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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 13:59

http://diaphana.fr/media/la-raison-du-plus-faible/LA-RAISON-DU-PLUS-FAIBLE_18-1024x682.jpg 

 

Il fait soleil et je marche un peu euphorique sur le canal hystérique. La ville ne change pas, figé dans sa pauvreté, sa grisaille mais toujours aussi vivante. Il pleut quand je débouche de la gare des guillemins, enfin si on peut appeler gare l'espèce d'engin spatiale couplé d'un champignon atomique qui se trouve égaré au milieu de la ville cabossée. On dit qu'il n'y a aucune fermeture et que la gare est ouverte a tout vent - ce qui peut sembler surprenant pour une ville ou il fait froid et il pleut -, on dit que c'est pour éviter que les sdf et les clochards ne squattent la gare. Mais c'est peut-être des mauvaises langues. Il pleut sur la ville, je cherche le petit baraquement pour acheter un ticket de bus. La nuit est tombé sur la ville. On retrouve le garçon gentil un peu plus tard, dans son immense appartement de cent mètres carrés avec vue sur la ville grise. On va au café tenu par des français ou il y avait un concert métal qui est déjà fini, il y a la fille finlandaise qui ne parle jamais et que garçon tout maigre a dragué pendant deux mois. En même temps quand elle parle, je ne comprends rien, elle parle avec un accent allemand un français curieux, un peu haché comme si elle était toujours un peu ivre. Ce qui est peut-être le cas. Fille a rouge à lèvres vif arrive a ce moment là et me dit bonjour comme si on s'était quitté la veille. Elle me dit que si je suis encore en ville a la mi-mars, elle donne un concert au carré. Non je ne serais plus la je lui explique. On rentre un peu plus tard avec garçon tout maigre et garçon gentil et je m'endors pendant qu'il papote jusqu'au petit matin. Je me promène un peu en ville le lendemain après-midi, il y a du monde dans les rues, c'est samedi et puis il fait beau. Beau et froid mon temps préféré. Je reste fascine par la sociologie de cette ville, comme si tu ne pouvais être que quart monde ou friqué. Je croise cette alternance de bourgeois et de barakis. Les résidents du foyer pour déficients mentaux et ou fracassés par les drogues et l'alcool, squattent toujours le quai en bas de chez garçon tout maigre. Il rigole en disant que ma copine m'attends toujours. Une fille qui applaudit et me fait un baiser fictif chaque fois que je passe devant le foyer. Je traine un peu rue du puits en sock, je croise quelques camés, quelques égarés, je passe devant le théâtre, je traîne un peu, grisé par le froid et le soleil, je m'aperçois que je garde le rythme de saint malo, que mon corps alourdi et fatigué réclame sa part d'effort physique comme s'il espérait récupérer un peu de sa jeunesse. On passe la soirée en roture. On traîne un peu au nouveau club ou les anciens de Front 242 mixent des morceaux des années quatre vingt, c'est assez décevant et du coup on traverse la place pour aller dans ce café improbable ou des vieux sont accoudés au comptoir pendant que des jeunes dansent dans le café, un type enchaîne les morceaux sur l'ordinateur, on passe de michael jackson a charles aznavour. On passe une bonne partie de la nuit dans le rade, une fille se pointe et nous dit bonjour on pourrait faire connaissance. J'imagine en riant que le fantôme se redresse dans son lit avec un air chafouin et l'oeil noir. La fille discute surtout avec garçon maigre, je suis un peu parti, je dérive sur le port en sirotant ma bière. On part un peu plus tard car la fille gonfle garçon tout maigre et on descend vers les quais pour passer une petite heure sur la péniche ou le son des basses pulse a travers la coque. Le jour ne se lève pas encore quand on rentre a l'appartement. Le fantôme vient me déposer un baiser avant que je m'endorme. Je regarde ses yeux avant de clore les miens. Puis je bascule dans ses rêves. Je bascule dans nos rêves.

