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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 16:51

http://www.soundonsight.org/wp-content/uploads/2012/01/They-Live-By-Night.jpg

 

Après la naissance de ma fille, j'avais caressé l'idée d'acheter un fusil pour décourager tout éventuel prétendant qui se pointerait chez nous d'ici à une quinzaine d'années. Mais ce jour-là, alors que j'écoutais ces gamines en imaginant Gabby s'exprimer un jour comme elles, débiter les mêmes banalités avec le même vocabulaire limité, je me suis demandé si je ne ferais pas mieux de l'acheter tout de suite pour me griller la cervelle. Nous avions derrière nous à peu près cinq mille ans de civilisation, vingt siècles au moins s'étaient écoulés depuis la création de la bibliothèque d’Alexandrie et une bonne centaine d'années depuis l'invention de l'avion, nous disposions aujourd'hui d'ordinateurs de poche permettant d'accéder à toutes les richesses intellectuelles du globe, mais, à en juger par la conversation des filles réunies dans cette pièce, la seule avancée que nous avions faite depuis l'invention du feu, c'était la transformation de «quoi» et «trop» en mots fourre-tout servant aussi bien de verbe que de nom ou d'article, voire de phrase entière au besoin.

 

                                                   Dennis LEHANE

 

 

 

 


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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 12:14

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Au fond ça ne sert à rien de changer. Les autres te voient comme au premier jour. Moi le premier. Je pourrais arrêter de boire pendant dix ans, je serais toujours un alcoolique. Au fond je pense que je pourrais arrêter de boire jusqu'a ma mort je mourrais alcoolique. Je pourrais dire la vérité jusqu'a ma mort, je serais toujours un menteur. Chacun a un rôle dans la vie et rien ne pourra le faire déroger. Je pense à l'autre con. Il peut dire et faire n'importe quoi, tout le monde s'en fout puisqu'il plane. L'intérêt d'être à l'ouest quand on intéresse personne. Ca doit être bien dans un sens et chiant dans un autre. Tu peux toujours détruire la vie des autres en attendant. En fait c'est cela la vie légume. Tu remplis le rôle pour lequel tu es assigné a existence. C'est comme les gens qui t'engueulent qui te disent putain arrête de picoler, le bordel que tu as foutu dans ma soirée sous contrôle. Et ce sont les mêmes qui te prennent la tête toute la soirée quand tu ne bois pas, les mêmes pénibles. Au fond, il ne sert à rien de vouloir parler aux gens, de vouloir les contrarier ou les encourager. On reste seul avec soi. On est comme ce putain de légume dans le jardin, à la place ou l'on doit-être, remplissant l'office que l'on doit remplir. On peut gagner des guerres ou abdiquer, tout est comme avant, tout est comme après. La vie est en place. On voudrait dynamiter tout cela, on voudrait juste ne pas toujours jouer le même rôle mais les chemins de traverse ramènent tous à la route du nulle part. Des gens tiennent des clébards en laisse pour se donner une contenance. D'autres s'invitent des vies qu'ils ne peuvent remplir. Les gens n'ont pas envie de rêver je crois bien. Ils veulent que tout soit à sa place, que tu sois à ta place. C'est pour ça qu'il faut partir. Par ne pas occuper la case qu'ils t'ont assigné. Juste pour ça qu'il faut disparaître. Vivre c'est contrarier les autres. Ne sois plus toi. Ne sois pas moi. Reste comme ça. Loin de tout ça.

 

 

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6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 12:48

