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13 juin 2015 6 13 /06 /juin /2015 07:57
Se regarder tomber

Je vais rendre les armes et entrer dans le domaine de l'intemporel je me dis alors que le jour parvient a se lever. Je vais rendre les larmes. Je constate chaque matin la bérézina de mon existence avec une sorte de bienveillance un peu usé. Ma vie factice. Des vies derrière moi, brouillard devant moi. Je suis comme ce personnage du meilleur film de l'année dernière, cette femme qui conduit une camionnette et qui embarque des hommes. J'erre dans des villes et j'embarque des âmes, j'erre dans belleville et j'embarque le néant de ma propre vie. Le miroir me renvoie ce visage fatigué, sans âge, sans gravité ni faiblesse, sans profondeur ni force. J'entends la voix de garçon tout maigre qui s'enfonce de plus en plus dans la solitude tout au bout du monde, tout au bout de ce monde, tout au bout d'un monde. Vieillir c'est sans doute cela en fin de compte, faire tellement le ménage qu'il n'y a plus personne. On chasse la poussière pour ne pas le devenir. Pour ne plus y revenir même s'il sera bien temps. Je ne peux plus tomber puisque je suis a terre. Je rampe sur les sentiments diffus qui m'assaillent, je dérive sur les photos papiers glacés qui me ramènent a ce qui n'est plus. Ma vie est un souvenir qui ne veut pas disparaître. Alors qu'il sera bien temps. Alors qu'il sera toujours temps. J'aimerais bien m'évader de moi-même, me fuir quelques temps, me regarder tomber pour être debout ailleurs. J'aimerais bien nager dans d'autres fleuves, flotter sous la surface et m'éviter du regard. J'aimerais te regarder ne pas me ramasser, j'aimerais voir les larmes qui jaillissent de mes yeux et se mêlent au goudron, mon fleuve de larmes qui noierait belleville. Ressentir l'asphyxie, cette respiration qui disparaît peu a peu. J'ai sans doute été rarement aussi heureux dans ma vie de savoir ou je ne vais pas, sans doute que je n'ai que rarement ressenti ces coups qui ne me touchent pas. Je vais laver mes carreaux sans doute qu'il fera plus beau dehors. Sans doute qu'il fera plus beau dehors. Plus beau encore.

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6 juin 2015 6 06 /06 /juin /2015 09:26
Mille belleville

Ma vie est un sentiment qui ne me quitte pas. Des pavés de belleville des murs de la vieille ville au loin, si loin. La vie est une douleur qui ne me quitte pas. Comme un regard soudain, comme un regard si soudain. La vie est un bonheur qui ne me quitte pas. Arrivé en bas du parc on enquille la rue pali-kao. Je bois mon café au bord de la seine alors que le jour retient le soleil. En face d'où est né mon grand-père. Pas loin d'ou ma mère était dans une chambre d'hôpital. Près d'une femme aux cheveux longs qui les perdaient. Ses cheveux longs. On regarde le ciel qui passe du bleu au gris. On regarde le ciel. Le matin j'ai croisé ce type près du palais de justice dont je me persuade qu'il est l'avocat de la veuve de céline. J'ai déjà vu le film plusieurs fois mais je reste quand même scotché devant l'écran. J'essaie de ne plus penser a la plus belle femme du monde mais je me dis que l'enfant lui ressemble un peu. Marrant comme tous les enfants ressemblent au fantôme. Il se met vaguement a pleuvoir. Vous n'aurez qu'a tous nous passer par les armes quand vous serez au pouvoir je dis au type. Le copain du garçon vaguement corse a une voix hallucinante de suffisance. Vous avez dit quoi monsieur drink me dit le type en me regardant interdit. Je lui répète. Vous pourrez nous passer par les armes quand vous serez au pouvoir ça résoudra la problème. Je veux voir un responsable il dit. Je ne suis pas sur qu'il y en ait de présent. Des irresponsables à la rigueur je hausse les épaules en décrochant mon téléphone. Tout est fermé rue des envierges, il n'y a que le café ou je ne vais plus qui est ouvert, celui que le fantôme voulait cramer. En face, c'est ouvert maintenant, comment s'appelait le café les balcons je crois, maintenant on dirait un resto de loin. Je traverse la place krasucki il est dans les une heure du matin. Je reste avec le garçon si jeune a la station ermitage ou il attends le 26. A l'aube je regarde les prévisions et je vois qu'ils annoncent de la grêle. Je bois une ou deux leffe pendant le film. Tout recommence a l'identique sans doute, tout recommence à l'identique. Un jour tu auras un vélo, un jour tu l'auras. La vie est une fusion qui ne me quitte pas. Tes yeux ton regard. Ca ne me quitte pas.

