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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 06:41

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http://farm1.static.flickr.com/206/453641765_519538e199.jpg?v=0 

 

 

Il fait beau et chaud, alors les filles ressortent leur chaussures moches. Je regarde les immondes socquettes bleues que portent la fille en face de moi, je me dis un peu connement je ne pourrai pas sortir avec une fille qui metsdes trucs aussi horribles. Alors je me souviens de cette fille de toulouse, qui m'avait dit je suis sorti avec toi à cause de tes mains et de tes chaussures. Bon mes chaussures ça devait être des docks. Mes mains j'ai jamais compris, mes doigts sont courts et un peu boudinés, pas très élegant à vrai dire. Le colis du bout du monde sent la sueur et la poussière. J'aimerai tout reprendre à zéro je me dis. Deux ans en arrière. Un type me demande une roulé, il doit-être sri lankais ou indien, il désigne ma cigarette alors je sors mon paquet et mes feuilles et il me fait comprendre qu'il faut que je lui roule. C'est le deuxième type en trois jours qui me fait le coup. Bon le premier c'était un clochard auquel il manquait des doigts et avec un tremblement rédhibitoire, mais là le type je sais pas, je roule pendant qu'il me sourit. Il me baragouine un truc en français, c'est dingue ce que ma vie sociale gagne en richesse depuis que je fume des roulés. La formatrice du politburo qui dit aux filles de mon groupe en me désignant, ça doit-être formidable d'avoir quelqu'un comme lui, toujours de bonne humeur et qui positive tout. La gothique est au bord de la syncope. La fille à qui on ne la fait pas, me regarde en hochant la tête d'un air navré. Les gens ne te connaissent pas elle me dit plus tard. T'en a pas marre de crier à l'intérieur me demande la gothique. On traverse les puces de clignancourt vide, avec les rideaux fermés des jours de semaine, sensation étonnante, un autre monde, c'est assez glavanisant. Pendant tout le concert de frustration à mains d'oeuvres, je reste ahuri par tant de maîtrise. Parfois j'ai l'impression de voir joy division ou d'entendre plutôt. Je m'angoisse à nouveau, peut-être le manque d'alcool, peut-être l'incertitude de l'avenir, peut-être le tout et le rien. Les ronds de fumée dans l'air. Tu semble aller tellement bien et tellement mal me dit hell. Elle s'inquiète depuis qu'on a découvert que sa mère est bi-polaire. Je devrais passer les tests hell me dit. Une fille juste après le concert de cheveu qui me laisse heureux et trempée me demande si je ne suis pas le chanteur d'un groupe belge. Je crois pas je réponds. Les mouvements dans l'air. Je déchire le paquet, je regarde les livres et les vêtements. Je regarde les photos du bout du monde et l'angoisse me tombe dessus. La piscine est en grêve, alors j'erre le long du canal. Il fait chaud et soleil. Je me demande ou nous serons dans quelques mois. L'un sans l'autre sans doute. Je voudrais tout recommencer je me dis, jusque pour quelques heures, quelques jours. Ca ne résoudrait rien je sais. C'est sans doute ça le pire. Cette tentation d'exister.

 

 

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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 16:54

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http://i.ytimg.com/vi/1LIpWAg-x-s/hqdefault.jpg

 

J'ai su dès mon enfance que la vie était une histoire sérieuse. Vivre est une odyssée. On doit savoir quelles sont ses armes, et apprendre à connaître les failles dans l'armure des autres. Le charme est une stratégie. Quand on n'a pas vu le jour dans le camp des gagnants, attaquer l'ennemie de front entraînerait une inéluctable déroute.

 

                                                                                                 Régis JAUFFRET

 


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18 mai 2010 2 18 /05 /mai /2010 16:20

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http://www.cinemasgaumontpathe.com/tmp/imgresized/51/51e67ba4113b204a2aa5db3ddd44d760-492x328.jpg

 

Je dis rien j'attends quand ça deviend insupportable. Je me suis dis tu es fort tu vas y arriver j'ai essayer. Mais je n'ai me pas la liberté non je n'aime pas la liberté.