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Personne ne m'arrêtera puisque je ne vais nulle part. Il chante en boucle et je rechante en boucle dans mon appartement froid ou je fais la vaisselle pour me réchauffer les mains. Je vacille de corps en corps, je m'égare d'âme en âme, un peu toujours à la limite de l'érosion. Du bord de l'érosion de la vie. Je bifurque sur la crête de sentiments que je ne maîtrise plus, tout le monde croit que je suis un petit malin mais non en fait, juste un ado arriéré, je n'ai pas vraiment eu d'adolescence, ni d'enfance. Alors je les revis maintenant. Pendant que les autres se demandent c'est comment qu'on freine moi je me demande comment on accélère, comment on dérive encore un peu plus. Vers le triangle des bermudes. J'essaie d'aller toujours un peu plus loin même si je n'ai pas pied, surtout si je n'ai pas pied. Comme un égaré au milieu de l'océan. Je ne sais plus vraiment ou je vais donc je continue de foncer. C'est la litanie des errements, je suis comme qui dirait un évadé en sursis, prisonnier de mon propre moi. Je n'ai jamais su ce qu'était le métier de vivre et la lecture de pavese ne m'a pas vraiment éclairé. J'ai l'allégorie du tourment. J'ai la vanité des noyés. Je suis ce type qui nage de plus en plus loin du rivage, je regarde ces gens qui me font des grands signes et me disent de rentrer. J'attends que la tempête se lève. Loin de la cuite, je m'attends a tout. Loin de la cuite, je n'attends plus rien. Des heures sans tempête, sans hurlements, sans jours qui se fracassent sur ta gueule, sans nuits que te cisaillent le cerveau. Je suis loin de tout. Je suis loin de moi. Si tu me retrouve rapporte-moi. Ca pourrait m'aider de me recoller. Ca pourrait m'aider.  

 

 

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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 00:00

http://blog.slate.fr/projection-publique/files/2010/07/Image-10.jpg

 

La ville n'est pas blanche, pas même recouverte d'une fine particule de givre. Il fait trop froid sans doute, beaucoup trop froid. Je bifurque dans la rue du guigner pour déboucher sur la rue des pyrénées. C'est le début de la journée, je suis un peu euphorique comme souvent le samedi matin, je suis réveillé depuis l'aube, et je goûte au froid ensoleillé. J'ai un peu fui mon appartement qui ne résiste pas vraiment au gel. Je discute un peu avec le marchand de journaux chez lequel il y a tellement de bordel qu'il est obligé de faire de l'escalade pour t'encaisser, je ramène le petit déjeuner chez cette fille que j'aime beaucoup malgré tout. Comme si un lien nous unissait. Ce n'est pas la première, ce n'est pas la dernière. C'est ce que j'aime aussi l'âge venant, les rapports humains sont de plus en plus intense, comme si nous n'avions plus le temps de jouer le rôle du blasé. Je remonte la rue des pyrénées dans l'absolu givre de la vie. La renaissance née de l'absence d'alcools dans mes veines sera de courte durée. Je me sens amoureux du monde entier, ébloui chaque instant par ce que la vie m'offre, ceux que la vie m'offre, par cet amour, cette tendresse, que je reçois. Je sais bien que je ne suis pas digne de tout cela, au fond personne ne l'est, je ne suis que fureur, caprice et jalousie. Je me sens de plus en plus libre. Comme libéré du poids de mon propre destin, comme si désormais, chaque jour de la vie est un jour de vie en plus. Je n'ai pas cru au bonheur, au malheur, a l'amour, a l'amitié, aux sentiments et aux engueulades. J'ai toujours cru que la vie n'était qu'une succession de jour après jour. Comme s'il fallait combler les heures. Repousser la mort. Je ne sais pas si c'est le manque d'alcool ou la folie qui m'a totalement envahi. Mais je n'ai plus envie de cela. J'ai juste envie de voguer et de me laisser aller. J'y pense alors qu'elle me prends dans ses bras, que nous nous embrassons. Je me dis que c'est peut-être la dernière fois, je me dis que la vie ce n'est que des dernières fois. Ou des premières fois. C'est vivre tout ce qu'on ne saura pas. Tout ce qu'on ne sera pas. Ni toi ni moi.

