. Ma vie est un rêve ou mon esprit engourdi se terre bien au chaud. J'hiberne mon âme et mon corps alors que la neige se transforme en pluie. Avant que le jour se transforme en nuit.

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30 décembre 2014 2 30 /12 /décembre /2014 18:37
Dévie circule

Je reste a Moscou je me dis après une comparaison incongrue entre les deux livres qui se succèdent devant mes yeux. C'est un peu après la nuit, un peu avant l'aube, c'est un peu après que j'ai regardé la plus belle femme du monde ne pas dormir. Un peu après la nuit, un peu avant l'aube, alors que j'ai ouvert les yeux, un peu après la nuit, un peu avant l'aube, après que j'ai bu mon café, un peu après la nuit, un peu avant l'aube, alors que je suis sorti dans le froid funèbre du matin bellevillois sans croiser âme qui vive. J'ai regardé le sommeil agité de la plus belle femme du monde et je lui ai dis d'arrêter de s'en faire pour moi pour que je ne m'en fasse pas pour elle, j'ai regardé le sommeil de la plus belle femme du monde et je lui ai dis de ne pas s’inquiéter pour moi afin que je ne m'inquiète pas pour elle. Dans le bus des ratés, de ceux qui se lèvent avant l'aube ou après la nuit, de ceux qui prennent leur bus avant sept heures, un peu après la nuit mais un peu avant l'aube, dans le bus de ceux qui travaillent entre noël sacré et jour de l'an sacré, dans le bus des ratés alors que mes yeux et mon esprit lisaient, je me suis dis que je ne sortais pas de Moscou. Et puis j'ai souri tellement la comparaison pouvait sembler incongrue entre le moscou guerre froide de littell et le moscou déjanté de hilsenrath. Le chauffeur de bus tout heureux de conduire un bus vide, le chauffeur tout heureux de déchirer la nuit vide et de descendre ménilmontant a toute berzingue, le chauffeur de bus semblait ne plus jamais vouloir s'arrêter jusqu’à hôtel de ville. J'ai traversé la place ou la patinoire trônait dans un sommeil de glace, c'était encore la nuit même si ce n'était plus la nuit, c'était même pas l'aube même si c'était déjà le matin, j'ai traversé le pont au-dessus de la seine et j'ai espéré que la plus belle femme du monde ne s'inquiète pas pour moi. Parce qu'il n'y a pas de quoi. J'ai espéré que tu ne t'inquiète pas pour moi. Parce qu'il n'y a pas de quoi. Vraiment pas de quoi.

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27 décembre 2014 6 27 /12 /décembre /2014 09:18
Des jours divers

Je retiens mon souffle alors qu'il est presque midi, ou un peu plus. Je retiens mon souffle pour entendre le sien dans le téléphone. Il fait froid mais je n'ai pas froid. Il fait froid mais je n'ai pas froid. J'ai mes mitaines mais je n'ai pas froid. J'ai un camionneur mais je n'ai pas froid. J'ai un autre camionneur mais je n'ai pas froid. J'ai ma veste en cuir très chaude et je n'ai pas froid. Je téléphone a midi trois et je retiens mon souffle. Je téléphone a midi trois et je retiens mon souffle pour entendre le sien. Je téléphone a midi trois et je retiens mon souffle pour entendre le sien. Il fait très froid ce jour là mais je n'ai pas froid. Je sais que c'est un vendredi. Je sais que c'est un vendredi et je n'ai pas froid. Je suis accoudé en haut des escaliers sur la place. Je reste une heure collé contre une barrière alors que les voitures passent et repassent rue des écoles. Je reste une heure collé contre une barrière alors que les piétons passent et repassent. Je reste une heure collé contre une barrière alors que j'entends un souffle dans le téléphone. Je reste une heure et je n'ai pas froid. Je n'ai pas froid même s'il fait si froid, je n'ai pas froid, et j'entends un souffle dans le téléphone. J'entends un souffle dans le téléphone qui chaque jour me fait vivre depuis ce jour là. J'entends un souffle et je n'ai pas froid. Je me souviens il est midi trois. Il est midi trois et je suis en haut des escaliers a un jet de pas des bernardins, a un jet de pas de la mutualité, je suis sur la place givre au début de la rue des écoles. Je suis en face du desperado et il fait très froid. Il fait très froid mais je n'ai pas froid. Et je téléphone a midi trois. Il y a de cela trente cinq mois. Je téléphone a midi trois. Et j'entends ce souffle dans le téléphone. J'entends ce souffle et je n'ai pas froid. J'entends ce souffle et je n'ai pas plus jamais froid. J'entends ce souffle et je n'aurais plus jamais froid. J'entends ce souffle qui me réveille chaque matin, j'entends ce souffle qui me dit bonne nuit chaque soir, j'entends ce souffle qui me regarde dormir, j'entends ce souffle qui écoute mon cœur chaque jour, j'entends ce souffle qui me fait me lever chaque jour, j'entends ce souffle qui me donne envie d'être vivant, j'entends ce souffle ce jour la un vendredi a midi trois. J'entends ce souffle et il ne me quitte pas. Tu ne me quittes pas. Tu ne me quittes pas.

