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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 19:57

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http://c3.ac-images.myspacecdn.com/images02/37/l_1fdc004ac9104b6094f243882435488e.jpg

Le caissier du franprix de la rue de reuilly dit au type de la sécurité cette phrase un peu définitive, même les indiens te lâchent un jour ou l'autre, même eux te lâchent. Puis il hoche la tête comme pour s'approuver et fait défiler mes achats devand l'oeil électronique et froid de sa caisse.  Le type qui fait la manche est revenu, je l'ai vu hier matin, je me suis demandé combien de temps il tenait dehors avec ce froid. On s'est dit bonjour. Il était 7 heures du matin. Peut-être 8, il neigeait et il faisait nuit. On doit-être pas loin de 45 jours sans picoler, pas loin ou presque, des envies soudaines de sucre, des envies de dessert, des envies de raisins écrasés, maturés, des envies de houblon, des envies de toi, de toi, et aussi de toi et de tous les autres. Les images sur les écrans, les silences dans la radio, les lèvres closes. Mes docks glissent sur les trottoirs gelés, des types klaxonnent dans la rue. Cafés, cafés et cigarettes. J'ai envie de boire mais je n'ai pas envie de cuite. Mais c'est toujours ainsi non j'imagine. Alors pourquoi les ivresses se transforment en biture, pourquoi les sourires se transforment en colère, pourquoi jekyll deviend hyde, pourquoi je me mets à courir comme un dératé dans la rue au lieu d'éxecuter des entrechats. Tu te sens bien dans cet univers clos et froid, tu alignes les longueurs pour apaiser ton corps et ton esprit, tu allonges les bras. L'eau tiède deviend chaude. Tu ne fais plus attention aux corps depuis que tu fréquentes les piscines, tu n'as plus de pudeur, tu n'as plus cette impression de malaise à exposer la carcasse et la bidoche. Tu avales la neige, en marchant, tu dis à un espèce de roquet hirsute qui aboie comme un cinglé dans la rue de bercy en face de la cinémathèque de fermer sa gueule, la jeune fille dit à son fauve de continuer juste pour te faire chier. Alors tu te mets à aboyer à ton tour, tu sens la folie te gagner. Tout à ton nouveau délire des ressemblances, il te revient à l'esprit ce rasta dans une soirée en banlieue dans une coquette maison qui t'avait tendu un bédo en te demandant si t'étais pas le fils de  cohn bendit. Ta mère te répète les paroles de la cancerologue. Votre fils il a une bonne nature ça doit-être bien d'être toujours d'aussi bonne humeur. Tu rigoles.  Tu te demandes comment tu fais pour donner le change tout le temps ainsi. Ta voisine au politburo qui te dit qu'elle va demander une prime pour supporter toutes les horreurs que tu dis à longueur de journée. La mousse de malabar du restaurant de l'avenue jean jaurès ne te convainc pas. C'est le deuxième dessert au malabar que tu goûte en quelques jours et tu te demandes d'ou vient cette mode. Tu n'écris pour personne. Tu es las pour tout le monde.  L'absence d'alcool devrait t'ouvrir au monde, tu as comme l'impression que c'est l'inverse. Faudrait laver tes rideaux pour mieux voir le monde au dehors tu te dis. Ou alors c'est tes yeux. A moins que ce soit toi. Qui sait ?

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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 06:51

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http://s.excessif.com/mmdia/i/37/4/darjeeling-limited-6-3673374halmu_1731.jpg

On se retrouve toujours un peu, toujours quand ça sent le sapin, quand ça sent la fin, on se retrouve au détour d'un regard, un geste sur le bras, des yeux posés sur toi, sur moi. On aimerait que le temps nous lâche un peu, on aimerait juste encore quelques heures, juste pour se regarder encore un peu. Une dernière fois. Je me meus sur le fil en équilibre, je bats un peu des bras, je te regarde encore. Des filles, des garçons, des gens, des lumières dans la ville, de la pluie, de la neige, des routes qui ne se croisent pas, des errances un peu factices, des cigarettes au bout des doigts, du mouvement, des verres et des verres sur le comptoir, des regards de biais, des claques sur les joues des filles. Le souvenir. Nos marches le long de la ligne de la nuit, les stations qui défildent et nos mots qui se croisent. Je n'ai jamais perdu le goût de toi tu sais, je n'ai jamais cru à mon destin c'est vrai, prit en sanwich entre l'immortel et le commandeur, pas de risques que j'espère. Mais j'aurai aimé ça, cette vie du bout des doigts, ces sourires sur nos lèvres, ces mains qui se croisent dans la nuit, ces langues sur peau, cet abandon sans fard. On se retrouvera toujours tu sais, entre les lignes de nos vies, entre nos larmes un peu surfaites, entre nos âmes un peu défaites. Je n'ai pas la sensation du vide, je n'ai pas la sensation de vivre, mais  je sais que tes yeux regardent, je sais que ton coeur te porte. Je sais que tu ris encore et que tu y es arrivé. Ca suffira pour moi. Je serai heureux pour toi. Ca me suffira comme ça.