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4 juin 2015 4 04 /06 /juin /2015 20:41
Belleville morceau

Tu es un écrivain. Un écrivain. Tu es un écrivain elle écrit. J'ouvre une des nombreuses bouteilles de vodka qui hantent mon immense frigo. Enfin mon grand congélo. Tous ces cadeaux de femme polonaise. Tu es un écrivain elle dit et même si elle seule le pense ça me suffit. Ça suffira. Ça suffisait. Alors ça suffira non ? Un con a vélo essaie de m'écraser sur le trottoir du pont recouvert de cadenas. Ils enlèvent ceux du pont des arts. Vous connaissez le pont de l'archevêché les gars ? Des cadenas et des cadenas et des putains de cadenas et des touristes, et des mariées qui font des photos au petit matin un peu après l'aube. Je m'attaque au bateau. Il va falloir le détruire. Comme tout le reste. Ne pas solder les comptes. Je pourrais pas. Si tu me quittes est ce que je peux venir aussi. On ne peut solder ce qui n'est pas terminé. Elle ne va pas la lire tu te dis. Elle écrit c'est bien que tu ais fini mais elle ne vas pas la lire. C'est quoi ton putain de problème podna, c'est cette fatigue un peu raide, cette vie un peu vide, cette illusion que la vie va revenir, bordel la vie c'est pas du cinéma, on ne peut pas retourner les scènes, la vie c'est pas une putain d'illusion ou une sorte de rêve qui te fait croire que les choses vont s'améliorer, que la vie va changer, mais bordel non bougre de con, la vie ne va pas s'arranger, tu peux chanter le refrain a l'infini c'est le couplet qui compte, c'est toujours le couplet qui compte. Tu peux entendre cette femme qui dit vous me dégoutez tous avec votre bonheur de merde, tu peux l'entendre mais tu ne l'écoute pas. Des musiques te parviennent dans ce non sens qu'est devenu ta vie, une pauvre réalité qui n'est qu'un néant, tu devrais oublier sans doute, tu devrais mieux ne pas. Tu lis et relis les mots, tu lis et relis les mots. C'est la fin maintenant, c'est la fin, tu le sais, tu écris les dernières lignes, tu les lis et les relis. Tu pense a nick tosches, bordel tu adorais nick tosches c'est juste l'inverse de philip roth, il disait quoi déjà jauffret, le meilleur écrivain français vivant, il tweetait quoi déjà, "philip roth arrête d'écrire : il avait donc commencé ?. Je vais faire les lits dit la mère de famille dans la série branchouille, je me demande si réellement les mères font encore les lits. Je me demande. Si les femmes disent encore a leur fille qui vient les voir je vais faire ton lit. Le rire cristallin de la plus belle femme du monde quand elle me racontait le tweet de jauffret. Je peux venir avec toi puisque tu ne vas nulle part. Je peux me quitter moi aussi, me quitter déguisé en pas moi. On ne va partir nulle part, dis. On ne va pas partir nulle part. Ma cantine qui ferme racheté, par le café d'à coté, putain il n'y a plus que des caves a vin qui ouvrent dans le quartier avec des planches a la con. Il faut détruire le bateau, il faut brûler le port, il faut oublier non oublier n'est pas le mot, il faut vivre sans, tu n'auras jamais de jugement pour la dernière, tu resteras face au silence, tu ne sauras pas. Tu sauras juste, tu es un écrivain. Vodka, vodka, vodka, tu parles, mon cul ouais, tu bois un malheureux petit shot dans ces verres épouvantables que tu as ramené de vegas. Tu es un écrivain elle répète a l'infini elle écrirait a l'infini si elle t'écrivait encore. La saison 3 de la série qu'était bien. C'est la mer a boire, ce rade, cette vue, c'est la mer a boire. Même redécoré c'est la mer a boire. Ils ont tourné quand, je passe souvent par la, il n'y a pas eu de tournage. Il y a des tournages partout dans la quartier, des catering sur la place des rigoles, des catering sur la place du guigner, des tournages dans la librairie de l'autre con, une des quatre de la rue du jourdain, des tournages dans la maison aux volets bleues de madame machin là. Les pigeons me parlent. Ils ont grossi. Un tournage à la mer a boire j'en ai pas souvenir. Les pigeons ont grossi, la plus belle femme du monde ne les chasse plus, ils font du gras, ils ne s'envolent plus. Ils ne s'envolent plus pour échapper a la furie hystérique qui leur court après. Un peu nostalgiques ils ont l'air. Ce rade c'est la mer a boire, la nouvelle saison est pas terrible, trop de fric, il n'y a plus le bricolage du début. La femme court rue piat. Ce soir j'irais au belvédère du parc de belleville, ce soir j'irai au belvédère, ce soir ivre de je ne sais quoi, ivre d'amour et de larmes, ivre de peur et de sperme, ce soir ivre des images, ivre de toute ma vie, ivre de ton absence, ce soir je vais pleurer, je vais pleurer toutes mes larmes, ce soir je vais regarder la tour eiffel et ne jamais oublier. Des gens partout et nulle part, des gens partout et moi tout seul parmi eux, fascinant cette solitude au milieu du monde, ce soir seul en haut tout en haut, aux 100 mètres d'altitude de la rue de ménilmontant, enfin 108 tout en haut, 100 mètres c'est à la maison, a l'angle de la rue des Pyrénées. Tout se finit, c'est sans doute ça qui est bien, tout se finit c'est sans doute le mieux, pas pour moi, mais pour les autres c'est beaucoup mieux ainsi. Tu es un écrivain, elle écrit et elle écrit encore. Tu es un écrivain. J'écrirais plus je lui dis, j'écrirais plus, je lui dis, j'écrirais mais de temps en temps je te donnerais des nouvelles. Des nouvelles de rien. Des nouvelles du vide. Tu es un écrivain elle écrit, je lui montre la tour eiffel depuis le belvédère. Il se passe pas grand-chose sinon, il se passe pas grand-chose depuis que tu es parti. Il se passe pas grand-chose.

