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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 09:30

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Je n'en peux plus de mon boulot, je n'en peux plus, elle dit d'une voix qui me semble lasse, et puis j'ai pas de mec et puis je vais avoir cinquante ans, il faut que je souffle un peu. Je la regarde, son corps semble encore agile, son visage a bien sûr vieilli depuis que je la connais. Plus de 20 ans. Plus tard, quand nous sortirons du merle moqueur, elle me raccompagnera vers la place d'italie en me tenant le bras. C'est un geste d'une intimité incroyable a son échelle. J'en reviens quasiment pas, et quand je la regarde s'éloigner sur le boulevard blanqui, je me dis qu'il faudrait que je l'aide. Je pense au garçon en belgique, qui vit sous une tente dans un appartement, sans chauffage, ni gaz. Je repense au trio que nous formions dans notre jeunesse. Je me dis que nous sommes toujours fidèles a ce que nous étions, fidèles les uns aux autres. Je prends la ligne 6 jusqu'a nation. Je sors dehors mais le 26 ne circule plus. Enfn dans longtemps. Je me dis que je vais rentrer a pied. Par la rue des pyrénées. Je suis couleur cendre. Après qu'on soit sorti de chez elle, en passant devand le monde, (le journal hein), elle m'a dit qu'elle avait envie de marcher. J'étais venu a pied jusque chez elle. La descente de la rue des pyrénées puis de la rue oberkampf ensuite richard lenoir jusqu'a bastille puis longer le port de la bastille, quai de la rapée, boulevard de l'hôpital. On peut marcher je dis, mais il est onze heures du soir et si on marche vers mouffetard tu crois qu'on trouvera un truc d'ouvert ? Du coup on rejoint la butte aux cailles, on passe devand mon lycée et puis devand l'école estienne ou mon grand-père fut professeur je crois bien ou élève remarque, ou les deux peut-être. Pendant qu'on remonte la rue du moulin des près dépassant l'indien ou si tu vas manger chez lui tu ne peux plus te lever, elle me dit la dernière fois qu'on était tout les trois dans le coin on a mangé chez pépé. Je m'esclaffe. Chez papa je lui dis, et puis on était quatre. Il est plus d'une heure du matin quand je dépasse le métro maraichers, j'envoie un sms assez neutre à la fille pour lui demander si je peux passer chez elle. Je me demande si c'est une bonne idée. Elle ne répond pas, elle doit dormir. Ou pas. Je suis soulagé en fait, je me rends compte qu'il faudra peser chaque mot. Et puis comme la veille en fin d'après-midi, je pourrais peut-être éviter de faire des surprises qui me font faire de drôle de rencontres. On va voir les prix de l'hôtel verlaine à côte de la piscine de la butte aux cailles. Après qu'elle m'ait expliqué qu'elle cherchait un endroit pas cher pour son pote du canada. Ensuite on va dans le restaurant d'en face, à la décoration rigolote. Je me souviens jamais comment il s'appelle. Ya le mot oreilles dedans. Une fois je suis venu mangé avec ma mère. Un midi. Je crois que c'est la qu'elle m'a annoncé qu'elle était malade. Quelques heures auparavant, alors qu'on partait de chez moi avec la fille qui a une coupe de bird, après qu'elle soit passé boire un thé, car elle avait une conférence sur je sais pas quoi à la maison des associations qui est juste a quelques mètres de chez moi, elle m'a demandé mais comment elle va ta mère. J'en sais rien j'ai répondu. Elle ne suit pas de traitement mais elle n'est pas guéri. J'en sais rien comment elle va, j'ai constaté un peu tristement. Il est toujours aussi maigre, celui que je considère comme mon deuxième père, il semble de plus en plus ailleurs, de plus en plus absent. Il me dit c'est bien chez toi, mais il remarque le dessin que m'offert la blonde que j'ai encadré et posé. Il faudrait l'accrocher il me dit. Il est tard, je suis toujours rue des pyrénées a gambetta, je me demande si j'ai pas fait une connerie de lui proposer de passer chez elle, si ça se trouve elle va prendre ça pour une agression. N'importe quoi je me dis, déjà la veille j'ai failli débouler alors qu'un autre l'attendait. Je suis même pas un loser je me dis, juste un demeuré mental. Je rentre dans la boulangerie pour acheter une brioche, tu sais la boulangerie de la rue des pyrénées qui est pas bonne et dont seule la brioche est extra. Je remarque la fille assez petite, en fait je remarque la couleur du pantalon de la fille, un rouge vif, j'en mate même pas son cul du coup, et puis tout soudain je vois le grand barbu frisé. Encore toi je dis. Ca fait deux fois qu'on se croise. Il me dit tu connais pas ma copine B. La fille dit non on ne s'est jamais vu et moi je dis si on s'est déjà vu. C'est bien la première fois de ma vie que je reconnais quelqu'un qui ne me reconnait pas. Alors je dis, oui oui on s'est deja vu. Je lui dis a un anniversaire, et en fait une autre fois avant dans un rade de la rue dénoyez mais c'est elle qui était ivre morte et je pense qu'elle n'en a aucun souvenir. On parle cinq minutes, il achète deux baguettes, nous sommes donc voisin je dis à la fille. La boulangère rigole, même quand elle me dit qu'elle vient de vendre la dernière brioche. Je lui laisse mes numéros au grand frisé et je me dis que ce serait chouette qu'il vienne chez moi, je lui prêterais des livres, j'inscrirais la liste de ceux qu'il a emprunté dans le cahier prévu a cet effet et je ne les reverrais jamais. Après la place gambetta, je suis presque chez moi. Je mélange tout ça, tous les gens que j'ai vu aujourd'hui, ma mère, la fille à la coupe de bird, le garçon frisé, mon deuxième père, sa femme, la copine du grand garçon frisé qui semble se demander ce qu'elle fout là. Je me roule une dernière clope. Je pense à la fille qui va avoir cinquante ans. Ma vie est épuisante je me dis. Mais j'aurai l'esprit ouvert chaque seconde. Chaque putain de seconde qu'il me reste à vivre.

 

 

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