Le type qui fait la manche sans la faire me parait en meilleur forme, il ne porte plus de casquette, il a sans doute moins froid. Un type dit au kiosquier non mais jusqu'a quel âge on va travailler, hein, jusqu'a quel âge ? Il me regarde, hein vous en dites quoi monsieur. Oh laisse le tranquille dis le kiosquier, il est jeune le monsieur il est pas un vieux crouton comme nous, tu crois qu'il y pense à la retraite ? Alors je rigole en lui tendant les un euro trente, mais ils ne peuvent pas savoir pourquoi je rigole. Mais je souris encore en arrivant sur le quai. Les gens courent après le métro qui va partir, moi jamais, quand tu prends le métro au terminus, il est toujours sur le point de partir. J'ai jamais aimé courir après le métro, même a 10 ans quand je prenais le métro aux gobelins pour aller jusqu'a sully morland sur l'interminable ligne 7, je courais jamais. J'ai toujours pensé que c'était la seule façon de s'en sortir dans cette ville, ne jamais courir après les métros et les bus. Si je voulais que la ville et la vie soit supportable.  

Je ne trouve pas quelque chose de valable à faire, je me dis que je vais finir par mourir idiot. Tu fonces droit dans le mur pendant que d'autres cotisent pour la retraite.

Je suis toujours un peu en avance alors je sors du métro et j'évite le changement qui dure trois plombes et je finis le trajet a pied jusqu'au politburo. Sur cette avenue avec ces grands immeubles moches et improbables. Cette avenue qui sent le populo en fin de vie a paris. Des types traînent avec des canettes de bière. Des gens parlent tout seul. Des cotorep qui rient un peu trop fort pour être honnête. Ca sent la pauvreté à pleins nez. Ca sent les débuts de mois difficiles, ça sent les milieux de mois très difficiles, ça sent les fins de moi qui durent longtemps. Toujours du monde autour de la poste, dès  fois que le RMI arrive plus tôt ce mois ci. Beaucoup de chinois, beaucoup de juifs à papillottes, beaucoup d'arabes voilées. J'aime bien en fait ici. J'aime bien ce sentiment de fin du monde. Les gens semblent usées, vieillis prématurèment, comme cassés de l'intérieur. Comme brisés, fourbus. Ils ne lèvent plus la tête, ils la gardent baissés. Nous sommes dans le quartier le plus pauvre de paris, hormis peut-être la goutte d'or, la rue myrha, nous sommes dans un arrondissement ou les lecteurs du figaro n'oseraient pas venir. C'est sale bien sur, les pauvres n'ont pas le droit à la propreté, ca sent l'urine, la fatigue, les jours sans lendemain. C'est curieux je me suis toujours senti mal à l'aise dans les quartiers chics. Je préfère ici, avec les damnés de la ville.  

J'ai toujours eu du mal a sortir de moi. Ma vie est un film qui ne démarre pas.  Mieux vaut mourir idiot.

Je ne comprends pas sur quel chemin vous voulez m'entraîner me dit la femme derrière son bureau. Vous me faites peur parfois avec vos incertitudes certaines, vos renoncements mécaniques. Vous ne pensez qu'a l'abandon à la perte. Il fait soleil dehors, il fait chaud. Je sens encore le chlore de la piscine du midi. Je sens encore la vie qui m'anime au fond de la gorge. Je lui ai dis je suis comme ce livre de james frey, vous savez. En mille morceaux. Quand j'en recolle un, il y en a dix qui se cassent la gueule. Vous savez je suis un chateau de cartes qui tangue, je suis une construction en allumette qui s'écroule. J'aurais peut être du faire architecture. Toujours à faire le malin elle me dit, vous pouvez pas vous en empêchez, c'est dommage, si vous éloigniez toutes ces scories de pensées et de langage, on pourrait peut-être avancer. J'ai l'impression que vous voulez toujours rebondir plus haut. C'est ça l'erreur. Vous ne pouvez pas vous contenter de simplicité.  

Ca me parait de plus en plus difficile de croire qu'en pensant je vais atteindre quelque chose. La peur et l'indidualisme m'ont détruit moi aussi. Quand je dis quelque chose ça veut dire quelque chose.