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26 mai 2015 2 26 /05 /mai /2015 20:40
Aveugle et sourd

En fait tu n'as rien compris tu ramènes tout a toi et tu n'as rien compris même au bout de ces semaines de ces mois même au bout d'un siècle tu ne comprendrais toujours pas, tu pourrais lécher la boue tu croirais encore qu'elle a le goût abricot du sexe d'une femme oui vraiment tu n'as rien compris je ne sais pas comment tu peux encore te morfondre et vivre dans un rêve qui n'aboutira jamais tu es un enfant de dix ans qui n'a pas obtenu son jouet vraiment tu me fais un peu de peine, j'ai comme une pitié langoureuse, comme une sorte de dégoût un peu urbain, tu continue de cogner sur des murs de métal, pauvre con, tu continue de frapper de ton petit poing sur des murs de métal et tu ne comprends toujours pas que l'écho qui viendra a tes oreilles ne sera que le tien définitivement le tien pauvre crétin, alors tu t'accroches a l'espoir, tu raccroches un espoir, mais tout cela est vain, tellement vain, pauvre petit occidental, comme si elle allait te répondre comme si elle allait revenir, tu ferais aussi bien de passer a rien, c'est ton domaine ça le rien, ton domaine de prédilection, mais non tu continues d'écrire des mots vains que personne ne lit tu cries mais plus personne ne t'entends, pauvre petite marionnette pitoyable, s'agitant au bout de fil dans un soubresaut mécanique, la raison te dit qu'il faut tout arrêter, la raison te dit d'arrêter mais tu ne peux pas hein, tu ne peux même pas te taire, tarir la source que personne ne boit, non tu ne peux pas, ce sera comme rendre les armes, agiter le drapeau blanc, ce serait comme renoncer et ta petite fierté pathétique ne peux pas l'accepter. Même ça tu ne peux pas l'accepter. Tu ne peux pas l'accepter.

