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30 juillet 2012 1 30 /07 /juillet /2012 11:00

 

 

Le fantôme dort. Je connais ce sommeil, c'est quand elle n'en peut plus, quand tout a coup tout son corps se relâche enfin, quand on dirait que tout le retard de sommeil, toute la fatigue lui retombe dessus. La rattrape. Quand enfin elle se laisse aller. Dans ces cas-la elle s'allonge a peine il fait nuit, elle s'écroule, et elle se réveille a l'aube du lendemain. Je regarde son visage, j'entends son souffle léger et régulier. Comme apaisé. Moi je n'ai pas envie de dormir. Je me dis que j'irais bien faire un tour du côté du rade la-haut sur la colline. Je n'ai pas de souvenirs de la dernière fois ou j'y suis allé. C'est grâce a mon relevé bancaire que j'ai compris que j'avais du continuer la fête après mon festival de biture dans la rue du dix huitième arrondissement chez garçon intello. Voyage au bout de la cuite. Je décide d'aller faire un tour au rade ou je n'ai osé retourner depuis la dernière fois. Je descends a quai, je laisse mon coeur près du fantôme, qu'elle n'ait pas peur si elle se réveille. Quand j'arrive près du rade, il y a le type qui y traîne toute la journée et toutes les nuits. Quand il me voit arriver, il vient vers moi. Tu comptes aller où comme ça il me demande. Je lui désigne le rade. Il secoue la tête d'un air offusqué. Mais bordel ne viens plus jamais ici, je crois qu'ils ne te laisseront pas rentrer. Je continue d'avancer vers le rade en me demandant ce qu'il raconte, j'ai peut-être foutu un peu le bordel la dernière fois mais je ne suis pas pire que la moyenne des poivrasses qui traînent ici après tout. Ils en ont vu d'autres dans ce café après tout. En plus j'ai rencontré fille a couette qui m'a un peu raconté la soirée et qui n'a pas eu l'air de me dire que j'avais foutu le bordel. Il y a ce type qui griffonne toute la journée sur un petit cahier, encore un poête maudit a la con, qui pense que s'il devient alcoolique ou drogué, il pourra tutoyer le génie. Tu fais quoi il me demande alors que je pense rentrer dans le rade. Je viens boire un verre je lui dis. Tu sais captain il commence, je pensais qu'elle était gentille et normale, je pensais qu'elle était douce et raisonnable, et j'étais content pour toi. Je m'étais trompé. Je le regarde un peu ahuri en me demandant de qui il parle. Mais après le cirque de l'autre jour, il reprend, tu peux comprendre qu'il ne faut plus venir ici. Jamais tu entends. De qui tu parles je lui demande en m'interrogeant sur la personne que j'ai ramené avec moi la dernière fois. Mon dieu je me dis, j'ai ramassé  une cinglé dans la rue qui a foutu sa zone. La porte s'ouvre alors que j'ai la main sur la poignée, c'est le copain de la patronne, je l'aime bien. Il me prends par le bras et m'entraîne un peu a l'écart. Faut pas que tu viennes ici, il chuchote, moi tu sais j'ai pas de problèmes avec toi, mais la patronne depuis l'autre jour, elle est remonté comme un coucou. Oui je dis, je voulais justement m'excuser si j'ai un peu foutu le bordel. Le copain de la patronne regarde le type en terrasse d'un air interrogateur pendant que l'autre hausse les épaules en levant les yeux au ciel, et puis les deux me regardent. Quel bordel il demande, tu n'as foutu aucun bordel il reprend, le problème c'est ta femme. Ma femme ? je demande d'un air penaud. Les deux me regardent comme si j'étais un débile profond. Quelle femme je demande avec l'impression que tout le monde me fait une gigantesque farce. Oh mais qui voilà, entonne la patronne qui est sorti dehors pour fumer une cigarette sous la bruine. Salut je dis un peu troublé, c'est possible de boire un verre ? La patronne explose d'un rire hystérique. Elle n'est pas avec toi, ta femme ? elle demande. Mais quelle femme bordel je réponds. Tu sais,  celle qui m'a menacé d'une attaque nucléaire si je te servais a nouveau a boire, celle qui a essayé de me décapiter avec son verre, celle qui me menace de mort parce que je souris a ton évocation. Ma femme, je reprends d'un air penaud. C'est ça fait le malin, elle ajoute. J'en ai vu des cinglés, j'en ai vu défilé dans ce rade, des dingues, des alcooliques, des malades, des tout ce que tu veux. Mais ta femme capitaine, crois-moi que c'est le summum. Ma femme ? je répète ahurI. Tu ne rentres plus ici, bien entendu, elle ajoute la patronne si tu peux éviter de venir a moins de cent mètres à la ronde, si tu veux éviter de passer a moins de cent kilomètres a la ronde, tu me rendrais service. Elle se met a trembler. Tu es sûre que tu ne confonds pas de personne je demande, hein les gars je dis en cherchant du réconfort, vous savez bien que je ne suis pas marié. Non c'est pire reprends le poête maudit, tu es envouté capitaine. Fais pas l'innocent dit le copain de la patronne, tu sais très bien de qui on veut parler. Je risque ma vie rien que de t'adresser la parole, dit la patronne écumante, disparais d'ici bordel ! Je pars en maugréant mais peu a peu en descendant la colline je rigole comme un bossu. Je n'en peux plus de rire, c'est comme si une cascade sans fin me remuait les tripes. Quand je reviens m'allonger près du fantôme, elle ouvre un oeil. Tu étais ou, elle me demande. Nulle part, je réponds, j'ai voulu aller boire un verre mais quelqu'une qui se fait passer pour ma femme semble terroriser tout le quartier. Ah bon elle dit en ouvrant le deuxième oeil avec un air surpris. Tu ne vois pas qui ça pourrait-être elle ajoute en baillant. Non vraiment je ne vois pas je lui dis en la prenant dans mes bras. Moi non plus elle répond en sombrant dans le sommeil. Tu as fais du théatre toi, je lui dis pas en fermant les yeux. Et puis j'essaie de courir après son rêve pour le rattraper. Et y participer.  

 

 

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