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4 septembre 2009 5 04 /09 /septembre /2009 21:06

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Bon en fin de compte me dit l'autre crétin, tu ne te vois pas aller vivre à Londres ? J'ai jamais, mais alors jamais voulu vivre à londres je dis, ils parlent un rosbeef que je comprends pas, avec leur accent cockney et cette manie de bouffer la moitié des mots,  c'est comme paris mais en moins bien, la bouffe, les filles, le métro, tout quoi, bon les musées sont gratuits mais bon à part ça, oh si t'as de la bonne musique dans les magasins, c'est vrai ça même dans les magasins un peu nazes t'as de la bonne musique, mais bon à part ça, tu peux me dire ? Oh si, dans le métro, les gens te laissent descendre. Pourquoi à paris les gens ne te laissent jamais descendre, bordel pourquoi ils montent comme s'ils allaient rester en plan sur le putain de quai. Tu vas dans n'importe quel ville de n'importe quel pays du monde, les gens te laissent descendre, mais à paris niet, impossible. Faut se battre pour descendre. Dans certains pays faut se battre pour monter mais à Paris faut se battre pour descendre. C'est parisien ou c'est français ? J'essaie de me souvenir dans quel bled de france hormis  Paris, j'ai pris le métro, ben je vois que Toulouse. Mais quand j'habitais Toulouse, j'ai jamais pris le métro, il y avait qu'une ligne qui ne venait de nulle part et qui n'allait nulle part, ou alors c'est parce que j'habitais le centre ville et que je n'en bougeais jamais. Je sortais jamais du quartier de la gare en fait quand j'habitais toulouse, rue matabiau, avenue de lyon, rue bayard, c'est vrai quand t'y réfléchis, le quartier des putes, des branques, des never again, des losers, des has never been. C'était comme qui dirait chez moi. Je longeais cette mocheté de canal pour aller au boulot et puis c'est tout. Je finis mon picon. Décidèment en ce moment j'ai que des histoires avec cette connerie de picon, au comptoir la fille m'a dit un picon oui monsieur (j'adore quand une fille de 25 ans m'appelle monsieur comme si j'étais son putain de géniteur alors que bon j'ai quasiment le même âge qu'elle de mon point de vue, ça doit être ça vieillir c'est quand des gens plus si jeune 25 ans t'es pas non plus une ado quand des gens plus si jeunes t'appellent monsieur oh bordel je pense avec angoisse au jour ou un débile quelconque va me dire allez pépé faut avancer plus vite oh mon dieu) donc la fille me dit un picon, non celle là elle va pas me dire on ne fait pas le picon ici, tu verrais la taille du rade une équipe de rugby tiendrait pas dedans, d'ailleurs le café s'appelle le petit bar un truc comme ça, le patron est pas trop con pour se rendre compte que c'est un placard à balais de chiottes son machin, donc bon ils ont intérêt à avoir des trucs à boire les gars car vu la taille de leur troquet personne viendrait. Tu ne peux que te tenir debout dans ce rade, ça change de ces conneries de pubs du centre de londres ou faut aller au comptoir pour se faire servir mais ou faut s'asseoir après. Le picon vous le buvez comment monsieur me dit la fille, elle me regarde vachement intensément comme si je lui plaisais bordel, à oui maintenant je suis sûr de moi, donc je plais aux filles. Je reste un peu con quelques secondes, ce qui il faut bien l'avouer n'est pas la moindre de mes qualités, rester comme deux ronds de flancs avec un air crétin mes yeux de myopes perdus dans le vide et les taches de rousseur en suspension, et puis je me reprends et je lui dis mais bordel vous versez un peu de picon et rajoutez de la bière. C'est quoi ces conneries, faut passer de conneries de quizz maintenant dans les rades ? Je vous demande ça monsieur, elle appuie sur le monsieur ou c'est moi qui est parano, je vous demande ça monsieur car hier un client m'a dit que le picon ça ne se servait pas comme ça. Je rentre à fond dans son jeu, et je prends mon air d'historien du picon-bière et je déclame ? Ah bon, et comment donc il le voulait son picon bière, avec une rondelle de citron,  avec un peu de brandy ? La fille me prend entre 4 yeux, et d'un air de conspiratrice révolutionnaire me lâche : Figurez-vous monsieur, (non mais tu vas retirer ce monsieur de ta bouche ma jolie avant que je fasse une crise d'hystérie alcoolique !) Figurez vous qu'il m'a dit qu'on devait rajouter de la limonade. Alors la nous nous esclaffons tous les deux, y a plus de monsieur, on rigole à la santé de cet attardé. Bon me dit l'autre crétin on va pas faire la soirée sur le picon bière. Et on va faire la soirée sur quoi pauvre guignol je lui balance, ta copine qui fait la gueule dès que tu ne passes pas une soirée près de la cheminée avec elle, pour regarder les catalogues qui vendent des putains de robes de mariée et des conneries de fringues pour chiard. Tu vas me parler de ses projets d'avenir, de sa promotion comme responsable des deux débiles qui répondent au standard dans sa boîte de merde ? C'est quoi ce délire il dit, pourquoi tu places un gros mot dans toutes les phrases et que tu sembles complétement excité il me demande. Je lis irvine welsh je lui dis alors je suis tendu et grossier. Ah oui il dit ah ben je préfère quand tu lis burke, que tu dis podna et ptit mec dans toutes les phrases et que tu parles avec un accent traînant. C'est ce que j'aime bien chez ce pauvre crétin, c'est qu'il trouve normal que je parle comme les livres que je lis. On jacte un peu avec la serveuse, on place le mot picon bière dans toutes les phrases c'est marrant. Je vois ma gueule dans la glace, je me dis je ne suis qu'un adolescent pas fini, je me dis je suis totalement à côté de la plaque. C'est le seul truc que j'aime bien chez moi. Ce décalage de la raison. C'est tellement bon.

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commentaires

D
Donc c'est normal, tu penses. Pas ces hasards de films, genre destins croisés, où déchiffrer un signe...
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D
Ouais c'est un truc qui arrive assez souvent en fin de compte. Tu te dis j'ai déja croisé les gens qui me lisent et que je lis.
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D
Ouais et au Concorde, au Filochard et au café pop' ils savent ce que c'est un Picon. (Rue Matabiau ?!!!! J'enchaîne les étranges coïncidences parmi les millions de blogs : on se croit bien loin de tout derrière l'écran, et là on s'aperçoit qu'on a arpenté les mêmes trottoirs que ceux qui jettent leur bouteille à la Toile)
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J
...
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