Je relis ross thomas traduit par manchette. Je me dis il faudrait relire le dernier manchette inachevé très inspiré de ross thomas. Je ne m'en souviens plus. Je me souviens de la fille qui me l'a offert, cette fille avec laquelle j'ai vécu quelques temps, voire deux ou trois années. Je me souviens de sa mère qui avait peur de moi car les roux sont le signe du diable dans son pays. Comme ma grand-mère qui se faisait jeter des pierres au fin fond de la bretagne car elle était rousse. J'erre un peu dans ma vie, j'erre un peu dans ma tête. Elle me dit vraiment désolé. Vraiment. Faut pas je me dis, personne n'y peut rien. C'est comme ça c'est tout. Je termine le jauffret sur le fais divers sordide, je me dis je n'écrirais jamais comme ça. Je referme le livre en me disant je vais peut-être arrêter d'écrire. Je reste longtemps sous la douche dans la piscine, je ferme les yeux, je sens du savon dans mes yeux. Ca pique un peu, mais pas assez pour pleurer.

Personne ne m'arrêtera puisque je ne vais nulle part.

 

(Toutes les phrases en gras sont extraites de l'album "poing perdu" d'arnaud michniak)

 

 

 

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16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 08:36

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http://spectv.files.wordpress.com/2009/07/samuel_beckett_1355426c.jpg

 

 

Il raconte qu'il a couru derrière chantal lauby dans la rue de bièvres alors qu'il voulait montrer la baraque de mitterrand à sa nouvelle copine. François hein pas frédéric. Sa fille qui lui a dit oh mon petit papa tu vas a paris tu ramène sun autographe de quelqu'un de connu. On est tous plié en quatre. Je me demande si je serai capable de faire signer un autographe a quelqu'un de connu juste par amour pour mes enfants. Je crois que non. En même temps j'ai pas d'enfant. La veille au concert, l'enfant qui levait les deux pouces en l'air à la fin de chaque chanson. Le chanteur qui lui dit si ça t'a plu alors ça m'a plu. L'enfant me dit merde j'ai oublié de dire au batteur qu'il jouait trop bien. T'as dix ans je dis, t'en reverra des concerts. J'ai l'impression d'avoir un siècle, j'emmène mon pseudo-fils de 15 ans à des concerts de punks ou tous les spectateurs pourraient être mes enfants, et j'emmène mon filleul dans des concerts de rock dans des caves avec trois mecs bourrés qui dansent comme des débiles. Tu sais t'es l'homme de ma vie je dis a mon filleul. Je t'aime comme j'aimerais jamais personne d'autre vu que je n'aurai pas d'enfant. Je suis au restaurant avec mon parrain, bordel ce que j'aime cet homme, a 83 ans il est encore la buvant ses deux whiskys avant de commencer à manger. Je lui dis pas que je suis alcoolique, je lui dis rien, je lui dis je bois pas. Tu sais fils, il dit, ça me fait bizarre de te voir avec une eau gazeuse, mais si tu me dis que c'est ce que tu veux, je suis de tout coeur avec toi. Je sais qu'il sait que je suis alcoolique je sais qu'il attends que je prononce le mot. Envie de chialer.  