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5 janvier 2015 1 05 /01 /janvier /2015 21:48
Quelques secondes dans la nuit

Pas longtemps mais j'entends sa voix et ça me suffit. Pas longtemps mais j'entends sa voix et ça me suffira. Quelques secondes qui suffisent a éclairer la nuit, a dissiper le brouillard. Des secondes qui me suffisent a ensoleiller ma journée. Kerouac disait un truc qui sonnait bien même si c'était un peu creux. "Les seuls gens vrais pour moi sont les fous...ceux qui ne baillent jamais et qui ne disent jamais de banalités, mais qui brûlent, brûlent, comme des feux d'artifice extraordinaires qui explosent comme des araignées dans les étoiles." J'ai pensé a cette phrase en évitant le givre sur le pont de l'archevêché alors que les cadenas brillaient un peu dans la nuit du petit matin. J'ai pensé que j'étais un peu dingue, ou peut-être le plus raisonnable des hommes. J'ai pensé que la plus belle femme du monde était totalement dingue, et pourtant la plus raisonnable des femmes. Pas longtemps mais j'ai entendu sa voix, pas longtemps mais ça suffit pour éclairer ma nuit. Pas longtemps mais ça suffit. J'ai pensé a la femme allongée sur son lit d'hôpital attendant son opération du lendemain. J'ai pensé a cette femme dont le fantôme doit tenir la main en attendant que la nuit devienne d'un noir ébène. Je sens bien que mes mots s'épuisent comme un coureur de fond qui tourne un rond, je sens bien que mes mots s'épuisent. J'entends sa voix, et je sais que ça suffira a éclairer ma journée. Je sais que ta voix suffira pour éclairer ma journée.Ta voix suffira amplement.

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4 janvier 2015 7 04 /01 /janvier /2015 16:24
Du soleil en grisaille

C'est marrant je dis au fantôme dans la salle de cinéma, hormis le fait qu'ils parlent français et que ça se passe a paris, on dirait un film de larry clark. Le mec qui a réalisé le film il a trop vu larry clark je rajoute pour vérifier que le fantôme ne m'écoute pas. Bordel non elle ne me capte pas, la plus belle femme du monde regarde les skaters sur l'écran. A la fin de la bande annonce, il est écrit que c'est le nouveau film de larry clark, ce qui me rassure un peu sur mes connaissances cinématographiques. Je savais pas qu'il avait tourné son nouveau film en france, je dis en me tournant vers le fantôme qui s'est évaporé en même temps que les skaters. En partant vers le cinéma, j'ai réalisé que ma rue changeait trois fois de sens de circulation, ce qui pour une petite rue comme la mienne est assez schizophrénique. Je me suis dis que j'aimais bien cette rue. Que moi même je ne savais jamais dans quel sens prendre la vie, je savais toujours ou je ne voulais pas être, mais je ne savais jamais ou je voulais être. Je me demande si les bandes annonces ne sont pas un tribute to the fantôme car ensuite il y a la bande annonce du prochain film de ce réalisateur qu'elle adore. Le film sort le mercredi suivant, au vu de la bande annonce on dirait un film d'immeuble, je me demande ce que ça vaut. Je passe chez le turc après le film, le soleil perce encore vaguement le gris du ciel sur la place des grandes rigoles, j'achète un peu de fêta et une bouteille de yakout. Avant que le film ne commence je lis le libé sur le dernier livre de houellebecq. Je n'ai jamais accroché a houellebecq, sans trop savoir pourquoi. Sans doute un peu trop froid pour moi. Ça manque un peu de bidoche. Un peu de saignant. Je lis le portrait de dernière page ou le type dit que son dieu s'appelle david peace. Je rentre tranquillement après le film, ce polar très années 80 qui hésite entre l'hommage a scorsese et l'hommage a de palma. Je longe les buttes chaumont et puis je prends la main du fantôme. Je prends ta main en remontant vers Belleville et je me sens vivant. Je prends ta main et je me sens vivant.