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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 07:05

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http://www.6neweb.fr/wp-content/uploads/2009/09/a-serious-man-image10-grand-format.jpg

 


Au fil des heures, des jours, des semaines, des saisons, tu te déprends de tout, tu te détaches de tout. Tu découvres, avec presque, parfois, une sorte d’ivresse, que tu es libre, que rien ne te pèse, ne te plait ni te déplaît. Tu trouves, dans cette vie sans usure et sans autre frémissement que ces instants suspendus qui te procurent les cartes ou certains bruits, certains spectacles que tu te donnes, un bonheur presque parfait, fascinant, parfois gonflé d’émotions nouvelles. Tu connais un repos total, tu es, à chaque instant, épargné, protégé. Tu vis dans une bienheureuse parenthèse, dans un vide plein de promesses et dont tu n’attends rien. Tu es invisible, limpide, transparent. Tu n’existes plus : suite des heures, suite des jours, le passage des saisons, l’écoulement du temps, tu survis, sans gaieté et sans tristesse, sans avenir et sans passé, comme ça, simplement, évidemment, comme une goutte d’eau qui perle au robinet d’un poste d’eau sur un palier, comme six chaussettes trempées dans une bassine de matière plastique rose, comme une mouche ou comme une huître, comme une vache, comme un escargot, comme un enfant ou comme un vieillard, comme un rat.

 

                                                       Georges PEREC

 


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7 février 2010 7 07 /02 /février /2010 09:20

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http://www.prevert.org/prevert/prevert40.jpg

Le serveur du café pose le verre de bière devand moi. Sur le zinc. J'ai jeté ma cigarette sur le pavé humide juste avant d'entrer dans le rade. Je regarde la mousse de ma bière, ça fait 35 jours et 35 nuits que je n'ai pas bu la moindre goutte, ça fait 35 jours et 35 nuits que je vis à jeun. C'est sans doute la fin. Quelques heures auparavant, je marche, il fait déja nuit et il pleut. Une sorte de  neige un peu falote qui est devenu une pluie vaguement glacée. J'ai trouvé qu'il faisait un peu froid et j'ai sorti mes mitaines de mon manteau, c'est alors que je me suis rendu compte, que ce n'était pas mes mitaines que j'avais emporté mais une père de chaussettes noires. Un couple se roule des pelles rue du faubourg st antoine, vers le carrefour ou elle croise la rue de chaligny, vers la liberté en fait. Sous un porche le couple. Un autre couple sur le boulevard voltaire, la fille dit d'un air las dit mais tu me considères comme responsable, c'est ça, le type porte des dreadlocks. Enfin assez court en fait, on dirait des bébés dreadlocks. Le verre de bière est posé sur le zinc, je le regarde. Il est si tard, c'est presque le matin, je me dis une petite rien qu'une petite bière avant d'aller dormir. Personne n'en saura rien, ni moi, ni toi, ni tout les autres. La mousse crépite il me semble. Son niveau baisse. Ou alors c'est mes yeux. Il y a un peu de monde dans la rue oberkampf mais on peut marcher. Il y a  une file très longue devant le nouveau casino et je me dis c'est pas possible tout le monde ne vas pas rentrer. J'arrive enfin au petit garage rue jean pierre timbaud. Dès qu'il me voit il me tend sa bière. Il semble bourré. Je me dis je l'ai toujours vu bourré. Je lui dis non je ne bois pas, et il me regarde ahuri. Deux filles se battent un peu plus tard, une histoire de bière bu par erreur, du coup une des filles à dit à l'autre, ah tu veux ma bière ben tiens et elle lui a balancé dans la gueule. Tout le monde regarde les deux filles se battre en rigolant. Je m'interpose vaguement. La fille dont le visage ruisselle de bière me parle un peu dans