L'enfant me dit papa, alors que je m'assois sur la chaise sur la terrasse. T'inquiète me dit la fille elle fait ça à tout le monde. Je suis pas ton père je dis à l'enfant, deja tu vois comme je suis roux et comme tu es brune comme une portugaise. Tu sais me dit le père de mon filleul, ça me fait rire de te voir si mal pour une fille. Je t'ai toujours connu mal pour une fille, mais en général car tu ne savais comment t'en débarasser, bordel toi malheureux pour une fille c'est drôle. C'est bien que tu devienne humain il dit et puis il rigole. Hell me dit tu sais c'est normal, bordel, tu semble avoir toujours survolé les évenements, bordel t'es tellement malheureux comme une pierre, ca fait rire tout le monde, ça fait surjouer. Et puis tu sais j'ai plus envie de raconter ma vie car ma vie est celle de tout le monde, celle du type qui se croyait plus intelligent et plus fort que les autres et puis qui ne vaut pas mieux. J'erre un peu sur le boulevard diderot ou il ya une espèce de brocante, évidemment je ne vais que vers les stands ou il y a des livres. Un clochard me demande une clope, je lui donne du tabac et une feuille, et puis il me demande de lui rouler, il me tape sur le plexus avec son doigt coupé alors je lui roule et je lui dis doucement, et puis je vois le moment ou il va me demander de fumer la clope pour lui. Je me souviens de mon grand père avec son doigt coupé, je me souviens comme ça m'impressionnait quand j'étais petit. Mon parrain me dit, tu sais je sens que tu n'es pas heureux mais tu es comme ton père en fait, tu aimes bien jouer la comédie. Le clochard me dit tu es un gars bien tu sais. Je lève les yeux au ciel. L'enfant me dit c'était un chouette concert hein ? Je me demande combien de temps je vais jouer la douleur.  Même si je n'ai jamais jouer aussi peu qu'aujourd'hui. J'échangerai ma vie pour aucune autre je dis à hell, mais je souhaite ma vie a personne d'autre. C'est tout le problème hell dit. C'est tout ton problème. Va peut-être me falloir le résoudre. Oui mais résoudre les problèmes c'est un peu l'opposé de ta vie elle dit. Trancher dans le vif, je dis, c'est un truc que je sais pas faire. Mais faut pas te rendre malheureux pour ça hell dit. Non vraiment pas je crois. Me rendre malheureux c'est un truc pour lequel je suis déjà hors compétition. Pas la peine d'insister. On va dire ça hell dit. On va dire ça. Toi et moi. Mon parrain me dit arrête de croire que tu es beaucoup moins intelligent que ton père, arrête de croire que tu étais le raté de la famille. Je crois que ton père savait qui tu étais, et il en revenait pas. Il était fier de toi tu sais. Tu n'as pas fait de grandes études, mais bon je crois qu'il était fier de toi. C'est dommage qu'il ne te l'ai pas dit. On est pas un peu dans le cliché la je dis. J'aimerai bien il dit. J'aimerai bien. Mais si je meurs demain. Souviens toi de ce que je t'ai dis. Souviens toi. J'en reviens pas comment ton père t'aimait il dit. Au dela du raisonnable il dit. Alors je ris. Ben tu croyais quoi ? Que j'allais me mettre à pleurer ? Je boirais bien une bière je pense. Et puis j'oublie. C'est toujours ça de pris.

