
...Et puis vous savez une bière et puis une autre bière et on se dit pourquoi ne pas continuer et peu à peu on bascule dans une sorte de vie qu'on aurait voulu connaître, on devient presque drôle, les filles sont toutes jolies, et on puis on passe a d'autre alcools et d'autres bras, et on se dit qu'on devient immortel, la vie n'est plus le souvenir qu'on en avait, la nuit prends des éclats de lumière et le même le sol semble merveilleux, il y a cet instant précis ou vous ressentez une forme de plénitude que vous n'aviez jamais atteint auparavant...On ne sait jamais n'est ce pas qu'on va aller de mieux en mieux ou de plus en plus mal, on ne devine pas que la douleur peut elle aussi prendre une bonne branlée, la vie aussi peut se prendre une sacrée bonne cuite vous savez, et n'oubliez jamais qu'il faut toujours quelqu'un pour aller jeter la vaisselle, nettoyer les verres, rincer les flaques de vomi, n'oubliez pas que le lendemain se lève toujours jusqu'au dernier jour, le jour se lève toujours jusqu'au putain de dernier jour...C'est marrant de picoler pour atteindre une légèreté qu'on ne retrouvera jamais, curieux ce sentiment de déni absolu, on picole comme si ça résolvait les choses, pour oublier des histoires et des gens qu'on ne veut pas oublier, pour rompre une conversation silencieuse. C'est curieux, ce sentiment de honte, cet impression de doute, boire c'est continuer de croire que la vie va changer, alors que ce ne sera pas le cas, bien entendu, ce ne sera jamais le cas, la vie ne va changer, on va rien oublier, on va juste vieillir un peu plus chaque seconde en fait...La sécheresse dans la bouche, tu ne t'en souvenais plus vraiment, la madeleine de proust de toute ta jeunesse, la soif, cette aridité absolu, les crampes dans les mollets qui te réveille en pleine nuit, tu t'en souvenais encore, bien entendu, des choses qu'on oublie pas, les lendemains qui déchantent, la déprime absolu, l'impression de déjà vu et revu, la bassesse de ton âme. Le supermarché de la cuite est ouvert de nouveau, comme si il n'avait jamais fermé, comme s'il avait un peu disparu, mais c'était une illusion, une impression, une vague image d'une vie qui n'aura pas cours...La vie sans cuite n'est qu'une parenthèse au fond, la vie tout court est une parenthèse entre deux verres, et même si j'en bois de moins en moins, au fur et a mesure que mon corps se rebelle et vieillit, et même si je balbutie encore parfois, je sais bien que la cuite est derrière moi, je sais bien que la vie est derrière moi. Je sais bien que ma vie est derrière moi.