 

 

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1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 00:00

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Je bois un dernier café à la belle époque rue de dinan. Les buches crépitent dans la cheminée, une musique pop-rock résonnent dans la salle. Un type se gausse au bar de ses exploits musicaux. J'ai marché toute la journée sur le sable, de la ville fortifiée. J'ai erré sur la plage, essayant de rejoindre la mer qui s'enfuyait au loin. Je suis retourné a rothéneuf voir les rochers sculptés, il y avait moins de vent que je ne pensais, j'étais seul, au milieu des personnages féériques, j'étais au bout du monde, la mer venait mourir à mes pieds. Je me suis assis sur le banc de pierre et j'ai regardé l'horizon, tel sarah bernhardt regardant l'horizon dans son fauteuil de pierre a belle-île. Je pars de saint malo comme je pars toujours, un peu triste et nostalgique et heureux en même temps de revenir a Paris. Je suis toujours content de revenir a Paris. Je me rends compte le lendemain matin que deux boutiques ont encore changé de propriétaire dans la rue des pyrénées. J'empile des pulls dans la valise, il fait froid la ou je vais, après le soleil de la veille, une ombre sur le sable, je m'attends à de la neige dans la ville barakis. Ma boîte aux lettres est pleine, j'ouvre en souriant l'enveloppe de celle qui écrit mon adresse de manière baroque et délirante. Je me demande toujours si les facteurs se marrent quand ils lisent mon adresse. Ils n'ont sans doute pas le temps. Je regarde le dessin d'enfant naîf, on dirait de l'art brut, je regarde ma barbe et mon visage, je regarde le corps gracile, je regarde la station de métro jourdain, je regarde la mairie du vingtième. Je suis en transit a Paris, j'inhale le bonheur et l'amour qui respire de la lettre. J'embarque le bonheur avec moi, j'emmène tes lèvres et ton visage, je serre tes cheveux et respire ton odeur, je serre tes mains et me noie dans tes yeux. Je dois déjà repartir mais j'ai l'impression que tu es avec moi. Tu es toujours avec moi.

 

 

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 00:00

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Alors je dis a la fille vends moi un paquet de cigarettes et elle me regarde d'un air ahuri et me dit mais capitaine vous ne fumez pas, et alors je réponds c'est quoi le problème, tu me vends un paquet de cigarettes c'est quoi le problème. Et puis je passe chez le fleuriste et je lui achète un bouquet et il ricane en me disant mais le fantôme elle n'est pas si difficile vous pouvez lui acheter trois roses elle est contente. Voire même une. Et puis il me regarde pendant qu'il fait le bouquet et il me dit non mais sincèrement qu'est ce qu'elle vous trouve bordel, non mais qu'est ce qu'elle vous trouve. Bordel. Je rentre dans le café avec mon bouquet et tout le monde ricane et je dis au serveur mais sers moi une vodka caramel et il me regarde avec son air bovin  et il me dit une vodka caramel ben oui je réponds mon con une vodka caramel tu piges. C'est quoi ce bouquet me demande le vieux qui boit son canon au comptoir et je lui dis c'est pour le fantôme. Ca va pas je lui demande ? A ce moment précis le vieux con soupire en hochant la tête. L'autre crétin qui se prends pour gérard majax arrive a ce moment précis et dit ça sent le gâteau au chocolat dans tout le port. Ah bon je dis et ma machoire se décroche. Il va pas le bouquet je demande au vieux con et il fait la moue et gérard majax tend le pouce vers le bas. Je reste interdit dans le bar du port, je balance le bouquet sur le zinc et je dis au serveur que je lui donne et je retourne chez le connard sentencieux de fleuriste. C'était quoi je lui demande ce putain de bouquet de merde tu peux me faire un truc un peu plus élègant et classe. Mais qu'est ce qu'elle vous trouve il répète en boucle. Je retourne au café et le vieux fait un tronche de débile et il me dit je l'offrirais pas a ma femme, mais tu n'as pas de femme je lui réponds. Et il hausse les épaules comme si c'était un détail. Un autre vodka caramel je demande au serveur et je lui jette un regard de dingue qui évite qu'il me pose la moindre question. J'aime bien le fantôme dit le magicien, j'aime bien quand elle fait son gateau au chocolat rien que pour moi. Je cours jusqu'au bateau. Elle m'attends sur le pont. Je déboule ventre a terre avec mon bouquet de fleurs.Tu semble essouflé elle dit mutine. Ah non je dis dans un râle, a bout de respiration, rendant mes derniers poumons, tout va bien je lui redis hors d'haleine. Ils sont ou les mangeurs de gateau au chocolat ? Tu es vraiment la pire andouille de toutes les andouilles elle dit en éclatant de rire. Et devant mon air penaud elle me demande pour qui est le bouquet de fleurs que je tiens a la main. Un bouquet de fleurs je lui demande. J'ai fait un gateau au chocolat qui t'attends. C'est pour toi les fleurs je dis avec mon air débile. Elle me sourit en rougissant. Je lui tends les fleurs. Elle me sourit. En rougissant. 