 

 

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 21:15

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http://img380.imageshack.us/img380/1474/46by.jpg

 

Les gens elle dit. Les gens je ne peux plus plus. Toutes leurs mollassonneries mollassonnes toutes leurs lâchetés étalés comme des trophées de guerre tout ce miel et cette vanille qui leur sort du nez toutes fleurs dans les yeux des filles je ne peux plus elle dit. Même toi tu ne te bats plus tu t'enfonces doucement dans le confort ouaté de ton boulot tu ne cherches pas tu ne veux plus. Les gens elle ajoute je ne peux plus mais alors plus du tout. Les gens je ne veux plus elle dit mais plus du tout j'ai plus d'envie c'est comme tout le reste je crois comme le corps des filles le corps des garçons leurs chattes leurs bites tout ça tout ce cirque c'est plus possible. Les autres je ne peux plus mais plus du tout tu sais c'est comme le dégoût de la drogue de l'alcool de tout ce qui nous retenais et il y avait que cela faut dire vu que nous n'aurons jamais d'enfants de familles de carrières, d'amoureuses, d'amoureux, jamais personne à bord hein le pied sur l'accélérateur et droit dans le mur. Les autres c'est fini elle dit je vais finir ou alors je vais continuer toute seul je vais en finir ou pas mais je resterais seule même toi tu réclames trop même toi tu n'es pas à la hauteur parce que la vie ne t'intéresse pas mais alors pas du tout ta vie t'intéresse oui mais pas la vie tu es auto centré sur toi même tu es toujours en pilotage automatique. C'est cool pour toi mais ça saoule les autres. Les relations elle dit c'est derrière moi c'est trop bien je suis libre enfin libre comme l'autre con là sur son île déserte libre comme l'oiseau dans sa cage mais c'est pas grave. Seule c'est tout ce que je demandais   alors c'est pas plus mal tu vas me manquer un peu mais pas plus que je ne vais te manquer et je me sens comme qui dirait rassurée. Ma vie plus vieille amie, je me dis, au bord de l'abîme de la dépression, au bord du bord du bord, et moi gavé de non-alcool je n'ai pas d'idées sur ce que je peux lui raconter, sur ce que je peux vivre, et ne pas vivre, croire ou ne pas croire. Je n'ai plus d'idées.   C'est venu tout doucement tu as bien compris imperceptiblement que tu n'arrivais plus à parler aux gens. C'est un peu comme la mélancolie du malheur, c'est un peu comme tremper son doigt dans l'eau froide. Tu ne te reconnais plus que dans les sentiments raisonnés de la distance, tu ne sais plus, tu ne parviens plus à parler aux autres. Il n'y plus de posters d'idoles fanés aux murs de la chambre, il n'y a plus le corps d'une pauvre fille échoué, même le tourment ressemble à un sentiment un peu flétri. Les gens ne te comprennent plus et je les comprends. Les gens ne te parlent plus et je les entends. Ils murmurent, étalent leurs mots comme une pâte pour les tartes. Tu crois que les paysages te feront du bien, tu crois que le voyage te réveillera, tu crois que les sentiments vont te reprendre là bas, la vie des notres, de ceux qui ne veulent plus rouler sur les routes un peu balisés. Tu crois que les mots sur un écran de poussière, tu crois encore ça, ta naïveté fait peine à vivre. Il y quelques cris au loin mais non même pas, il y a des phrases essouflés que tu débites comme des tranches de saucisson. Tu parles avec ton foie, tu suis avec ton corps, c'est plus le cerveau qui dicte, c'est la vie sans soucis, sans tourments, c'est la vie mode veut pas. C'est la douce musique de ton âme, sans drame, tu ne parles plus aux gens, c'est curieux, tu ne parles plus, les mots fatigués, tu racles ta gorge, tu as sans doute raison, tu frottes tes yeux, il  fait même pas soleil, tu vas sourire crois-moi, respirer un peu, pourquoi pas après tout ? Tu n'as plus rien a perdre, puisque tu as tout perdu. Alors autant tenter ta chance. Au moins tu seras pas décu.

 

 

 

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13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 12:05

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http://3.bp.blogspot.com/_uvtZkh9GxV4/SS23wFVP5gI/AAAAAAAAAHE/kOZkEYSh-3s/s400/DavidLynchIsabellaRosellini.jpg

 

 

