Tu ne sais pas décrire la bouillie d'émotions qui t'assaillent, tu ne sais pas le faire. Tu es tellement épuisé que tu décides de bouder au politburo. Collègue gothique te dit bordel tu ne vas
pas bouder pas toi. Merde. Collègue gothique te dis tu sais t'es un personnage de lynch tu sais, bordel mon copain est jaloux tellement je parle de toi, il dit mais c'est quoi ce mec dont
vous êtes toutes un peu amoureuse. Je bouge toujours. Amoureuse non je lui ai répondu, mais tu ne peux pas savoir ce que ça fait du bien j'ai dis à mon copain un type comme ça, il s'en fout de
tout, c'est pas un lunaire, c'est pas un type qui demande quoi que ce soit. Il est juste lui. Alors je boude toujours quand même j'ai une réputation à défendre moi madame mais je lui dis
juste me fais pas trop de compliments, je suis un peu imbu de moi-même. C'est ce que j'ai toujours pensé dis collègue gothique, imbu c'est le mot, mais en même temps t'es tellement pas
crétin sur toi. C'est presque émouvant. Un type parle a un autre type au rez de chaussée dans la rue et dis cette phrase que je n'oublie pas : Ma femme me dit mais roger tu n'as pas de scie sur
toi ? Je me répète cette phrase dans ma tête, alors je ris mais pour des raisons tellement cons que je me dis on va être deux à les comprendre. Peut-être trois. Le type qui ne fait pas la
manche mais qui la fait quand même n'est plus la depuis quelques jours. Quelques jours. Peut-être trois. Je lui décris ma vie de ces derniers jours et à ce moment le gars dont je ne sais pas ce
qu'il pense m'envoit un sms pour me dire j'ai écouté une chanson de renaud qui parle de picon bière et j'ai pensé à toi. Alors j'explose au politburo et je dis à la responsable de la responsable
non mais c'est pas possible vous savez ça ne peut pas continuer comme ça. Elle me dit alors que je lui raconte, bien sur que tu ne te dévalorises pas quand tu me raconte cette histoire. J'en
reste coi. La jolie fille aux cheveux longs a presque les larmes aux yeux. Je ne sais plus de quoi elle parle, des filles jouent du violons à l'intérieur du bar. Je passe voir ma mère qui me dit
je suis fatigué tu sais tellement fatigué. Le médecin qui me dit la semaine prochaine je peux pas cette semaine on verra la semaine prochaine, vous auriez pas tendance a me prendre pour un con ?
C'est de bonne guerre. Je prends la main de ma mère je comprends que j'aurai trois chocs cette année. Trois chocs qui me tueront sur place et avec lesquelles il faudra que je vive. Elle est
tellement inquiète quand elle me dit j'aimerais que ça aille mieux mais tu comprends pas ce qui se passe ? Mon beau Lo qui me demande des conseils alors que je ne suis pas capable de vivre
avec une seule de ces questions. Elle qui me dit tu veux te racheter une conduite alors que non en fait, j'ai envie de racheter rien du tout tu sais, c'est juste, maintenant je ne bois plus alors
je veux aider les autres à vivre. Alors fille un peu naïve du boulot qui vient me dire mais je ne comprends pas, je ne comprends, j'ai dis comme toi hier, j'ai dis comme toi et elle s'en foutait
la grande chef. La main de ma mère dans ma main. Ma mère. Bientôt orphelin je pense. La jolie fille aux cheveux longs qui me dis je me suis dis dans cent ans personne ne se souviendra de moi. Moi
tu sais j'ai envie de lui dire tous mes amis seront morts alors vingt ans après ma mort... Alors au politburo la fille qui ne parle jamais, mais toujours en colère, qui dis non mais bordel vous
ne comprenez pas, vous ne savez pas, lui il est toujours de bonne humeur, lui ne dit jamais rien alors évidemment vous qui chialez dès que votre ôte-agraphe tombe en panne, vous croyez que c'est
quoi votre crédibilité ? Je veux lui dire heu tu veux pas te calmer, non sérieux te mets pas tout le monde à dos pour ma pomme. Ma mère qui me dit, tu sais il faudra apprendre à vivre sans moi,
tu vas réussir. Soeur krishna m'écrit pour me dire ce que je ne lui demande pas. Tout le monde se décide à m'appeler. Je ne me rachète pas de conduite tu sais je veux lui dire. Non vraiment.
