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1 juin 2014 7 01 /06 /juin /2014 15:28
Le goudron qui fume

Le soleil semble asphyxier la ville, remplir le vide et recouvrir tout l'espace. La chaleur est partout, prégnante, comme si l'air brûlait en une sorte de feu intérieur. Il n'y a pas de vent comme en bord de mer. Je tutoie la vitesse maximum c'est a dire 55 miles par heure sur la 110 tu sais celle qui finit dans pasadena. Je la confonds parfois avec celle qui va vers santa monica. Aucune sens de l'orientation dans une ville aussi grande c'est pas tout les jours faciles, podna. Mon frère est assis a côté de moi et regarde une fille qui enlève son soutien-gorge dans la voiture. On a pas trop intérêt a se faire choper par les flics, je me dis, on est tous bon pour une bonne nuit au poste. Ou deux. Elles sont deux a l'arrière, voulaient qu'on les ramène a long beach, c'est ça a dit mon frère et vous ne voulez pas qu'on prennent le bateau une fois là-bas pour catalina island aussi. Pour faire du vélo. Pour une fois il a raison je me dis. Long beach est de l'autre côté de cette putain de ville, ce qui veut dire une heure et demie de route voire deux. La ville sent le souffre de la chaleur ahurissante de cet été quatre vingt huit, nos vies sentent la fatigue et la drogue, et l'excitation sexuelle. Nous n'aurons jamais affaire à la police en fin de compte, enfin sauf moi quand ils sonneront à la porte pour m'annoncer que mon frère est mort. Je roule dans los angelès, j'ai ouvert la fenêtre pour profiter de la douceur du désert, il fait nuit bien sur, il fait toujours nuit dans cette ville comme dirait frère connard, même quand on se réveille. Une histoire de tropique je crois, je sais plus trop j'ai jamais rien compris. Crois pas qu'il y en a une pour toi, me dit mon frère pendant que la fille se rhabille, enfin du moins enfile son mini soutien gorge qui ne contient pas la moitié de la masse de ses seins. Tu crois que c'est mon genre ces deux connes je lui demande en faisant un petit écart avec la honda civic. Années quatre vingt, période des voitures japonaises. T'as pas de genre drink, il rigole, tu couches pas bordel, t'es dans la plus grande usine a gonzesses que tu peux trouver sur la planète et toi tu regardes. Vous parlez de quoi demande la copine de miss roploplo. Elle semble plus tellement sur terre, la bouche de travers et les yeux a demi-ouverts comme si tenir les paupières ouvertes, c'était un des trucs les plus durs de la vie. Des affaires de famille, répond mon frère à la question initiale. Et puis il se marre. Plus tard, dans l'appartement aux couleurs criardes, tout le monde semble un peu défoncé et je reste dans la cuisine de à picoler tranquillement. Je me demande quand ils iront tous se coucher que je puisse me poser dans un canapé pour regarder mtv et m'endormir. Alors que je sirote une bière mexicaine, une fille entre dans la cuisine et se met a vomir dans l'évier, alors que je m'apprêtais a ouvrir le frigo pour chercher de quoi manger, voilà qui me coupe totalement l'appétit. La fille reprend peu à peu son souffle pendant que je termine ma bière. Elle se met de l'eau sur le visage et semble aller un peu mieux. Je termine ma mousse alors qu'un type entre dans la cuisine et se met a hurler sur la fille. J'étais si jeune à l'époque, et je ne comprenais pas les raisons pour lesquelles les filles aimaient bien les mecs chiants. J'ai continué de picoler pendant que le crétin sur de lui expliquait à la fille pourquoi elle était conne et lui la lumière de ce nouveau monde. La fille baissait la tête comme un clébard penaud. Cette nuit-là, j'ai arrête de boire, je repris les clés de la voiture, après avoir avalé un café très fort. J'ai laissé tous ces connards, de toutes façons mon frère devait être nus dans un plumard avec deux filles peut-être trois, et ce qui était formidable à l'époque c'est qu'on avait pas la laisse du téléphone portable. J'ai roulé deux bonnes heures, en cours de route je me suis racheté un café et quand je suis arrivé dans santa barbara, le jour se levait à peine. J'ai encore acheté un café et puis un truc a manger et je me suis garé devant la plage. J'ai marché pieds nus jusqu’à la mer, il faisait un peu frais mais c'était agréable. Après un petit bain de pied, je me suis assis, enfin même allongé, j'ai enfilé mes lunettes de soleil et j'ai recouvert ma tête avec la capuche de mon camionneur. Puis je me suis dis que j'allais rester ainsi. Attendre. J'ai pas mal attendu. Le fantôme n'est venu que 20 ans plus tard, ça peut paraitre long mais je crois bien que ça valait le coup. Je sais bien que ça valait le coup. Je le sais.

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