Manque de sucre, elle dit, normal je n'en mange pas, je dis. Je déteste le sucre. Les patisseries tout ça. Mais bordel avec tout l'alcool que je me suis enfilé. Je pensais finir comme john fante, sans jambes, gangrené par le diabète. Non manque de sucre lent. Vous mangez des pâtes, du riz, des féculents voyez. Ben en ce moment je mange pas grand-chose, mais bon, un natif de chinatown comme moi, née avec son rice-cooker sous le bras, j'en ai mangé du riz. Et des pâtes les dix derniers jours du mois. Vous mangiez quoi les 20 premiers elle demande. Bibine et humous je réponds. Ca rigole moins chez le le type entre deux âges avec ses lunettes un peu fumées. Entre deux âge, je me dis, n'y suis-je pas de plain-pied moi-même, entre deux vies, entre deux tout.  Mon cul entre rien du tout oui. Vous pêtiez les plombs quand vous buviez ? Absolument pas il répond. Et vous le savez bien, vous buviez pour pêter les plombs, emmagasiniez votre rancoeur juste pour la ressortir et pour qu'après on vous dise ah mais oui c'est l'alcool. Je pense à la soirée de dimanche avec ce type un peu bourré qui me dit bonjour l'accueil, tu as vu elle ne me regarde même pas. Ne me dit pas bonjour. Je me demande s'ils sortaient ensemble, je me demande s'ils sortent encore ensemble. T'aurai pas du boire j'ai envie de lui dire, mais a quoi bon. Et puis de quel droit je pourrai dire ça ? Et votre fuite, votre refus de conflit, ma lâcheté je l'interrompt, bof il dit non, votre refus du conflit à jeun et votre recherche du conflit quand vous buviez, vous n'avez jamais trouvé ça curieux ? Bon j'ai attendu une heure, tu me diras j'ai fini le joseph hansen que j'avais amené, pour  entendre q tout ce que j'ai réalisé sous alcool et tout ce que je n'ai pas fait sans. Une heure et demie d'évidences pas évidentes. J'entends ma vie défilé comme dans une série Z. Je lui dis je fracasse les filles qui m'aiment par mon trop peu d'amour, et je lui dis je fracasse les filles qui ne m'aiment pas pour leur trop peu d'amour. Non il dit, c'est pour ça que vous buviez, vous voulez inverser le cours des choses, vous voulez que les gens qui vous aiment ne vous aiment plus, et vous voulez que les gens qui ne vous aiment pas, vous aiment. J'y pense plus tard en descendant la rue des couronnes. J'ai un peu envie de boire curieusement, pas pour retrouver l'ivresse, juste pour me laisser aller. Ne pas toujours pleurer. J'y pense un peu et puis je sens cette espèce d'angoisse en mode continu. J'ai l'impression que les jours passent, de plus en plus vite, j'ai l'impression que c'est bientôt la fin de l'été. J'ai l'impression que c'est la fin de tout. J'aime bien votre sens de la mesure il dit en ajustant ses lunettes. Vous ne pourriez pas être un peu optimiste il me demande. La vie ne m'a pas apprit ça je dis. Il hausse les épaules et puis il éclate de rire. Il est fou je me dis. Nous sommes faits pour nous entendre.

 

 

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13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 06:45

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http://www.linternaute.com/cinema/image_diaporama/540/last-days-3688.jpg

 

 

A l'instar de la majorité de ces congénères, il était une créature d'habitudes. Lorsqu'il buvait, il battait une campagne où les bus ne vont pas, marchait à 4 pattes...et le monde lui-même avait intérêt à ne pas se mettre en travers de son chemin. Mais la plupart du temps, lorsqu'il était sobre, c'était un authentique gentleman, un être humain d'une rare délicatesse. Le petit esclandre de ce soir n'était pas le fruit d'une quelconque ébriété. Quelque chose s'était produit qui avait fait sauter le couvercle de la marmite et lui avait fait perdre les pédales au point de donner l'impression qu'il avait subi une greffe du cerveau.

 

                                                                                         Kinky FRIEDMAN

 

 

 

 

 


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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 16:13

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http://www.rue89.com/files/2009_02_23_Wrestler_rourke.jpg 

 