un sabir de français, d'anglais et d'espagnol. Je me dis je suis le seul type pas bourré dans ce bar, je suis dans la cinquième dimension. Je tends la main vers ma bière posé sur le zinc, je touche le sous-bock et je la déplace un peu. La télé déverse des infos. Le type a côté de moi, un précaire alcoolique comme qui dirait l'autre, cherche dans sa veste élimé quelques pièces. Il les compte. Plus tard, après deux heures, on se réfugie dans ce café du haut de la rue oberkampf qui ne ferme pas, on s'installe a la terrasse, sous la bache en plastique ou l'on peut fumer. Je me sens pas mal. Les gens semblent tous en bout de nuit, tout le monde est bourré, c'est le truc dont je me rends compte depuis que je ne bois plus, tout le monde est bourré en fin de soirée. Un type assez grand, dit je suis ton père à elle et il, en imitant vaguement la voix de dark vador. Elle lui dit ben tiens papa puisque t'es mon père file moi une clope. Le type est plutôt surpris, il dit tu demande même pas s'il te plait. Ben t'es mon père elle rétorque. Il lui file une clope du coup, c'est ce que j'admire chez elle, ce sens de la répartie, cette vivacité de paroles. Je parle du truc des ressemblances, de ce qui m'arrive en ce moment. Alors Dark Vador dit, je vous jure que c'est vrai, c'est arrivé le  6 février vers 3 heures du matin, sous la terrasse en plastique de ce café de la rue oberkampf alors que la pluie nettoyait la nuit. Dark Vador dit oh toi tu ressembles à Bartabas. Elle dit Bartabas ? Mais il est brun ! Moi j'entends mais il est beau. Le type au café à côté de moi sort toute sa monnaie, et commande une bière, ma dernière il dit. J'ai toujours pas touché la mienne, je regarde au-dehors. Il est un peu tard pour l'ivresse je me dis. Ou un peu tôt. On jacte avec des jeunes américaines qui font des études à paris, elles parlent bien français. Elles prennent des photos, après qu'elle est dit que j'étais un vrai parisien, une des filles me demande si mes parents sont nés à paris, oh oui je réponds mêmes mes grands-parents. Voire même mes arrières grand-parents. C'est qui est à moitié vrai à chaque fois. Un vrai parisien, dit l'autre, j'enfile ma casquette pour faire encore plus couleur locale sur les photos, j'ai l'impression d'être un papou du bout du monde qu'on est en train d'immortalisé. On discute, je bois du coca. Une des américaines renverse son verre sur la table, un cocktail, je sens les effluves de rhum caressé à mes narines. Je me sens bien. Toujours au comptoir. Toujours pas bu ma bière. Le type trinque avec mon verre posé, vous êtes sur que vous allez bien il me dit. C'est pas la grande forme je réponds. C'est depuis le décès de rené des musclés, je ne suis plus tout à fait le même. je lui explique alors qu'il me regarde un peu surpris. J'aime bien la soirée qui se termine, on rentre a pied tranquillement, il zigzague un peu sur le boulevard de ménilmontant. Une soirée à jeun c'est pas si désagréable, ce qu'il faut c'est commencer tard, éliminer  les préliminaires de la cuite, les premières caresses de l'alcool, arrivé vers minuit, finir la nuit avec tous ceux qui chavirent. Et puis du coup ça me coûte pas cher de sortir, un ou deux cocas. Même le resto deviend pas trop cher quand tu bois plus de vin. En même temps je sais bien que cette douce euphorie ne durera pas toujours, c'est comme la vie de couple, c'est pas tenable sur le long terme. Mais en attendant la chute je me sens bien. Le type a presque fini sa bière à côté de moi, sans doute sa dernière bière, j'attrappe la mienne que je porte à mes lèvres. Je respire un peu le houblon et puis je la tends au type. J'ai plus soif je lui dis. C'est pour vous. Je sors dehors. C'est pas encore l'aube mais déjà les oiseaux du matin chantent. Ca me parait un beau jour pour dormir.



