225

Et puis tu continues de mourir peu a peu...Tu essaies à peine de vivre enfin tu ne sais...Il faudrait que la douleur se fige enfin...Pas pour s'y arrêter...Non juste pour comprendre...Tu sais, on croit toujours que tout est arrivé, et c'est juste que ça commence...T'es encore dans les starting-blocks et un jour tu comprends que la vie a commencé sans toi...Tu ne te rends pas compte de ta violence et de ton hystérie quand tu me parles parfois, tu deviens incontrôlable dis le type à la fille assise a la table d'a côté...Il ressemble au père dans chérie j'ai rétréci les gosses...J'ai pas idée a quoi ressemble la fille...Je la verrais quand il se lèveront pour fumer une cigarette...Elle parait chiante...Elle semble tellement en colère contre moi, elle se met à eructer dans la cuisine, je crois qu'elle a raison...Des gens sur un tourne-disque, des filles qui se mettent un peu à poil...De la vie en barres, des morceaux de nuits, des douleurs vacillantes, des éructations rampantes...Je donne ma carte à la fille elle me dit vous n'allez pas partir tant que le dossier de mon père n'est pas terminé je ne veux pas que vous partiez...Le vieil homme qui n'a qu'un oeil pleure...C'est bizarre...Il est tout petit, tout maigre, c'est vrai qu'il n'a pas de chance, alors je prends une voix pleine d'assurance je lui dis vous savez monsieur tout va s'arranger...Le type pleure...La fille dit à la table d'â coté je pête les plombs avec raison...Elle fait des rimes je pense...Je suis chiante mais je suis bandante heu là c'est moi...Je suis au bar de la fille cheveux blonds yeux bleux...Elle me dit prends la place du poteau...Le type auquel j'annonce encore une mauvaise nouvelle, ah oui il me dit ça donne a réfléchir...Bordel me dit ma responsable, t'es devenu le spécialiste des sdf et des gens qui ne vont pas bien...Le loser parle aux losers je me dis...Je suis à ma place...Je pleure dans le noir, dans la nuit, je pense à toi ma toute petite fille...Je passe au cynisme de montherlant, je dis bonne soirée au type qui récure les chiottes...Tu ne m'aimes plus elle demande, tu as dis qu'on ne se supportait plus...Elle à mal partout dès qu'elle me voit et ça me mine qu'elle ait mal partout quand elle me voit...Alors oui on ne se supporte plus mais je t'aime toujours autant je lui dis...Tu veux quoi dit le type à la table d'à côté, tu veux quoi sérieusement...Elle veut te quitter je pense mais elle n'est pas capable de le faire...Car au fond personne n'est capable de quitter qui que ce soit...La fille nue dans un ballon, le type qui se met a poil sur son cheval en bois, des gens sifflent et hurlent, 43 ans pour voir le premier strip-tease de ma vie...Bon on est au 104 c'est quand même vaguement intello...La fille et le type continue de discuter de négocier, je lis quoi ce jour là, le livre de jonathan coe, les nouvelles de mac inerney, le dernier livre inachevé et sanguinolent de jonquet, le montherlant...Je sais qu'elle souffre et je ne peux rien faire, je ne sais plus si je souffre ou si je suis vivant, si je m'en sors tu t'enfonces, si tu t'en sors je m'enfonce...J'attends sur le bateau mais le fantôme a disparu...Un jour je sais bien qu'elle disparaîtra...Parce que c'est ainsi...Je monte sur la scène détendu, je m'en fiche complétement maintenant de parler en public, je frime un peu, un moment je dis un truc du genre les héros de jim thompson n'ont pas d'identité alors ils fuient et plus ils fuient plus ils se perdent...Les couples qui ne s'entendent font souvent un deuxième enfant...Très souvent...Je ne me prends pour personne, il y a deux ou trois personnes qui ferment doucement les yeux pendant que je parle, je fixe un type qui pourrait être mon père dont les paupières sont lourdes...J'aimerais que tu ne souffres plus, j'aimerais que la fantôme vienne me dire bonjour, j'aimerais que la fille aux yeux bleux continue de rire, j'aimerais revoir cette fille qui m'a retrouvé sur facebook et qui me dit tout ce que ça remue de t'écrire..Je suis comme désaxé de ma propre, je suis comme un étranger de mon propre corps, je caresse ton visage, je regarde tes yeux clos...Je sais que ce n'est plus, je ne sais plus ce que c'est, il faudra un jour partir tu sais...Nous serons tous les deux, seul l'un avec l'autre, et pourtant tout est fini tu sais...Loin l'un de l'autre...Si près...