Le rasta me jacte pendant quelques instants après que je lui donne du feu pour ça cigarette. Tout juste s'il va pas me claquer la bise ou me serrer contre lui. En ce moment, ça m'arrive tout le temps, les gens auxquels je donne du feu me remercient comme si je venais de leur sauver la vie. Au moins se remettre à fumer m'aura apporter ces quelques instants d'intimité. Ils sont si rares. Je me promène sur les quais, il pleut, il fait nuit, je ne fais même plus attention ou mes pas me mènent. Je ne fais même plus attention. Je fais les cent pas dans mon appartement. Un autre que moi embrasse ses lèvres. Je descends les escaliers de mon pas lourds. C'est les docks. Ca résonne dans tout l'immeuble haussmanien.  Je sors dehors. Un autre que moi...Je suis dans la rue. Je fracasse mon crâne sur le trottoir. Je rape mon corps sur les pavés. Je suis nu. Si elle a un coeur de pierre, j'ai un corps de métal. Je ne suis plus vivant enfin. L'angoisse a disparu. Enfin. Le stress, tous ces sentiments qui me bousillaient. Enfin je suis mort. C'est tellement plus agréable. Tellement plus facile. Ils se tiennent par la main dans la rue, elle rit. Je ne sens plus la douleur, je ne sens plus rien, enfin. J'arrache mes yeux que je jette dans le caniveau, je ne veux plus voir. Je pince mon nez, je ne veux plus sentir. Je ferme ma bouche, je ne veux plus manger. Je suis enfin mort. Enfin et irrémédiablement mort. Ma colère s'est envolé, ma jalousie s'est dissipé. Je suis mort. Je cours un peu puis a bout de souffle je m'effondre sur le sol. J'ai le vertige de ce que fut ma vie. Faisons un enfant. SI elle pose encore la question ce n'est plus à moi, il est trop tard. Je suis enfin hors du monde, hors de la vie, hors de l'amour. J'erre entre les lampadaires qui éclairent la nuit, je ramasse la pluie sur mes yeux mi-clos. Je serre les poings pour ressentir encore un peu la vie. Je ne suis plus rien. Il pleut de plus en plus fort dans la nuit, ça m'évite de me rendre compte que je pleure. Ca m'évite de percevoir la douleur. Mon corps ne réponds plus. Mon coeur ne bats plus. Vous pouvez me dire ou vous allez, elle demande toujours digne. Elle me regarde d'un air sévère. Je pense au livre de jauffret. Juste le titre. Vous ne comprenez pas elle me dit, c'est curieux plus vous analysez les choses, plus vous amenez les bonnes réponses moins vous comprenez. Vous trouvez toujours les réponses mais toujours pour les autres. Jamais pour vous-même. Regardez vous de l'extèrieur vous voyez quoi ? Je ne t'abandonne pas elle dit. Je pleure. Il pleut, je pleure, je marche, je pleure. Je suis dans le 26 et le conducteur semble décidé à battre le record de vitesse entre maraîchers et nation. J'ai lu 60 pages à l'aller j'en lirais pas 10 au retour. C'est la pire nuit de mon existence, non c'est la pire vie de mon existence. Ah non c'était la veille. Des questions sans réponse. Elle me dit je m'inquiète. Je pleure. J'erre un peu sur les quais, je me demande pourquoi cet ami ne me réponds plus. La dernière fois ça remonte je devais être mort bourré. Je n'en veux a personne, je me dis, je n'en veux qu'a moi-même. Ne pas boire c'est ne plus faire du mal aux autres, c'est juste vouloir se faire du mal à soi. Je ris toute la journée, la gothique me demande pourquoi je suis aussi heureux, parce que c'est le corps qui prend tout je dis. Je regarde les astérisques sur le papier d'analyse, j'ai l'air en tellement bonne santé, c'en est presque pas anormal. Pas humain avec tout ce que j'ai ingurgité comme merde. Alors je m'accroche à ces astérisques pour me dire que je suis malade. Un type comme moi ne devrait pas s'en sortir. La fille enceinte me dit tu sais les roulés c'est pire que les cigarettes. Je longe la seine. Je plonge mes yeux dans le fleuve. Je plonge dans le fleuve. Mais non ça ne servirait a rien. Je sais trop bien nager pour me noyer. Même ça je n'en suis pas capable. Même ça.

 

 

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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 06:25

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http://cequetulis.files.wordpress.com/2009/01/57044-1-aaltra.jpg

 

Elle envoit des messages pour sentir le goût du sang, c'est son côté toréro, elle plante ses banderilles petit à petit, elle regarde le sang couler. La mise à mort attendra. Tu tournes dans l'arêne depuis si longtemps, tu es deja aveuglé, tu n'as plus tellement de forces physiques, tu es comme qui dirait délabré, en train de t'effondrer.Il suffira d'une pitchenette et tu t'écraseras dans le sable sous les applaudissements de la foule. Pauvre petit occidental. Tu donnes quelques pièces au type qui fait la manche sans faire la manche, tu te dis un samedi matin si tôt et il est déja là, tu retourne dans la journée voir le kisquier qui t'as vendu Libé au prix normal alors qu'il coute le double ce jour-là avec leur magazine de mode à la con, le kiosquier oh t'es sympa de revenir tu es un bon gars, et puis dans le métro tu lèves les yeux de ton livre et tu donnes ta place a la grande bourgeoise à peine enceinte, qui te dit oh merci monsieur d'une voix qui t'horripile. Mais qu'est ce qui te prends ? Tu te sens tellement malheureux que tu deviens cette petite chose molle et sentimentale. Au moins tu auras maigri, tu te dis, toute cette douleur, tout ce désarroi, toutes ces griffes qui m'arrachent la peau, toutes ces insomnies, tout ces pleurs, toute cette souffrance brut, tout ça n'aura pas été pour rien. Tu auras maigri, tu seras devenu un peu plus humain. Tu regardes ta gueule dans le miroir, une fille te dit on se voit vendredi samedi quand tu veux, ça nous changera nos idées noires. J'ai rien envie de changer, j'ai juste envie d'une trépanation, d'un oubli, j'ai juste envie de frotter mon cerveau à l'eau de javel. Après 5 cafés et 50 clopes, j'arrive vaguement à m'endormir. Ca va quand même, elle demande ? Si je répondais a la question, ce serait juste pas audible. Alors je la garde dans mon petit cerveau moisi. Au milieu des deuils et des tourments. J'infuse. Ca change rien mais ça passe le temps.

