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26 mai 2009 2 26 /05 /mai /2009 07:54

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Je me lève assez tôt. Toujours. Je me lève assez tôt et puis j'éteins le téléphone qui vibre ou pas sur la petite table en bois. Je me lève je m'agite quelques instants dans la cuisine et puis avant ou après j'enfile mes lentilles. Et puis je la réveille. Nous faisons l'amour ou pas. Nous faisons l'amour parfois. Je me lève toujours tôt, je ne sais pas pourquoi, toujours la peur de mourir alors je me lève tôt. Après je vais au travail, ou je regarde le temps passer dans un morne ennui, dans un ennui qui ressemble à la mort je crois, et puis ensuite je vais à l'hôpital voir ma mère. Il est beau l'hôpital, tellement vieux, il est beau, sur la grande terrasse on voit notre dame juste en face. Hier dans la chaleur moite et suante de la journée, c'était le meilleur moment de la journée, debout sur cette immense terrasse avec la vue et un peu de vent. Et aussi la piscine plus tard. J'oubliais le temps, j'ai nagé des longueurs et des longueurs dans une torpeur monotone. Se vider l'esprit, anéantir la moiteur de mon corps, de mon cœur, effacer les tourments quelques instants. Je suis sorti de la piscine, il faisait toujours lourd dans le centre commercial sous la terre, j'ai pris le RER petit rat des villes que je suis. Je suis ressorti dehors un peu plus tard, sur la grande place qui ne s'arrête jamais. Je me souviens du sourire de la médecin quand elle m'a dit vous savez votre mère elle nous impose le respect à tous. Ben c'est ma mère quand même, j'ai répondu, et j'ai pensé à celle qui dirait tu ramènes toujours tout à toi. Dehors il faisait de plus en plus orageux, des voix au téléphone riaient comme pour conjurer le sort. J'entendais l'éclair dans le ciel au loin sur la grande place qui ne s'arrête jamais, lumière du tabac, des bars et de la pharmacie. Ça finit ou ça commence j'ai pensé en pleurant. L'orage s'annonçait, ma mère m'a dit il fait si chaud je t'accompagnerais bien sur la terrasse, mais s'ils voient que je me lève les infirmières vont m'attacher. D'autres voix au téléphone, je suis tout seul avec ma mère, ça finit ou ça commence je me dis. Je me lève tôt, toujours tôt. Parfois nous faisons l'amour, parfois non. Il commence à pleuvoir quand je tape le code de la porte cochère. C'est un peu dommage je me dis en rentrant à l'abri, un peu dommage. Ça m'aurait fait comme des larmes.

 

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24 mai 2009 7 24 /05 /mai /2009 15:58

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Nos errances deviennent rances dans la ville enivré. Tu vois ce genre de phrases, tu vois ce genre de maux que j'aligne comme les canettes dans ce parc, pendant que les filles et les enfants s'acharnent sur un pauvre volant avec des raquettes abimées. Nos désirs ne font plus désordres. Tu me dis, je l'aimais car c'est le seul qui m'aimait moins que je ne l'aimais. Il pleurait je me dis, il voulait vivre avec toi alors que depuis 20 ans il n'a pas rompu le cordon, il avait peur que tu ne l'aimes plus mais tu es persuadé qu'il t'aimait moins que tu ne l'aimais. Que tu crois. Du coup il est partout, et par là aussi d'ailleurs. C'est curieux de constater que l'on n'est rien quand les autres sont tout. C'est drôle je me dis, curieux la perception des choses, je bois des canettes sous une légère pluie dans le parc, je vais rentrer tout à l'heure, nous allons un peu marcher dans ces lieux recouverts des milliers de fois déjà par nos pas, le vin me fera mal au bide, tout me fait au bide d'ailleurs, bière, vin ou alcool fort, tout me fait mal au bide. Tu feras une crise devant ce café ou je ne veux pas aller. C'est curieux comme tu aime ce genre d'endroit qui est tout ce que je déteste. Tu aime car tu trouves les gens anormaux, je déteste car je trouve les gens normaux. Un peu d'étreinte mais plus rien déjà entre nous. Plus d'amour, plus de désirs, presque plus de sexe. Tu es déjà parti ailleurs. Je fais des projets, un peu, je voyage dans ma tête, je me dis que je ne vais plus jamais vivre comme je voulais vivre, je me dis que je ne vais plus jamais tout simplement. Et puis je m'endors comme on meurt en silence, sans faire de bruit. Elle me dit j'ai peur que si ta mère meurt, tu devienne encore plus radical, plus d'amis, plus de relations, elle dit c'est curieux comme j'ai toujours eu l'impression que ta mère te ramenait à la vie sociale, comme une sorte de lien vers les autres. J'ai peur que tu changes totalement, que tu je ne sais pas quoi d'ailleurs. Et maintenant, je me dis attendre quoi ? Je vide des verres en attendant la chute, je vide les canettes en attendant de n'être même plus son amant, je bois pour oublier que je me noies, je bois pour ne pas oublier ce que je suis. Combien de temps je vais tenir je me demande, combien de temps je vais mourir ainsi, attendant l'étincelle qui ne viendra pas. Comment font les gens pour ne pas subir les choses, comment font ils pour regarder toujours de l'autre côté, pour ne pas s'évanouir sous le poids de la douleur. Je m'éteins, il fait nuit, je m'éteins, il fait jour. Combien de temps encore ?

