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16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 17:25

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http://kubrick77.free.fr/photos/JN/jn5.png

 

Tu infuses la douleur. Elle se répand dans tout ton coeur, peu à peu, sans se forcer. Tu te demandes si le pire c'est de mourir ou  de savoir que désormais tu n'attends plus que la fin, la gueule dans le poteau, la douleur absolue et brutale. Tu te demandes si le pire c'est de l'attendre. Vivement la mise à mort. Tu ne sais plus rien. Toujours aussi en forme dit une fille au politburo, toujours aussi déconneur, tu connais pas le doute ? Non je suis mort je pense.  Tu diffuses la rancoeur. Imbécile que tu es, tu dis ce que les gens veulent entendre. Quand hell te parle le soir, t'explique pourquoi elle agit ainsi, pourquoi elle sera toujours ainsi, tu ne te sens pas découragé tu te sens mort. L'extrême-onction est juste une question de jours, d'heures, peut-être. On ne compte déja plus en semaine.  Tu descendras les escaliers, une dernière fois, tu n'auras plus les clés dans ta poche. Tu pousseras la porte cochère et tu seras dehors. Et tu seras mort. Tu iras au bout de la rue, tu regarderas la fenêtre. Il y aura peut-être encore de la lumière. Ta place chaude dans le lit aura trouvé un autre squelette plus vivant pour réchauffer celle qui. Pour la première fois tu ne ressentiras pas l'ivresse de la séparation. Tu n'as plus ni bras ni jambes tu te souviens de ce qu'elle te disait, quand tu l'avais quittée celle qui est si légère, elle t'avait dit ton départ c'est comme si on m'avait arraché un bras. Tu comprends maintenant. Tu deviens de plus en plus humain. Tu finiras chialant toutes les larmes de ton corps sur le bord de la route. Ce n'est plus de toi dont elle attends les appels. Ce n'est plus toi qu'elle appelle. Désormais ta place est sur les étagères, entre les photos et les boîtes à souvenir. Tu vas prendre la poussière tout lentement. Il ne te reste plus qu'a attendre. Il est moche et beauf elle dit. Tu es beau et intéressant. Tu peux comprendre que c'est avec lui que je veux coucher. Je commence tout juste a réaliser je me dis. Les morts sont toujours plus lents. C'est même a ça qu'on les reconnait.

 

 

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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 18:11

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http://www.collider.com/uploads/imageGallery/Paris_Je_Taime/natalie_portman_as_francine_and_melchior_beslon_as_thomas_in_tom_tykwer_s__faubourg_saint_denis__segment_paris__je_t_aime.jpg

 