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22 mai 2015 5 22 /05 /mai /2015 07:53
Dernières lignes

La vie continue. La vie continue je le vois bien autour de moi. La vie continue sans moi. La vie continue sans elle. La vie continue sans elle émoi. Je meurs un peu chaque jour d'un silence qui ne se rompt pas, je fuis, de plus en plus, de plus en plus loin, je fuis dans les méandres de mon esprit qui ne veut plus fonctionner. Ma bouche se fige, ma langue peu à peu reste collé au fond de mon palais. Enfermé dans mon palais. Je retourne a cette solitude que je n'aurais sans doute pas du quitter, retourner au bal des corps, aux rencontres fortuites, retourner a la fuite. Je considère que ces lignes sont les dernières, ces mots sont les derniers, même si ce n'est pas vrai, même si ce n'est pas le cas, même si je continue encore et encore. La vie continue, en attendant moins bien, en attendant que ça se passe, en attendant rien. Le rien. En attendant des vies qui n'arrivent pas, des pensées qui ne parviennent plus, des désirs qui ne se rencontrent pas. Je ne suis pas exsangue, pas essouflé de ma propre course, même si, j'ai un peu le vertige, sans doute le vertige d'être monté trop haut, sans doute. Même si parfois, la nuit m'envahit, je ne suis même pas triste, enfermé en pas moi, enfermé en pas moi-même. A rebours toujours, aller en arrière, je ne cherche plus refuge dans l'alcool, je ne cherche pas, je n'en veux pas. Je dis adieu même si je sais que je ne pars pas, je parle a des absentes, je parle a une absence. Je fuis encore et toujours, naufragé a sec, locataire du dehors. Je regarde ailleurs pour ne voir que toi. Je regarde ailleurs et je ne vois que toi. Aveugle de mon émoi. Aveugle de toi.

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1 mai 2015 5 01 /05 /mai /2015 08:40
Des jours a l'abandon

Je n'ai plus tellement la flamme je me dis. Les mots me quittent à leur tour, j'en suis un peu désespéré. Alors je traîne dans belleville. J'écoute les fous qui viennent me voir au politburo. Je lis des livres et d'autres livres. J'attends que les mots reviennent. Je suis comme suspendu dans un nuage de rien, comme éteint dans mon propre corps. Je vais me coller une balle dans la tête me dit une femme avant de m'expliquer qu'elle est dépressive ce dont je me doutais vu qu'elle se met a pleurer dès que j'ouvre la bouche. Les mots c'est un peu la même je me dis, ils se mettent a me fuir dès que je veux un peu les regarder vivre. Moi qui fait en général ma valise le matin une demi-heure avant de partir, je la commence une semaine a l'avance. Je fais attention aux tee-shirts que je prends, je fais attention aux livres, je me dis que je laisserais les journaux dans l'avion. Toute ma vie je me dis, j'aurais été victime de mon éducation, incapable de peser sur les choses ou sur les gens. J'aurais juste effleurer la vie en fin de compte, prisonnier de ma propre image. Je continuer de crier mais ce n'est que mon propre écho qui me revient en pleine face. Je me réfugie dans les livres, comme toujours, je reste des heures a lire, attendant qu'il ne se passe rien. Parfois les mots reviennent mais ils sont si vains que je ne vois plus l'intérêt de les souligner, je ne comprends pas l'intérêt de te les envoyer. J'écoute l'écho de ma propre voix, l'écho de mon propre esprit, j'entends la vie qui continue dans la vie belleville, je bois quelques verres, j'agite mon corps flétri et fatigué sur des musiques des années 80, je vacille parfois sur le pavé humide mais j'ai toujours l'impression que la vie m'attends. Je suis ce type qui part toujours toujours avant ou un peu après le coup de feu du starter, mais plutôt avant, je jaillis des starting block taches de rousseur au vent mais en fin de compte c'est trop tôt ou parfois bien trop tard. Je cours comme un débile alors qu'on me dit que je suis éliminé, je cours comme un débile vers une ligne d'arrivée qui n'existe pas. Je continue mes bagages comme si fuir changeait vaguement les choses, je range la douleur de l'absence entre les chemises et les chaussettes. Je range ma vie en petit compartiments étanche. Je range ma vie pour ne pas trop la déranger. Pour ne pas trop te déranger. Pour ne plus trop te déranger.

