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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 19:22

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Parler avec les morts. Une nuit épicée pleine de visages lumineux et fragiles. C’est ainsi l’alcool, c’est juste la vie sans la vie, le bonheur de l’ivresse. L’alcool ne me manquera pas, c’est l’ivresse. Ma vie ne sera qu’une fuite au régime sec, un ersatz de douleurs, un léger goût de ténèbres, une larme de souffrance, une voie lactée de bibine. J’aimerais mieux ne pas comme disait l’autre. La présence de l’alcool déforme l’essence de nos propres solitudes. Nous buvons car nous sommes seuls, l’ivresse est un voyage dont on ne revient pas, comme un mirage dans le désert, cet espoir auquel on s’accroche, le radeau de la méduse sur une rivière de cognac. La gorge qui brûle. Nous ne sommes pas une communauté, ça n’existe pas la confrérie des alcoolos, les dépravés de la cuite, tu parles, c’est comme une vision au ralenti. On devine la vitesse normale mais bon, on sait bien que ce ne sera pas possible. Tu sais, nous sommes l’horizon un peu flou, aux contours non définis, tu peux descendre du train de l’alcoolisme. Tu seras toujours seul. Ancien combattant d’une guerre jamais déclarée. Espoir déçu d’une existence impromptue. Tu parles à toi-même, tu échanges des maux vains, des idées usées avec des gens, mais tu ne les écoutes pas. L’alcool est un mode solitaire. Même la bave échangée avec une femelle compréhensive ne t’aide en rien. Même un peu de sperme lâché dans une capote fatiguée, les quelques gémissements à l’aube, le contact des corps, même ça en fait… Ça ne rends que plus aiguë ta solitude de poivrasse. Tu penses aux suicidés, tu ne pourrais jamais faire ça, tu aimes trop l’ivresse, voire, tu t’aimes trop. N’exprimer aucun sentiment, un peu comme le balancement du corps d’un pied sur l’autre sans jamais savoir sur lequel rester. J’ai toujours aimé boire, le mouvement de boire, la gestuelle de la picole, comme si le verre continuait le bras après les doigts, excroissance de mon propre corps. Nous sommes comme les surfeurs en fait, ces types avec leur planche sous le bras, qui jour après jour, recherchent la vague ultime. Et bien c’est cela boire, rechercher l’ivresse ultime. Total collapse. On bouscule le sommet, on bascule vers le sommeil avec ce sourire bienheureux. Et plus le temps passe, plus l’inconnu de la jeunesse trépasse, plus je devine le goût amer de la disgrâce, plus sont rares les ivresses de la cuite. Pour ça que je ne les lâche plus. Pour cela qu'elles reviennent encore un peu en moi, un peu parfois. Même si elle s'éloigne, un peu comme toi. J'entends encore leur voix au fond de moi. A moins que ce ne soit toi.



 

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