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3 janvier 2015 6 03 /01 /janvier /2015 20:43

Nos vies sont des reflets. Je crois que je suis heureux même si je ne devrais pas l'être, je crois que je suis heureux comme irradié de la présence en moi-même de la plus belle femme du monde. Nos vies sont des reflets mais je ne suis pas triste, même si je sais que le fantôme traverse des tempêtes, étreint des mains sur un lit d'hôpital, même si je sais qu'elle ne trouve pas le sommeil, même si je sais que son esprit bégaie parfois de fureur et de culpabilité. Je ne suis pas triste, je ne peux pas. Je ne veux pas. Je ne déposerais jamais les armes, jamais, ce n'est même pas un effort, c'est juste une sorte d'évidence, le fantôme pourrait me quitter, je viendrai quand même avec elle. Je regarde le paris vide de l'après fête, je sais que d'ici un jour ou deux, les magasins se rempliront, les bus seront remplis de poussettes, le métro ne sera plus vide comme le cerveau d'un facho. Je vais regarder la tour eiffel, presque chaque jour, depuis le belvédère du parc de belleville, pour rester avec elle.Les bars sont fermés rue des envierges, cosette est fermée, la veilleuse est fermée, les cascades sont fermées. Il n'y a que la mer a boire qui est ouverte, attendant que la plus belle femme du monde vienne siroter sa boisson. Je regarde son reflet dans la vitre au o paris, je regarde son reflet chez diego dans la vitrine ou trône des marionnettes, je regarde son reflet dans le miroir aux cascades ou la patronne semble toujours attendre avec angoisse que la plus belle femme du monde vienne foutre le feu a son rade. Je pourrais partir a des milliers de kilomètres, ce serait encore le visage du fantôme qui peuplerait ma vie, ce serait encore le visage du fantôme qui peuplerait mes nuits, je pourrais partir a des millions de kilomètres. Je ne peux empêcher cette euphorie prégnante, ce bonheur absolu, je ne peux empêcher cette joie, ce bien-être, je sais que plus jamais ma vie ne sera ce condensé de solitude. Je regarde les pavés, je regarde la tour eiffel, je regarde les pigeons qui se reposent les ailes en éventail en attendant qu'une cinglée leur courre après. Je croise tout ces morts de faim qui vont faire les paons dans le métro et dans la rue quand ils vont croiser la plus belle femme du monde. Je souris en pensant a elle, je vole sur le pavé, je retiens un peu belleville et j'essaie de lui en envoyer un morceau. Je retiens un peu belleville pour qu'elle vive encore un peu en toi. Pour que belleville ne te quitte pas.

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2 janvier 2015 5 02 /01 /janvier /2015 09:37
Un sourire (épilogue)

Au bout d'un quai, un train. Au bout du quai, un train. Un train qui n'arrive pas en gare, un train qui ne veut pas entrer en gare. Au bout du quai, le vide. Le quai ne va pas rester vide, le train va arriver. Ce n'est pas possible que ce quai reste vide, le train va arriver. Le quai ne doit pas rester vide, le train doit arriver. Dans une chambre d'hôpital, elle attends, dans une chambre d'hôpital elle attends, dans une chambre d'hôpital. Elle ne sourit pas je crois, elle ne sourit pas je ne sais pas, peut-être qu'elle rit, peut-être qu'elle raconte des histoires drôles. L'insomnie des nuits, l'insomnie, des nuits qui ne veulent pas se terminer, des nuits qui ne veulent pas commencer, des nuits qui ne veulent pas. Au bout du quai un cœur qui bat, dans le train un cœur qui bat, dans la vie un cœur qui bat, descendre du train un cœur qui bat, rejoindre le bout du quai avec le coeur qui bat. Trilogie pour une autre fois, tétralogie pour une autre fois, continuer de bâtir, continuer d'ériger, continuer de construire, continuer encore et toujours. Continuer encore. Revoir sa course après les pigeons, revoir son pas sur le pavé, revoir son sourire quand elle demande, revoir son sourire quand elle demande la boisson, revoir son impatience quand elle attends la boisson, revoir son sourire quand la boisson arrive, revoir son sourire quand elle boit avec sa paille. Revoir sa main qui montre la tour Eiffel, revoir sa danse dans la rue quand elle voit la tour Eiffel, revoir l'horizon avec la tour Eiffel. Un cœur qui bat en marchant sur le quai, un coeur qui bat car il est encore vivant, un coeur qui bat. Chaque jour est un moment d'éternité, chaque jour est un miracle qui se renouvelle, chaque jour est un pur moment de bonheur. Ce sera toujours ton sourire tu sais, ce sera toujours et a jamais ce premier sourire, ce sera toujours ainsi. Ce sera toujours toi. Toi émoi. Ce sera toujours. Toi.

