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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 10:21

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Je m'inonde de cette pluie qui me tends les gouttes, je me lave les yeux tournés vers le ciel, et des larmes se forment sur mes joues comme des milliers de petites douleurs acérées. Je culpabilise connement de pleurer sur mon pauvre sort de crétin. Monter, descendre les marches de celle qui ne veut mais, de celle qui veut les autres mais sans me perdre, que je reste dans le coin, et puis l'hôpital, longer le jardin, l'espèce de schtroumpf dans la cour, et puis la main dans la main de ma mère. Son corps amaigri, fatigué, le retour des soeurs, des oncles, des je ne sais plus qui d'autres, des voix de l'autre côté de l'atlantique, des voix que je n'entends plus, des larmes qui coulent dans le téléphone. Les longueurs de piscine, les bruits sous l'eau, l'odeur du chlore, la balance qui indique toujours un chiffre plus bas. Et le mal partout, dans les os, dans la vésicule, le un jour sans alcool, le un jour sans cigarette, l'espèce de fierté débile pour ça. Un jour sans boire. Monter les marches, descendre les marches. Elle me dit embrasse moi encore. Ma lâcheté sans limite, mes sourires de plus en plus factices. A travers mes lunettes, je regarde le fond de la piscine, les jambes, les bras qui s'agitent, j'aligne les longueurs de plus en plus longtemps, de plus en plus vainement, à la recherche d'un semblant de félicité, d'un calme, d'une apnée. De l'esprit. La vie dans l'eau, la vie sous l'eau, errant entre l'hôpital aux murs décrépit, ma vie aux fondations vacillantes. Ma mère me dit, il faut que tu arrêtes de venir autant me voir, les infirmières vont finir par croire que tu es un médecin. Tu as une vie après tout. Ah bon première nouvelle, je me dis, j'ai pas vraiment de vie hormis monter et descendre des escaliers, monter et descendre des écrans, monter et descendre dans l'abime de mon existence. Elle me raconte une histoire pénible d'une famille où ils sont tous malades. Elle renifle, allongée dans le lit, pendant que je pense à la chute. J'embrasse les joues chaudes de ma mère, ses pommettes saillantes contre mon crâne rasé. La jolie infirmière minaude un peu dans le couloir, vous lui faites tellement de bien elle me dit, vous aussi vous lui faites tellement de bien je lui réponds, alors elle me prends la main, et me dit vous savez tout n'est pas irrémédiable. Elle me dit avec la même lueur vacillante de la pupille que toi quand tu dis rien n'est irrémédiable. Je cherche une cigarette en sortant de l'hôpital, il pleut des trombes d'eau, ça nettoie le parvis des touristes et des flicards. Je cherche mes cigarettes mais je ne trouve rien dans ma poche. Elle est comme qui dirait vide. Irrémédiablement vide.

 

 

 

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chlore...
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