Ligne de fuite

Les types suent sous le soleil en rebouchant le trou qui contient le cercueil. C'est vrai qu'il fait chaud. C'est curieux me dit une heure ou deux auparavant ma cousine alors que nous sommes tout les deux dans un salon du funérarium, on dirait qu'il bouge. Je me la pête un peu, comme si je voyais des morts presque tout les jours, oui ça fait toujours ça tu sais, les produits qu'ils mettent dans le corps tout ça tout ça. Elle dit j'ai envie de lui nettoyer ses lunettes, elles sont sales. C'est vrai je me dis, bordel ses lunettes sont sales. Et puis ensuite je me demande pour quelles raisons curieuses ils lui ont remis ses lunettes sur le bout du nez. Les types finissent pas boucher le trou, nous sommes quelques uns autour de la tombe recouverte de terre. Il fait un soleil de plomb, le lieu est agréable, c'est un immense cimetière avec des allées au nom aussi improbables les uns que les autres. Il y a des arbres un peu partout, le long des allées. Elle est agréable a écouter ta voix me dit l'amie de ma mère, tu récites très bien. Je saute une ligne sans faire attention mais je retombe sur mes pattes en répétant une phrase, me doutant bien que personne ne fait vraiment attention a ce qu'on raconte dans ce genre de moments. On traverse tout paris pour aller du funérarium a l'église. Je regarde les portes de paris qui défilent, puis le périphérique qui défile, je pense a la vie qui défile. On plante les fleurs dans la terre, on arrose un peu le monticule qui recouvre le corps. Il fait toujours soleil. Je me dis que j'aimerais bien que le fantôme me tienne la main. Je me dis que j'aimerais bien le fantôme me tienne. Me retienne.