 

 

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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 00:00

http://www.cinemovies.fr/images/data/photos/G10420615517746.jpg

 

J'ai donné des places a mes parents mais ma mère m'a dit je n'irai jamais te voir sur un terrain pour disputer ce sport de brutes et mon père m'a quasiment demandé de changer de nom si par le plus grand des hasards je perçais dans cette voie. Et puis soeur l'américaine qui est soeur l'américaine, mais dont les qualités font ressortir les défauts a moins que ce ne soit l'inverse et que j'aime pour ça. Soeur l'américaine donc à dit moi je prends les places et je vais venir. Je me souviens nous étions dans l'appartement de la rue du jura et nico tellement toujours nico à essayer de vendre mézigue. Vous savez il a dit à mes parents votre fils c'est juste le meilleur talonneur dans sa catégorie d'âge. Il est quand même capitaine, on l'appelle pas drink, on l'appelle capitaine. Mon père a fait un sourire crispé a nico pendant que ma mère lui proposait un jus d'orange. Il ne se rendait pas compte le pauvre nico qu'il tuait mon père sur place. Le fils de prolo qui avait eu son bac quand un pour cent de la population avait son bac, je me souviens, le fils de prolo devenu vaguement intellectuel, on est pro-bourdieusien ou est anti-bourdieusien, voila le style de débat qu'avait mon père avec lui même. Mon père donc, dont le fils voulait devenir joueur professionnel de rugby. Attends je dis a ma mère le trois fèvrier deux mille douze, tu as attendu le quarante sept sur l'avenue d'italie ? oui, elle réponds c'est vrai qu'aujourd'hui il faisait pas chaud chaud, je te l'avoue, on marchait un peu en attendant le bus. Bordel je dis, tu as attendu pendant dix minutes le bus alors qu'il fait moins dix et que tu pourrais prendre un taxi ? Les bras m'en tombent mais je reste pas longtemps calme. Attends bordel je dis tu as quatre vingt ans il fait moins dix et tu ne peux pas demander a quelqu'un de t'accompagner jusqu'a l'hôtel dieu, bordel je dis pas tu as un cancer du poumon tu peux juste demander une putain d'aide. Ma mère s'esclaffe. Mais je peux pas passer ma vie a déranger les autres elle dit. Tu sais c'est pas si loin l'hôtel dieu. Bordel je dis les taches de rousseur m'en retombent mais tu ne peux pas demander qu'on t'emmène. Juste de l'aide. Mais écoute elle me dit, bon le bus c'était pas super de l'attendre pendant dix minutes, mais je te jure j'étais couverte ah je te le dis j'étais couverte. Nico c'est le genre de type qui plaisait a soeur l'américaine, il faut dire que soeur l'américaine est la personne la plus dure que je connaisse, même mon père il a craqué, même soeur krishna elle a pas tenu, soeur l'américaine c'est la personne qui n'ouvrait pas la bouche pendant quinze jours quand elle était contrariée. Son seul défaut, c'est que soeur l'américaine me vénère depuis la naissance. Je peux pas l'en blâmer. Le nico a dit a mon père vous savez moi je vaux rien au rugby, vous imaginez pas monsieur, votre fils il a les clés de tout. Vous vous rendez compte que les toulousains le veulent dans leur équipe, les toulousains monsieur. Et plus le nico s'emballait, plus il me semblait que mon père déclinait. Et je crois qu'il s'en rendait pas compte qu'il tuait mon père a chacune de ces phrases c'est ça qui était chouette. Bordel je dis a ma mère le trois février deux mille douze mais tu ne peux me demander a moi. Bordel maman je lui dis, même moi je trouve qu'il fait froid. Même moi. La spécialité de la famille, ma mère répond à côté, drink elle dit, écoute ils sont d'accord les examens semblent bons, ils disent tous que c'est juste vraiment formidable, écoute ils sont tous d'accord. D'ailleurs ah oui j'ai oublié de te dire, l'infirmière tu sais celle qui a un petit cheveu  sur la langue, elle m'a dit, vous direz bonjour a votre fils, hein, il est tellement sympa votre fils, pas autant que vous. Mais il est sympa. Mais je m'en fous de l'infirmière je lui dis en pensant à cette cinglé qui m'a donné son numéro de portable en me disant alors pour votre mère vous pouvez m'appeler quand vous voulez. Enfin quand je suis de service elle m'a dit. Et vous êtes de service quand je lui dis. Ben appellez moi pour le savoir elle répond. En mode kafka la blouse blanche. Oui enchaîne ma mère, tu sais tout l'hôpital est venu, ils ont tous regardé ils ont rien vu. Même la médecin que tu n'aimes pas, elle a dit je ne vois rien. En sortant de chez mes parents entre la rue du jura et la rue pirandello le nico m'a dit je crois que j'ai bien plu a tes parents. Tu en as sans doute fais un peu trop je lui ai dit. Bordel drink il m'a dit, mais ton père il se rend pas compte, bordel tu es une tuerie sur le terrain, j'ai jamais vu un mec avec ton charisme. Ta soeur elle se rend compte. Une fille bien ta soeur. Une fille dure hein, mais je crois que toute ta famille est dure. Enfin je comprends mieux. Les chiens ne font pas des chats, il souligne. Et t'es reparti comment je dis a ma mère, tu as pris un taxi pour rentrer. Ah non elle a dit, je suis descendu de l'hôpital, j'ai attendu le bus. Bordel je lui dis, mais tu sais que j'ai what mille jours a récupérer tu ne peux pas me demander de prendre ma journée pour t'emmener et te ramener. Ah non drink elle dit, tu en fais toujours trop, tu louerais une voiture, je ne veux pas te déranger. Nico me dit en attendant le quatre vingt onze sur le boulevard saint marcel, tu es trop dur avec les autres drink, le rugby c'est pas si important. Dans quelques mois, je découvrirais l'hôpital et la littérature. Tu sais dit nico les autres ne t'aiment pas. Ma mère me dit, je peux me débrouiller toute seule. . J'en reste interdit au téléphone. La vie m'en mêle je me dis. La vie m'emmêle.

