Rien a foutre.

J'entends le cheminement de mon jus de bébé de mort qui vient terminer sa course dans le creux de ses reins. Il rebondit dans tout son corps, alors que ce que j'aurais voulu c'est inonder son âme. Les secousses de nos corps sont comme un signe avant-coureur de ce qui ne sera plus de ce qui n'a jamais été, de ce qui ne sera plus jamais. Un sentiment de néant et une affection de pacotille. Comme une affectation vers d'autres chemins de nos organes, de nos esprits, de nos souriants visages. Elle est bien trop jeune pour moi, ou je suis bien trop vieux pour elle. Ce qui, sans que j'arrive réellement a mettre le doigt sur la subtile différence ne me semble pas tout à fait identique. Mon corps grince, c'est étonnant qu'il ne pourrisse pas plus vite, ce ne sont que les articulations qui sont rouillées, comme ma mère, comme mon grand-père, ce n'est rien. Ce sont les organes qui me lâcheront, comme mon père, comme mon oncle. Pour l'instant ça tient vaguement. Je regarde le corps élastique de la jeune fille qui rit quand je lui dis que c'est la dernière fois que nous couchons ensemble. Elle rit en se dirigeant vers la salle de bains. On a jamais couché ensemble, elle dit tout en pissant, ses mots sont vaguement couverts par l'urine qui vient frapper l'eau des chiottes. Je regarde le plafond. C'est ainsi que tout se termine. Que tout finit.