Les jours semblent se mélanger dans une inexorable fuite en avant. Il y a plus de 200 jours que je n'ai pas entendu la voix de la plus belle femme du monde. Je sais qu'un jour il y aura deux mille jours, il y aura des semaines et des mois. J'essaie de me souvenir. Une part de moi me dit qu'un jour je l'entendrai de nouveau et que je la reverrai. Tout mon être pense ainsi en fait. Alors je continue de vivre a côté de moi parce que je n'ai pas trop d'autres choix, alors je continue de regarder les jours et les mois qui passent ou ceux a venir. Ma vie de songe ne connaitra jamais de fin, je suis un peu triste pour ceux qui pensent que je vis auprès d'eux, je suis un peu triste car je ne serais jamais plus moi-même, jamais plus tout a fait vivant. Je ne me plains pas, je ne me morfonds pas, je fais partie du troupeau des gens qui n'auront pas tout à fait choisi. Je crois que je ne suis ni heureux ni triste, je crois que j'ai toujours su que ma vie serait ainsi. Peut-être bien que ça remonte a l'éducation, cette espèce de culpabilité prégnante et ce goût pour la défaite. Je vais peupler ma vie de songe, d’événements passés et a venir, au fond qu'est ce que la vie si ce n'est un éternel recommencement, comme si chaque année remplaçait l'année précédente par une vie identique. Bien sur je vais embrasser d'autres lèvres, je vais caresser d'autres seins, bien entendu je vais donner l'impression que je suis heureux et en vie, au fond j'ai toujours su que ça finirait ainsi et je l'ai accepté, je le savais sans doute avant même que ça ne commence. Mais ça n'a pas d'importance. J'ai vécu ce que je voulais vivre, nous avons vécu ce que nous voulions vivre, elle m'a tenu par la main alors que le cercueil de ma mère descendait en terre. Je l'ai regardé dormir. Je lui ai posé ma main sur le front quand elle en avait besoin. Et ça ne s'effacera pas. 9a ne peut s'effacer. Alors je vais continuer de vivre a côté de moi puisque ma vie est avec toi. Je vais continuer de vivre avec toi. Puisque ma vie est près de toi. Tout près de toi.