Je ne sais pas encore que je serai bientôt mort. Je marche dans la rue. Il est tard je suis un peu fatigué. Je vais rentrer à la maison et dormir. Encore quelques pas. Je suis sortie dehors lire ce livre à la terrasse d'un café, comme parfois je le fais quand j'ai du mal a les terminer. Les livres. Je ne suis pas très en forme, je m'inquiète toujours quand je ne la vois pas rentrer, quand je sais qu'elle est sortie boire des verres pour oublier. Vivre et s'amuser. Ce n'est pas qu'elle roule des pelles à un garçon qui m'inquiète, c'est juste, j'ai toujours un peu peur d'une mauvaise rencontre. Enfin c'est ce que je me dis pour faire croire que je m'en fous. Je suis surtout mélancolique de notre relation qui se termine, je sais que je ne serai rien pour elle, je me souviens de ce supermarché dans la petite ville ou elle m'a expliqué. Non juste un amant elle m'a dit, tu as été mon amant. Je crois que je préférerais être comme celui qu'elle déteste, au moins elle l'a aimé. Pas longtemps mais. Au moins. Je me sens comme un retour d'éducation chrétienne, je me prends pour un putain de catholique qui subit son chemin de croix, tu as tellement fait souffrir, tellement provoqué de larmes, de dépits, de tristesse, même une tentative de suicide. Je paie l'addition je me dis, un peu, c'est mon tour de souffrir et comme je suis pas le genre à faire les choses à moitié, je me vautre dans la déroute. Je tourne dans la rue, je me demande ce qu'ils font tous là, je me sens con, je remarque ce garçon auquel elle sourit, je ne me souviens pas qu'elle m'a sourit ainsi depuis des siècles, je regarde leur complicité, leur intimité. Je reste interdit. Je suis à quelques mètres mais personne ne me voit. Alors je rebrousse chemin. Je marche à toute vitesse pour m'éloigner puis je reviens, et puis je reste interdit dans la rue en les voyant s'embrasser, alors je repars en arrière. Je marche à toute vitesse, je cherche un café, je veux boire une carafe de gin, un tonneau de vodka, je veux boire un alcool fort, si fort. De toutes manières, je suis mort. Je passe mon temps à briser mon âme sur des murs de métal, je passe mon temps à cogner mes genoux sur le pavé. Je me passe a tabac. Je passe au tabac, j'achète deux paquets de cigarettes que je fume frénétiquement en marchant. J'ai pas fumé plus d'une cigarette par jour depuis des semaines voire des mois, et je sens peu à peu que j'ai mal au poumon. Je veux mourir. Je veux boire. Je passe devand un type qui range sa boutique, celle ou il y a pleins de bières. Je veux rentrer et acheter tout son stock. Je me demande pourquoi ils sont revenus en bas de la maison, je me dis elle est peut-être remontée, je comprends pourquoi je n'ai pas de réponses à mes messages. Je lui téléphone, juste je veux savoir si elle rentre, si je peux aller me noyer dans l'alcool, dans le canal, dans le remords et la douleur. Elle ne répond pas. Le téléphone sonne dans le vide. Je me retrouve devand la maison mais toutes les lumières sont éteintes, elle n'est pas remontée. Elle est partie bien sur. Je continue de tourner dans le quartier, je la vois descendre dans le métro, partout je vois des filles qui lui ressemblent avec le même sac à dos. Je me dis j'ai peut-être rêvé, ce n'était peut-être pas elle, ils sont encore en train de boire des verres au café. Deux jours plus tard, la femme derrière son bureau le teint hâlé me demande pourquoi je m'obstine a souffrir ainsi, vous ne comprenez rien, vous le faites exprès. Je suis un crétin je lui dis, je ne peux pas m"éloigner d'elle vous savez, c'est comme un aimant vers lequel je reviens. C'est le premier jour de ma vie d'après. Non elle dit quand vous serez parti, là ce sera le premier jour de votre vie d'après. Vous devriez deja être parti non ? Mais ma vie d'après c'est la mort je lui dis. Je la cherche dans la nuit, à force de marcher depuis des heures, j'ai mal aux jambes, partout, je remonte. Elle arrive, juste après moi. Elle mange pour dissiper l'alcool, elle semble calme. Je fume toujours. Je ne ressens rien pour lui mais j'ai envie de le revoir elle me dit. Je me dis qu'il serait tant que je comprenne, je suis le miroir de celles que j'ai fait souffrir. Je les comprends toutes aujourd'hui, après toutes ces années, je les comprends. Je suis mort mais je suis enfin devenu humain. Il m'aura fallu ça, ces images qui s'ancrent dans ma mémoire, qui m'empêchent de trouver le sommeil, qui me rende à moitié fou. Mon corps se plaint. Je voudrais me briser sur les vagues. Je ne serais plus jamais le même je me dis. Elle va le rejoindre demain ou un autre jour. Et si ce n'est pas lui ce sera un autre. Je vais m'effacer. Redevenir un fantôme. Vous n'avez pas bu me dit la femme derrière le bureau. Avant vous auriez été boire en maudissant la terre entière. C'est positif vous savez. Je goûte à la douleur je réponds. Ce qui m'importe c'est que vous n'appréciez pas ce goût elle me dit, il y a d'autres mets sur terre que la souffrance et la douleur. Alors je me mets à pleurer. Elle me tends une boîte de mouchoir. Je crois bien que j'en attrappe un. Mais il reste au bout de mes doigts, je n'ai jamais su me moucher.