 

 

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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 09:05

http://gi108.photobucket.com/groups/n6/FBUEI4ZDQR/284-Capt5.jpg

 

Les mouettes lachent les moules qu'elles tiennent dans leur bec au dessus de sillon pour qu'elles s'ouvrent en chutant. Il y a un vent léger. C'est marée basse. L'horizon est curieusement dégagée alors que le ciel est bas. On dirait qu'il va pleuvoir mais il ne pleut pas. Il n'y a presque personne c'est pour ça que j'aime les stations balnéaires en hiver. La veille pourtant, il y avait foule, il faisait beau c'était dimanche, et puis il y a la fête foraine le long des remparts. Je vais au café que j'aime bien, ou il y a une cheminée, je lis libé en buvant deux expressos a un euro vingt. J'achète de la mayonnaise pour les pattes de crabe, je ne sais pas faire la mayonnaise, enfin plutôt je ne la réussis jamais, c'est la continuité d'un drame familial. Ma mère éxecutait un tiramisu de betterave, la meilleure omelette norvégienne du treizième arrondissement, mais elle ne savait pas faire la mayonnaise. Je m'achète une galette saucisse dans la rue qui monte vers la place du marché aux légumes. Je suis comme apaisé du silence de mon âme. Les nouvelles du front, qui me parviennent de la ville aux collines sont un peu meilleures aujourd'hui, même si ce n'est qu'un répit. J'aller-retour le sillon, métronome et docile, je regarde la mer qui descend puis qui monte, seul avec des gens autours, accompagné avec de la solitude en dedans. Je regarde les chiens courir sur le sable. Il se pourrait tu crois que tu viennes avec moi, ton corps de danseuse volerait au dessus du sable. Tes pas dans la mer. On regarderait les vagues. Je prends une photo de la perspective que je dépose au creux de mon âme. Je l'imprime et je colle ce post-it a ton coeur. On voit la plage, intra-muros au loin sur la gauche, le fort national sur la droite. Il ne manque que toi sur la photo. Ne manque que ton visage sur la photo parfaite.

 

 

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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 18:00

  http://theshoparoundthecorner.hautetfort.com/media/00/01/1414166323.png

 

 

Le sable est gorgée d'eau et de soleil. La veille au soir, a l'arrivée, la mer mourait au pied du sillon et il fallait faire attention. Le bruit de la mer dans la nuit. Quelques heures plus tard, elle est beaucoup descendue, il faut marcher sur plusieurs dizaines de mètres pour arriver la ou les vagues meurent. Je regarde le ballet des chars a voile et des kite-surf en me demandant comment j'ai pu oublier mes lunettes de soleil. Un an je me dis, un an. Avec ces histoires d'années bissextiles je me combien de jours ça fait. J'entends ta voix pendant que mes pas s'enfoncent sur le sable, pendant que tu cours après moi parmi les vagues. Vogue les mouettes sur les remparts de saint malo, tu ris aux éclats pendant que je cours après le volatile qui m'a volé ma casquette. Je marche sur le sable et je devine tes empreintes et je les regarde comme on regarde un trésor. Nous marchons sur la plage le long du sillon, le soleil aveugle mes yeux, et je regarde toujours ahuri ces gens avec des moules a gauffre qui cherche des trésors dans le sable. Je t'aime je crie au vent, il est midi et trois minutes quand tu m'appelles pour me demander si je me souviens de la couleur des choses, je suis a paramé, devant la poste, je viens d'acheter des crevettes grises et puis des roses et des pattes de crabe monstrueuses au poissonniers sympa de la rue derrière la rue principale, je regarde ton reflet dans le miroir de la vitre et puis je descends vers la mer. Je t'embrasse sur le sillon alors que nos chemins nous mènent a intra-muros, on dirait que la vie est un sursis que le monde nous accorde, je devine tes pas de fées sur le sable de saint malo, je n'ai plus de la vie sans toi car elle n'existe pas. La vie sans toi ce n'est pas une vie. Puisque tu es toujours la. Puisque toujours tu es la.

