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10 avril 2023 1 10 /04 /avril /2023 17:09

 

Ouvrir un œil. Une fille ronfle sur le bateau. Un mec parle tout seul sur le ponton. Pour une fois que ce n'est pas moi. Une fille semble vomir sur un autre coin du ponton, je crois qu'elle vide sa bile dans l'eau du port. Pauvres poissons. Tu es qui demande le type alors que surgis sur le ponton, je suis le capitaine je réponds, il se met a glousser puis a rire franchement. Bordel mon gars t'étais tellement bourré qu'il aurait fallu que je te tienne la bite pour que tu puisses pisser. Bordel mon gars, si t'es capitaine je monterais jamais sur ton putain de bateau. Le gars dit sans doute vrai, je devais être ultra bourré, mais j'ai déjà récupéré, contrairement a lui qui a du prendre des trucs pour ne pas dormir. La fille relève la tête du bastingage  puis s'assoit lourdement sur le ponton, avant de s'allonger dans une pose christique. On irait pas boire un verre au bar, je demande au type dont les clignements des yeux se font plus rapides sous l'effet de l'adrénaline de la drogue et de l'épuisement lié au manque de soleil. Il est 9 heures du matin, c'est une bonne heure pour un alcool fort me dit le type. C'est une bonne heure pour picoler, je rajoute en sautant sur le ponton. Une bonne heure pour picoler. 

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9 avril 2023 7 09 /04 /avril /2023 16:22

 

Le barman sait que certains individus, lorsqu'ils entrent seuls dans un bar avec la résolution de se saouler, ne recherchent pas forcément de la compagnie. Ces individus veulent tout simplement voir si les conneries qu'ils ont essayé de résoudre sobres trouvent plus facilement une solution quand ils sont bourrés. 

 

                                        Irvine WELSH

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7 avril 2023 5 07 /04 /avril /2023 20:41

 

Il n'y aurait bientôt plus de souvenirs. C'était aussi bien. Parce que le passé n'existe pas, parce que le présent n'existe pas, parce que rien n'existe. Au fond. Je bois des verres au comptoir du zinc et je repense a popaul sensible, le mec du fantôme. La crise qu'il avait piqué quand il avait vu qu'elle avait reprit contact avec moi. Il ne savait pas tout, heureusement pour lui, il ne lisait pas tout les mots, heureusement pour lui. Pathétique. J'y pensais alors que la jeune fille me parlait de son copain. Que je lui disais que c'était pas une bonne idée de me le présenter. Les mecs sont fragiles et débiles, n'oublie pas je lui ai dis. Et jaloux, j'imagine. On boit encore quelques verres.  Je me rends compte a quel point mon détachement des choses, des autres, de la vie, me rends libre. Je me rends compte comme le détachement de tout me rends libre. 

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3 avril 2023 1 03 /04 /avril /2023 20:28

 

Vomir au milieu des ténèbres et ne plus rien sentir, ni son corps, ni sa vie, ni les autres, ni le néant de toute mon existence plus ridicule que pathétique. Tu accroches des cœurs de jeunes filles sur le tableau imaginaire qui n'est pas suspendu dans ta cabine. Vivre comme un alcoolique n'est plus possible, alors tu fais le malin, tu fais part de ton dédain aux autres. C'est a quel moment que les gens libres sont devenus des culs bénis et des curés froids, c'est a quel moment que les jeunes sont devenus si vieux ? Je m'écrase sur le comptoir ou sur le carrelage, pour que personne ne me ramasse. J'enfile les erreurs, avec un certain talent, je ne suis pas assez fragile pour ce pays. Vous êtes tous devenus si tristes et si chiants. Morts. Je bois pour ne pas mourir, je bois pour ne pas devenir aussi dépressif que vous. Je trinque a vos petites existences, a vos petits rêves, a vos grands amours, a vos pathétiques faiblesses. Je vomis sur ce que vous êtes, a moins que ce ne soit dans la cuvette des chiottes. 