 

 

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13 septembre 2010 1 13 /09 /septembre /2010 22:11

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http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/60/06/62/18934173.jpg

 

 

En l’espace de quelques brèves secondes, la vision de cette femme et le contact de sa main l’avaient plongé dans un abîme de chagrin et de désir, et il prenait soudain toute la mesure d’une solitude dont il n’avait pas eu conscience jusqu’ici. Il se rendait compte à présent de la quantité incalculable d’images, de sons, d’odeurs et d’émotions à côté desquels il était passé toute sa vie durant. Toutes choses auxquelles il n’avait jamais accordé la moindre attention, jusqu’à cet instant précis. Puis elle s’en alla. Il se demanda s’il la reverrait un jour, et sinon, combien de temps il lui faudrait pour se remettre des blessures qu’il s’était infligées en acceptant sa chaleur, en savourant le son de sa voix, en frémissant au contact de sa main. Désormais, songea t’il, l’inconnu serait hanté par un second fantôme.

 

                                                                                           Georges CHESBRO

 

 

 

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12 septembre 2010 7 12 /09 /septembre /2010 17:07

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http://a4.idata.over-blog.com/2/43/67/20/blog6/brialy_serge_chabrol.jpg

 

Il y a écrit mille neuf cent dix sept sur les tableaux. Tu as vu ils sont signés me dit soeur krishna. Mon oncle me dit, il avait treize ans et tu as vu la justesse de son trait. J'ai envie de pleurer devand ces cahiers de mon grand-père. Mon oncle me dit tu pourrais m'aider à continuer de fouiller encore et encore dans les placards, je crois qu'il y a des oeuvres de ton arrière grand-père. Treize ans je me dis. En mille neuf cent dix sept. Les larmes aux yeux. Presque cent ans. Le grand-père avec lequel je jouais aux dames. Les dessins représentent la guerre de 14. Je me dis il faudrait connaître nos parents lorsqu'ils sont jeunes, il faudrait connaître nos grand-parents lorsqu'ils sont jeunes, je sais que c'est con de penser ça. Je sais. Ma mère me demande au fait tu viens dormir chez moi ou pas. Pas tout de suite je lui dis. Pourtant rien ne change tout s'empire. Elle s'enferme dans sa tour d'ivoire blindée, la porte à double tour, prends tout mal, mes mots l'exaspèrent je le sens bien quand elle continue dans la rue et me dit je vais me bourrer la gueule. La voix au téléphone du type qui me parle en anglais. Me prends pour une autre. Ivre  mort le gars, il ne s'en souviendra pas. Cauchemar elle me dit, cauchemar et encore cauchemar et puis elle s'enferme à double tour. Je garde l'image dans ma tête de cette joue qu'elle tend avec indifférence quand elle sort de l'avion après tout ce temps. Fier d'être français et catholique il est écrit sur le tee-shirt du type à la gueule  caricaturale, et au