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5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 21:06

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http://www.gonemovies.com/www/drama/drama/AmelieJoseph.jpg

 


Reprise mais reprise


Tu t’abreuves du froid. Du bout des doigts. Mais tu ne comprends plus pourquoi tu marches dans le vide. Tu t’abreuves d’un peu de café mais tu ne sais plus pourquoi tu  n’arrives plus a boire. La pluie tombe sur toi tu te crois à bruxelles.  Le type ne fait plus la manche, le  type bonjour monsieur merci mon ami le type n'est plus apparu depuis le premier janvier. On lui aurait raconté que je tapais sur tout ce qui bouge, depuis il se cache, n'ai pas peur monsieur, je ne bois plus depuis 35 putains de jour, depuis 35 jours bénis. La station nation ne ressemble plus a rien, les lignes ne sont même plus indiqués, on dirait ma vie, ils ont tout gratté, la station nation est nue,  des fils pendent de partout, tout est à reconstruire, un an de travaux, la station nation et moi, ça nous en fait des point communs, mais la station nation on sait que ça finira un jour. La construction. Moi je suis pas sur, pour la déconstruction plutôt, c'est qui le théoricien de la déconstruction, j'ai du lire ça un jour dans un article mais je me souviens plus. La fille que je trouve jolie raconte qu'on lui à dit qu'elle ressemblait à jeanne balibar, j'ai beau cherché des points communs je vois pas, je lui dis oh tu es beaucoup plus jeune, et puis je préfère son père. Enfin ça c'est pour faire mon intéressant après que deux types aient dit j'adore jeanne balibar. Ah bon c'est qui son père me demande t'on. Ben étienne balibar je réponds.  Vous connaissez pas étienne balibar je demande. Je vois pas le rapport entre la fille et jeanne balibar, remarque à toulouse une fille trouvait que j'étais le sosie de dominique pinon.  Bon c'était une alcoolique certes mais elle en démordait pas. En fait je l'ai depuis tellement longtemps le syndrome brett easton ellis. Je m'en étais jamais rendu compte. L'alcool sans doute.  Voila le rapport entre dominique pinon, denis brogniard, horacio des experts, ewan mc gregor, ben c'est ma pomme, un jour ou l'autre un ou une quelconque cinglé m'a dit que je leur ressemblait. Autant dire que ça fait plus plaisir quand on vous compare à dominique pinon plutôt qu'a ewan mc gregor. C'est bien beau d'être beau mais si c'est pour finir en roulant des pelles à jim carey excusez moi mais mon choix est fait. J'y pensais cet après-midi au politburo quand une fille s'est approché de la gothique et lui a dit, je voulais te dire tu ressembles trop à la fille de ncis. La gothique à rigolé en me disant qu'on lui disait ça tout le temps. Heu c'est quoi ncis je lui ai demandé et elle m'a expliqué une série à la télé, et j'ai pas la télé je lui ai répondu alors je suis un peu largué. On me le dit tout le temps elle dit, je lui ressemble pas du tout mais c'est la coupe de cheveux. Je lui ai dis oh ça m'arrive tout le temps, tu connais horacio des experts et ben on m'appelait comme ça dans mon précèdent service. Horacio. Alors elle a haussé les épaules et elle m'a dit ah non par contre tu ressembles à ce chanteur de black métal estonien, tu sais son groupe c'est un nom imprononçable. Et puis on a rigolé. Ne plus boire. Ne plus arriver à boire. Tu rentres dans un café et tu te demandes ce que tu fous là, tu te sens étranger. Et puis tout de suite basculer dans le tragique comme si la banalité ne pouvait l’emporter avec toi. Tu n’as pas de légèreté, tu es comme les autres hommes en fin de compte, un peu fébrile, un peu à cran. C’est comment qu’on boit ? Tu ne sais rien. C’est ainsi. Les autres non plus remarque. Dehors il fait un temps de pluie et de désespoir. Mais comme il ne fait pas froid il ne neigera pas.  Flash-back. Elle t’a dit qu’elle avait envie de picoler et tu as pensé que toi aussi et que peut-être au fond, votre désir de plonger dans les vapeurs alcooliques cachait un autre désir. Mais cette idée s’est vite évaporée dans l’énergie et la fureur de cette soirée. Tu aurais aimé qu’il neige comme il y a trois ans. Pas la ville blanche mais dans  la ville blanche. Et puis c’est comme elle disait toujours hein, on a déjà essayé à quoi bon revenir là-dessus. Ensuite tu as croisé G. qui t’a dit qu’il avait entendu parler de tes exploits lors de l’anniversaire de S. Tu as pensé que cette histoire remontait à deux ans et que tu allais en entendre parler pendant des décennies. C’est marrant d’ailleurs, les gens sont parfois choqués, outrés quand tu picoles trop et que tu fais un peu n’importe quoi mais ils te reprochent ton calme quand tu ne picoles pas. Il pleut toujours, ça n’interdit pas de vivre, rien ne l’interdit en fait. C’est tout juste si on ne vient pas te demander si tu es malade quand tu restes à quai et que tu ne pars pas sur les rives enivrées. Curieux comme l’ivresse te sociabilise mais t’interdit toute communication quand tu es à jeun. C’est comme si les gens ne te supportaient pas, ne te reconnaissaient plus. Le pire c’est que la réciproque est vraie. Tu es incapable de vivre à sec. Les mots et ton esprit restent en cale sèche. La sobriété te rend solitaire. Ce n’est pas plus mal. Il te revient une musique en mémoire et tu sais que c’est là que tu pourrais enfin toucher une forme de bonheur. C’est comme lorsque tu ne vois la vie que d’un œil, c’est pas si mal au fond mais ce n’est pas assez. Alors tu veux toujours recommencer à l’identique. J’ai vu ta sœur l’autre jour et elle m’a dit que tu avais beaucoup changé et que c’était normal. Elle m’a dit aussi que tout le monde changeait beaucoup. Le problème c’était peut être nous. Vu que nous on ne changeait pas. Un peu de musique funèbre pour se donner du courage. Un peu de cœur à l’ouvrage pour revenir en arrière. Tu n’as plus envie de rien, de travailler, de baiser, de bouffer, de vivre. Rien plus rien. Faut partir, je crois bien que c’est tout ce qui te reste. Mais bon tu vas partir et puis après ? Bon ben on verra. Tu as de l’argent, plus que tu n’en as jamais eu. C’est simple tu oses rentrer dans ta banque. Tu crânes presque au guichet au lieu d’essayer de passer inaperçu. Plaisir futile. Imbécile. Bon partir à l’est, après tout pourquoi pas, beaucoup plus à l’est. Tu l’as déjà dis des milliards de fois. Mais la fuite ça te mène à quoi. Ca te mène sur la jetée au palais, devand un café au comptoir. Ca te mène sur la plage à santa barbara avec l’autre cinglée qui court en pleurant et qui dis le bonheur c’est comme du malheur en moins. Ca te mène sur la porte de hal, à regarder la fille dans la cabane à frite, il est pas d’heure du matin, tu chouines dans ton cornet. Faut plus en vouloir, faut plus t’en vouloir. Faudrait juste un instant que les images arrêtent de défiler. T’as plus l’âge de l’inconnu, t’as plus l’âge de l’incongru. T’as plus l’âge de rien. Et c'est pour ça que tu veux tout. 