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16 décembre 2014 2 16 /12 /décembre /2014 21:03
Cache cache

Se cacher est un plaisir, ne pas être trouvé une catastrophe. Je passe une petite nuit d'insomnie sur cette phrase de winnicott. Il y a un bouquet de roses posé sur mon bureau. Se cacher est un plaisir, ne pas être trouvé une catastrophe, je passe une bonne heure dans la nuit belleville, alors que l'angoisse m'étreint, alors qu'il y a des siècles de cela ce même jour ma mère devait attendre que je finisse par sortir. Il y a un bouquet de roses posé sur mon bureau. Je suis né vers les six heures du matin, et je me dis qu'il y a des siècles de cela ma mère devait connaître une insomnie parsemée d'un peu d'angoisse peut-être, alors que j'allais naître, et j'essaie de vaguement établir un lien alors que j'écoute la vie de winnicott ce pédiatre psychanalyste. Il y a un bouquet de roses posé sur mon bureau. Je regarde la nuit je me dis qu'il y a des siècles de cela ma mère accouchait et je me dis que je ne suis jamais resté si longtemps à l'hôpital que pour ma naissance. Le 17 j'étais encore là, le 18 nous étions encore là, le 19 nous étions encore là, le 20 j'étais encore là, le 21 ma mère et moi étions encore la, le 22 nous étions encore là, le 23 ma mère et moi étions encore là, le 24 j'étais encore là, le 25 nous étions encore là, le 26 je crois que nous allions sortir sortir de l'hôpital. Nous sommes sortis le 26 ou le 27, je ne sais plus, ma mère pourrait sans doute me répondre mais je crois bien qu'elle est morte, mon père pourrait sans doute ne pas me répondre, car mon père est comme moi ou moi je suis comme lui, enfin j'étais comme lui, je crois bien qu'il est mort, donc mon père aurait été incapable de me dire quel jour nous sommes sortis de l’hôpital ma mère et moi parce que mon père ne faisait jamais attention ce genre de choses. Je sais juste que mon premier noël j'étais avec ma mère à l'hôpital. Il y a un bouquet de roses posé sur mon bureau. Mes collègues me regardent tous totalement ahuris, surtout ceux qui ne savent pas, surtout ceux là. Mes collègues me regardent tous totalement ahuris même ceux qui savent, même ceux là. Il y a un bouquet de roses posé sur mon bureau. Alors je regarde les roses et j'esquisse un sourire, alors je regarde ce bouquet de roses posé sur mon bureau, alors je regarde le bouquet de rose et je deviens tout rouge. Il y a un bouquet de roses posé sur mon bureau, je sens mes joues qui se réchauffent, il y a un bouquet de roses qui me dit son amour, il y a un bouquet de roses posé sur mon bureau. Il y a une carte mais je n'ai pas besoin de la lire. Il y a un bouquet de roses que je ne mérite pas. Il y a un bouquet de roses et je ne te mérite pas. Il y a un bouquet de roses posé sur mon bureau.

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