verso un drapeau français. Recta. Tu cherches saint nicolas du chardonnet j'ai envie de lui demander. Nous sommes rue de renard, le mec à une tête de militaire des années 70. Oui je sais tu n'étais pas né, je te rassure j'étais déja mort. Il fait beau mais on dirait qu'il va pleuvoir. Je pourrai peut-être faire une tarte au roquefort et au poire. Je pourrai peut-être vivre ou mourir ou je ne sais quoi d'autre. J'ai juste envie de leur casser la gueule elle me dit. Juste envie. Je peux comprendre mais j'ai pas bu, alors je suis autiste. Je ne peux pas l'accompagner. C'est vrai qu'ils ont des gueules de con. Mais je n'ai pas bu, je n'ai aucun courage, toutes les limites. Faut pas picoler elle me dit, elle s'étonne de ma mollesse, elle ne veut plus que je boive, faut en assumer les conséquences, je suis autiste. D'autres tableaux de mon grand-père, j'aime pas trop, hormis les couleurs, soeur krishna n'est pas de cet avis, ma mère ne dit rien. Mon oncle dit qu'il n'aime pas trop non plus, c'est marrant il a une queue de cheval comme le père de celle qui, il me dit quand tu auras mon âge tu te feras pousser les cheveux, ça fera plaisir à ta mère. Sauf que je ne serais plus là, dit cette dernière sans que je puisse la contredire. Je serais peut-être jamais vieux je me dis. Mon oncle me demande si je veux un des tableaux de mille neuf cent dix sept, je pense alors au cadeau de celle qui, un tableau de son grand-père, je me demande si moi aussi je pourrais faire un cadeau pareil. J'en ai tellement elle a dit sans que je trouve que ce soit une excuse pour me faire un cadeau pareil. Tu sais me dit nièce l'américaine ma professeur d'espagnole elle est pas rigolote, elle dit que je dois parler avec l'accent castillan, elle dit que j'ai l'accent sud-américain, bon sinon je te rappelle si tu n'es pas venu d'ici fin mars je ne t'adresse plus jamais la parole de toute ma vie et vu que j'ai 12 ans presque 13 ça va durer longtemps. La voix au téléphone du type ivre mort, j'ai envie de lui dire de ne pas être malheureux. J'essaie de ne pas comprendre ce qu'il me dit en anglais j'espère ne pas comprendre. Je ne sais pas si j'ai le droit.  Je n'ose pas parler, peut-être que c'est salaud de ma part de lui briser ses rêves. Alors je ne dis rien et quand je parle il raccroche comprenant sa méprise. Je regarde les tableaux qui sont signés de mon grand-père, il y a écrit mille neuf cent dix sept en bas à droite, il avait quatorze ans, il habitait rue saint louis en l'ile. Il est mort depuis si longtemps. J'ai une boule dans la gorge. Je n'ai jamais eu peur du ridicule. C'est ce qui me tue et me tient en vie. Encore un peu. Jusqu'a la prochaine fois.

 

 

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11 septembre 2010 6 11 /09 /septembre /2010 12:58

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http://www.bifi.fr/upload/bibliotheque/Image/espace%20patrimonial/ARTICLES/2007/RAOUL_COUTARD/tirez_pianiste.jpg 

 