 

 



 

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4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 18:50

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http://userserve-ak.last.fm/serve/500/9758019/The+Pogues+Cait++Shane.jpg

Je regarde ce type qui erre de verre en verre, de fille en fille. Je regarde ce type, les yeux mi-clos, l'alcool a déja pris possession de son cerveau, les gestes saccadés, un peu nerveux puis alanguis, je le regarde, accoudé au comptoir sirotant un verre de coca. Je le vois, je me devine. C'est pour ça que j'évite la condescendance dans mon jugement car ce type c'est moi aussi, un autre moi certes, mais moi tout de même. Il cherche une fille,  une nouvelle, une qu'il n'aurait pas encore déposé dans son plumard. Je me souviens de ma vie d'avant, quand j'errais, ivre de vin, ivre de bière, ivre tout ce que vous voulez comme alcool possible, je me souviens que moi aussi parfois je finissais avec une fille dans un lit. Je me souviens de cette fois, à liège, ou j'avais couché avec une fille, je ne m'en souviens plus très bien, au matin je ne savais même plus ce qu'il s'était réellement passé, je m'étais réveillé alors que la fille se rhabillait rapidement, elle semblait gênée d'être là, gênée de se retrouver nue. La fille s'habillait rapidement, je me souviens qu'elle s'était levée, extraite du lit d'un bond et puis elle m'avait dit on oublie hein, je voulais pas que ça se passe comme ça. Je me dis que le type que je  vois danser avec cette fille, une qui ne s'est pas encore allongée dans son lit, une qu'il n'a pas encore embrassé, une qui ne s'est pas laissé aller dans ses bras, il tente mais elle ne veut pas., je me dis que ce type ça doit lui arriver aussi.  Je crois qu'il veut parce qu'elle ne veut pas. Les filles ne se vantent jamais de sortir avec ce genre de types. Avec des types dans mon genre. Le mystère c'est pourquoi elles finissent toujours par succomber, car il insiste, car après tout, toutes les filles sont sorties avec lui et la fille qui ne l'a pas encore fait veut se prouver qu'elle n'est pas plus moche qu'une autre. Peut-être. Parce que le type sait vous parlez, vous montre de l'intérêt. Peut-être. Je me souviens de cette fille, je ne sais même pas si j'étais sortie avec elle, je ne sais même pas si je l'avais embrassé, si je l'avais serré dans mes bras mais je me souviens de cette fille, à cette soirée, elle m'avait désigné ma copine de l'époque avec laquelle je sortais depuis un an presque deux, ce qui est une sorte de record dans mon cas, elle me l'avait désigné puis m'avait dit. J'aimerais bien comprendre ce qu'elle a de différents de nous, pourquoi tu reste avec elle, pourquoi elle te séduit. Elle s'accroche j'ai répondu, elle me parle, elle ne consomme pas. Mais en fait je n'en savais rien. Et toi tu consommes pas peut-être m'avait répondu la fille. Je vois le type, j'imagine qu'il va peut-être réussir à conclure avec cette fille, je ne sais pas s'il en sera heureux, la prochaine soirée il faudra qu'il en trouve une autre, a la prochaine cuite, une de plus deviend une de moins. Je regarde cette fille assise dans le restaurant à côté de moi, cette fille que je trouve jolie, cette fille qui semble intéressante, et je sais que dans ma vie d'avant je l'aurai dragué. Je sais que j'aurai espèré un peu, pouvoir la séduire. Juste pour la beauté du geste. Puis je me serais lassé d'elle, je l'aurais trouvé énervante, je l'aurais trouvé classique, et pour finir j'aurais attendu qu'elle me quitte. Je l'écoute en sirotant mon coca, et je sais que je ne la reverrai sans doute jamais. Je ne sais pas si j'ai envie à nouveau, de voir les yeux un peu hagards de ses filles au matin, le malaise, l'effet de la gueule de bois qui s'estompe et le visage un peu crispé quand elle me devine dans son champ de vision, les regrets dans ses yeux. Je m'imagine quand une fille se réveille nue à côté de ce type, qui danse la sur la piste, elle est nue, elle a un peu honte, elle ne voulait pas que ça finisse comme ça, elle se rhabille gauchement et elle dit à bientôt. Je ne sais pas ce que pense le type. Peut-être qu'il croit a chaque fois que c'est la bonne, ou peut-être qu'il ne cherche qu'une présence, autre que l'alcool, autre sa propre gueule dans le miroir. Peut-être qui lui aussi se demande ce qu'il fait la. Ou plutôt de ce que cette fille fait dans son plumard. La fuite en avant. L'absence d'alcool me permettra d'éviter ce genre de lendemains qui déchantent. Ou pas. Mais j'ai comme l'impression que je ne vais pas regretter cette vie. J'ai comme l'impression qu'une partie de ma vie sociale s'est éteinte avec la vie à jeun. Je regarde ce type donc les mains essaient d'attraper la fille qui lève les yeux au ciel et s'échappe de son étreinte. Il hausse les épaules.  Il rentrera seul ce soir. Moi aussi.

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4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 07:51

472

http://www.cinemovies.fr/images/data/photos/19259/la-dame-de-trefle-2010-19259-495962377.jpg


C'était presque effrayant de voir à la vitesse à laquelle une personne avec qui on avait été particulièrement intime pouvait partir et disparaître ou c'était peut-être justement pour ça : On avait été si proches que par la suite, quand cela n'était plus, les choses semblaient irréelles, comme un rêve rapidement oublié, parce que de toute façon, il n'a eu lieu que dans le crane d'une personne...Car il la considérait comme un homme, quelqu'un qui ne donnait pas l'impression de vouloir autre chose que ce que lui voulait : Baiser l'autre a en perdre la raison.

