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29 septembre 2012 6 29 /09 /septembre /2012 08:28

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Je reste totalement abasourdi quand ma soeur dit je suis en colère contre dieu. Je me demande si elle n'a pas sniffé un rail de verveine. Soeur l'américaine me dira plus tard, non mais qu'est ce qui lui a pris de dire un truc pareil. La femme dit au téléphone tu comprends drink j'avais une place particulière dans le coeur de ta mère. C'était un peu spécial entre elle et moi. Comme une bonne autre centaine de personnes je lui réponds pas. Mes soeurs se partagent les bijoux, veulent absolument que je prenne la chevalière de mon père, un truc moche et gros en or avec ses initiales. On erre dans l'appartement sans trop savoir que faire. La pluie succède au soleil. Je regarde le visage de ma mère pendant que le médecin montre au flic qui doit sceller le cercueil un truc qui doit prouver que ma mère est morte. Je suis un peu surpris pendant la messe quand un des prêtres nous demandent de venir autour du cercueil pendant qu'un autre prêtre se lance dans un solo a la ivan rebroff. Le curé nous dit vous savez votre mère, elle était incroyable, quand je venais la voir elle m'engueulait presque en me demandant pourquoi j'étais venu et si je n'avais pas mieux a faire. Soeur krishna qui est en free style dit au prêtre vous savez notre mère avait un caractère incroyable, elle ne disait jamais du mal de personne, elle ne s'énervait jamais, c'est pour ça que tout le monde l'aimait. C'est pas de chance, aucun de nous trois n'a sa patience et son caractère, elle ajoute en se marrant. On tiens de notre père, je ne dis pas. Le coeur d'une femme palpite à l'autre bout de la france, elle ne peut plus se lever, elle est à bout de souffle. On lui fait tout les examens du monde on ne trouve rien. Peut-être que son coeur ne veut plus battre, comme si la mort de sa meilleure amie lui coupait l'envie de vivre. Je n'ai jamais envie de pleurer, je n'ai pas le temps de penser, j'essaie de repousser les sentiments qui me faillent. Oh mon fils me dit la vieille femme noire qui marche avec sa canne, oh mon fils elle pleure dans mes bras. Une femme qui doit avoir plus de 60 ans et qui n'a pas changé d'un pouce depuis dix ans que je ne l'ai  vu, me demande si je la reconnais. C'est curieux comme l'émotion ne te prends jamais quand tu t'y attends. C'est comme les feuilles qui volent sous le vent d'automne, tu ne devines jamais leur direction. Ma vie est une feuille d'automne balayé par le vent. La boucle est bouclée je me dis en entrant dans l'église de la butte aux cailles, ils se sont mariés ici, ils sont morts ici, ils sont enterrés à quelques pas de la. L'ami de mon père me dit qu'il lui prêtait sa mobylette pour qu'il aille draguer ma mère rue des saints pères, là ou elle travaillait. Je lis une lettre de la voisine du deuxième étage qui me dit qu'elle adorait ma mère et mon père. Je ne vois pas du tout qui c'est. Je dis a mes soeurs c'est quand même pas la vieux carne avec son clébard pourri qui n'a jamais répondu à un de mes bonjours. Bordel maman était capable de devenir ami avec n'importe qui, répond soeur l'américaine. Le petit fantôme me dit c'est la première fois que je vois une prêtre ému. Nous avons enterré une sainte je réponds en rigolant. Mais vous vous rendez compte enchaîne ma soeur, comme ma mère a souffert alors qu'elle ne le méritait pas. Et vous croyez que dieu, il méritait de souffrir, assène le prêtre d'un air bonhomme. J'essaie un peu de lire, j'essaie un peu de regarder devant moi les pas qui disparaissent sur le bitume fumant. Nos vies sont des publicités ridicules des années 80. La très vieille femme apprend de la bouche de sa fille la mort de ma mère. Ses yeux deviennent brillants. Elle demande qu'on la couche. Elle dit à sa fille de partir, celle-ci comprends qu'elle ne veut pas qu'elle la voie pleurer. Le prêtre totalement cinglé qui me faisait le catéchisme quand j'avais dix ans est à l'enterrement de ma mère. Je me souviens de ses cheveux longs qui me fascinaient, pour moi c'était un prêtre beatnick. A la fin de la messe, il me dit écoute si tu veux passer me voir, je suis dans un quartier mal famé, avec des loubards et des drogués, mais n'hésite pas. Guy gilbert sors de ce corps, je dis pas. Il m'indique une petite église vers la rue st denis. Je suis content qu'il fasse plutôt soleil en sortant du funérarium alors qu'il pleuvait quand j'y suis entré. Une veille femme dans sa chaise roulante apprends la mort de ma mère de la bouche de sa meilleure amie. J'aimais tellement ta mère, elle me dit au téléphone, alors là tu m'étonnes vraiment je ne dis pas, je me doutais qu'elle n'allait pas bien puisqu'elle ne venait plus me voir elle ajoute. Je lui dis qu'elle s'est endormie, qu'elle n'a pas souffert, j'aimerais mourir ainsi elle me dit, m'endormir et ne pas me réveiller. Les jours passent comme des visions un peu surannés d'un rêve un peu moisi. Le soleil succède au vent.  Nous nous tenons par la main. Nous nous tenons par le coeur. Quelques gouttes de pluie commencent à tomber quand on sort du cimetière. Ouvre ton parapluie pour qu'on s'y réfugie. En attendant la prochaine tempête. Ou la prochaine accalmie.

 

 

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