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28 avril 2015 2 28 /04 /avril /2015 05:28
Le décompte a rebours

Elle avait sans doute raison la plus belle femme du monde. Je suis la plus grande andouille de la galaxie. Alors je continue de cocher des jours sur un calendrier. Aujourd'hui ça fait 39 je me dis. Ça rime a rien mais ça fait 39. C'est toujours la même chose non, on se demande s'il faut oublier ou continuer de se rendre dans la chambre verte pour allumer des cierges. Je suis comme ça pour tout j'imagine, je réagis au fur et a mesure du temps qui passe, j'ai une sensibilité a l'envers. Je commence a être en deuil de quelqu'un qui est mort plus de 30 ans après son dernier rot. Je suis un peu pareil pour les séparations et les absences. Je me dis qu'a cet instant précis je quitte mon bureau, je ne crois pas que c'était prévu, et puis j'ai un message en fin de matinée, et je sors du politburo, et je prends mon téléphone, et une heure après mes collègues passent et repassent devant moi alors que je suis dans le froid de janvier en haut des escaliers en face du desperado, toujours au téléphone. Je me dis la vie ne s'égrène pas c'est des conneries tout ça, c'est des conneries que vous ne pouvez pas comprendre, c'est de la vie qui se fige. Le temps n'existe pas, le temps n'existe plus. On dit que ça passe vite pour oublier que ça ne passe pas, en fait, que rien ne passe, rien ne s'oublie. On boit pour oublier mais on se rappelle. On fuit pour ne plus y penser mais on ne fait qu'y penser. 39. Le temps ne presse plus maintenant, il s'est arrêté. Je regarde les journées qui passent, je ris face a la pluie, je dévie devant le vide. Trente neuf. Il fait un peu froid en janvier, je raccroche le téléphone, je descends les marches du petit escalier qui rejoint la rue de la mutualité, je sais que ma vie va changer. Je sais que ma vie va changer.

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26 avril 2015 7 26 /04 /avril /2015 09:04
Les compte a rebours