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26 mars 2023 7 26 /03 /mars /2023 19:41

Le type me regarde et me dit vous comprenez monsieur drink je vais demander le divorce, ce n'est pas possible, ma femme ne veut pas venir, elle veut rester au pays, monsieur drink vous savez ce que sait, un homme fort comme vous, je n'ai pas touché une femme depuis 15 ans.  Je vais a beaubourg pour voir le spectacle de cette fille avec laquelle j'ai dansé, je regarde ces gens qui dansent sans se connaître, et je me rends a quel point j'étais mauvais dans le spectacle il y a quelques années. Pendant mon sommeil j'ai des visions de visite, de vies tourmentées, je suis sur un bateau, je suis sur le port. Je me demanderais si je te reverrais jamais. Je ne crois pas. Vous êtes un ange monsieur drink me dit la femme qui a des lèvres pas naturelles, qui a joué dans quelques films oubliées, qui fut l'épouse d'un ministre obscur. Vous êtes la personne la plus adorable que je connaisse. Je sens l'ivresse a la troisième pinte, je me sens si loin de mes collègues, si loin de leur jeunesse, de leur naïveté, si loin de ce que je ne suis plus depuis longtemps. Ils ont beau dire que j'ai trente ans et des poussières, je sais bien que ce n'est pas le cas. Avec la nouvelle salariée, on fait et on refait les comptes, on fait et on refait les additions, on fait et on refait les soustractions, ça commence bien je lui dis, tu es la depuis un mois et on ne va pas pouvoir te payer. Elle rigole et je me demande si a 25 ans j'aurais rigolé aussi. Je ressens une curieuse fatigue comme une lassitude qui ne veut pas dire son nom, je ressens comme une impression que je ne suis plus tout à fait dans la vie. Je pars et je suis sans doute un bourré, je lâche mes collègues qui me demanderont le lendemain pourquoi je suis parti. Dans le métro je vois les affiches pour le festival qui se déroule dans cette ville ou je ne retournerais sans doute jamais, et puis je me dis que cette année je ne recevrais pas le catalogue. Il y a quelques années j'avais failli aller voir david peace présenter sa trilogie. Comme je suis bourré je mets trois plombes a rentrer chez moi, je m'endors a chaque fois dans le métro, je m'endors dans le bus et quand j'arrive enfin devant ma porte c'est pour m'apercevoir que j'ai oublié mes clés au politburo.  Je marche dans la nuit. Je suis fatigué. Mais je me rends compte que je dois me laisser vivre. Ou mourir, je ne sais pas encore. 

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25 mars 2023 6 25 /03 /mars /2023 08:58

 

On reste alcoolique toute sa vie, comme on reste sans doute boulimique toute sa vie, comme on reste anorexique toute sa vie, comme on reste maigre ou gros toute sa vie. Ce qu'était l'enfance. Boire c'était comme ne pas connaître son ennemi alors que lui te connais. Un peu comme quand une meuf parle de toi a son nouveau mec, et que tu deviens une sorte de cible, alors que tu ne t'intéresse plus ni a la fille et encore moins a son nouveau gars. Mais le gars note ton nom, étudie ton profil et décide que tu es un ennemi. Les types sont fragiles. Obsédés par un sentiment de perte. Le truc marrant dans cette histoire c'est que le mec souffre beaucoup plus que toi. L'alcool est tout aussi con, mais au moins tu peux le combattre, et c'est beaucoup plus intéressant. On passe sa vie a combattre des addictions, des habitudes, des mauvaises habitudes, des dérives. On passe sa vie a raconter et écouter de fausses promesses, a fréquenter des ombres, a faire semblant de s'intéresser aux autres. On s'occupe. Heureusement qu'il ne reste rien. Heureusement qu'il n'en restera rien. 

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19 mars 2023 7 19 /03 /mars /2023 21:49

 

Un verre. Et puis un autre. Et encore un autre. Et toujours un autre. Et enfin un autre. Et presque encore un autre. Boire ce n'est que cela, boire des verres et encore d'autres verres, en attendant l'ivresse absolue. Souvent ça bascule dans la cuite. Souvent on ne se souvient plus. Mais parfois l'ivresse absolue. Parfois le sexe. Parfois les souvenirs. Qui est la fille. Qui est-elle. Et qui sont ces gens. Qui sont-ils ? Ceux avec lesquels on a fait la fête...Les lendemains de cuite ont pourtant parfois des gueules de défaites...Mais ce n'est pas grave, l'important c'est d'avoir cru que l'alcool pourrait changer la vie... Comme aujourd'hui croire que ne plus boire pourrait changer ma vie...J'attends au zinc...J'aime l'idée de ne pas boire, j'aime l'idée de ne plus boire...

