Des morsures tu sais comme des traces sur la peau, des morsures tu saisis. Des fêlures tu vois de plus en plus grandes, de plus en
souvent, de plus en plus. Le sol qui craque, bordel le sol peu à peu s’effrite sous mes pas, mes genoux plient je le sais. Je le vois je le sens. Je comprends elle parle, j’entends sa voix, je me
dis elle me parle, la bouteille me parle et me dit attrape moi, arrête de ne pas me boire, arrête de ne pas descendre les verres les uns après les autres, des sourires un peu distants,
indistincts. Je relis ces mots qui font des phrases sur des pages et des pages et je me dis c’est de la merde. Tout mettre à la poubelle, ma vie c’est tout mettre à la poubelle, c’est plus simple
maintenant un petit clic suffit. Des mesures, je voudrais, des mesures, elle dit, des mesures de pastis de whisky des mesures de gin, je ne sais pas, ça s’imprime, des mots qui ne disent rien,
j’enrage de ces phrases qui ne chantent pas, faut du rythme tu sais, c’est pas d’être triste qui est grave, c’est de n’être rien et de s’en rendre compte quand on s’est affirmé si beau. Elle
secoue son visage, ses cheveux s’envolent lourdement reviennent se coller contre son front gluant. Je vais partir tu sais, je veux partir tu dis, il fait trop chaud pour parler, il fait trop
chaud pour dire, il fait trop chaud pour vivre, il fait trop tout simplement. J’attends la pluie, j’attends la nuit, je regarde les autres vivre, ça me suffit, elle tend ces mains ça suffit.
Arrête de virevolter elle dit, reste sur ta chaise sans bouger, sans voir les gens, sans jouer la comédie. Tu n’es pas fait pour la vie ça c’est pas nouveau mais c’est pas si grave. Reste avec
toi, peut-être que tu te comprendras. Reste avec moi, ne m'oublie pas, ne m'abandonne pas, continue de me boire, continue de me descendre, continue s'il te plait. Mais je lui tourne le dos.
J'hésite entre les larmes et le sourire. Mais ça c'est pas nouveau.