 

 

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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 21:09

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Elle dit tu es en train de t'éteindre. Pleurer, pleurer, pleurer. Elle dit je voudrais t'étreindre. Pleurer, pleurer, pleurer. Des hauts des bas tu me fais rire. Et moi, pleurer, pleurer, pleurer. Tu veux quoi, je comprends pas, moi je serai toi je me remettrai un peu à picoler je crois. C'est juste pas possible de rester ainsi. Merde je préfèrais quand tu picolais je crois. Hell me dit j'ai un coeur de pierre, sec, ça me rend malheureuse si tu savais. Non je confirme c'est pas une dépression, je dis a je ne sais plus qui. Et ma mère me dit non mais tu maigris a vue d'oeil, tu ne prends pas des pilules ?  Mais la balance ne dit pas ça. Soeur krishna alors les analyses ça dit quoi. Et je dis a je sais plus qui non mais ma mère qui trouve que je maigris à vue d'oeil, non mais n'importe quoi. C'est pas faux elle dit, c'est tes os qui sont lourds pas ta graisse. Alors je vais voir ce film qui ne me remonte pas le moral mais qui le fait pas descendre non plus notez  avec cet acteur que je trouve insupportable et qui joue un dépressif de 40 ans qui se sent inutile. On dirait qu'ils ont filmé ma vie, sauf que j'ai pas une fille de 25 ans qui est amoureuse de moi. La chanteuse polonaise qui me dit tu viendras a mon concert, et moi toujours finaud je lui dis oui je viendrai pour ce chanteur belge. Je me sens bourré, quand je mange pas, avec deux trois cafés dans le cornet et puis des cigarettes et des cigarettes. Je voudrais dormir et puis ne plus penser à rien car je pense que des conneries, j'interprête sans doute des mots qui ne veulent pas dire ce que je crois. Je m'inquiète pour l'avenir, la fille me dit, la plupart des types de ton âge aimerait vivre la vie que tu vis. Oui mais le problème c'est que je voudrais vivre leur vie je crois. Je suis fatigué, fatigué, alors je fume. Mes amis restent avec les filles qu'ils ont épousés, et ils restent près de leurs enfants. Et moi je suis la, suspendu au téléphone, attendant un geste, des mots qui ne viendront pas. Je suis un enfant elle dit, pas moi hein je parle de toi. Je crois qu'elle a raison. Je suis même pas encore entrer dans l'âge adulte, faudrait peut-être que j'y pense. Faudrait non ? Sinon je vais devenir vieillard sans même avoir vécu une vie d'adulte. C'est pour ça que tu te sens jeune elle dit. Oui tu manques de maturité, remarque. Je manque de tout je réponds. C'est ça que j'aime bien chez toi ton sens de la mesure. Cette façon de voir tout en noir ou blanc. Mais je comprends que tu sois épuisé. C'est pas humain de raisonner ainsi. Tu crois que je suis humain je lui rétorque. Trop, beaucoup trop, elle dit d'un air las. Mais te le faire comprendre, c'est au-dessus de mes forces, elle dit dans un soupir. Au-dessus de mes forces et de celles, de toutes celles que tu as rencontrées. Je suis pas sur qu'il existe une personne sur cette terre qui peut te faire comprendre ça. En tout cas pas moi. Et personne d'autre. Hormis toi.

 

 

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