Une fille qui ne me dit absolument rien se plante devant moi et me dit bonjour et du coup je lui fais la bise pour ne pas paraître goujat. Il va bien le beau drink ? elle demande alors que je pense qu'elle m'a confondu avec quelqu'un d'autre. Pas comme le type du début de soirée qui m'a parlé et qui je pense m'a confondu avec quelqu'un, un type ivre mort qui m'a dit qu'avant de s’inquiéter pour moi il s'inquièterait pour lui. La fille se barre et je me demande vraiment qui c'est, une fille qui me trouve beau ne doit pas tout a fait être en pleine possession de ses capacités, j'arrive a sortir avec des filles parce que je suis drôle et que j'ai un charisme houblonné, mais je suis pas vraiment beau. Mais qui est cette fille je demande a la mère de mon filleul. Je ne sais pas elle m'a pas dit bonjour donc elle ne doit pas me connaître elle rigole, c'était peut-être une première approche. Le garçon a casquette nous ramène une bière. Je vais a beaubourg en sortant du politburo, je slalome parmi les touristes sur le pont aux cadenas, je sens le souffle du vent sur le pont qui mène vers hôtel de ville. Le matin j'ai entendu une femme politique qui disait qu'on étouffait a paris, mes collègues me font la même on a du mal a respirer. Faut arrêter de regarder la télé mes couillons je leur dis pas. Et le poids de votre connerie il vous empêche de respirer je rajoute pas. Je vais au guichet a beaubourg pour demander le programme du cinéma du réel et puis ensuite je vais a la librairie du centre que j'adore ou l'on vend que des journaux et des catalogues que l'on ne trouve nulle part ailleurs. Je ne retrouve pas la gomme de la plus belle femme du monde. J'achète france culture papier et un trimestriel qui s'appelle schnock, deux revues pour 30 euros. Faut ce qu'il faut. Le garçon tout maigre m'appelle du trou du cul du monde ou il a visité un appartement, on parle de knausgaard que je lui ai prêté avant qu'il ne parte. J'irais peut-être le voir en mai je lui dis, tout ça me parait loin même si c'est demain. Depuis que la plus belle femme du monde m'a quittée, je vis toujours un peu en arrière. Après qu'elle ait présenté le film au public, on dine avec l'actrice au restaurant du sud américain, elle est tellement chouette je me dis, c'est juste une bouffée d'air frais, elle me tutoie alors que je la vouvoie et du coup je la tutoie, je découvre qui est le père de ses filles et ce couple me paraît totalement incongru. Elle nous parle de ses lectures en prison. Après le film, elle reste plus d'une heure a discuter avec les gens. Il y a bien entendu toujours l'étudiante de mes deux qui demande pourquoi on passe le film en version française, la fois précédente une intermittente du spectacle qui se prenait pour la pompadour et qui n'avait du jouer sur scène depuis les années 70 m'a déclaré que c'était la première fois depuis plus de 40 ans qu'elle voyait un film en version française et qu'elle ne serait pas venu si elle avait su. Garçon tout maigre m'a dit que vieillir c'était supporter de moins en moins les autres. Les gens qui nous accueillent j'explique a l'étudiante comme j'avais expliqué à la duchesse de mes deux, ne savent pas lire pour la plupart, donc nous diffusons les films en version française. J'envoie un message pour son anniversaire a la fille qui attend d'accoucher et je me souviens que c'était sa soirée d'anniversaire le jour ou la plus belle femme du monde est descendue du train. Je lui avait proposé d'y aller. Je me demande si réécouter diabologum et écouter fauve est bon pour mon moral, je me souviens d'une expo a berlin ou une femme se glissait dans une poubelle pour disparaître, c'est exactement mon état d'esprit. Il faudrait que j'envoie la dixième au fantôme je me dis, et j'ai comme l'impression que ce serait la fin de quelque chose. La fin de toi, la fin de tout. J'adore le type tout seul sur scène avec son violon, le prof de math de mon filleul, il fait des boucles et il donne une énergie incroyable. Quand il chante c'est moins bien. Je croise un type que je n'ai pas vu depuis des siècles avant le second groupe, alors que dehors tout le monde fume sa clope, et puis le frère jumeau du chanteur qui est mort depuis des siècles vient claquer la bise à la mère de mon filleul et demande des nouvelles de celui-ci. Il explique qu'il a mis une baffe a son fils qu'il a du aller chercher au commissariat à l'autre bout de paris. Il a énormément vieilli en peu de temps, comme s'il était malade. Il s'est un peu rabougri, un peu asséché. Garçon barbu me raconte ses malheurs avec sa copine qui s'est remise a picoler. J'envoie un message à la fille qui vient d'apprendre que sa mère avait un cancer de la langue pour lui souhaiter bon courage parce que je ne sais pas quoi dire d'autre. Et comment va le fantôme me demande la mère de mon filleul. Oui c'est vrai ça comment va le fantôme je me répète. Faudrait que je lui dise, faudrait que je le dise a l'autre fille qui aime tellement le fantôme, faudrait que je leur dise a toutes les deux, ses copines d'enterrement, que le fantôme m'a plaquée. Je souris a la nuit et je dis que ça va bien. J'en sais rien mais je dis que ça va bien, je l'espère bien alors je dis que ça va bien. Je dis que ça va bien. Je dis que tout va bien.