 


                                                                              Jo NESBO



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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 19:12

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http://feedingthepigeons.files.wordpress.com/2007/11/john_fante.jpg

Je suis en train de me demander si je n'ai pas le syndrome brett easton ellis -  mais non je ne me réjouis pas de la mort de salinger, j'aimerais bien boire du champagne certes mais rien à voir avec  la mort de salinger - non rapport au thème de ces derniers llivres au père ellis. Dans le long le si long le trés très long glamorama, même si les 200 premières pages sont formi-formidables, le personnage principal a le même problème que moi, enfin si je peux me permettre, et dans lunar park aussi il me semble. Faudrait que je relise lunar park, tiens j'ai vu qu'il était sorti en poche. Je crois que je  ne l 'ai plus. C'est le problème avec tout ces déménagements, la perte des livres, enfin bref, je vais déménager en 2010, ben comme en 2009, enfin comme tous les ans, ma vie va redémarrer à zéro enfin c'est ce que je crois, mais non en fait, rien ne redémarre jamais, on part plutôt en-dessous du niveau de la mer maintenant, et puis on continue de vieillir. Bordel je m'égare. Donc le syndrome brett easton ellis. Enfin un des soucis de son personnage, là, comment il s'appelle victor quelque chose, enfin bon j'ai le même problème. On me voit partout. Ca fait quelques temps, ça commençait doucement, des gens que je connaissais un peu, cette fille qui croyait que j'étais sur une affiche dans belleville, un autre qui me dit je t'ai avec une fille blonde à cheveux longs l'autre jour vers les  champs élysées,, (je ne suis jamais sorti avec une fille blonde je ne suis jamais sortie avec une fille à cheveux longs alors une fille blonde à cheveux longs...Quand aux champs élysées j'ai pas dû y aller depuis la mort d'alice sapritrch). Je me demande depuis combien de temps ça dure cette histoire de sosie dans la file d'attente pour le dernier film des frères coen, un type arrive et demande à l'autre ce qu'il va voir. L'autre lui répond, oh la la lui dit le gars, il parait que c'est long mais que c'est long, oh la la et qu'il ne se passe rien, mais il parait que c'est chiant, il parait que la moitié des gens s'en vont pendant le film. C'est simple, le type passe le temps à dire il parait que et vous voulez que je vous dise le tremblement de terre en haïti c'est de la gnognotte à côté de cette catastrophe que parait être le dernier film des frères coen. Je suis pas loin de me retourner pour lui dire au type. J'ai envie de lui dire des trucs raffinés et délicat, du genre il parait que la shoah n'a jamais existé, il parait que cuba erst la plus grande démocratie au monde ( ben ouais c'est manu chao qui l'a dit), il parait que ta femme à un  cerveau, enfin voyez j'en peux plus du type et de sa litanie des il parait. Il doit aller voir un autre film. Il n'y a que 3 salles au cinéma la bastille rue  du faubourg saint antoine. On passe quoi d'autre comme film. Une panouille américaine avec l'autre con qui passe son temps à faire la morale sur les droits de l'homme et tralalali et tralalala et qui fait de la pub pour une des marques les plus pourris du monde. Je t'en foutrais des what else moi. Et un film  français avec des acteurs que j'aime bien mais dont la bande annonce m'a laissé comment dire, totalement interdit. Enfin surtout totalement décidé à ne pas aller voir ce film.  Bon le film des frères coen se révèle un truc totalement ovniesque, je vois pas une personne partir pendant le film, sauf si on considère que partir pendant le générique c'est partir avant la fin. En fait c'est un genre de chef d'oeuvre absolu. Un genre de ruban blanc mais réussi tu vois. Ce film me donne un jour ou deux de repos, un jour ou deux de répit, je pense à autre chose. Et puis le syndrôme revient. On croit m'avoir vu. On croit me voir. Sauf que cette fois-ci les gens qui me le disent sont de plus en plus proches de moi. C'est marrant remarquez, jusqu'ici dans ma vie, je me souvenais d'avoir été quelque part, j'avais pas de souvenirs de ce qui s'était passé, et puis ensuite je faisais les comptes mais là on me voit partout. Si ça se trouve ça dure depuis toujours mais du temps de ma vie d'alcoolique je disais qu'après tout c'était possible, j'ai peut-être été de çi de là, je n'en garde aucun souvenir. Sauf que je ne bois plus. Donc je n'oublie plus. Je discute l'autre soir avec ma plus vieille ami, la fille qui me connait depuis quoi, 25 ans peut être bien, et elle me dit tu fais très james dean sur ta photo de ton profil msn. Attends je lui dis tu crois que c'est moi sur la photo. Ben ouais c'est toi, c'est quand même pas james dean. Bordel mais c'est pas moi je dis, non t'es miro complet je lui dis. J'ai pas été reformé du service militaire pour la vue moi monsieur, elle me dit, j'ai une vue parfaite, c'est simple je pourrais être pilote de ligne, c'est pas toi sur la photo ? Mais bordel, je montrais jamais dans un quelconque véhicule que tu conduiras c'est john fante, je dis, bordel il est rouquin d'accord mais c'est ce putain de john fante sur la photo. L'étau se reserre je vous dis, ma mère, ma propre mère, j'ai eu un choc l'autre soir, elle me dit, tu es apparu à la télé. Ah ils ont rediffusé l'émission de M6 kids ou j'ai été piégé dans une caméra cachée faite par des enfants je me dis. Je me souviens il me demandait de les aider à traverser place de la nation et puis à ce moment un flic arrivait et voulait me foutre une prune car on avait traversé hors des clous. Ils se font pas chier la six je me dis redifuser une émission qui doit avoir 15 ans. Non ce qui est drôle à l'époque, c'est que j'étais place de la nation car j'allais prendre le rer pour aller à boissy st léger m'en mettre plein le pif. Vous dire si j'étais parano. Vous dire comme j'étais à l'aise quand le flic venait vers moi avec son air super méchant. Moi je transpirais. Bon c'est vrai ça n'a pas beaucoup changé. Enfin bref. Bon en même temps ça m'étonne cette histoire car je sais même pas si ma mère sait qu'il y a 6 chaînes sur notre planète. Tu m'as vu à la télé je dis ? Ah oui, enfin un autre toi, c'est fou ce qu'il te ressemble, ils ont mis son nom à ce type, c'est un sportif tu dois le connaître. Bordel mais tu as pris double dose d'EPO ou bien je lui dis, tu vois des cyclistes partout. Mais c'est pas un cycliste elle dit, il a ton physique, il peut pas être cycliste, il fait pas ton sport de brute, je sais plus ce qu'il fait, pas du patinage artistique,ni du saut en hauteur, oui c'est bon je lui dis tu vas pas me citer tous les sports qui sont fait  par des types anorexiques taillés comme des allumettes anémiés. Mais c'est ton sosie. Depuis j'attends. Chaque jour je sais que quelqu'un peut  dire m'avoir vu. Comme je sais qu'il y aura toujours au fil de l'année, un type avec un sourire crétin ou une fille tout fière d'elle, qui viendront vers moi pour me demander si je suis irlandais, ou me parlé directement en rosbeef. Je pense au film des frères coen. Je pense à ce type qui se prend tout sur la gueule avec une sorte de flegme ahurissant. Tout le contraire de moi je me dis.  Je me demande comment mon autre moi réagit à la vie. Mais on pourrait peut-être échanger.


