Tu attends quoi au juste hormis rien ? Se reprendre l'exil intérieur, se remémorer les souvenirs. Les gens fondent leur propre légende, la statue, les honneurs, la sonnerie aux morts tout le
tralala. Les images sur les écrans, les corps et puis d'autres corps, les lévres et puis d'autres lèvres. Rien ne recommence tout est déjà fini. Tu veux comprendre. Bon résumons 21 juin fête de
la musique, mon poing dans la gueule, mes docks dans les tibias, mes crachats au visage. Bon résumons la mort de l'âme, les urgences psychiatriques, le dégoût dans ma main, un truc collant
gluant, comme du sperme un peu sec tu vois, l'image est classe, non je suis crasse, comprends cela. Demain 21 juillet, fête nationale belge, un mois sans boire. Demain peut-être un mois faut
juste passer aujourd'hui. Encore un petit effort, juste un petit effort, demain ça fera un mois et après ce sera quoi, le 21 août, je serai où, le 21 septembre je serai ou, le 21 octobre je serai
ou ? Elle me dit vous n'avez pas arrêtez de boire, pas du tout, dans votre tête, pas du tout, c'est juste la peur, la peur de frapper à nouveau, la peur de perdre le contrôle, de vous faire du
mal, à vous aux autres, la peur de repartir comment vous dites, repartir en sucette ? En free-style ? Vous n'avez pas de style, vous n'êtes libéré de rien du tout mais de rien de rien de rien du
tout, mon pauvre ami, vous vous croyez héroïque, un mois sans boire c'est quoi ? Je ne sais plus si elle dit cela dans la réalité ou dans mon rêve, le seul soir ou ce fut trop insupportable de ne
pas boire, j'ai pris un peu de drogue, j'ai dormi, je suis le type que les ecstas font dormir, mes hormones de rouquin sans doute. Je descends les escaliers je me souviens un type hurle mon nom,
ça descend un peu comme dans ce film d'hitchcock tu sais, sueurs froides non, avec cet escalier qui tourne et tourne, je sors dehors. J'ai frapper je pense. Un truc irrémédiable. Après mon départ
c'est la curée, tout le monde me dézingue sauf une, tout le monde me crucifie sauf une. Je l'ai cherché, mérité, le 21 juin la naïveté et l'innocence ont encore un peu reculé. Pfffff en même
temps qui peut croire que j'ai encore un peu d'innocence. La naïveté oui, fait peine à voir. Je marche dans la rue du rendez-vous mais je suis tout seul, au loin les colonnes du trone ont
rapetissés. Je suivrais la ligne 2 ou la ligne 6 une fois que je serais place de la nation. Je suivrais bien quelqu'un, je marcherais bien encore un peu, j'effacerais bien les images qui tournent
en boucle dans mon cerveau. La vie c'est pas du cinéma, on peut pas retourner les prises. C'est comme une sorte de brouillon. A force de raturer les lignes j'ai un peu perdu la trace.