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1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 12:15
Un sourire (détail)

J'aimerais poser mes yeux au creux de ses yeux pour me voir avec ses yeux car je sais bien que je ne me verrais jamais avec ses yeux, j'aimerais qu'elle pose ses yeux au creux de mes yeux car je sais bien qu'elle ne me verra jamais avec mes yeux. Je me dis souvent qu'on devrait s'échanger juste pour se voir comme l'autre nous voit, juste pour ressentir ce que l'autre ressent. Je me dis souvent qu'elle s'aimerait plus si elle se voyait avec mes yeux. Je me demande si je serais dingue de moi si je me voyais avec ses yeux. Je ne crois pas que la vie le permettra. Mais peut-être qu'elle le permet déjà. Je sais que parfois je ne vis que par elle, je sais que souvent elle vit comme en moi. Je suis l'émoi de mon propre moi, elle est l'émoi de mon propre moi. J'aimerais poser mes yeux au creux de ses yeux et qu'elle voit la vie par moi, qu'elle sache ce qu'elle représente et tout ce que je ne suis pas. J'aimerais qu'elle touche le bonheur, qu'elle comprenne mon bien-être, j'aimerais qu'elle sache que je ne suis pas seul, j'aimerais qu'elle sache qu'elle me tient toujours la main. Je suis la personne la plus seule au monde vu de l'extérieur, et je suis la personne la moins seule au monde, parce qu'au fond je ne suis absolument pas seul. Je ne suis pas seul. Jamais. J'ai les yeux de la plus belle femme du monde posé au creux de mes yeux, alors je vois le monde a travers elle, et je vis un songe et une réalité, et je vis avec la plus belle femme du monde, parce que ses yeux sont posés au creux de mes yeux, parce que son coeur bat au creux de mon coeur, parce que son sourire se dépose sur mes lèvres. Parce que ton sourire est au bord de mes lèvres.

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31 décembre 2014 3 31 /12 /décembre /2014 06:57
Un sourire (esquisse)

Il faudrait décrire, chaque mot pour chaque seconde, il faut décrire, chaque mot pour chaque seconde auprès d'elle, il faudrait écrire, un mot pour chaque seconde, un mot pour chaque seconde auprès d'elle, un mot pour décrire chacune des secondes auprès d'elle, il faudrait décrire, il faudrait écrire, ce que je lui dois, ce que je suis, ce que je suis avec elle, ce que je suis, il faudrait écrire, il faudrait décrire, comme chaque seconde auprès d'elle, comme chaque seconde avec elle, il faudrait écrire, il faudrait décrire. Comme chaque seconde, comme chaque minute, comme chaque heure, comme chaque jour, comme chaque semaine, comme chaque mois, comme chaque instant. Il faut décrire et je ne le peux pas, il faut décrire et je ne le sais pas. Il faudrait décrire. Il faudrait écrire et encore écrire et encore écrire, il faudrait décrire et encore décrire et encore décrire, il faudrait que chaque mot exprime mon amour, il faudrait que chaque mot exprime mon amour, il faudrait que chaque mot exprime l'amour, il faudrait tout cela je crois bien et même le reste et même tout le reste et même encore plus. Il faudrait écrire, redire les traits, les traits parfaits, il faudrait écrire, redire la parole, la parole parfaite, il faudrait écrire, redire le sourire, le sourire parfait. Ton sourire parfait.

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30 décembre 2014 2 30 /12 /décembre /2014 18:37
Dévie circule