 

 

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26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 00:00

http://25.media.tumblr.com/tumblr_lfrbo55fzD1qz6fuzo1_500.jpg

 

Le sourire de l'innocence c'est ce qu'ils disent quand ils parlent du sourire de l'enfant, c'est ce qu'ils disent quand ils parlent du sourire des enfants. Je regarde cette photo de classe, la professeur avec la dentition proéminente, et les enfants qui sourient hilares, les enfants de l'innocence sans doute. J'ai marché dans la ville gelée, avec le vent qui fouette, j'ai erré dans la rue des pyrénées qui portait bien son nom en ce soir de janvier, j'ai pensé à la vie qui s'en allait et qui ne revenait pas.Il n'y a ni innocents, ni coupables, il n'y a ni jeunes, ni vieux, nous sommes tous sur le bateau en train d'écoper. Remplissant notre propre tonneau des danaïdes, encore et toujours, avec des larmes au bout des doigt, avec des sourires au bout des ongles. Je regarde la photo, les vêtements des enfants, j'essaie de me souvenir l'âge que j'avais, je devais être vers le ce2 ou le cm1. J'étais amoureux d'une fille qui s'appelait christine, sa mère est morte quelques années plus tard, je me souviens comme j'adorais sa mère qui sentait les fleurs et la groseille. Je faisais du rugby avec son frère. Je lis la carte de voeux qui souhaite à ma mère une bonne année. Je me demande si je dois répondre, si je dois écrire une lettre, envoyer un faire-part. Je regarde l'enfant de la photo au loin qui s'épuise pour les autres. Maintenant que sa mère est malade, je comprends ce qu'elle ressentait, quand elle attendait de nouvelles de la mienne, quand je lui disais de ne pas s'inquièter. Je comprends mieux comme loin de tout, on peut s'inquièter. Je comprends même soeur l'américaine et sa voix tremblante au petit matin. Je cours sur le pavé de Belleville, je nage dans le canal de l'ourcq, je vole sur les buttes chaumont, je surfe dans la rue de ménilmontant, je bois un picon dans ce rade ou je t'avais emmené et ou tu avais demandé une infusion a 6 heures du soir. Je regarde la mer au loin sur saint malo qui se retire doucement, je pense au vieil homme de Paramé, devine la tour solidor de saint servan. Je dessine ton sourire avec mes doigts sur la photo de classe. Je suis les courbes de ton visage et je les dépose au creux de mon âme, de mon coeur et ma vie. Je dépose nos souvenirs communs. Je dépose ma vie et la tienne. J'ouvre la porte pour que tu puisses rentrer. Même si ce n'est pas aujourd'hui ce sera pour demain. Ce sera pour demain.

 

 

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 18:18

 

 

Je me sens bien dans le froid sec de l'aube, je descends la rue, je traverse la place des grandes rigoles qui sent le frais et le matin frêle. Je remonte la rue du jourdain et je suis le mouvement des fourmis qui s'engouffrent dans le trou béant du  métro. J'ai cette euphorie collée aux lèvres que j'ai toujours en hiver, cette saison rugueuse et brutale ou le givre se fiche au bout des ongles. Je pense a cette femme sur son lit de douleur, je pense à la petite souris qui s'affaire autour d'elle, matin midi et soir. Je sens l'énergie et la tristesse, la douleur et le renoncement, je sens les ténèbres et le paradis, je sens ta bouche et tes larmes. J'effleure les prémices d'une vie en sursis, je ne sais que tendre la main et revenir en arrière, je ne suis l'instrument de rien du tout, je suis une présence qui brille par son absence. Je jette mon âme sur ton coeur comme pour assouvir ses propres désirs. Je m'immerge la tête et le corps, je baigne dans ton sang, je baigne dans tes sentiments. Tu poses ta main sur ma gorge en feu, tu poses tes yeux son mon coeur de métal, tu irrigues mes vaisseaux, noies mes désillusions. Je marche dans un couloir et j'ouvre les portes des chambres, je marche dans le noir et je devine une lumière. Ton visage éclaire enfin mes cauchemars, ton coeur annule mes dérives. Je regarde ton visage, quand je m'approche il s'éloigne. L'hiver se suspend au dessous de nous. L'hiver nous reprend et tu me tends la main. Et tu me tends les lèvres.