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14 mars 2023 2 14 /03 /mars /2023 18:31

 

Quand on essaie de se protéger de tout et de ne pas être a la merci d'une perte ou d'une menace, on se retrouve sans rien. Ou, pis encore, on se retrouve avalé par le rien, happé par cette horreur sans nom que l'on redoutait par-dessus tout.

 

                                                 Richard FORD

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12 mars 2023 7 12 /03 /mars /2023 18:23

Le port. La mer. La jeune fille qui vomit sur le ponton, sans doute la drogue, ou peut-être l'alcool. La fatigue, la déchéance, le tourment. Il pleut un peu, sur le port, ça nettoie le vomi de la jeune fille, ça nettoie le bateau avant qu'il ne coule. Je n'ai plus la gueule de bois. C'est un sentiment qui m'a quitté. Si je bois, je ne suis pas très en forme mais ce n'est pas la gueule de bois, ce n'est pas cette tristesse, ce n'est pas ce sentiment d'oubli, je n'ai plus cette appétence sexuelle des lendemains de cuite. Un truc de vieux peut-être. Il fait gris et brouillard sur le port, je dis à la jeune fille, c'est un beau temps pour boire.  J'ai dans la tête, les quatre saisons de vivaldi alors que nous nous dirigeons vers le bar. La jeune fille sourit bêtement. C'est la drogue, l'alcool ou peut-être la fatigue. Personne ne nous arrêtera puisque nous n'allons nulle part. Valse du printemps. 

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4 mars 2023 6 04 /03 /mars /2023 20:21

 

...Et puis vous savez une bière et puis une autre bière et on se dit pourquoi ne pas continuer et peu à peu on bascule dans une sorte de vie qu'on aurait voulu connaître, on devient presque drôle, les filles sont toutes jolies, et on puis on passe a d'autre alcools et d'autres bras, et on se dit qu'on devient immortel, la vie n'est plus le souvenir qu'on en avait, la nuit prends des éclats de lumière et le même le sol semble merveilleux, il y a cet instant précis ou vous ressentez une forme de plénitude que vous n'aviez jamais atteint auparavant...On ne sait jamais n'est ce pas qu'on va aller de mieux en mieux ou de plus en plus mal, on ne devine pas que la douleur peut elle aussi prendre une bonne branlée, la vie aussi peut se prendre une sacrée bonne cuite vous savez, et n'oubliez jamais qu'il faut toujours quelqu'un pour aller jeter la vaisselle, nettoyer les verres, rincer les flaques de vomi, n'oubliez pas que le lendemain se lève toujours jusqu'au dernier jour, le jour se lève toujours jusqu'au putain de dernier jour...C'est marrant de picoler pour atteindre une légèreté qu'on ne retrouvera jamais, curieux ce sentiment de déni absolu, on picole comme si ça résolvait les choses, pour oublier des histoires et des gens qu'on ne veut pas oublier, pour rompre une conversation silencieuse. C'est curieux, ce sentiment de honte, cet impression de doute, boire c'est continuer de croire que la vie va changer, alors que ce ne sera pas le cas, bien entendu, ce ne sera jamais le cas, la vie ne va changer, on va rien oublier, on va juste vieillir un peu plus chaque seconde en fait...La sécheresse dans la bouche, tu ne t'en souvenais plus vraiment, la madeleine de proust de toute ta jeunesse, la soif, cette aridité absolu, les crampes dans les mollets qui te réveille en pleine nuit, tu t'en souvenais encore, bien entendu, des choses qu'on oublie pas, les lendemains qui déchantent, la déprime absolu, l'impression de déjà vu et revu, la bassesse de ton âme. Le supermarché de la cuite est ouvert de nouveau, comme si il n'avait jamais fermé, comme s'il avait un peu disparu, mais c'était une illusion, une impression, une vague image d'une vie qui n'aura pas cours...La vie sans cuite n'est qu'une parenthèse au fond, la vie tout court est une parenthèse entre deux verres, et même si j'en bois de moins en moins, au fur et a mesure que mon corps se rebelle et vieillit, et même si je balbutie encore parfois, je sais bien que la cuite est derrière moi, je sais bien que la vie est derrière moi. Je sais bien que ma vie est derrière moi.

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