Je reste a Moscou je me dis après une comparaison incongrue entre les deux livres qui se succèdent devant mes yeux. C'est un peu après la nuit, un peu avant l'aube, c'est un peu après que j'ai regardé la plus belle femme du monde ne pas dormir. Un peu après la nuit, un peu avant l'aube, alors que j'ai ouvert les yeux, un peu après la nuit, un peu avant l'aube, après que j'ai bu mon café, un peu après la nuit, un peu avant l'aube, alors que je suis sorti dans le froid funèbre du matin bellevillois sans croiser âme qui vive. J'ai regardé le sommeil agité de la plus belle femme du monde et je lui ai dis d'arrêter de s'en faire pour moi pour que je ne m'en fasse pas pour elle, j'ai regardé le sommeil de la plus belle femme du monde et je lui ai dis de ne pas s’inquiéter pour moi afin que je ne m'inquiète pas pour elle. Dans le bus des ratés, de ceux qui se lèvent avant l'aube ou après la nuit, de ceux qui prennent leur bus avant sept heures, un peu après la nuit mais un peu avant l'aube, dans le bus de ceux qui travaillent entre noël sacré et jour de l'an sacré, dans le bus des ratés alors que mes yeux et mon esprit lisaient, je me suis dis que je ne sortais pas de Moscou. Et puis j'ai souri tellement la comparaison pouvait sembler incongrue entre le moscou guerre froide de littell et le moscou déjanté de hilsenrath. Le chauffeur de bus tout heureux de conduire un bus vide, le chauffeur tout heureux de déchirer la nuit vide et de descendre ménilmontant a toute berzingue, le chauffeur de bus semblait ne plus jamais vouloir s'arrêter jusqu’à hôtel de ville. J'ai traversé la place ou la patinoire trônait dans un sommeil de glace, c'était encore la nuit même si ce n'était plus la nuit, c'était même pas l'aube même si c'était déjà le matin, j'ai traversé le pont au-dessus de la seine et j'ai espéré que la plus belle femme du monde ne s'inquiète pas pour moi. Parce qu'il n'y a pas de quoi. J'ai espéré que tu ne t'inquiète pas pour moi. Parce qu'il n'y a pas de quoi. Vraiment pas de quoi.

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28 décembre 2014 7 28 /12 /décembre /2014 10:51
Le sol en béton