Depuis que ma mère est soignée de ce cancer qui n'est pas soignable, qui n'est pas guérissable, qui n'est pas même réel - comment tu veux comprendre le cancer des fumeurs quand tu n'as jamais fumé -  donc depuis que ma mère est soignée et plutôt pas mal - même le grand professeur est monté jusqu'au quatrième étage de l'hôpital tellement vieux qu'on croirait un musée, ou alors c'est les touristes sur le parvis qui fait ça - depuis donc, ma mère s'est beaucoup rabougrie. Mais je me rends compte que ses deux frères aussi rabougrissent. Ils ont dix ans de moins pourtant. Ma mère m'a demandé si elle changeait physiquement depuis qu'une vieille de ses amies à moitié miro mais pas autant que mézigue ne l'a pas reconnue dans la rue, ça l'obsède. On se retrouve donc dans ce nouveau trou du cul du monde ou mon oncle a trouvé une nouvelle femme. La plus marrante de toutes, faut bien le reconnaître, même si c'était pas difficile d'être la plus marrante faut bien le reconnaître aussi. C'est la première avec laquelle on peut parler un peu de culture. Avant j'évitais les places près des femmes de mon oncle lors des repas familiaux,  maintenant je m'assois à côté d'elle. Ma mère a changé physiquement, un peu plus vite, un peu plus vieille, un peu plus à l'est, et maintenant malgré l'EPO, une  énergie vacillante. En même temps elle est vieille je me dis. Je me souviens un peu de ses parents, mes grands-parents. Je me souviens comme je les trouvais âgé, et pourtant ma grand-mère était morte à l'âge qu'a ma mère. C'est la première fois depuis deux ans que je ne me demande pas si c'est le dernier anniversaire de ma mère. Comme quoi moi aussi je suis sans doute touché par cette espoir un peu vain que la maladie recule. Je comprends rien aux nomsdes plats sur la carte, ça me semble un peu chichiteux. Je me souviens de ma grand-mère que je n'ai connu qu'avec un trou au milieu du visage. Cancer du nez. Je me souviens que je jouais aux dames avec mon grand-père, il avait les gestes saccadés, ces mains déformés, ces mains qui étaient celle d'un artiste, et qui avaient soufferts des nuits passés sur les machines d'imprimerie. Il mourra juste avant que mitterrand soit élu. Mon autre grand-père mourra juste après, sans comprendre comment un socialiste pouvait diriger la france. Je ne sais plus si mon arrière-grand-mère était encore vivante. Toute ma vie l'image qu'il me restera d'elle, c'est cette photo ou elle chante l'internationale le bras levé. Ma famille ce ne sont plus que des souvenirs un peu jaunis, des photos un peu usés aux coins. Des deux cotés, les noms s'éteindront, il n'y avait que des filles. Je suis le seul qui pourrait continuer le nom. Ce ne sera pas le cas. C'est curieux comme les anniversaires deviennent funêbres quand on vieillit, comme noël et toutes ces conneries. Mes souvenirs sont comme les rues du treizième arrondissement, rasé, écrabouillé par le nouveau quartier de la biblothèque, il  reste l'immeuble ou j'ai vécu dans ma petite enfance. Haussmanien ça c'est du solide. Ma mère me dit  je te gâche ton week end avec toutes ses agapes pour mon anniversaire. Tu voulais fêter la fin de ta formation, sortir avec tes amis.  Oh tu sais je réponds les week end... Je prends l'air du type blasé qui reste au coin du feu chez lui avec femmes et enfants en lisant des romans  tout en  fumant la pipe.  Je suis contente que tu aies réussi me dit ma mère, remarquez je la comprends c'est la première fois en plus de quarante ans que je réussis un truc. Ah non j'ai eu la première étoile et le permis de conduire. Ah oui et aussi le truc pour les nageurs ou tu vas chercher un mannequin sous l'eau. Je me souviens c'était à la piscine du chateau des rentiers dans la rue du même nom. Je voudrais freiner son entousiasme lui dire que ce n'est pas tout à fait  fini, que j'ai encore quelques mois devand moi pour valider le bidule. Mais a quoi bon je me dis. Si elle peut se réjouir autant lui laisser ça. J'arrive pas à me rendre compte que c'est fini, que ces dix mois de scolarité un peu débiles, de ces notes un peu crétines, j'ai du mal à croire que c'est fini. Mon oncle commande une bouteille de champagne, je suis un alcoolique je me dis. Et quoi d'autre ? Pas grand chose d'autre je me dis en trempant juste mes lèvres dans le liquide et en le reposant vivement comme si ça me brûlait la gueule. Et puis je pleure un peu derrière mes yeux et je me dis que je vais manger de la viande.