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1 février 2010 1 01 /02 /février /2010 23:30

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http://img.filmsactu.com/datas/dvd/m/e/meurtre-d-un-bookmaker-chinois/n/496b275d08806.jpg

Je marche dans les rues, un peu absent, un peu ailleurs je crois. Une angoisse sourde depuis le matin, alors que la veille j'étais si enfiévré de ce sourire crétin, de ce bien-être un peu curieux. Un mois je me dis, nous sommes le premier du mois, le premier mois sans alcool, je n'ai plus rien mais je ne bois plus. Une angoisse qui me prend dans tout le corps, une angoisse de l'absence, une angoisse du renoncement, du je ne vais pas vivre. Je ne suis pas si intelligent que d'autres le croient, je ne suis pas si crétin que d'autres le croient, mais je n'ai même pas cette satisfaction d'avoir sans doute eu raison. Je n'ai même plus l'illusion que mes mots pourraient changer la donne, je n'ai plus l'impression d'un soupçon d'admiration, je ne suis plus qu'un pion sur un damier, je ne suis plus qu'un type parmi d'autre, un fantôme, une impression. Bien loin de la statue du commandeur. Je ne crée pas cette dépression soudaine que provoque la vue du commandeur, je ne crée pas ce manque, cette envie de renverser des montagnes. Je ne m'investis jamais, je ne peux pas demander que mes errances rapportent quoi que ce soit. J'écris dans l'appartement vide, j'étire les mots, les impressions, une longue lettre pour un au-revoir. Je suis dans le 26, seul malgré des présences, je suis dans le 26, il est 10 heures du soir, et quand je descends à Nation, je ne sais même pas s'il reste des gens, je traverse le cour de vincennes sans même regarder derrière moi. Je suis mort mais ça ne sert à rien de la dire puisque tout le monde me croit vivant. Je longe les murs de la place de la nation, les bars ouverts, les commerces fermés, qu'est ce que j'en ai à foutre après tout, qu'est je peux en déduire malgré tout. C'est pas trop difficile de faire le deuil de sa propre, vie c'est plus difficile de faire le deuil de la vie des autres, de tout ceux que tu ne verras plus, de tout ceux que tu ne vivras plus, de leurs paroles, de leurs sourires, de leurs souvenirs. J'ai cru longtemps que sans rien offrir, apporter, donner, j'ai cru longtemps que mes paroles, mes écrits et ma logorrhée pénible suffirait à la chose. J'ai cru un peu beaucoup que ma présence suffirait à la dose d'amitié, d'amour que les gens te demandent. Mais je n'ai pas donné le change. On peut pas rester accroché à un alcoolique comme toi. Tu es une sorte de détachant, une sorte de furet qui passe à la vitesse de la lumière alors ne crois pas que l'on peut rester près de toi bien longtemps. J'ai ce malaise gluant qui colle à mes chaussure.s C'est quoi ce sentiment diffus que tout est fini, que les fleurs ne repousseront pas sur le balcon de ma détresse, comment exprimer cette douleur magnifique qui n'est encore qu'aux prémices. Car ce n'est rien cette douleur soudaine, ce n'est rien de rien de rien. Attends la suite. Je ne sais même pas de quoi je souffre, de n'être pas grand-chose, non j'ai jamais pensé être quoi que ce soit, sincèrement, non, je crois que c'est mon incapacité à changer la donne, à distribuer les cartes, a toujours subir les événements, que la réalité m'apparaisse dans cette sorte de crudité, de cruauté. J'en suis à ramasser les miettes, et en hiver elles sont rares, j'en suis à regarder les autres vivre, j'en suis à me demander partout ce que je fais là. Je regarde les images de la vie qui défilent, tu m'étonnes que j'aille beaucoup au cinéma. Spectateur : je crois que je suis bon qu'a ça.