 

 

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3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 18:16

http://3.bp.blogspot.com/_q8PKRJS_Dsk/TB6XZNUyj8I/AAAAAAAAACA/xICBZChQOys/s1600/a_bout_de_souffle1.jpg

 

J'ai quarante quatre ans. J'ai l'impression que j'ai eu 20 ans avant-hier et peut-être 30 ans hier. Toute ma vie je me suis vautré dans le moment, dans l'alcool, dans les femmes, dans la facilité, dans la déconcertante connerie de l'instant. Il ne reste pas grand-chose de toutes ces lignes lues, de toutes ces images revues, de toutes ces émotions broyées dans un mixer à souvenir. Tu es une rock star elle me dit. Une autre m'explique que je ne suis pas dans la vraie vie. Tu m'étonnes, j'ai toujours pensé que je tournais dans un film, qu'un jour un type sortirait du cadre pour me dire tout ça c'était du cinéma. Collègue jolie vient me voir en m'expliquant que collègue du dessus est venue lui demander si j'étais vraiment sympa ou incroyablement cinglé. Les deux elle dit qu'elle a répondu, les deux. Je marche dans le givre de la ville, c'est juste un moment incroyable. J'aime le froid et le soleil, j'aime ces gens, j'aime cette vie qui se fige comme si tout allait rester ainsi à l'arrêt. J'aimerais que plus rien ne me quitte, les morts, les vivants, les plaisirs, les tourments, les senteurs moites, les odeurs du soir, la vie en noir, les villes, les matins pour croire. Je me désarçonne encore un peu pour être sur de ne plus tenir debout. J'ai quarante quatre ans, je vis au jour le jour, au jour les jours, jour après jour après jour, je défaits des âmes, je dénies la vie, je façonne le vide, je déverse mes tourments. J'erre dans la ville glacée, j'ai envie de boire des vies et de vomir des âmes, j'ai envie de continuer ce chemin de déroute, j'aimerais détendre l'ivresse, déteindre les nuits, ne plus craindre la vie. J'ai trente quatre ans, j'ai vingt quatre ans, j'ai quatorze ans, j'ai quatre ans. Je suis cet enfant qui ouvre les yeux et qui se meut dans le vide. Je lève mes petits poings de lait, je rêve ma vie en déroute. J'ai quarante quatre ans, on dirait qu'il va neiger au dehors, que le froid viendra me cueillir comme un boxeur fatigué. On dirait qu'il va neiger, on dirait qu'il va vivre. Je n'ai plus le temps d'attendre, j'ai tout mon temps pour vivre, j'ai juste l'illusion du rêve. Il ne me quittera pas.

