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7 juillet 2014 1 07 /07 /juillet /2014 18:58
Deux nos vies

Je sors de la salle de cinéma et je suis un peu ébloui par le soleil puisque pendant le film la pluie froide est devenue chaleur un peu moite. La veille encore, le père de mon filleul m'a appelé pour me demander si j'étais sur de ne pas vouloir venir à la ferme électrique. C'est mon premier ouikende peinard depuis mon retour de Californie et j'ai juste envie de rien foutre je lui dis. Déjà la veille, alors que j'étais évité la place de l'hôtel de ville en sortant du politburo et pris un chemin de traverse pour rentrer à la maison, je suis resté chez moi sans aller a l'amsterdam pour le concert. Pas plus que je n'irais le dimanche au cirque électrique ou je voulais aller. En ce moment j'ai plus envie d'aller au concert je ne dis pas à la mère de mon filleul qui me demande si je suis que je ne veux pas aller a la ferme électrique. Bordel je me dis, je deviens comme mon père, il ne manque plus que le martini-gin et la lecture du monde. Pendant le film je me dis que julianne moore est bien mieux gaulé que mézigue mais niveau tache de rousseur elle m'arrive pas à la cheville. Je suis tellement content de cette idée fascinante que je l'écris sur mon mur facebook pour en faire profiter la galaxie entière. Je fais le malin mais je rame avec mes mots entre pasadena et catalina. Alors que la plus belle femme du monde reste persuadé que ce sera génial. Mais enfin la plus belle femme du monde trouve que je suis beau je me dis à moi-même totalement ahuri. Je regarde la dernière saison de la série qui me donne toujours un peu envie de boire des tom colllin's. Difficile à réussir le tom collin's, difficile équilibre entre le sucre et le citron, l'eau gazeuse et le gin. Je me dis que je commence à atteindre l'âge ou j'ai connu mon père. Pas encore mais je m'en approche. Un des premiers souvenirs que j'ai en commun avec mon père c'est quand il a eu cinquante ans. Et aussi quand il m'a emmené voir rencontre du troisième type. J'étais jeune j'ai pas tout compris. Je me souviens aussi du jour ou il m'a emmené voir don giovanni de losey au cinéma, bordel cette ennui. Quatre plombes d'opéra à un truc comme douze ans. Et peer gynt bordel, deux soirées de suite - au théatre de la ville qu'on appelle aussi sarah bernhardt - de quatre heures avec gérard desarthe dans le rôle titre comme on dit. J'y pensais l'autre soir au bar à mines, alors que je buvais une ou deux pintes a trois euros entre deux parties de ping-pong et que la grande discussion portait sur la dure vie des intermittents. C'est pas bien mais j'arrive pas à pleurer sur les intermittents. Je discute jamais, je ne donne jamais mon avis dans ce genre de discussions, les intermittents c'est comme les profs, ils disent que tu ne peux pas comprendre car tu ne connais pas leur métier. Ils ont sans doute raison c'est pas un type comme moi qui n'a pas le certificat d'étude qui vait la ramener crois-moi. Je me suis juste demandé pourquoi tout le monde voulait garder le statut intermittent du spectacle si c'était un tel cauchemar de l'être. Mais j'ai rien dis parce que je suis comme ça, je suis pas un artiste je peux pas comprendre. Pendant cette soirée j'ai pensé au titre d'un livre de ce type qui fut ministre de la culture en espagne, l'écriture ou la vie. Je suis dans cette mouvance des prolos qui ne sont pas intellos et j'ai pensé : L'écriture et la vie. Et tout le reste avec. Complétement con. Je ne vois personne pendant ce week end, je n'ai plus tellement envie de rencontrer des gens je me dis, je deviens une sorte d'ermite. Je me demande si je vais devenir comme mon père et mon grand-père, des êtres un peu secret, enfermés en eux-mêmes, comme consumés de l'intérieur. Je vais chez gibert jeune et j'achète le dernier welsh et le dernier indridason qui parle du match entre spassky et fischer. Je me rends compte de nouveau comme acheter des livres est toujours le truc qui me plaît le plus au monde. Me remettre aux échecs, comme tout le reste je me dis, pas mauvais, mais pas le niveau pour jouer en première division. Acheter des livres avec le fantôme ce serait tellement bien je me dis. Tout serait a sa place. Je reste un peu scotché pendant le film que le sujet soit si proche du livre que je lis en ce moment. Je verse un peu d'huile d'olive et je gratte du parmesan sur la salade d'épinard ou j'ai déposé de l'avocat, de la pomme, du pamplemousse, de l'aubergine, de la feta. Ils parlent du yorkshire dans la radio parce que des types y pédalent et je pense a david peace. Un jour j'aurais pu voir david peace et voir le fantôme. Dans la même salle. Je n'avais peut-être pas l'argent je me dis pour ne pas me contrarier. Il faudrait que j’apprenne la recette du faux coca je me dis, que je demande au type de la mer à boire. Je me demande ce que le fantôme en pensera. Et puis je me demande pas. Parce que je suis avec elle. Parce que je suis avec toi.

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