Tu poses un genou a terre. Le terrain est si dur que ton genou ne s'enfonce pas d'un millimètre. Ce genou qui dans quelques semaines, quelques mois, te lâchera, ce genou qui dans quelques mois t'abandonnera, ce genou qui ne voudra plus continuer, plus de souffrances, plus d'efforts. Un lit d'hôpital comme sanctuaire. Tu poses un genou a terre et tu regarde la terre pelée et givre. Le terrain est si dur dans cette banlieue balayé par un vent glacial que même les crampons ne s'enfoncent pas dans le sol. Momo me tend la main pour m'aider a me relever, et on se dirige la tête basse vers le cercle des joueurs. A cette époque on ne rentre pas au vestiaire a la mi-temps, on fait un petit cercle pour bouffer un quartier d'orange et on reprend le match. Je vois l'entraîneur qui est déjà au milieu du cercle avec un air pas commode, et je sais que je vais me faire fracasser. Dis rien je murmure a Momo, car je sais qu'il peut ramener sa fraise et qu'il sera purement et simplement remplacé. Dans le rugby, on peut rien dire, vous haussez le sourcil vous reculez de dix mètres, vous regardez mal l'arbitre, vous reculez de dix mètres, vous dites un mot vous reculez de dix mètres, vous vous plaignez, la pénalité qui était pour vous est contre vous. Le rugby c'est pire que l'armée. Un joueur dit dans le vestiaire avant le match, je veux pas jouer neuf je veux jouer quinze, l'entraîneur lui dit de se rhabiller et de rentrer chez lui. Le rugby c'est la corée du nord niveau démocratie. Je m'assois dans le cercle avec momo et l'entraîneur me pilonne avant même que mon cul de rouquemoutte touche la terre en béton armée. Merci de nous rejoindre drink, merci vraiment, tu es capitaine c'est bien de montrer l'exemple et d'arriver une plombe après tout le monde. Tu es capitaine ? il demande. J'aspire mon quartier d'orange. Oh drink je te pose une putain de simple question, tu es capitaine ? Au moment ou je vais répondre, après avoir pesé le pour et le contre, il sort tous ses missiles sol air pour ma pomme. Mais non drink tu n'es pas capitaine puisqu'il n'y a pas d'équipe. Tu n'es pas capitaine, puisque je n'ai vu aucune combinaison en touche, je n'ai vu aucune combinaison en mêlée, je n'ai pas vu que vous étiez sur le terrain. Il y aurait quinze remplaçants, je vous renverrais tous au vestiaire et vous rentreriez tous a pied chez vous. J'évite de le regarder, mes yeux fixent mes chaussures, j'évite de le regarder je ne veux pas hausser les sourcils ou un truc de ce genre. Drink tu es capitaine ? Mais tu es capitaine de quoi ? Du titanic ? Le treize qui est un connard fini s'esclaffe. Lejeune au vestiaire dit l'entraîneur en le fixant furibard, besnier tu le remplaces. Les remplaçants sont tellement gelés sur le bord du terrain qu'ils sont content de rentrer. Drink tu donnes le brassard a momo. Je ne comprends pas s'il me remplace ou si je perds juste le capitanat. Je sais même pas si c'est possible de ne plus être capitaine et de rester sur le terrain. Non lâche momo. Tout les visages se crispent sur Momo, alors que j'enlève le brassard et que je lui tends, il reste immobile. Quoi ? demande l'entraîneur. Non, dit momo, c'est drink le capitaine, c'est drink mon capitaine, je joue avec lui depuis cinq ans et c'est mon capitaine. Je refuse le brassard. Mais je sors j'interviens, tu me remplace comme capitaine. Non je te remplace pas comme joueur, je te remplace comme capitaine drink hurle l'entraîneur alors que je regarde l'entraîneur des avants qui semble au bord de l'explosion de rire et des sanglots dans le même mouvement. Momo, dit l'entraîneur, tu es demi de mêlée, tu as le poste rêvé pour être capitaine, drink est à coté de ses pompes aujourd'hui, pas comme joueur mais comme capitaine. Il ne vous dirige pas, il ne vous secoue pas, il ne vous engueule pas. Il regarde votre médiocrité et s'aligne. C'est un capitaine d'une équipe de majorettes pas d'une équipe de rugby. Je connais momo il ne va pas lâcher l'affaire. Je connais l'entraîneur il ne va pas lâcher l'affaire non plus. Je ne remplace pas drink comme capitaine dit momo, je ne peux pas accepter. Putain c'est beau je vais chialer dit l'entraîneur d'un ton mielleux. Et puis son visage devient tout route. Et il hurle. Drink, momo, vous pouvez aller vous rhabiller et rentrer chez vous, allez donc vous bécotez dans les vestiaires puisque vous êtes si unis, j'en ai par dessus la tête de vos états d'âme, si c'est pour vous comporter de la sorte vous pouvez rester chez vous pour le prochain entraînement. Il faut que vous arrêtiez de vous croire indispensable. On se lève comme un seul homme avec momo. Alors qu'on retourne vers les vestiaires, il s'excuse car a cause de lui je ne jouerais pas la seconde mi-temps. Je hausse les épaules. Tu aurais du accepter je dis, il a raison. C'est pas un problème de raison, dit momo, tu es le capitaine, tu restes le capitaine. Je ne prendrais pas ta place. La semaine suivante, on sera convoqué et on sera banni de l'entraînement pendant une semaine. On nous donnera des balais et des serpillières pour nettoyer les vestiaires. Momo abandonnera le rugby peu après ma blessure, sans que je comprenne trop pourquoi. Il était bien plus doué que moi mais il abandonnera. Trop sentimental sans doute. Je me souviens que j'ai appris sa mort un matin d'hiver, le même genre de jour qu’aujourd’hui, le même froid et le même soleil, sa soeur m'a dit au téléphone que son casque n'avait pas suffit a le sauver de sa chute de moto.Je me souviens qu'il faisait froid et soleil comme aujourd'hui. Et sa soeur m'a dit au téléphone que momo était mort. Elle a sangloté et m'a dit que momo était mort.

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27 décembre 2014 6 27 /12 /décembre /2014 09:18
Des jours divers