 


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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 09:22

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http://image.ifrance.com/cinema/film/7/4/145947-5-la-merditude-des-choses.jpg

Ce sentiment de fin du monde, ce sentiment de fin d'un monde. Curieux tu croises encore quelqu'un que tu connaissais d'une vie d'avant, curieux comme la vie recommence à l'identique. Chlore. Tu as juste envie de boire quelques bières, tu as juste envie de te jeter sur le sol dur et froid dans la nuit verglacée. Elle te dit pense à ta vie, tu rigoles, elle te dit pense à toi ou un truc comme ça, tu ne comprends pas bien ce que ça veut dire. Une autre t'écrit coui tu es alcoolique mais tu as toujours été un alcoolique cool et je t'en suis reconnaissante. Tu ne comprends pas bien ce que ça veut dire. Faudra l'éclaircir. Juste quand tu pousses la porte, le gars te regarde, bien dans les yeux, la fille que tu ne vois que de dos doit déjà avoir les yeux fermés la bouche entrouverte et la nuque un peu en arrière, le gars te regarde et embrasse la fille, tu te dis on ferait ça dans un film ce serait juste pas crédible tellement c'est synchro. Tu jactes pas mal même à jeun, tu jactes pas mal, c'est sans doute le fait de revoir ce type, sinon pour tout ce qui est des autres, il y a la frontière de l'alcool, tu t'en rends compte, la frontière de l'alcool. Le type te dit surpris, tu as l'alcool mauvais, toi, je t'ai toujours vu bourré je t'ai jamais vu agressif. C'était il y a longtemps je lui dis, si longtemps, trop longtemps, remarque la bière il me dit et je pense à la merditude des choses. Je continue d'aligner des lignes sur des lignes, j'aime bien ces soirées à jeun, je comprends pleins de choses que je ne comprenais pas de l'autre côté de la frontière,  les fins de soirées quand tu picoles on peut dire que tu es parti. Je me rends compte que tout recommence à l'identique, que les mêmes types baladent leurs mains à la recherche d'un corps, que les mêmes filles se faufilent entre les types bourrées pour rentrer seule. Je me dis c'est peut-être la dernière soirée ou je vois encore ces gens, bientôt je ne les fréquenterais plus, aucune ne se souviendra de moi et c'est pas plus mal comme ça. La nuit est froide, encore cigarette, cigarette, et cigarette. Je bois un coca au bar, je vois pas trop ce que je peux boire d'autre, il me tends son ricard et je lui dis non je ne bois plus, hein il me dit, tu n'as même pas bu un picon-bière ? Un autre me demande depuis combien d'heures tu ne bois plus, un mois je lui dis et il me regarde comme si  je venais de chier l'obélisque. J'aime bien cette perception de fin du monde, j'aime bien ce monde englouti, après elle me dit, tu dois penser à toi, mais je ne sais pas trop ce que ça veut dire. Elle ne comprends pas je crois, que je veux regarder ma mère partir, elle ne comprend pas je crois. En même temps je ne saurai l'expliquer. J'ai pas du tout envie d'ailleurs je me dis, pas du tout, j'ai juste envie de rester. Je la regarde qui dort pensant au commandeur, je ne crois pas qu'elle le retrouvera là-bas mais j'ai comme l'impression qu'elle va trouver autre chose. Je suis content pour elle. Des filles se serrent les unes contre les autres comme pour se dire adieu, elle serre le garçon au sourire en coin comme pour lui dire adieu, une fille se casse la gueule sur la devanture, c'est curieux d'etre à jeun en descendant la rue de bagnolet, c'est curieux d'être à jeun en descendant une rue, en marchant le long de la ligne 2 l'adieu, c'est curieux de se sentir encore un peu vivant, c'est absent et présent, c'est moi sans moi, curieux de monter les marches sans la moindre ivresse. J'ai perdu mon double alcoolique, j'ai perdu mon insouciance, ce sentiment irréel que rien ne peut me résister. Pense à toi elle me dit. Je comprends pas bien ce que ça veut dire mais je vais y réflechir.

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