 

 

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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 21:31

http://img.poptower.com/pic-37642/tilda-swinton.jpg?d=600

 

Elle m’a expliqué comment l’alcool devient aisément une gourmandise culturelle, et comment sans effort et consommé avec excès il devient très vite une cachette culturelle. La plupart d’entre nous, ne disposant d’aucun lieu réel où nous cacher, la gnôle remplit admirablement cet office.

 

 

                                                                                                                    Jim HARRISON

 

 


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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 19:33

http://a402.idata.over-blog.com/600x328/3/01/25/75/AAAAAAA-WESTERN-45/HISTORY-VIOLENCE--3-.jpg 

 

J'alterne. Entre maussade et dépité, entre tornade et fracassé. Je rentre dans le rade et le vieux en semble déjà tout enjoué, il ricane et redouble de ricanements quand je commande un perrier et un peu moins quand je dis un picon pour l'ancêtre. Le serveur me sourit. ce qui me semble totalement incongru. Alors c'est vrai ce qu'on raconte dis le vieux, c'est vrai. Parait que vous ne buvez pus et que vous devenez fou. Je me demande s'il faut y voir la cause et l'effet. Ou les faits de la cause. Bordel ta gueule tu vas la fermer je pense mais pas tant que ça je suis content de le voir descendre son verre. Même si j'en peux plus des alcooliques, c'est pas l'alcool qui fatigue c'est les poivrots. La fille couleur sable me dit tu devrais faire attention à qui tu te confies et ce que tu confies. Il parait dit le vieux qu'on vous voit en bord de mer en train d'écouter le bruit des coquillages. Il parait que vous écoutez le bruit des sirènes. Il parait que vous devenez fou. Il parait que tu me les casses je lui dis. Il parait que je ne vais pas t'offrir une seconde biere. Il rigole. Vous en dites quoi. J'en dis rien mon pote, je suis en train de m'ensevelir, tu peux comprendre cela ? Il hausse les épaules. Tu crois quoi, vous croyez quoi, tous, que la situation me fait rire. Je m'accroche a des chimères, je me paluche la réalité, je me verse de l'essence pure dans la gorge tous les matins. Du goudron et des plumes. Et puis vous en faites jamais trop il hausse les épaules. Je suis un pauvre type, lâche et présomptueux. Je me crois le plus malin. Je me prends pour une réalité. Mais je ne suis qu'une illusion. Encore un autre garçon dit la fille cheveux courts, servez moi un pastis, encore un autre garçon, elle répète, l'année commence bien. Elle me fait un clin d'oeil. Même si c'est toi le meilleur beau rouquin. Le vieux ricane. Le serveur me dit vous allez pas ramener toutes les cinglées que vous connaissez dans mon bar. La fille à la coupe de bird entre à son tour, un ricard elle dit. Et puis elle se met à pleurer sur le zinc. Le vieux ricane toujours. Me demandez pas de me la fermer il me dit, j'attends ce moment depuis si longtemps. Et last but not least. Non. J'ai crû qu'une autre allait rentrer dans le bar, mais elle m'a dit je disparais. Le garçon aux dents pourris vient chercher la fille aux cheveux couleur sable, il demande à la fille aux cheveux courts si elle veut venir aussi. Il ne me salue pas. Je vois le garçon tout le temps bourré qui danse au-dehors en me faisant force clin d'oeil. La fille a coupe de bird commande un second ricard. Le vieux ricane. C'est ce que tu voulais non elle me demande en me regardant dans les yeux. Ca va pas aller mieux vous, ricane le vieux. Verse lui de la bière jusqu'a ce qu'il se noie je dis au serveur. Tu le fais exprès ou t'es complétement cinglé me répond ce dernier. Je hausse les sourcils. La fantôme aussi va disparaître. Je sors dans l'air du dehors. Je les vois au loin qui chantent sur le chemin de chez le garçon aux dents pourris. La fille à la coupe de bird me dit même moi je peux plus supporter ça. Elle part les mains dans les poches en sanglotant de l'esprit. Je reste le regard dans le vague. La monnaie de ma pièce je me dis. Sans doute. Le fantôme s'est évaporé. Tout doit disparaître. Tout va disparaître.