Je regarde le type qui range ses courses dans les sacs, le caissier me regarde d'un air de conspirateur, le type devant moi c'est comme les vieux, il faut d'abord qu'il range ses courses bien proprement avant de payer. J'aime les caissières et les caissiers du carrefour de la rue de ménilmontant pyrénées, ils sont tous un peu secoués. En général j'aime bien les caissiers, sauf chez gibert ou ils vous regardent toujours comme si vous étiez la lie de lhumanité, et puis ou ils discutent entre eux de trucs très intelligents pour vous faire bien comprendre qu'ils sont caissiers mais qu'en fait ils sont bac + 8 et que le nobel de littérature leur tend les bras. Moi parano vous rigolez j'espère ? La dernière fois que je suis passé a une caisse chez gibert, ça commence a dater, le gars qui me faisait payer a montré le hilsenrath que j'achetais a une autre caissière derrière lui. J'ai fais ma thèse sur hilsenrath elle lui a dit mais celui la est nul. J'ai voulu sortir une connerie mais aucun des deux ne m'a calculé. Le problème est résolu maintenant, je passe au machine automatique, pour les livres c'est pas comme pour la bouffe ça marche toujours, le code barre est clean et les livres c'est dur donc ca passe bien au laser. Je vais faire une thèse bientôt sur les caisses sans caissières. Ça prend dix secondes et ça m'évite une sociabilisation déprimante. Il est plus de 21 heures, je suis juste venu m'acheter une bouteille de vinho verde par ce que j'ai envie d'en boire un verre ou deux, et que c'est pas vraiment de l'alcool même si c'en est un peu. Une gueule de bois au vinho verde, c'est pas gagné croyez moi. J'ai un peu d'hummous au pignon, je vais me faire ça ce soir en regardant les 3 épisodes que j'ai en retard d'american crime, la série la plus déprimante que j'ai vu depuis longtemps. J'ai passé une journée fascinante, aller chercher mon passeport avec le beau visa, acheter des cadeaux qu'on m'a commandé, des trucs aussi différents qu'une bouteille de cointreau ou un sac rose avec écrit paris. Je traîne un peu vers le louvre du coup vers les boutiques pour touristes. Ensuite je reste des heures a regarder la dixième qui n'avance pas, comme si je voulais jamais la finir. Sans doute que je ne vais jamais la finir. Quoique si puisque j'ai envie de briser le silence, si tu me réponds pas je peux continuer a te parler dis ? Tu m'étonnes qu'il a une carte de fidélité je répond pas au caissier qui demande au type s'il en a une, le type est toujours en train de ranger ses courses, j'espère qu'il aura fini avant que le magasin ferme a 22 heures. Oui répond le type, j'ai une carte de fidélité. Le type a 30 ans non, a peine plus, même si on ne sait plus l'âge des gens, regardez moi j'en ai 47 et j'en fais pas 40. Ensuite le type paie avec sa carte bleue ce qui prend un jour ou deux vu que la dite carte semble caché dans un coffre fort personnel qu'il cache dans son falzard, et puis ensuite il demande tout les tickets possibles. Je l'imagine le soir en train de recompter son ticket de caisse et son solde de points de fidélité, devant ses petites tableaux excel. J'ai toujours pensé que les gens rendaient la vie supportable en se consacrant a des trucs qui n'ont aucun intérêt. Juste pour s'occuper. La plupart ont des enfants, moi je picole. D'autres font leur compte toutes les semaines et des tableaux excel ou ils calculent ce qu'ils dépensent chaque mois. J'imagine le type qui part avec tout ses tickets et ses sacs de course en train de plier soigneusement ses affaires avant de baiser. Une fille me demande si je suis sérieux quand je lui dis le pays ou je pars. Ben quoi je lui dis, il fait pas beau, c'est une dictature, c'est pas loin de tchernobyl, que demander de plus ? Tu serais capable d'y aller elle me dit. Je suis tout content du compliment. Je passe à la caisse avec mon vinho verde, ma boule de pain, un peu d'hummous et ma nouvelle passion, le baba au rhum a la vanille. Les dealers ont pris leur quart de nuit sous les fenêtres de rue 89, la nuit tombe un peu sur la ville, il y a du jazz qui sort de la cave des trois arts, le quartier semble plongé dans le noir. Il y a des lumières aux fenêtres, il y a de la vie je crois Je prends la main de la plus belle femme du monde et je remonte la rue. Je l'entends chanter, je suis sur que je l'entends chanter. Je suis sur que je t'entends chanter.

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25 avril 2015 6 25 /04 /avril /2015 08:03
Presque rien