 

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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 13:55

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http://cinemarama.files.wordpress.com/2008/10/2.jpg 

 

Je le vois de loin devand la liberté la guitare en bandoulière. Il semble bronzé en forme, il m'aperçoit au moment ou je m'arrête devand lui, il me dit oh je suis content de te voir. Il parle avec un punk à chien sans chien qui semble déja bien entamé, la fin de la manif va mourir vers la place de la nation.  Il est avec le connard qui le quitte jamais. Auquel je serre quand même la main car je vais pas me mettre à lui tataner la gueule. Je suis à jeun. Le peu de réputation qui me reste est vient du fait que je suis encore sociable à jeun. Tu es en forme il me dit, tu passes ton temps à la piscine ou tu as arrêté de boire. Les deux j'ai envie de lui répondre. Moi aussi j'ai un peu arrêté de boire il me dit, mais bon je suis pas comme toi, je bois encore un peu car je sais gérer. C'est bien une réflexion d'alcoolique je me dis. Il faut que tu trouves pourquoi tu bois il me dit. Oh pour tromper l'ennui je dis, pour fuir la vie, pour ne pas regarder la réalité en face, pour. parler aux filles, pour.. J'ai des milliers de raisons. Il me dit tu es toujours avec elle, toujours là-bas. Pour quelques jours encore, quelques heures, quelques instants volés à la mort je pense. Elle me dit je vais pleurer je vais être malheureuse, moi je vais être mort je pense. Je me demande ce qui nous rassemble. Ce qui nous ressemble. L'entretien le matin, c'était long elle me dit la grande chef de grande chef. La seule occupation de ce boulot c'est de faire des organigrammes. Je la trouve étonnament souriante et agréable. Le type que je ne connais pas, me dit oui on se connait de vue mais on ne s'est jamais présenté. J'ai jamais vu ce gars mais je le crois quand il dit qu'il me connait. Il regarde mes mains pendant l'entretien. Moi je parle de mes erreurs. C'était long elle dit, tu m'étonne je pense un an de formation, je te confirme un peu long. Je lui dis ce qu'elle veut entendre à la fin, çe n'est que le début. Un moment elle me parle du site internet, elle dit vous devez en parler, alors vous en parlerez et ainsi vous penserez à moi quand vous en parlerez. Elle rougit à moitié. Le type la regarde d'un air bizarre. Il y a une seconde ou plus personne ne parle. Je me demande quel âge elle peut avoir, je me dis si ça trouve elle a 5 ans de plus que moi à tout casser. Le grand barbu me dit tu lui diras de m'appeler. Elle pleure le matin quand elle ouvre les yeux je le vois bien. Elle pleure la nuit quand elle parle. Je pense à la voix au téléphone. Ivre mort le gars je me dis et croyez moi je m'y connais. Je me demande comment seront les prochaines semaines, ou je vais habiter, si je retourne chez ma mère le temps de trouver un appartement à acheter, enfin un placard à balai. On est a Paris hein. Je me dis je vais enfin aller en mongolie. Enfin prendre le transsibérien. Je me donne des projets pour me donner l'impression que je suis vivant. Je veux me donner du mouvement, me donner l'impression que je suis encore  parmi vous toujours et encore, vivre en fait c'est juste ça. Des impressions d'avant la mort. Je me demande si je vais pleurer quand je vais partir. J'aimerais bien je crois. Mais même de ça je suis pas sur d'être capable. Même pas.

 

 

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9 septembre 2010 4 09 /09 /septembre /2010 17:46

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http://www.voir.ca/blogs/manon_dumais/XAVIER.jpg

 

T'as franchi le seuil fatidique des quarante ans mais ta capacité a te foutre systématiquement dans la merde est restée intacte. Je restai ainsi un moment, à me tourmenter, le regard vagabondant sur les étagères et parmi les dossiers qui s'y entassaient. Et puis ras le cul. Une des constantes de ma vie, c'est qu'au bout d'un moment, tout commence à me gonfler. Les bonnes choses comme les mauvaises.