 

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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 20:45

http://image.toutlecine.com/photos/m/i/s/mistons-1958-01-g.jpg 

 

Les émotions se dissolvent, un peu égarées dans la lumière du soir. J'ai pensé que ma mère était morte depuis quatre mois et j'ai pensé qu'elle me manquait quand parfois j'avais envie de l'appeler pour lui demander de ses nouvelles alors que peut-être c'était pour avoir des nouvelles de moi. J'ai pensé à ta mère sur son lit de douleur et j'ai pensé que j'aurais bien aimé l'appeler pour avoir de ses nouvelles mais peut-être que c'était pour avoir des nouvelles de toi. Les vies se ressoudent, un peu larguées dans la rosée du matin. Je voulais tenir la main de ma mère pour l'aider à trépasser mais elle était déjà morte quand je suis arrivé, son visage tourné vers le plafond et la bouche un peu ouverte.Je l'imagine près de sa mère, souriante, alors que son cerveau turbine, toujours un coup d'avance, je l'imagine un peu triste, sauvage, je sais qu'elle s'inquiète mais je ne peux même pas lui tenir la main. Je ne combats plus la nuit, je n'affronte plus les fantômes qui me courent après, je n'essaie plus de changer les ténèbres en lumière. Je n'ai plus de parents, je n'ai pas d'enfants. C'est ta main qui tient la main de ta mère, c'est ton sourire qui maintient ma vie en surface. Nos corps sont de petites flammes qui vacillent dans le dégel de l'autre, nous unissons nos âmes à l'ombre de nos frousses. Nos vies sont de le miroir de l'un. Nos vies sont le miroir de l'autre. Nos reflets sont l'un l'autre. Nous sommes l'un et l'autre.

 

 

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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 23:57

http://i118.photobucket.com/albums/o103/LaEscoba/PJHarvey.jpg

 

La femme un peu âgée, allongée sur le lit, ferme les yeux, elle imagine j'imagine, le temps qui lui reste à vivre, se demande si tout cela vaut le coup. L'autre femme plus jeune, assise sur une chaise un peu froide de la chambre de l'hôpital, allume son ordinateur et son regard plonge dans des mots qu'un autre écrit. La femme un peu âgée, ferme les yeux comme pour se laisser aller, son visage se remplit de rougeur sous l'effet du liquide qu'on lui injecte, elle se demande si elle sera fatigué le soir en rentrant chez elle, se demande combien de temps cela va durer. S'interroge. L'autre femme plus jeune, se perd, se plonge, dans les mots d'un autre, elle corrige et virevolte entre les lignes, elle fusionne et brille un peu parfois, et de temps en temps entre les lignes elle jette un oeil sur sa mère comme pour l'apaiser d'un seul regard. La femme un peu âgée fait semblant de dormir ou peut-être qu'elle dort réellement, parfois sous ses paupières elle regarde sa fille qui rit et et elle lui demande pourquoi et elle est apaisée même si elle sait que bientôt elle perdra ses cheveux. La femme regarde sa mère, regarde les mots sur l'écran, elle sait que les choses sont a leur place, sans que l'on sache ce qui est bien et ce qui ne l'est pas. Les choses sont à leur place. Brinquebalante certes, mais les choses sont a leur place.

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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 19:33

http://cdn-public.ladmedia.fr/var/public/storage/images/news/photos/sorties-cine-de-la-semaine-les-films-valent-ils-la-bande-annonce-240235/les-images-du-film-moonrise-kingdom-de-wes-anderson-avec-bruce-willis-et-edward-norton-240255/2507669-1-fre-FR/Les-images-du-film-Moonrise-Kingdom-de-Wes-Anderson-avec-Bruce-Willis-et-Edward-Norton_portrait_w674.jpg 

 

 