Je retiens mon souffle alors qu'il est presque midi, ou un peu plus. Je retiens mon souffle pour entendre le sien dans le téléphone. Il fait froid mais je n'ai pas froid. Il fait froid mais je n'ai pas froid. J'ai mes mitaines mais je n'ai pas froid. J'ai un camionneur mais je n'ai pas froid. J'ai un autre camionneur mais je n'ai pas froid. J'ai ma veste en cuir très chaude et je n'ai pas froid. Je téléphone a midi trois et je retiens mon souffle. Je téléphone a midi trois et je retiens mon souffle pour entendre le sien. Je téléphone a midi trois et je retiens mon souffle pour entendre le sien. Il fait très froid ce jour là mais je n'ai pas froid. Je sais que c'est un vendredi. Je sais que c'est un vendredi et je n'ai pas froid. Je suis accoudé en haut des escaliers sur la place. Je reste une heure collé contre une barrière alors que les voitures passent et repassent rue des écoles. Je reste une heure collé contre une barrière alors que les piétons passent et repassent. Je reste une heure collé contre une barrière alors que j'entends un souffle dans le téléphone. Je reste une heure et je n'ai pas froid. Je n'ai pas froid même s'il fait si froid, je n'ai pas froid, et j'entends un souffle dans le téléphone. J'entends un souffle dans le téléphone qui chaque jour me fait vivre depuis ce jour là. J'entends un souffle et je n'ai pas froid. Je me souviens il est midi trois. Il est midi trois et je suis en haut des escaliers a un jet de pas des bernardins, a un jet de pas de la mutualité, je suis sur la place givre au début de la rue des écoles. Je suis en face du desperado et il fait très froid. Il fait très froid mais je n'ai pas froid. Et je téléphone a midi trois. Il y a de cela trente cinq mois. Je téléphone a midi trois. Et j'entends ce souffle dans le téléphone. J'entends ce souffle et je n'ai pas froid. J'entends ce souffle et je n'ai pas plus jamais froid. J'entends ce souffle et je n'aurais plus jamais froid. J'entends ce souffle qui me réveille chaque matin, j'entends ce souffle qui me dit bonne nuit chaque soir, j'entends ce souffle qui me regarde dormir, j'entends ce souffle qui écoute mon cœur chaque jour, j'entends ce souffle qui me fait me lever chaque jour, j'entends ce souffle qui me donne envie d'être vivant, j'entends ce souffle ce jour la un vendredi a midi trois. J'entends ce souffle et il ne me quitte pas. Tu ne me quittes pas. Tu ne me quittes pas.

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26 décembre 2014 5 26 /12 /décembre /2014 20:23
Le gris du ciel

Je passe la journée dans un tunnel sous les bombes pour finir la dixième et dernière qui semble ne jamais devoir se terminer. J'entends les bombes tomber, j'entends le bruit des ruines, je devine les bombes qui tombent, j'essaie de sortir du tunnel, j'essaie de me faufiler, je passe la journée a tenter de sortir du tunnel, la journée se déroule alors que j'essaie de sortir du tunnel. Je lis ce livre sur kas product, je me souviens comme au début des années quatre vingt nous étions tous amoureux de mona soyoc. Le livre est une purge absolue, il est mal écrit, il n'a aucun intérêt, il n'est même pas édité vu qu'il y a pleins de fautes sur des prénoms et des noms. Je ne pense pas toujours que je suis un génie de la littérature mais je peux vous assurer que j'écris dix fois mieux que le clown qui a signé le livre sur kas product. C'est toujours pareil non, les gars ne bossent pas assez. C'est comme les films, les gars ne bossent pas assez. C'est comme plein de trucs dans l'art, les gars ne bossent pas assez. C'est tout le problème quand tu vis de ton art, tu ne bosses pas assez, tu dois en vivre et tu ne bosses pas assez. Je décompte les heures jusqu'au jour de ma naissance, jusqu'au jour de ma renaissance, je décompte les heures pour atteindre trente cinq. Il n'en manque plus que quelque unes pour atteindre trente cinq. Je reste dans le tunnel et j'écoute des vieux trucs que je n'ai pas écouté depuis longtemps, des disques qui ont plus de vingt ans et qui pètent toujours autant, j'écoute drive blind et ce chef d'oeuvre intemporel qu'est be a vegetable, j'écoute les portobello bones et j'écoute les thugs. Je pourrais peut-être écouter kas product, mais je n'ai pas de cédés d'eux. J'ai du les avoir en vinyl, j'ai dû les acheter a new rose à l'époque ou peut-être chez gilda, je ne crois pas que le silence de la rue existait. Ancien combattant. Un concert parisien dans le squat de la rue des cascades déjà. Ancien combattant. Je passe la journée sous un tunnel, alors que j'entends la pluie de bombes, alors que j'essaie de sortir, alors je sais que je ne pourrais pas sortir, je reste enfermé dans le tunnel. Je recompte les heures, je décompte les heures, et je reste dans ce tunnel. Il reste quelques heures avant trente cinq, il reste quelques heures. Mais les jours s'ajoutent aux jours, mais les semaines s'ajoutent aux semaines, mais les mois s'ajoutent aux mois. Je dépose ma vie au milieu du gris du ciel, et j'attends que le fantôme viennent réanimer mon cœur. Et j'attends que le fantôme revienne. J'attends que tu reviennes.

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