 

                                                                                        Gianrico CAROFIGLIO

 

 


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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 17:00

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http://www.cinemotions.com/scripts/slider/image_sorties_id.php?id_image=351191

 

En attendant la prochaine cuite, je regarde les lambeaux de ma vie qui sont en train de se déchirer peu à peu, je sens que je redeviens insensible, je sais que je suis en train de me noyer sans que ça me fasse vraiment la moindre impression. Je vais redevenir ce que j'ai toujours été :  cette machine de guerre, brutale et sans remords, atone et sans saveur. En attendant la prochaine cuite je vais signer des promesses sur des morceaux de nappe, glisser ma langue un peu partout, sourire aux jolies filles avec ma dégaine de crétin. Je vais rentrer dans mon hiver, retrouver toujours les mêmes émotions, aller toujours aux mêmes concerts, boire toujours les mêmes alcools. Vieillir se serait donc cette sensation que tout recommence comme dans ce film avec bill murray. Il reste les nouvelles villes, les voyages et les gens. Les mots sont toujours identiques, il  te reste à boire des bières pour oublier cette litanie sans fin qu'est la vie. Tu ne sera plus ce type impersonnel qui longe les bords de l'ourcq. On devient donc raisonnable, tu n'as pas changé de boulot depuis 3 ans, tu n'oses plus quitter les filles qui veulent encore de toi, tu ne pars plus dans la nuit dans des périples alccolisés. On me dit même parfois que tu penses à t'acheter un appartement dans paris, un petit truc de rien du tout, juste parce que tu as peur de te retrouver vieux et seul sans toit. En attendant la prochaine cuite qui ne reviendra peut-être jamais, vous reprendrez bien un peu d'aigreur. Je suis ce type sur un voilier qui ne quitte jamais ses amarres, ce type dans une voiture sans roue, ce mec sur un vélo d'appartement qui continue de pédaler sans avancer d'un métre. Un putain de cochon d'inde dans sa cage. C'est pas que j'ai une vie de merde, non même pas, c'est juste que j'ai pas de vie. A jeun je suis rien. Je regarde la pluie me tomber sur la gueule, sans la moindre fureur monotone, sans m'accrocher au moindre sentiment. Tu ériges ta mémoire en petit tas tout prêt, tu sépare les idées et les douleurs. En attendant la prochaine cuite, vous reprendrez bien un peu de fureur. Déchiré la nuit de ton pas chaloupé, gueuler sur le zinc car il ne te rends pas de verres, détruire tout ce que tu peux et même ce que tu ne peux pas, arracher le peu d'âme que tu as encore dans la tête. En attendant, tu erre. Ivre de rien et de néant, tu accroches tes bras au crépi du mur pour gratter un peu la peau, un peu l'os. Il t'en restera assez tu sais. Pour aller nulle part, t'inquiète pas, ton squelette suffira.

 

 

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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 13:00

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http://www.timeout.com/img/10003173/w513/image.jpg

 

J'ai presque fait une réponse par mail, mais je crois que cette vieille note sortie du grenier est la meilleure réponse que je pouvais te donner  (même si ça ne va pas éclairer ta lanterne). C'est presque pour toi.

 

