Ils s'enlacèrent, apaisés, dans le silence d'une harmonie pure. Jusqu'à ce qu'il ajoute avant de sombrer dans le sommeil :"Le pire c'est que je vais reprocher à toutes celles qui vont vous succéder de n'être pas vous."
Un moment de grâce, l'un de ces rares moments qu'il faut être assez âgé pour savoir apprécier car, au fond de soi, on sait qu'il pourrait être le dernier. Le bonheur.
Je suis déjà mort plusieurs fois. Je crois au miracle. La force de repartir à chaque fois, on ne la trouve pas seulement en soi, ni auprès d’un autre. Ce mystère me paraît le plus essentiel, ce qui vaut qu’on passe sa vie à le chercher, à le comprendre. Et puis l’idée que l’amour transcende la souffrance. J’ai eu envie de me cramer, d’être maître de mes douleurs, de mes plaisirs, sans emmerder personne. Il y a des souffrances que l’on ne choisit pas. Donner, recevoir, la musique, l’amour, la vie.
Je baissai les yeux sur ses seins nus puis observai de près son visage endormi. Je l’embrassai sur les lèvres, tout doucement, et elle bougea. Mais elle dormait toujours. Il fallait que quelqu’un s’occupe d’elle. Mais, s’il me restait un tant soit peu de gentillesse et de pitié, et la conscience de ce que je faisais sur cette terre, tout borné et stupide que j’étais, je savais que ce ne pouvait être moi.
J'avais appris une chose qui me paraissait extrêmement importante :
Ne vas pas croire que tu es quelqu'un de spécial.
Ne vas surtout pas croire que tu es quelqu'un de spécial.
Car tu ne l'es pas. Tu n'es qu'une petite merde médiocre et prétentieuse.
Ne croit pas être quelqu'un de spécial, ne crois pas valoir quoi que ce soit, car tu ne vaux rien. Tu n'es qu'une petite merde.
Courbe l'échine et travaille, petite merde. Ca t'apportera au moins quelque chose. Ferme ta gueule, courbe l'échine, travaille et sache que tu ne vaux rien.
C'était à peu près ce que j'avais appris.
C'est l'ensemble de mes expériences réduites à une seule.
C'était la seule putain de chose vraie que j'ai jamais pensée.
Nous créons tous, à partir des faits de nos vies, des fictions, des mythes mineurs, des mensonges personnels qui nous permettent de continuer à vivre, qui nous aident à rester humains, nous rassurent en nous faisant croire que nous comprenons notre minuscule fragment du monde. Et nous y croyons tout en sachant que ce sont des chimères.
Il y a un rapport direct entre mon expérience de t'entendre au téléphone et celle d'un religieux qui, à force de jeûne, de solitude et de méditation, finit par entendre la voix de son dieu. Sauf que toi, tu existes, et qu'en ce qui concerne dieu, j'ai des doutes.
Je pense que vous avez le même problème que moi. Ça s'appelle le contraire du syndrome de Midas. Tout ce qu'on touche, vous et moi, ça se transforme en merde.