Alors fille qui ne parle jamais mais qui n'est jamais de bonne humeur, vous ne comprenez pas, quand lui il parle, quand lui il gueule, vous ne comprenez pas que c'est crédible. Mais tais toi je
lui dis. Ne te mets pas tout le monde à dos. Le type aux cheveux courts me dit tu vas y arriver, je suis sur que tu vas y arriver, et puis la fille aux jumelles me dis si toi tu n'y arrives pas,
je ne veux même pas y penser. Alors je me souviens je suis au métro dugommier et je lui dis je ne vais pas y arriver. J'appelle ma banquière. J'appelle mon médecin. J'appelle des gens que je n'ai
pas appelé depuis quinze ans, ils doivent penser que c'est la fin. Ma mère me dit tu as maigri, l'amie de cousine givrée me dit tu as maigri, amie revenue de londres me dis tu as maigri, mais non
non non je dis la balance ne dis pas ça. L'inverse même. Vous n'êtes jamais épuisé de vouloir le bonheur des autres, alors que vous ne voulez même pas votre bonheur elle me dit. Trois
catastrophes m'attendent cette année je lui dis. Un appel du bout du monde. Je ne sais rien je suis tout, a moins que ce ne soit l'inverse. Tu ne voudrais pas vivre un peu, elle me dit,
rayonner tu pourrais rayonner. Mon beau Lo me demande des conseils alors que je n'ai eu jamais d'enfants. Tu es le seul auquel je peux demander ça il me dit. Je ne vais pas y arriver je dis a
responsable, c'est pas que j'ai pas les capacités. Tu sais, elle me dit, ça reste entre nous, mais tu es le seul, tu es vraiment le seul dont je souhaite le succès. C'est par ce que je suis un
mec je lui dis. Non même pas. Moi je souhaite le succès de tout le monde. Si je suis sur que tout le monde réussit sauf moi je lui dis, je serai heureux. Tu sais elle me dit, tu sais ce qui me
rends pas heureuse. C'est que je te sais sincère. Et moi je me demande si je ne souhaite pas l'inverse. Je sors de chez ma mère j'ai envie de pleurer, bordel elle dort je dis a soeur
l'américaine, elle dort tout le temps. Préserve toi dis soeur l'américaine, tu veux pas un peu te préserver. Qu'est ce qu 'il me reste je dis. Mais me dis soeur l'américaine , tu ne comprends que
notre mère est en train de mourir ? Tu le sais bordel. Elle me dit tu sais et puis sa voix se brise, on aurait pas du pour papa, te laisser seul avec lui, merde ces nuits ou seul toi tu pouvais
supporter ça, l'agonie, bordel tu t'en es jamais remis. Non je lui dis. Je sais que maman va mourir je lui dis. On ne te laisse pas tomber tu sais elle dit. Je sais je réponds. Je t'aime.
Ma soeur me dit je t'aime. Soeur krishna me dit, tu sais tu es la personne la plus importante de mon existence. J'aimerais disparaître je lui dis. Mais pas tant que ça. J'aimerais sortir vivant,
des trois catastrophes qui m'attendent. Vous en faites toujours trop. Soeur l'américaine me dit tu vas faire attention à toi hein. Ouais je lui dis je m'occupe de moi. Juste moi. Mais après
tout ça. Oui je ne vois que moi et j'en fais toujours trop. Alors j'imagine quand tout sera fini. Ma mère, toi, le politburo. Et dans cet ordre encore. Cet ordre défini. Cette vie indéfinie. Il
me restera quoi. Dis-moi...Dis moi ce qu'il me restera ?