Des perles de dégoût jaillissent de ses orbites glacées ça lui donne presque un air humain, et puis elle bouge d’un millimètre sa lèvre du dessus. Je pourrais lui parler pour dire des conneries qu’on dit dans ces moments là comme ouais ça va s’arranger mais mon cul ça va pas s’arranger du tout alors je tourne la tête et je laisse mes pensées s’envoler parce qu’après tout, le reste est statique. Faut partir disent les gens, faut partir c’est comme ça. Mais je reste. Statique, c’est un mot que j’aime bien ça, statique, et puis je me dis non après tout c’est vrai quoi. Elle a soufflé sur sa mèche avec le coin de sa bouche pour faire voler ses cheveux comme savent le faire les filles pas sages, comme seules savent… Elle m’a tendu la main comme pour me la serrer et c’est ce que j’ai fait parce qu’après tout c’est ainsi que j’ai été éduquer. Je voulais dire quelque chose de drôle mais c’est toujours un peu dans ces moments là qu’on trouve rien à dire. Ou à redire. Sa bouche a formé des mots et je crois que ça donnait à peu près ça : « c’est fou ce qu’on devient heureuse quand on te fréquente, c’est fou comme on se sent libre et épanouie ». Inouï, j’ai dit, juste pour faire une rime. Bu pendant 48 heures, je pouvais quand même me permettre de subir son ironie, mais je pouvais aussi me permettre de répondre. Et puis j’ai regardé au-dehors, les gens se mouvoir, j’ai pensé faut que je m’achète des lunettes de soleil puisqu’il semble qu’il va faire beau et d’autres joyeusetés de ce genre. Je pensais tout est question de rythme alors qu’elle se levait, je voulais lui dire un truc que je venais de lire dans la biographie de nick tosches sur dean martin. Et en fait je lui ai juste dit, tu savais que le vrai nom de dean martin était dino croccetti ? Elle était déjà partie, je crois, ses cheveux ça faisait comme des couteaux qu’elle me lançait dans toutes les directions pour m’encercler. Oui je suis pas parano hein… Pour ça que j’aime que les filles qu’ont les cheveux courts je crois bien…Non elle s’est levée et m’a regardé avec un soupçon de perplexitude dans les yeux : Heu c’est qui dit dean martin ? Un gars mort j'ai répondu. Dommage que vous n'ayez pas ce point en commun elle a répondu, ça m'aurait éviter de souffrir et de te tuer. Et puis elle a pleurée. 

 

 

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6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 18:11

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http://cineanon.com/wp-content/uploads/2010/08/poetry_1.jpg

 

Tu entres dans l'hiver avant même qu'il ne commence. Tu erres dans ta vie avant même qu'elle ne soit finie. Tu es juste a ce moment précis ou tout est derrière toi mais ou l'on croit encore qu'il peut y avoir un avenir. L'espoir te mine, déconfit tu es par tes phases répétées d'euphorie un peu vaines. Les muscles toujours en action, le cerveau qui semble à peu près en état de servir, tu parviens encore à croire que le pied devant l'autre te mènera quelque part. Mais tu es quelqu'un de vain, je te l'ai déjà dis. La messe est dite. Tu tires encore des plans sur la comète, tu allumes encore ta lampe pour éclairer les murs de la cave. Tu descends toujours plus bas, le visage défait, le corps un peu las. Tu n'aimes que la défaite, tu n'es vivant que dans la souffrance, tu n'es toi que lorsque tu t'exprimes. Il faudrait te lessiver le cerveau à l'eau de javel, oublier les quarante dernières années, ne plus être, ne plus vouloir. Juste vivre plus simplement, s'accorder sur la réussite sociale, les espèrances un peu crétines de tranquilité et de vacuité. Ne plus attendre l'hiver en été et comprendre l'automne au printemps. Tu n'auras jamais quinze ans de moins, tu ne pourras  jamais rivaliser. La vie est cette course d'obstacles un peu curieuses ou chaque réussite te rapproche du néant. Il te reste juste à descendre les escaliers une dernière fois, il te reste juste a regarder la fenêtre depuis la rue en sachant bien que le rideau ne se soulèvera plus pour toi. Tu es toujours si lent à comprendre. Tu devrais peut-être te réjouir après tout, chaque fin d'une histoire est le début d'une nouvelle, chaque séparation donne ce sentiment de liberté un peu irréel. Jusqu'a la mort. C'est pas parce que celle-ci se rapproche de plus en plus, limite a flirter avec toi, qu'il faut t'empêcher de pleurer et de rire. Tu ne peux pas t'empêcher d'être vivant, tu ne peux pas attendre ainsi qu'il se passe un évènement. Tu vas te jeter dans le vide, une fois de plus, une fois  encore. Qui disait cela ? Vivre n'est pas assez ni trop.

 

 

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