 

 

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 06:14

http://1.bp.blogspot.com/_9Ah69a4ImCA/SwNvdqKRy6I/AAAAAAAAA3E/CjUV5L57gU4/s1600/limelight.jpg

 

Nous n'avons sans doute pas la même vision de l'alcoolisme. Nous n'avons pas la même vision tout court. En même temps, quand tu vois la mienne de vision, tu te dis que c'est plus prudent de ne pas avoir la même. J'ai jamais vu l'alcoolisme comme un systématisme. Je me souviens de cette fille avec laquelle je sortais, enfin avec laquelle j'ai couché quelques fois, nantes années 80, je ne sais même plus comment elle s'appelait, cette fille ramassait les verres en fin de soirée et ne les vidait pas dans l'évier mais les mettait au frigo pour ne pas gâcher. Ces fonds de verres qu'elle buvait au petit matin. Je n'ai jamais eu cette vision là, du systématisme de la cuite, de chaque jour au réveil, de chaque matin première idée. Je ne dis pas que j'ai raison ou que j'ai tort, je ne dis pas que c'est la vérité. Je me suis toujours considéré comme un alcoolique. Non pas car je buvais chaque jour. Mais parce que je rebuvais toujours. A toulouse, je n'ai pas bu pendant plusieurs mois. Mais c'était un effort, il fallait faire attention, c'était une pensée quotidienne. Ne pas boire. Et j'étais toujours alcoolique. L'alcoolisme ce n'est pas que ces gens qui s'arsouillent des journées entières au zinc des cafés, ces gens chez qui l'alcool remplace tout, la littérature, les autres, la musique, le cinéma et que sais je encore. Je n'ai jamais été vivant, jamais tu entends bien. Et encore moins quand je picole. Et encore moins quand je rigole. Je n'ai jamais vu l'alcoolisme comme un passe-temps, un art de vivre, ou une performance de haut-vol. C'est comme le reste, c'est une fuite. Mais comme ne pas boire est une fuite. L'alcool à toujours été mon somnifère. Alors maintenant, que je suis sur le bord de la route, je tends mon pouce en l'air. Parfois j'aimerais que quelqu'un m'emmène pour vivre quelques émotions. Parfois j'aimerais mieux ne pas. Parfois. Et sans doute je ne sais pas. Je ne sais plus.

 

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 18:00

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Tu ne crois pas qu'il serait temps d'arrêter ton petit manège mon bonhomme. Bordel tu ne veux pas laisser les gens peinards, les filles tranquilles, tu ne veux que ça cesse ce fleuve de douleurs, cette infusion de hurlements et de haine. Tu veux inoculer de la poudre d'une jalousie tellement pure qu'elle va en devenir mortelle. Tu veux sniffer quoi, de l'émotion factice ? C'est presque admirable cette manière balourde et totalement incohérente de se fracasser le crâne contre des murs de métal. Même plus besoin de boire mon con, tu es tout le temps ivre. Tu aspire l'air glaçé, remplit tes poumons de particules de givre. C'est quoi que tu recherches, personne ne peut t'aimer, tu n'es pas aimable, alors tu crées juste le manque. Comme une sorte de présence par l'absence. La vie épars. Tu n'aimes pas les gens mais tu veux qu'ils te regrettent, qu'ils vivent dans l'illusion de ton souvenir. Tu n'es qu'un escroc mégalo, un mytho facile dans le drame. Tu manies l'élegance et les bons sentiments comme d'autres vacillent de désillusions. Ce ne sont pas les autres le problème. C'est toi. Tu ne crois pas qu'il serait temps de laisser les gens vivre, ne plus les détruire, et les laisser se tromper, aimer ou mourir. Tu ne dois pas t'aligner sur la vie des autres. Ne les oublie pas mais ne pense pas pour eux. Et puis tu sais, ne fais pas boire des breuvages factices. Les autres ont des vies. Ils ne sont pas dans le virtuel. Leur vie n'est pas un jeu. Ils ne sont pas sur une scène de théatre. Ils ne sont de la littérature. Il ne font pas comme toi de la littérature pour ne pas vivre. N'oublie pas que tu vas partir. Ne berce pas d'illusions factices des âmes un peu fragiles. Laisse la vie des autres. Laisse leur vie aux autres.

 

 

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