C'est ce que j'aime dans la vie, on peut parfois encore au détour d'une phrase ou d'une expression, d'une rencontre ou d'un je ne sais quoi d'imperceptible, c'est ce que j'aime dans la vie, on peut parfois être encore surpris ou étonné, on peut encore être vivant. Je me retrouve donc ému en écoutant houellebecq au petit matin alors que je fais la vaisselle dans ma salle de bains. C'est bien la dernière chose que j'aurai imaginé dans ma vie, être ému par houellebecq. Il parle du livre de son ami mort. Il est 8 heures du matin ou bien peut-être 9, je suis réveillé depuis longtemps, la vie sans alcool et sans gueule de bois c'est aussi un peu la vie sans sommeil. La veille je n'ai pas été au concert, j'avais été le jeudi déjà voir frankie goes to pointe a pitre au cirque électrique et je savais que l'ambiance du chinois serait un peu triste et glauque comme elle l'était a l'alimentation générale quand les deux groupes de has never been étaient passés. Faut arrêter les reformations je dis le jeudi au cirque électrique au garçon qui grossit en parlant du concert du lendemain, ça devient pathétique, tiens prohibition se reforme il me dit. Je dis le nom du groupe sur lequel j'ai écrit une nouvelle et je dis que je voudrais que eux se reforment. Ça n'arrivera pas il me répond, pas après ce qui s'est passé. Même 20 ans après je demande ? C'est pas le genre de truc que tu pardonnes il explique. Je frémis un peu. Je traîne a gibert comme je ne sais pas trop quoi faire de moi, je tombe sur le dernier st john mandel ce qui me remplit d'une joie ridicule, les livres sont des promesses c'est ce qui est important. C'est un peu comme les vacances, c'est la promesse de ce qui ne sera peut-être pas qui est importante. Je me demande quand je vais enfin finir la dixième, même si ça ne donnera rien, je tombe sur le livre d'une fille dont je lisais le blog, chez gibert. J'ai l'impression que tous les blogueurs parviennent a se faire publier ces temps-ci. Sauf mézigue mais il faut bien des exceptions sinon caliméro n'existerait pas. Je commence a ranger mes affaires de cuisine dans un carton pour quand il va venir la casser et la reconstruire, quand je serais derrière le rideau de fer. Je recherche des mots que je ne trouve pas dans l'aridité du soir, dans la moiteur du matin, dans la fraîcheur de mon bureau, je parle a des gens que je ne vois pas, je regarde des gens auxquels je ne parle pas, je cherche des mots que je ne trouve pas. Je décompte des jours qui n'existent plus, je décompte des anniversaires qui n'existent pas , je regarde des photos qui font briller mes yeux, je regarde des visages qui font trembler mes jambes. La vie est un fantasme que je ne réaliserais jamais, l'écriture est une solitude que jamais je ne remplirais, la promesse du jour ne reste qu'une promesse qui ne se concrétisera pas. Mon corps refuse ce que mon esprit envisage, je lève les yeux vers le ciel un peu cendré pour la première fois depuis des semaines, c'est la fin de l'été, c'est le retour du printemps. Il faudra bien que je me lève un jour ou l'autre, il faudra bien je me lève un jour ou deux. En attendant que tu ne reviennes pas, c'est la seule chose que je puisse envisager. La seule des choses que je peux envisager. En attendant que tu ne reviennes pas.

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23 avril 2015 4 23 /04 /avril /2015 20:12
Des moments qui n'existent pas

Mes yeux tombent sur un livre de lordon alors que je regarde les livres qui sont posés sur la table intitulé philosophie politique au quatrième étage du gibert joseph. Ca me troue tellement le cul de voir un économiste au rayon philosophie politique que j'en suis presque a appeler le fantôme pour lui faire part de mon courroux. Lordon est l’égérie des gens de la vraie gauche, tendance monde diplomatique on comprends tout ce que vous ne comprenez pas puisque nous on est pas couillons, un type à côté duquel lucchini semble modeste, c'est dire. Je reçois un mail qui me dit que mon passeport tamponné d'un beau visa sera disponible d'ici la semaine prochaine. J'écris au garçon qui vit là-bas pour lui dire que je vais sans doute venir en fin de compte. Bordel il me répond par mail, je savais que tu viendrais, c'est la première fois que quelqu'un vient me voir. Je savais que si une personne venait, ce serait toi. Dans le pays ou la vie n'existe pas vraiment, dans le pays ou la liberté n'existe pas, je me demande ce que je ne vais pas faire là-bas et puis je trouve ça drôle d'aller dans un pays ou personne que j'ai rencontré n'est jamais allé. John king en fait c'est une sorte de sous welsh non je demande a garçon tout maigre alors qu'il me demande quand j'irais dans le trou du cul du monde ou il habite. Une femme m'apporte un croissant et un pain au chocolat au politburo alors je lui offre un café. Je prends le soleil au bord de la seine, en attendant que le temps passe, en attendant que la vie me presse un peu moins ou un peu plus. Je pense au monologue d'hamlet alors que j'attends a la boulangerie pour acheter a manger. Ainsi la conscience fait de nous tous des lâches. Je me récite cet extrait du monologue alors que j’hésite entre quiche lorraine et quiche au fromage. Je suis aux porte de la folie je me dis, une porte que je ne pousserais jamais sans doute, maintenant que j'ai abandonné l'alcool ou l'inverse, maintenant que l'alcool m'a abandonné. La vie n'a sans doute jamais existé, la vie n'existe pas vraiment, mais je sais bien que je vais continuer ce chemin parsemé de ton souvenir. Ce chemin qui me mène toujours vers ton souvenir.

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