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23 mai 2009 6 23 /05 /mai /2009 09:40

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Le va le vient. Des lignes lues sur des feuilles, des étreintes bancales, des désirs qui s'ignorent. Et tout qui recommence encore. J'ai vu ma mère morte sur son lit d'hôpital, je l'ai vu, et puis ensuite ses yeux se sont ouverts et la vie à repris son cours. Une fille me dit je veux vivre avec toi car un jour tu me tueras et je veux mourir. Je divague entre les gens, je rencontre des corps, j'embrasse des lèvres, je caresse des ventres, et puis tout recommence et tout est fini. Je me demande vers quelles douleurs je vais encore, ma lâcheté me fracasse, mon désir me rumine, et puis l'alcool encore et toujours, l'alcool me rends mauvais en ce moment, je vais perdre ce que je n'ai plus. Je vais me perdre je crois, je me nuits et puis voilà. Je ne change pas je descends des verres sur des comptoirs en zinc, je cours dans la nuit, et puis j'ai peur, de tout, de elle, de elles, j'ai peur je ne peux plus. Il pleut je marche dans la nuit, métro, et puis marcher encore, et puis il pleut, et puis je cours. La lente descente en fièvre, les longues et inexorables descente en enfer. Il me reste les mots écrits sur des feuilles blanches, je me dis je suis mort, je me tue, je maudis mes larmes, je médis mon âme, je ne sais plus qui je suis, ce que je veux. Je rencontre des filles jeunes auxquelles je n'ai rien à dire, je dévoile mes mollets dans des bars, je vide ma canette sur le trottoir. Boire ne pas boire. Vivre ne pas vivre. Mourir ne pas mourir. Candidat au suicide de l'ivresse, je ne sais plus ce qu'est la vie, je ne sais plus, les sourires des enfants, le souffle du vent, l'eau qui caresse les chevilles. Je m'abrutis de longueurs de piscine, je m'abrutis mais ce n'est rien, j'ai mal aux bras, aux jambes, j'ai mal comme un enfant, j'ai mal d'être vivant. Je lis ces lignes «et chacun s'en ira , en se consumant tels des petits soleils mort-nés à l'agonie». J'attends la chute, j'attends la fin, j'attends qu'elle me déteste, j'attends la fin de sa pitié. De la douleur à l'état brut qui ne dit pas son nom. Des larmes, des larmes dans la piscine. Tu pleures, tu vois, tu ne sais plus. De la douleur à l'état brut je vous dis. Des petits morceaux roses et multicolores. J'ai vu ma mère morte sur un lit d'hôpital, je vois mon père mort, j'ai vu mon frère mort. Je suis encore vivant. Je suis le seul vivant. Mais ma mère rouvre les yeux. L'absence, la présence, elle est absente quoi qu'il arrive. Elle n'est plus là. Ailleurs, toujours, ailleurs, vers d'autres rives, vers d'autres rêves factices, d'autres langues, d'autres bouches... Alors je me noies dans l'alcool, je m'inonde de maux, de douleurs exquises, je m'irrigue de nuit et de brouillard. Je meurs c'est beaucoup plus simple. Je meurs. Je meurs factice, je suis factice, je suis comme qui dirait l'ombre de mon ombre, le rêve de mes rêves, je suis celui qui ne peut, celui dont on ne veut, celui qui est non. Des nous qui ne se parlent plus, des jours qui se suivent, des cauchemars qui se ressemblent, des vérités qui s'assemblent. Et puis l'alcool au milieu de tous ça, nos ivresses, nos détresses, nos caresses sous le poids de l'ivresse. Et puis nos corps à l'abandon qui ne respirent pas l'un dans l'autre, qui ne se suivent pas, qui ne se parlent pas, qui ne savent plus comment vivre. Tu ne m'aimes pas, tu le répètes en boucle, tes yeux le disent encore et encore, ton corps m'accepte un peu je crois, mais ton âme ne veut plus de moi. Tu me dis je n'ai pas peur, tu m'effleures à peine. Alors je bois je continue ma déchéance, je suis là, encore au bout du zinc, je suis encore à enquiller les godets, je suis encore celui qui ne veut pas rendre les armes, je cours je cours je me souviens dans les rues dans la nuit, je cours après toi je cours pour t'échapper. Je veux boire boire et encore boire, je ne veux plus voir, je ne veux pas de ce miroir au dessus du bar, je ne veux plus de mon image, je ne veux plus. Je ne suis plus doué pour la parole, je ne sais pas parler, me plaindre, je ne sais plus, pas, je ne sais pas, je ne veux plus vivre, je ne veux plus boire. Mais je ne trouve que l'ivresse, l'ivresse et encore l'ivresse. Je veux me perdre, je veux me tuer, je veux rester hagard sur le bord de la route, je veux tendre le pouce, je veux vider des godets, je veux finir les verres, je veux m'enfiler la flasque, je veux...Je ne mange plus, je dors un peu, je ne pense pas. Je veux juste boire et m'enfiler des verres, je veux juste que l'alcool me prenne, je veux juste. Mais je ne peux plus, je ne peux pas, je ne sais plus, pas, je ne sais plus rien, je ne vois plus rien. Je suis hagard là, au bout de la route, je suis celui que tu verras, a 4 pattes dans le caniveau, je ne suis pas. Je ne suis plus. Le souffle coupé. Et je m'étonne de ça tu sais, je m'étonne, je détonne, je sais que ce ne sera jamais fini. Toi moi et tout les autres. Toi moi et toutes les autres. Comment te dire, que je serais toujours seul, toujours en moi-même, que je ne partage rien, jamais, rien de rien, je veux bien donner le change mais je ne veux plus. Je ne jouerais pas le rôle du passager. Laisse moi au bord de la route. Marcher vers nulle part c'est une des choses que je sais faire.

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