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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 18:25

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Punch the clock. Frapper. Frapper. Frapper. Tu comprends, tu ne comprends pas. Troisième jour sans alcool, tu commences à comprendre, ton esprit qui descends, ton poids qui descends, ta vie qui descends, tout qui descends les organes, l'âme tout. Ce ne sera plus, tu vas payer, pour ça arrêter de boire, pour tout te prendre dans le buffet, les coups, la douleur, tout. Il faut que tu comprennes, enfin. Ne plus boire. Ne pas boire. Ce n'est pas si difficile en fait, ce n'est pas si compliqué, tu n'es plus vivant, tu ne comprends plus la douleur. Tu t'installes chez ta mère, tu te réinstalles, comme quand tu étais venu pour l'agonie de ton père. Tu ne rends pas compte, tu ne te rends plus compte. Ne pas boire, ne plus boire. Troisième jour sans picoler, sans donner de coups, sans hurler des insanités à l'oreille des gens. Tu semble comprendre ce qui t'en veulent, sauf qu'ils ne t'en veulent plus, tu ne comprends plus mais tu sens que ça va revenir, alors tu ne bois plus, tu restes près de ta mère, qui semble aller mieux, toujours on va mieux avant la chute finale. Tu n'es plus capable d'accepter des caresses, tu ne comprends plus l'amour l'amitié la présence, tu parles mais tu n'écoute pas ce que tu dis, on te parle mais tu n'entends pas ce qu'on te dit. Tu essaies de comprendre ce qui t'arrive, ton poids qui descend, ton âme tout en bas, ton corps qui ne sait pas, ton corps qui ne sait plus. Tu vas payer forcément, prendre la douleur à pleine dents, ne plus boire, ne pas boire, ne plus parler, ne plus écouter, tu as l'impression que tu vas vivre tout seul entre quatre murs, tu as l'impression que tu vas ne plus vivre, tu as l'illusion que les choses n'ont jamais été, que les choses ne seront jamais. Frapper, frapper, frapper. Coups de poings. Coups de pieds. Des coups dans le mur. Des coups, des coups, des coups. Descendre les escaliers infernaux, un type crie ton nom dans les escaliers, tu t'en fous ce n'est pas toi, tu t'en fous il n'est pas toi, il ne te connaît pas, tu t'en fous. Tu imagines après ton départ, non, tu n'imagines plus, les gens se déchaînent sans doute, ils ont raison. Toi tu descends, c'est long la descente. Toi tu es malade, alcoolique et malade, la dernière cuite, l'ultime cuite. C'est ainsi, non, l'ultime cuite sera pour moi. Le troisième jour sans boire. Pas de nostalgie. Le troisième jour. Encore des centaines, des milliers devant, encore des jours des jours et puis des autres jours. Tu te retournes des larmes partout sur ton visage. Il fait nuit, la dernière cuite, il fait nuit. Tu ne sais pas.

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