Je rentre dans le bar, de la neige pleins les docks. J'enlève mes mitaines et ma casquette je me secoue un peu dans une pluie de poudreuse et je dis au zozo de l'autre côté du comptoir sers moi donc un kir je lui jette de ma voix enneigée. Il me regarde avec son air de crétin qui me rend dingue. Un kir il répète d'une voix ahurie. Oui et comme tu me le demande pas, un kir pêche, tu sais comment ça se prépare, j'espère, allez agite toi au lieu de rester sans bouger comme si tu préparais le casting pour être figurant au musée grévin. Vous semblez en forme capitaine me dit le vieux qui sirote sa bière au comptoir, comme toujours. Oué je réponds, c'est depuis que je mets une casquette, tu sais que plus de 80 pour cent de la chaleur du corps sort par la tête alors maintenant que je mets une casquette, je perds moins de chaleur, du coup je suis plus réactif. Le magicien pointe son minois pendant que le serveur me dépose mon kir sur le comptoir. Bordel je dis avant d'avaler une gorgée du breuvage, on dirait que vous avez tous décidé de libérer votre robinet a jactance et c'est dommage car j'ai les oreilles sensibles en ce moment. Il faudra que vous m'expliquiez une chose un jour capitaine, commence le petit magicien. Il peut jamais s'empêcher de poser une question, c'est plus fort que lui, sa mère devait jouer au trivial poursuit en l'attendant ou elle regardait question pour un champion, bordel ce type peut pas s'empêcher de dire une phrase sans qu'il y ait une question. Je bois une nouvelle gorgée de mon kir pendant que le gérard majax du port réfléchit tout haut. Je me demande comment ça se fait que vous fassiez toujours la gueule. Le fantôme passe son temps a dire qu'elle est dingue de vous et vous passez votre temps a ne pas dire que vous êtes dingue d'elle mais tout le monde sait que vous êtes dingue d'elle et pourtant elle semble toujours anxieuse et vous semblez toujours stressé. Pendant que je demande un autre kir au crétin au garde a vous de l'autre côté du bar le vieux ouvre sa bouche. Enfin ce qui lui sert de bouche et qui vu ce qu'il raconte est plutôt plus proche de la fosse septique. Le début de ta phrase est bon souligne le vieux, ils sont dingues, c'est un couple de dingues ! Tiens je me dis le vieux commence à raconter moins de conneries comme quoi l'absorption de bières commence à faire son effet et lui remettre les idées en place. D'ailleurs elle est ou la fantomette, capitaine, raille l'hystérique alcoolique qui n'est plus assoupie. Elle fait des gâteaux j'explique, presque sociable, au bout de deux kirs. Bordel c'est un test ça, dit le petit magicien, si la fantôme se met a faire la cuisine c'est qu'elle vous en veut, j'espère que vous aimez les pâtes il rigole. Et tout le bar rigole. Mais non j'explique alors qu'ils sont tous pliés en deux, elle fait un gâteau. Mais pas pour moi. Ah bon dit le serveur, et pour qui elle fait un gâteau  il demande en posant un troisième kir sur le comptoir. C'est pour réconforter les enfants qui ont des prénoms qui sont  pas des prénoms, enfin les enfants qui ont des prénoms ridicules, et croyez moi c'est pas ce qui manque dans son entourage. Elle fait des gateaux pour qu'ils oublient un court moment le prénom qu'il porte. Je quitte le bar après avoir bu mon troisième kir, je marche doucement dans la  neige et je finis quand même par arriver au bateau. Le fantôme est en train de dévisser les serrures. Qu'est ce que tu fous je demande tu te prends pour louis seize. Non elle ricane, je change toutes les serrures, j'aimerais bien me sentir chez moi. Je viens du rade je dis et tu sais je crois je crois qu'ils ont tort quand ils disent que tu es dingue. Ah tu crois elle demande en relevant le visage. Et puis elle enlève la serrure de la porte avec un air triomphateur et commence a visser une serrure toute neuve qui se trouvait a ses pieds. Ils sont encore en-dessous de la réalité je lui dis, je crois que tu es totalement, complétement et absolument dingue. C'est ce que tu penses elle dit en vissant comme si sa vie en dépendait. Oui c'est ce que je pense je dis, mais je crois aussi que tu es l'être le plus merveilleux du monde, alors si tu veux bien rentrer au chaud au lieu de t'acharner sur cette pauvre serrure, on finira demain. Elle hausse les épaules. Allez viens chez nous je lui dis en lui prenant la main. Il n'y a pas de chez nous, elle constate, mais si tu m'invites chez toi je viens avec plaisir. Tu es dingue je lui souffle à l'oreille. Tu n'as pas fini de t'en rendre compte elle dit dans un souffle. Mais j'aime bien chez toi. Dommage que ce ne soit pas chez moi.

 

 

 
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